21 décembre 1978 : invitations
Média : @solemnlyswear_art (instagram)
Tw : nourriture, un peu de dysphorie
Remus se regarda un long moment dans le miroir, ce qu'il n'avait pas fait depuis un certain temps. Au moment de sa puberté, certes, il avait commencé à observer chaque jour une certaine partie de son corps en souhaitant qu'elle disparaisse, mais maintenant que tout le monde avait compris qu'il était un garçon il acceptait cet endroit comme faisant parti de lui et avait cessé les séances d'auto-haine dans la glace. Ça arrivait encore, mais ce n'était plus aussi fort.
Est-ce que je marche assez comme un garçon ? Si je me tiens trop droit, je vais ressembler à une fille. Si j'aime un garçon, j'aurai un point commun avec les filles. Et si quelqu'un se souvenait de qui j'étais quand je suis arrivé à Poudlard ? Et si quelqu'un de mauvais l'apprenait ? Est-ce que je ne devrais pas faire du Quidditch pour être plus masculin ?
Question stupide, il avait toujours détesté le Quidditch, et, même s'il voulait être un garçon, il voulait aussi se ré-approprier sa masculinité. Il faisait généralement taire sa dysphorie en invoquant tout les souvenirs qui lui prouvait qu'il était perçu comme un garçon et en se rappelant que, même s'il n'était pas perçu comme tel il en serait toujours un.
Mais cette fois il n'arrivait pas à faire taire cette préoccupation nasillarde. En plus de ça, sa fichue timidité lui donnait encore moins confiance en lui.
Sirius aimait les garçons, seulement les garçons. Remus était amoureux de Sirius -il fallait bien se rendre à l'évidence- mais comme il n'était pas un "vrai" garçon, Sirius ne l'aimerait jamais. Il s'en voulait, maintenant, de n'avoir fait aucun effort tant qu'il était encore temps pour empêcher son amitié de déployer ses ailes pour se changer en amour. Il était persuadé qu'il aurait put faire quelque chose pour réprimer ce sentiment... mais il s'était laissé prendre au jeu. Il avait laissé Sirius en jouer. Il s'en voulait, maintenant.
Il ajusta son pull aux couleurs automnales. À toutes ses angoisses vint s'ajouter la pensé qu'en plus d'être un garçon trans, il était aussi un loup garou. Dangereux, laid de par ses cicatrices...
« Ça va, Rem ?
Celui-ci se retourna pour découvrir Peter sur le pas de la porte. Remus se rendit compte qu'une larme coulait sur sa joue, il s'empressa de l'essuyer. Il prit une inspiration :
- Il y a... une personne que j'aimerai beaucoup inviter à la fête de James.
Peter réprima un soupir. Il sentait que Remus avait besoin de soutient alors il ne dit rien, mais, Merlin, qu'est-ce qu'il pouvait en avoir marre de toutes ses histoires de coeurs !
- Pourquoi tu ne le fait pas ? dit-il plutôt.
- Parce que... C'est une personne très importante pour moi, j'ai peur de gâcher notre relation, cette personne aime les garçons et je... suis pas un garçon garçon, tu vois ? Et puis je sais pas comment on fait pour inviter les gens, moi. Ce serait trop la honte s'il... eu... si cette personne me mettait un râteau devant tout le monde. »
Peter regarda son ami un instant, ayant un peu de peine pour lui puis réfléchit à la meilleure chose à dire. Qu'aurait-il aimer entendre dans cette situation ? Il ne savait pas bien s'exprimer par la parole, mieux valait dire tout simplement ce qu'il pensait comme ça lui venait.
« Ok, reprit-il. Tu es un garçon, déjà. Je dois avouer que je vois pas trop la différence, moi, de toute façon. Que tu sois une fille, un garçon ou autre je vois pas trop sur quoi on s'appuie pour définir tout ses trucs. Mais je peux t'assurer que de ce que j'y comprends tu es bien assez un garçon. T'es bien plus masculin que moi, déjà... bref. »
Peter alla reposer son sac près de son lit en reprenant :
« Je trouve que tu es courageux, aussi. Tu es quand même un loup-garou, tu es quelqu'un de bien, tu es fort à l'école... Tu t'en rends pas compte mais tu réussit vraiment beaucoup de choses. Alors, j'ai du mal à croire que la personne qui te plaît ne veule pas de toi. Dans le pire des cas, si cette personne dit non, je suis sûr que tu t'en remettra.
Remus souriait maintenant. S'il avait été plus tactile, il aurait serré Peter dans ses bras. À la place il dit doucement :
- Merci beaucoup. »
Rechargé à bloc, il se leva du lit sur lequel il était assis et entreprit de se diriger vers la grande salle, avant que Peter ne l'interrompe :
« Et Remus !
- Mm ?
- Je crois que Sirius t'aime bien aussi. »
Remus rit de nouveau un peu gêné mais amusé, puis s'éloigna.
Peter resta dans la chambre, regardant le paysage matinal visible par la fenêtre. Quelque chose se flétrit en lui. La fête de James s'approchait à grand pas -plus que quatre jours- et il voulait bien y aller mais pas accompagné. Sauf que s'il refusait d'inviter quelqu'un∙e, l'écart entre lui et les autres Maraudeurs se creuserait encore. Il avait déjà la sensation d'être très exclu, d'être comme une pièce rapportée... il n'avait pas encore besoin de ça, en plus.
