57 ~ Where it all ends ~ 2/2

Kala


A peine mon cri a-t-il dépassé la barrière de mes lèvres que j'appuie fermement mes mains contre, regrettant mon acte. Sous la panique j'ai crié le prénom Oliver, oubliant totalement le fait qu'il devait continuer à se faire passer pour Ashton. Intérieurement je prie pour qu'aucun des deux fous ici présent ne l'ai remarqué, mais lorsque je vois le sourire carnassier de mon père, je sens quelque chose se briser en moi.

«- Oliver ? –Dit-il sournoisement- Voilà qui change toute la donne.

-En quoi ça change quelque chose ?

-Vois-tu, je ne connaissais pas très bien ce Ashton Irwin, juste qu'il était sous les ordres de Calum et qu'il s'était épris de ta véritable sœur avant de se rabattre sur toi. Par contre, Oliver, ce dernier m'a beaucoup rendu service –Il glousse- Je vois que ta vie se résume à ça Kalanisse, une vie de mensonges.

-Ma vie n'est pas un mensonge, seul mon passé l'est.

-Ca fait déjà beaucoup –Il sourit à nouveau avant de m'attraper par le poignet alors que je me débats- Pourquoi autant de résistance Kala ? Je veux seulement rattraper le bon vieux temps, comme un père et sa fille.

-Tu n'es pas mon père –Je grogne, décidant de le suivre sans broncher-

-Ce n'est pas ce que tu disais lorsque tu m'as retrouvé.

-Je regrette d'avoir trouvé ta putain d'adresse ! Si Liz ne me l'avait pas donnée je... Attends une minute –Je m'arrête net-

-Viens-tu enfin de comprendre le plus gros piège dans lequel tu sois tombé ?

-Liz n'a jamais voulu que je trouve l'adresse !

-Non, cette brave Liz Hemmings avait tout découvert pour dire vrai –Il hausse les épaules- J'ai eu la confirmation qu'après sa mort elle t'avait légué l'orphelinat, chose pour le moins étrange qui a éveillé ma curiosité. J'ai fait fouiller ton ancienne chambre pour trouver quels étaient ces indices qu'elle t'avait laissé. Quelle idiote.

-Je ne te permets pas ! –Dis-je en haussant le ton-

-Est-ce que tu as réellement cru que les documents cachés dans le matelas étaient authentiques ?

-Bien-sûr ! Ca m'a aidé et puis je...

-Ce n'était pas les bons ma petite Kala. »

De quoi parle-t-il ? Il sourit en coin et reprend sa marche, arrivant dans une pièce que je reconnais comme l'ancienne cuisine de la maison, elle aussi recouverte par les plantes sauvages. Je regarde en tout seule avant de pousser un petit cri. Sur chaque plan de travail rongé par les insectes se trouvent des cadres photo, contenant d'anciennes photo de moi, enfant, me tenant à côté d'Ohani et de maman. En m'approchant je reconnais Oriane, ou plutôt Ohani. Cette époque, je n'en ai plus aucun souvenir. Je mords ma lèvre et lève un regard assassin sur mon père.

« -Aimes-tu cette décoration ? J'ai mis ces photos ici afin de créer une atmosphère chaleureuse.

-Va te faire foutre –J'enrage, me tenant raide face à lui-

-Quelle vulgarité, mais où est donc passé ma petite fille si chétive et surtout si naïve ? –Il se remet à ricaner avant de se tourner dos à moi, sortant des papiers d'une pochette posée sur un plan de travail-

-C'est quoi ?

-Ca ma chère enfant, ce sont les papiers que Liz t'avait réellement légués –Il me les tend- Avant que je ne les fassent échanger avec d'autres tout à fait inutiles. »

J'observe avec méfiance les feuilles qu'il me tend, comme si je m'attendais à ce qu'elles prennent vie et ne m'attaquent, sauf que lorsque je les prends il ne se passe rien. Je recule de quelques pas et commence à lire, levant par moment la tête pour m'assurer que mon père est au même endroit.

Oliver avait raison.

