3 décembre 1978 : la ronde
Média : @luoman_art (instagram)
Remus Lupin était un garçon aux cheveux châtains, un teint assez pale dut à de nombreuses nuits sans sommeil et des cicatrices lacérant la peau de partout sur son corps. Elles attiraient la compassion quand ce n'était pas le mépris. Rares étaient celleux qui avaient la politesse de jouer les indifférent∙es à ce sujet. La seule personne qui l'avait fait, dans son souvenir, c'était Sirius.
Remus était plus grand que les autres, une bonne tête de plus que James et Peter et également très mince. Il portait son uniforme de la façon la plus traditionnelle qui soit car au contraire de ses amis, il gardait toujours en tête l'idée de ne pas faire de vagues et de rester invisible. Il en voulait souvent à la vie de l'avoir doté d'une taille élevée et de toutes ses cicatrices, cela n'aidait pas vraiment à se faire tout petit.
Il était celui qui équilibrait la balance, empêchant toujours ses amis d'aller trop loin dans leurs fresques rocambolesques. Dès que qu'une blessure pouvait survenir dans la farce, il mettait un panneau stop... sauf les malheureuses fois où Sirius, y tenant trop, arrivait à le faire changer d'avis avec un regard de chien battu. ( Littéralement. )
Ce matin là le garçon le plus sage avait été le premier à se lever. Il avait saisit un livre et s'était assis en tailleur dans son lit éclairé par le lever de soleil.
Sirius claqua des doigts un moment plus tard, faisant faire un bond à son ami qui en lâcha un juron.
« Tu m'as fait peur ! Je croyais que tu dormais.
- Les mecs cool ne dorment pas. répondit Sirius en venant s'installer en face de Remus et en lui volant son livre. Cornant la page en cours de lecture puis le feuilletant.
- Tu veux bien me le rendre ? soupira son ami, posant ses coudes sur ses genoux repliés contre lui. Un sourire trahissait son amusement, il n'avait plus aucune envie de lire son livre, tout ce qu'il voulait maintenant c'était rester avec Sirius le plus longtemps possible.
Celui-ci lui tendit le livre.
- On fait quoi aujourd'hui ? demanda le garçon au cheveux longs imitant la position de son ami.
- ...Nos devoirs ? rigola l'autre connaissant d'avance la réaction de son ami.
- On est en week-end Moony, en week-end. On a quarante-huit longues heures pour faire tout ce que l'on veut et tu proposes des devoirs !?
- Justement, on les fait en premier comme ça on aura pas à se précipiter pour faire une rédaction en pleine nuit comme la dernière fois.
- J'aime beaucoup faire des rédactions la nuit, dit Sirius en haussant les épaules, je trouve que ce sont les heures les plus inspirantes. »
Remus rit d'un rire doux qui avouait à lui seul toute la tendresse qu'il éprouvait pour Sirius.
« Qu'est-ce que tu veux faire ? demanda-t-il.
L'imagination du garçon brun, quand il s'agissait de violer les règles, n'avait pas de limites. En un instant, il trouva de nombreuses alternatives au plan de ce samedi et dimanche :
- Faire jouer Padfoot, aller à Pré-au-Lard, aller à Londres, acheter des cadeaux d'anniv' à Peter et acheter des cadeaux de Noël -quelle poisse de naitre si proche de Noël, quand même- faire un sort de météo pour qu'il y ai de la neige, rendre vivantes les tables de la grande salle et les pousser à faire la révolution et aller au Ministère de la Magie en secret pour instaurer de force un jour férié en l'honneur de la fois où Snivellus s'est pris une claque de Lily.
À la fin de la liste, il était presque essoufflé.
- Hum... On va se contenter de faire jouer Padfoot, hein ? »
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Remus avait une autre spécificité qui avait fortement contribué à le rendre si introverti et angoissé. Quand il avait cinq ans, après que son père ai rédigé un traité d'insulte envers les loups-garous, l'un d'entre eux était entré par la fenêtre de sa chambre.