Sur ces papiers il est clairement spécifié que mon père descend d'une branche d'anciens nazis, lesquels ont notamment travaillé au camp de Buchenwald en Allemagne et ont échappé au Procès de Nuremberg. A côté de cette ligne je remarque des notes écrites à la main, à même la feuille. C'est l'écriture de Liz.

« Helmut et Svenja Hansen, déportés et assassinés. »

Hansen ?!

«- C'est impossible ! –Dis-je en serrant fermement les papiers-

-Qu'est-ce que tu ressens Kala ? Toi qui as toujours perçu comme une fierté le fait de t'appeler Schwartz, pensant que c'était un symbole de rébellion, de sacrifice –Il sourit en coin- Qu'est-ce que ça te fait de savoir que tu portes exactement le même nom que celui qui a abattu les grands parents de ta mère ? -Autrement dit tes arrière-grands-parents maternels.

-Je ne suis pas comme ces salauds !

-Pourtant tu le pourrais –Il s'approche de moi et pose ses mains sur mes épaules me provoquant un frisson de dégout- Tu es comme moi Kalanisse, tu es froide, égoïste, manipulatrice et tu es capable de tuer une innocente si on t'en donne l'ordre. Tu as hérité des Schwartz, tu devrais être auprès de moi plutôt qu'à des kilomètres, ces gens que tu penses être tes amis ne font que te bloquer, tu n'es pas libre avec eux alors qu'ici, avec moi, tu pourrais t'épanouir.

-Ne m'approche pas –Je me recule écœurée, jetant toujours des regards sur les papiers- Liz t'avait percé à jour !

-En effet mais il lui manquait une preuve essentielle.

-Laquelle ?

-Elle me pensait mort, elle ne savait pas où me trouver, alors elle a préféré chercher dans son coin avec son imbécile de fils plutôt que te mettre en garde contre moi. Elle a fait exactement ce que je voulais. C'est grâce à elle que tu es ici aujourd'hui, elle et Evana.

-J'en étais sûre –Je me contracte à nouveau et le regarde qui se remet à sourire- -C'est elle qui a tué Liz n'est-ce pas ?

-Bien-sûr, nous avons attendu que son fils parte pour l'Allemagne et Evana a appliqué le plan.

-Depuis quand était-elle à ton service ?

-Depuis le début voyons –Il hausse les épaules et s'assoit face à moi- Evana étant la fille d'Ethel, ça a été facile de la faire intervenir.

-Qu'est-ce que tu entends par depuis le début ?

-Liz a toujours cru qu'Ethel et moi étions comme les autres des victimes alors quand Evana est venu en Australie quelque temps avant toi, se faisant passer pour une réfugiée, elle l'a hébergée. Elle avait un grand cœur ça je l'avoue, mais comme toi elle voyait ne s'imaginait pas qu'elle venait de faire entrer un loup dans sa bergerie. Pendant toutes ces années à l'orphelinat j'ai pu garder un œil sur toi grâce à Evana. Elle me confirmait que tu ne te souvenais plus de rien, que tu étais devenue si sauvage que tu n'avais plus aucun ami. Tu étais isolée. C'était parfait.

-En quoi m'isoler était parfait ?

-Quand tu es seule tu as tendance à faire n'importe quoi Kala –Il pose sa tête contre sa main et m'observe- Je me disais qu'à force tu allais ressentir tellement d'animosité envers la race humaine que je pourrais faire n'importe quoi de toi. Une arme par exemple. Mais il a fallu que tu tombes amoureuse de ce petit con de Lucas Hemmings. Il ne t'a jamais aimé soit dit en passant, il voulait simplement te protéger car sa mère lui avait demandé.

-Luke m'aimait ! –Je serre les poings-

-Quoi qu'il en soit, Evana vous a surveillés tous les trois, toi, Luke et sa mère et quand ça s'est révélé nécessaire, j'ai envoyé Evana réduire Liz au silence. Ca m'amusait de la voir comprendre petit à petit, mais il fallait que je fasse attention à ce qu'elle n'ébruite rien, pas même à ce lourdaud de Clifford. Oh d'ailleurs ça doit te faire bizarre non ?

-La seule chose que je trouve bizarre actuellement c'est ton aisance à changer de sujet aussi facilement !

-Oh il doit y avoir plus que ça –Il me fait un sourire narquois- Ca te fait quoi de te dire que ta propre sœur s'est tapé non seulement ton meilleur ami Michael, mais également ton actuel petit ami et son frère jumeau ? Tu ne te sens pas un peu, dépassée ?

-Elle fait ce qu'elle veut –Je grogne- Maintenant arrête de changer de sujet et dis-moi la vérité au sujet d'Evana, pourquoi a-t-elle tuée Liz ce jour-là ? Parce que Luke allait revenir, elle l'avait compris le soir où tu t'es envoyée en l'air avec Irwin.

-C....Comment tu...

-Oh personne ne te l'a dit ? Evana vous a enregistrés pendant que vous preniez du bon temps et elle a fait en sorte qu'Ashton n'ai plus sa ventoline.

-Sa ventoline ?

-Quand tu es partie avec Luke, le plan était de tuer Ashton. Il était seul, il devait succomber à son allergie aux poils de chats, mais son jumeau est venu le sauver, comme toujours.

-Pourquoi vouloir tuer Ashton ?

-Oh comme ça, disons qu'il ne me servait pas à grand-chose –Il hausse les épaules- Quoi qu'il en soit Evana s'est dépéchée de se rendre chez Liz, elle savait ce qu'elle allait vous révêler alors elle devait agir. Elle est partie bien avant vous et quand elle a sonné à la porte, Liz a été surprise de la voir, sur le coup elle n'a pas compris le danger. Son ancienne associée et surveillante d'Orphelinat qui venait lui rendre une petite visite, c'était tout à fait normal. Comme j'aurais aimé voir sa tête lorsqu'elle a compris qu'Evana n'était pas venu pour boire le thé !

-C'est toi qui aurais dû mourir espèce de...

-Kalanisse est-ce que c'est poli d'interrompre son père ? –Il sourit et reprends son discours- Après ça Evana a récupéré les papiers que tu viens de lire. C'était ceux-là que Liz devait glisser dans le matelas, mais j'ai demandé à Evana de les échanger avec des articles bidons et totalement inutiles. Oh et surtout je ne t'ai pas encore dit quel a été mon coup de maitre ! –Il bondit sur sa chaise, surexcité- Avant de tuer Liz, Evana a réussi à lui faire écrire mon adresse sur un petit bout de papier qu'elle a ensuite glissé dans le matelas, te faisant croire que Liz t'avait donné mon adresse. Et tu as marché, quand j'ai reçu ta lettre je me suis dit que c'était l'occasion ou jamais, j'étais sûr que tu avais mordu à l'hameçon et qu'il ne me restait pas grand-chose à faire avant de te manipuler comme bon me semblait. Comme quoi, je te connais bien ma fille, tu as agi aussi bêtement que je l'avais prédit et tu mourras aussi bêtement si tu refuses mon offre.

-Jamais je ne deviendrais comme toi, plutôt mourir –Je crache-

-A la bonne heure, mais peut-être avons-nous encore des choses à se dire ? Ca ne t'angoisse pas de savoir que ton passé a disparu de ta mémoire ? –Il me tend une photographie- Que tout ces souvenirs ne sont à présent plus rien que des photographies que tu observes comme si elles ne provenaient pas de ta vraie famille ? –Il se redresse et vient poser une main sur ma tempe-

-Ne me touche pas !

-Je ne vais pas t'ensorceler –Il ricane- Non de toute façon j'ai déjà réussi. Tu ne t'es jamais plainte de trous de mémoire ? Si, j'en suis certain. Tout ça parce que tes souvenirs ont été modifiés.

-Comment ?

-La persuasion –Il sourit de nouveau, me laissant apercevoir ses dents féroces- Tu venais de voir ta mère se faire tuer. Quand je t'ai trouvé derrière cette porte tu étais dans un état impressionnant. Ni vivante, ni morte. Une véritable statue piégée hors du temps. Je suppose que tout ceci devait être dur à assimiler pour un petit cerveau d'à peine dix ans. Ca a été si simple de manipuler ton esprit. Jours après jours il me suffisait de te dire des choses, de les prétendre vrai pour qu'au final tu finisses par y croire. Tu étais là, sur cette chaise –Il en pointe une face à moi et je l'observe avec horreur- Tes yeux étaient vides, parfois je me demandais même si tu n'étais pas devenu paralysée, mais ton cerveau était intact et il enregistrait mes paroles, il s'accrochait à tout ce qu'il entendait, chaque information, chaque histoire que j'inventais. Après tout tu venais de perdre ta mère, alors il fallait bien que tu t'accroches à ton père.