Petit garçon, il avait traversé la maison en sang jusque dans la chambre de ses parents, couvert de cicatrices encore fraiches. Depuis, il avait perdu une partie de sa joie et ne l'avait jamais retrouvée. À chaque pleine lune, un loup lui volait son corps. Et si ça n'avait été que ça, il aurait put le supporter. En plus de cette malédiction il faisait des cauchemars dans lesquels il faisait des choses affreuses aux personnes qu'il aimait avant de les dévorer. Son secret le hantait, et même quand il était humain il se sentait comme un monstre.
Il s'était mis en tête que exister de quelque manière que ce soit auprès de quelqu'un serait le∙a mettre en danger alors il était resté en retrait toute sa vie. Lors de sa première année, Sirius se battait corps et âme pour qu'il lui adresse la parole et Remus résistait, ayant trop peur de le blesser en se liant. Finalement c'était de Peter qu'il s'était rapproché d'abord, car il percevait quelque chose dans ce jeune homme qui lui disait que Peter ne le jugerait pas. Petit à petit, à force de bavarder avec Peter qui était ami avec James, il finit par céder à Sirius et les maraudeurs naquirent.
Quand ceux-ci découvrirent le secret de Remus, alertés par le nombre de fois où le jeune homme allait "rendre visite à sa mère malade" et revenait couverts de nouvelles cicatrices toujours les jours de pleine lune, ils ne traitèrent pas le moins du monde Remus de monstre. Il furent emphatiques, pleins de soutient et entreprirent la chose la plus ambitieuse qu'ils n'aient jamais faite.
Ils mirent des années à y parvenir dans le dos de leur ami, mais le jour où celui-ci arriva dans le dortoir pour y trouver un rat, un cerf et un chien, il se jura de ne plus jamais se séparer de ses personnes formidables.
Remus regarda courir le chien noir en longeant le lac. Il faisait bien frais mais le vent ne soufflait pas. On entendait sans peine la mélodie que sifflotait James, les tentatives de Peter pour prendre la parole et les pas des pattes du chien sur l'herbe sauvage. L'animal revint vers Remus qui s'accroupit pour le caresser. Jamais il n'aurait osé toucher Sirius sous sa forme humaine mais il s'autorisait à être tactile avec Padfoot. Il n'aimait habituellement pas les chiens, mais celui-ci n'était pas un chien ordinaire. Il lui lécha une joue.
« Rah, c'est degueu, t'as la langue toute râpeuse » dit Remus en s'essuyant la joue. Le chien aboya comme si Sirius riait et reparti gambader au loin.
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On aurait cru que Sirius et Pâris Nutshell ne se connaissaient pas. Ils n'échangeaient jamais de regards, ne se parlaient jamais et étaient différents en de nombreux points.
Pâris était un garçon qui se fondait dans la masse, bien éloigné de la personnalité exubérante de Sirius. On l'entendait rarement participer en classe, il était un élève moyen ne se démarquant dans aucune discipline. Il était assez gentil pour qu'on ne le taxe pas de mangemorts et assez méchant pour qu'on ne le taxe pas de niais, alors, son existence laissait tout le monde indifférent, et cela semblait lui convenir.
Sirius ne se serait probablement jamais intéressé à lui si ce n'était pas sur lui qu'il avait jeté son dévolu après une soirée trop alcoolisé et l'heure avancée d'une soirée de Quidditch.
Alors croire que Sirius et Pâris ne se connaissaient pas, ce n'était pas faux. Mais ils se côtoyaient bien souvent, en secret. Ils ne partageaient pas grand chose d'autre qu'un lit. Ils n'étaient même pas amis, même pas contraints d'être fidèle l'un envers l'autre. Sirius se détestait quand il réalisait que se réveiller dans les bras du garçon était désagréable car il rêvait des bras d'un autre. Il s'efforçait de ne pas penser à cette autre personne. Il espérait que Pâris n'était pas amoureux de lui, car lui, ne pourrait jamais tomber amoureux de lui en retour -même si les choses auraient été bien plus simples si cela avait été le cas. Il avait beau essayer d'oublier, son coeur était pris. Heureusement, Pâris avait lui aussi le coeur qui battait pour quelqu'un qui ne poserait jamais les yeux sur lui : une jolie sorcière de Serpentard promise à un mariage arrangé. Ils étaient fatiguant, tout ces interdits qui contraignaient leurs liberté d'aimer.