-Qu'est-ce que tu m'as fait oublier exactement ? –Je demande les larmes aux yeux-

-Toute la vérité, ta mère, ta sœur, Hawaii. Tout. Je t'ai réinitialisé comme une vulgaire machine qui ensuite m'aurait servi à mettre à bien mes plans.

S...Sauf que tu as échoué –Je dis dans un semi rire, sauf que son rire à lui me glace-

-Non Kala, j'ai gagné. Je t'ai envoyée à Sydney non pas pour te protéger, mais pour précipiter la mort des derniers obstacles qu'il restait. Si tu n'avais pas quitté Hawaii, Liz serait encore en vie, ta sœur aussi et je pense que bien d'autre personnes sont sur le point de perdre la vie à cause de toi –Il s'époumone de rire- Ces garçons qui te protégeaient ont cru bien faire en se sacrifiant pour toi, sauf qu'ils n'ont jamais réalisé que tu étais un cadeau empoisonné. Sans toi ils seraient heureux, Calum ne se serait pas interessé aux jumeaux Irwin. Alors non Kala je n'ai pas échoué, tu m'as servi d'arme à Sydney et ce rien qu'en me servant des mots, efficace non ?

-Plus personne ne va mourir à cause de toi ou de moi ! –Je sors mon propre revolver de ma poche et le pointe sur mon père-

-Je suis fier de toi –Il sourit en coin- Tu me ressembles plus que jamais.

-Q...Quoi ? »

Sans prévenir il se lève et alors que je m'apprête à tirer il lève ses mains en l'air et me fait signe de le suivre. Est-ce une bonne idée ? Où compte-t-il m'amener ?

Quoi qu'il en soit je ne suis plus à même de réfléchir, les révélations de mon père mêlées à celles d'Oliver ne font que détruire mon cerveau. Je suis totalement perdue entre deux vies, tremblantes et les nerfs à vif, comme si la moindre chose pouvait me faire exploser. Qui suis-je réellement ? J'ai en effet ressenti un jour de la fierté à l'idée d'être celle qu'on considérait comme la dernière des Schwartz, mais actuellement ce nom me donne envie de vomir. Il semble être si taché de sang. Ce n'est pas mon avenir. Je ne suis pas comme ça, je ne suis pas mon père.

Alors que nous avançons nous débouchons dans le salon où gisent encore les corps d'Oriane et de ma fausse sœur.

«- Qui est-elle ? –Je demande nerveuse-

-Oh une simple connaissance, la fille d'un ami lequel est mort par la faute de ta mère.

-Comment ça ? –Je colle le révolver au dos de mon père mais ça ne semble pas le chagriner-

-Ton idiote de mère a toujours cherché à venger ses grands-parents. Dans un sens elle était aussi égoïste que toi et moi car elle a mêlé ses camarades à son cauchemar.

-Elle a rédigé une liste n'est-ce pas ?

-Oui, une liste d'anciens nazis non jugés ainsi que des personnes capables d'être des néo-nazis actuellement. Parmis ces quelques noms figurait celui de Gerdwelt, de sorte que lorsque ta mère a remis une petite partie de cette liste aux autorités Allemande, Augustus Gerdwelt a été emprisonné. C'était en 89, l'année de naissance de ta sœur. Gerdwelt avait déjà une fille qui était née l'année précédente, Abigail Gerdwelt –Il montre d'un signe de tête le cadavre au sol- Son père est mort en prison, alors je lui ai donné une chance de se venger. Elle a accepté de jouer le rôle d'Ohani, je t'ai persuadé qu'il s'agissait bien d'elle. Elle venait te voir tous les jours tandis que la vraie Ohani était enfermée dans sa chambre. Tu n'avais même plus assez de présence d'esprit pour garder en tête ta véritable sœur, au lieu de quoi tu as identifié Abigail comme telle.