Sirius s'éclipsa de la salle de classe désaffectée, croisant les doigts pour que personne ne l'intercepte durant le laps de temps qui lui permettrait de parcourir le chemin qui le séparait du dortoir. Pâris s'en alla de l'autre coté, rejoignant d'abord les toilettes pour qu'on ne suspecte rien en les voyant entrer dans la salle commune cote à cote. Cette tactique était le résultat d'un plan finement réfléchit de la part des deux jeunes hommes qui craignaient autant l'un que l'autre la révélation de leurs secret.
Sirius tenta sans succès de nouer sa cravate dans le noir, adoucit son pas pour ne pas alerter les tableau endormit... mais ruina ses efforts en émettant un cri étouffé.
Deux lumos l'aveuglèrent. Deux silhouettes familières devant lui. Sans écouter les jérémiades des tableaux, Remus et Lily commencèrent à sermonner Sirius :
« Mais enfin, qu'est ce que tu fabriques ici, encore !? soupira Lily.
Remus réprima un sourire. Il n'était pas étonnant de trouver son ami dans un couloir au beau milieu de la nuit, en fait, c'était plutôt le contraire qui l'aurait surpris. En revanche il n'avait pas l'habitude de le voir seul.
- James n'est pas avec toi ? demanda le loup-garou.
Lily fronça les sourcils en regardant Remus l'air de dire « Je sais que c'est ton ami, mais tu pourrais quand même faire semblant de le gronder un peu ! »
- Elle ne devait pas être il y a deux heures, votre ronde ? soupira Sirius en fixant l'insigne de préfète épinglée sur la robe de Lily.
- Les horaires ont changées, répondit la jeune fille, évasive.
- Si tout le monde sait à quelle heure nous éviter ce n'est plus une ronde. sourit Remus.
- Pas de digressions, reprit fermement la jeune fille, qu'est-ce que tu faisais dans les couloirs à cette heure là ? Trouve une bonne raison ou c'est dix points de moins pour gryffondor.
- Moony, je suis ton meilleur ami ! tenta de soudoyer le garçon.
- Ne te laisse pas manipuler Remus, tu vaut mieux que ça ! »
Le pauvre Remus regarda ses deux ami∙es en maudissant toutes les divinité∙es célestes pour le contraindre à un choix qu'il n'avait aucune envie de faire et qui n'était même pas censé lui revenir.
« Je... suis sûr que Sirius avait d'excellentes raisons d'être dehors après le couvre feu. Hein Sirius ? tenta de sauver le garçon aux cicatrices.
- Tu parles ! Il était en train de se taper une pauvre fille, plutôt ! »
Lily ne connaissait que trop bien les coeurs que brisait Sirius Black car elle en avait réparé de nombreux. Et, l'apparence de Sirius à ce moment précis lui donnait plutôt raison : cravate défaite, boutons de chemises inégaux, cheveux ébouriffés, joues rougies.
Ce fut le moment que choisit Pâris pour débarquer sans le vouloir dans le couloir. Le temps avait passé et il pensait pouvoir retourner dans son dortoir en toute sécurité. Il ne savait pas que sa présence venait de retourner le couteau dans la plaie. Il était dans le même état que Sirius et l'esprit d'un∙e observateur∙ice pouvait aisément tout comprendre.
Et Remus et Lily étaient observateur∙ices. Le déclic se fit au même instant chez tout le monde. De la terreur dans les yeux de Pâris, de l'inquiétude dans ceux de Sirius et de la surprise chez les deux autres.
Trop déconcertée pour enlever des points à qui que ce soit, Lily laissa les concernés retourner à leurs dortoir sans broncher. Elle et Remus les suivirent du regard. Ce dernier ne savait pas où se mettre. Il se sentait bête, et en même temps un nouvel espoir venait de fleurir dans son coeur.
Alors tu n'es pas seul.
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