-Tu es le plus gros connard que je connaisse. Je suppose que Maman avait fini par te percer à jour ? Les lettres de menaces, la bombe dans la bibliothèque, tout ça c'était toi ?

Tout à fait -Il répond avec fierté- Et ta mère n'a pas apprécié –Il se tourne face à moi pour me sourire- Veux-tu savoir en quoi tu me rappelles moi en ce moment précis ?

-Dis-toujours.

-Place-toi ici. »

Je m'arrête comme il le dit et le regarde se placer face à moi, tournant le dos à l'ancienne double porte et à l'escalier menant aux chambres. Je ne comprends pas jusqu'à ce qu'il ne fasse un geste. Il écarte les bras et semble chercher à cacher quelque choses derrière-lui. Je pousse un cri d'horreur et serre violement le pistolet dans ma main, d'épaisses larmes venant brouiller ma vue alors que je me représente enfin la scène de l'autre côté de la double porte.

« -Tu... Tu as...

- Oui Kala, c'est moi qui ai tué ta mère, devant tes yeux. Elle allait découvrir mon passé, celui de mes grands parents nazis. La plaisanterie devait finir.»


Je pousse un cri entre hystérie et rage avant de m'accroupir au sol. Trop d'images se bousculent dans ma tête. Ma mère qui se prend cette balle et cet homme qui pose son flingue sur ma tempe avant de le retirer et de s'enfuir. Cet homme c'était mon père ? Il ne m'a pas tué parce qu'il savait que quelques années plus tard j'allais devenir celle qui allait précipiter ses autres ennemis dans la mort ?

J'entends des pas derrière-moi et quand je tourne la tête j'aperçois Ethel, trainant derrière elle Oliver avant de le balancer au sol. Ce dernier n'a plus de force et elle le maintient appuyé au sol avec son pieds, provoquant en moi une vague de haine. Nous sommes tous au sol, Oriane, Abigail, Oliver et moi. Nous sommes à leur merci, ils ont gagné.

« -Maintenant que tout est en ordre, je vais mettre en place la dernière partie du plan –Il sourit et sort son téléphone de sa poche- Ethel, je te prierai de bien vouloir les maintenir. »

Pourquoi nous maintenir ? Je m'apprête à bouger mais entends le bruit d'une arme à hauteur de ma tête. Ethel. Je la regarde de biais et lui lance un regard noir. Elle faisait partie du groupe des journalistes, elle était l'amie de ma mère, de Liz et de Daryl. Elle s'est moquée d'eux et les a trahis. Je suppose qu'elle était de mèche avec mon père depuis longtemps et qu'elle devait espionner les élèves pour mon père quand il n'était pas là pour jouer le rôle du gentil professeur.

Face à nous mon père commence à appeler quelqu'un, puis il raccroche. Il recommence encore un fois, puis une troisième fois.

« -NE FAIS PAS CA –J'hurle, venant de comprendre-

-Vous auriez dû être plus discrets –Il nous adresse un clin d'œil avant de faire le quatrième appel- Voilà qui est fait. »

Mon père connaissait le code.

Les garçons vont sortir.

C'est un piège.

«- Des qu'ils sortiront, vous pourrez les considérer comme mort. D'ailleurs, je leurs souhaite. »

Mon cerveau ne cogite plus, je n'ai  plus de mot en tête, plus rien. Je pousse seulement un hurlement de rage comme un animal sur le point de donner son ultime bataille. Prêt à venger les siens. Et en même temps j'ai l'horrible sensation qu'il se passe quelque chose que je ne peux contrôler. Quelque chose sur laquelle je n'ai aucune incidence. Je ne peux pas me téléporter, je ne peux pas arrêter le temps. Non, quoi qu'il arrive d'ici quelques minutes les garçons sortiront et ce sera trop tard.

Ashton, Michael, Luke.

A mes cris se mêlent les rires de mon père, ce dernier s'est approché de moi et me retourne une gifle monumentale qui me fait m'écrouler au sol sous les plaintes d'Oliver qui pleurer sans s'arrêter. Je le regarde à travers mes yeux embués de larmes. Lui aussi doit se sentir terriblement mal. C'est à cause de nous que les garçons vont mourir.

Je reçois un énième coup avant d'être redressé brutalement par mon col.

« -Que choisis-tu Kala ? Me rejoindre, ou bien rester du côté des perdants et mourir ? »

Pour toute réponse je crache au visage de mon père, recevant un coup de poing qui me refait atterir au sol, non loin d'Oliver. Dans un dernier geste je rampe jusqu'à lui et me réfugie dans ses bras alors que mon père a récupéré mon arme et la pointe sur nous.

«- J...Je suis désolé Kala –Pleure Oliver en me serrant, essayant de me protéger de son corps-

-N...Ne me lâche pas. »

J'ai peur. Le temps s'est arrêté pour nous, nos corps sont sur le point d'exploser et les bruits s'accélèrent. Mon père charge l'arme, puis un tir retenti alors que je me sens comme exploser de l'intérieur. Sauf que quelque chose d'inexpliqué se passe.

Un corps vient de tomber au sol, celui d'Ethel.

Oliver et moi sommes vivants.

Je redresse la tête et remarque la surprise dans les yeux de mon père. Ce n'est pas lui qui a tiré.

Je n'ai qu'à suivre son regard pour comprendre.

Oriane.

Elle est a demi écroulée au sol, son épaule couverte de sang tandis qu'il lui reste un bras intact, au bout duquel se trouve un flingue encore fumant de la balle qui venait de transpercer Ehtel. Mon père met un moment avant de s'en remettre, pointant de nouveau son arme sur elle. Je pousse un cri de surprise et dans un dernier élan je m'écarte d'Oliver, attrape l'arme d'Ethel.

Et sans réfléchir j'abats mon père.

Cette fois-ci je ne ressens rien.

Son corps s'effondre au sol dans un bruit décharné mais ça m'est égal.

Je suis vide de toute émotion, comme si j'avais tiré dans le vide, dans un écran de fumé.

Le mot père ne voulait plus rien dire pour moi.

*

Rapidement les choses s'enchainent. J'entends Oliver appeler quelqu'un, sûrement les flics car je reconnais leur sirène peu de temps après. Que va-t-il se passer ? On va m'accuser d'homicide ? C'est moi qui irait en prison à laplace de mon père ? Est-ce réellement moi qui pvais payer pour lui ? Sûrement était-ce qu'il avait prévu, après tout il se servait de moi.

« -Kala suis-moi ! »

Je tourne lentement la tête vers Oliver. Je suis totalement au ralenti. Mon cerveau est englué par les paroles de mon père et même après l'avoir abattu je n'ai pas l'impression d'être sortie d'affaire. Après tout je suis comme lui. Il a abattu maman.

Et moi je l'ai abattu lui.

J'ai été son pion jusqu'au bout .

« -Kala ! »

Oliver tire sur ma main et me fait passer par le jardin alors queje regarde Oriane qui reste sur place, continuant de se vider de son sang. Elle faisant semblant d'être morte. Je ne l'avais pas réellement tuée finalement.

Nous ne nous échangeons aucune parole, seulement un regard qui en dit long. Comme si nous venions seulement de retrouver notre lien.

Sauf que bientôt nous quittons le jardin Oliver et moi, nous dirigeant vers une direction que je considère comme inconnue. Je suis perdue alors je ferme les yeux, m'écroulant au sol et obligeant Oliver à me porter avec difficulté.

*

Je ne sais pas combien de temps je me suis évanouie mais lorsque j'ouvre les yeux nous ne sommes plus au même endroit. J'entends de l'eau couler et quelque chose vient humidifier mon visage.

« -Oli ?

-Reste calme je te nettoie un peu sinon on ne nous laissera jamais rentrer.

-O...Où est-ce qu'on est ?!

-Juste derrière l'aéroport –Il embrasse mon front- Je te promets que c'est fini.

-A...A quoi bon rentrer si les garçons sont morts ?

-Ne dis pas ça ! I...Il reste encore un espoir !

-Je n'ai plus d'espoir Oliver. »

Un silence s'écroule sur nous et il continue de nettoyer nos quelques plaies avec ce que je pense être l'eau d'une petite source. C'est vrai que l'on doit faire peur et on aurait surement été arrêtés par la douane avec nos visages couverts de sang. Ce n'est que quelques heures après que nous nous retrouvons dans l'avion retour. Je ne regarde pas au travers du hublot. Je n'ai aucun regret à quitter ce pays de malheur. Le seul regret est d'avoir laissé le cadavre de mon père non loin de celui de ma mère. Lui aurait dû pourrir loin de ma mère.

Et Oriane ? Pourquoi est-elle restée ?!

Quoi qu'il en soit je ne ferme pas l'œil un seul moment, sentant mon rythme cardiaque augmenter lorsque je vois Sydney s'agrandir au dessous de nous. J'ai peur. Je ne sais pas si c'est une bonne idée.

Peut-être devrions-nous partir loin d'ici. Dans un autre pays.. Fuir tout ces morts.

Mais je m'en voudrais toute ma vie de ne pas avoir tenté de retrouver les garçons. Quelle que soit la finalité.

*

Alors que nous arrivons dans le Hall je vois Oliver appeler sans relâches, mais Michael ne lui donne aucune réponse. Daryl non plus. Luke non plus. Et Ashton encore moins. J'ai envie de hurler mais Oliver m'en dissuade rapidement avant de m'attirer dehors. Sommes-nous en sécurité maintenant que mon père est mort ? Ou bien Evana va-t-elle débarquer de nulle-part et nous abattre ?

Je tremble et me laisse tomber au sol, frappant mes poings contre le bitume froid.

Mon père avait raison.

Tout est de ma faute.

*

Au bout de plusieurs minutes Oliver se décide à prendre un taxi, sans même prendre le tram. Ce serait trop long, sans parler du fait que pour moi le tram symbolise Ashton et qu'à l'heure qu'il est il est probable que ce dernier ne soit plus de ce monde.

Je déglutis à cette pensée et sers la main d'Oliver.

Comme si c'était la seule chose que je pouvais faire.

*

Nous ne descendons pas au Chenil. Oliver nous fait descendre chez Michael, payant le taxi avant de partir ouvrir la porte. Verrouillée. Dans un excès de rage ce dernier défonce la porte et entre dans la maison. Peut-être est-ce un piège, mais nous y allons malgré tout. Hurlant le nom des garçons.

Mais c'est le silence complet.

« - O...OLIVER ? KALANISSE ? »

Je tourne la tête et pousse un hurlement de surprise en écho avec Oliver lorsque nous voyons Michael sortir de derrière un meuble.

Tout seul.

Oliver et lui s'échangent un long baiser puis je l'étreins à mon tour avant de regarder en tout sens.

Pourquoi il n'y a que lui qui est sorti ?

« -M...Michael ils sont où Luke et Ashton ? »

Son visage se décompose et à présent que je le vois mieux je remarque le sang qui recouvre sa joue droite, son tshirt à demi calciné et des balaffres. Que s'est-il passé. Où sont les autres ?!

« - Michael ! Dis-moi que c'est une mauvaise blague ? »

Je me tourne et chercher derrière tous les meubles de la maison. C'est ça, ils me font une farce. Ils se cachent et veulent que je les trouve. C'est ma punition.

Mais ils ne sont derrière aucun meuble et le visage détruit de Michael me rend malade.

Pire que le silence qui nous entoure.

Non.

Ils ne sont pas morts.

Je refuse.


~ Bonsoir :') bon je pense que ce chapitre n'est hyper complet mais je vous avoue que je suis très fatiguée. Je tenais juste à poster malgré tout étant donné que je pars demain matin pour Paris et ej ne rentre que Samedi dans la nuit :( donc je voulais éviter de vous faire attendre. Je ne sais pas si vous avez mieux compris mais je pense faire un autre chapitre ou une nda pour réexpliquer, là j'ai le cerveau en compote :D

Bref je tenais à vous remercier, votre entrain pour Blind Tea m'a fait plaisir et j'ai hate de la commencer ^^ vraiment vous êtes les meilleurs lecteurs et j'espères croiser certains d'entre vous demain au concert, n'hésitez pas à m'envoyer un mp pour ceux qui y vont ^^

Je vous aime :')

Kactus

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