Ils ne comprenait déjà pas qu'il puisse préférer les plantes et les animaux aux matières plus 'magiques', qu'il aime passer inaperçu alors que les autres adoraient se donner en spectacle. Comment allait-il pouvoir leurs expliquer que lui se fichait en plus des histoires d'amours ? Ce n'était pas bien grave, mais cela le séparait encore plus des autres. Plus le temps passait, plus il se sentait loin, très loin d'eux. Lors de la première année ils avaient l'air de tous se ressembler. Maintenant ils avaient tous de plus en plus des traits communs, sauf Peter.
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« Tu te fou de moi, Potter. »
Regulus avait les bras croisés devant lui, il fronçait ses sourcils noirs en scrutant Potter. Il ne se sentait pas le moins du monde stupide mais il venait de perdre en quelque secondes ce que son coeur avait réussit à admettre. Il avait embrassé James quelque jours plus tôt, ils s'étaient pas mal vu, ça avançait bien... Dans son fort intérieur Regulus commençait à admettre qu'il ressentait peut-être quelque chose pour James et que les humain∙es n'étaient peut-être pas toujours des créatures sans intérêt...
Sa misanthropie commençait à reprendre le dessus depuis que la nouvelle était parvenue à ses oreilles.
Il avait habillement contourné l'obligation de rentrer chez lui pour les vacances en prétextant une montagne de travail -ce qui n'était même pas vraiment faux- mais c'était en réalité un pue car il souhaitait passer du temps avec James, et voilà qu'il apparentait ça.
« Pourquoi tu m'as dragué si c'est pour sortir avec Evans ? »
James se raidit, baissa la tête. Comment lui expliquer ? Il s'était retrouvé dans cette situation malgré lui.
« Je t'aime beaucoup. soupira James. Et j'aime beaucoup Evans aussi. Je crois que je suis amoureux de vous deux. Et je ne sais pas qui choisir.
Regulus se fit encore plus colérique à l'intérieur mais n'en laissa rien paraitre. Ça avait le mérite d'être clair.
Il aimait vraiment beaucoup James, même s'il ne le laissait pas voir. Il vérifia qu'ils étaient bien à l'abris de tout regard indiscret et s'avança un peu plus.
- Tu es amoureux de moi ? il y avait un petit air moqueur dans son ton, il sourit.
- Je crois, ouais.
- Développe. Le testa le garçon.
- J'aime bien ce que tu dégages, t'es intéressant, mystérieux, tu as du caractère, tu travaille dur. Et puis, quand je parle avec toi je me sens bien. J'aime beaucoup passer du temps avec toi.
- Tu le pense pour de vrai ? s'assura Regulus.
- Je peux te le jurer sous serment inviolable.
Ceci arracha un rire au plus jeune des Black.
- Ce sera pas nécessaire. »
Ils étaient très proches, maintenant, leurs nez se frôlaient.
James combla le vide entre eux et l'embrassa en y mettant toutes ses émotions et sentiments pour faire comprendre à Regulus à quel point il l'aimait.
Une fois séparés, il se regardèrent. Regulus soupira.
« Tu es aussi amoureux d'elle ?
- Je crois...
- Tu crois ?
- Je suis sur. J'ai dit 'Je crois' pour que ça passe mieux.
- Mais tu ne la préfère pas à moi ?
- Non. Je vous aime tout les deux exactement au même point.
Il y eu un léger silence. Regulus savait qu'il ne retrouverait pas quelqu'un comme James avant un moment et qu'il allait lui manquer... Après tout, qu'est-ce que ça changeait ?
- Tu ne l'aimera jamais plus que moi ? insista le garçon, se trouvant un peu niais de poser des questions de ce genre à quelqu'un qu'il avait embrassé seulement quelques fois, en cachette.
- Je ne peux pas te le garantir, mais je suppose que non. Dit très honnêtement James.
- Bon, trancha Regulus avec lui-même et avec son... amoureux ? -pouvait-il l'appeler ainsi ?- en même temps : Du moment que tu es avec moi, je crois que le fait que tu sois aussi avec une autre personne ne me pose pas de problèmes.
- Vraiment ? » s'écria James un peu trop fort.
Regulus l'embrassa encore une fois pour le faire taire, James s'en voulut d'avoir accepté l'invitation de Lily au bal alors que Regulus avait eut une très bonne réaction -selon lui- à... à quoi exactement ? Le fait qu'il aime plusieurs personnes à la fois et de tout genres différents ? Quelque chose comme ça. Il tenta de ne pas penser qu'il devrait aussi en parler à Lily, en revanche.
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« Moony, tu veux bien arrêter de tourner en rond comme ça ? » soupira gentiment Sirius que Remus avait entrainé dans le dortoir vide pour pouvoir lui parler en privé.
Remus s'assit la chaise d'un bureau à contrecoeur. Maintenant, son stress était passé dans ses jambes qui tapotaient le sol avec frénésie.
« Tu veux bien me dire ce qui t'arrives ? »
Merlin ! Il n'arriverai jamais à lui dire. En cet instant, il préférait même nettoyer tout le château avec un coton-tige plutôt que de lâcher cette phrase à Sirius.
Mais comme tout ça devenait long, Il farfouilla dans sa poche, en sortit un papier, ne le relisant surtout pas pour ne pas intensifier son stress et crut que son coeur s'arrêtait quand le papier fut entre les doigts de Sirius.
Il baissa les yeux vers le sol, essayant d'imaginer qu'il y avait écrit quelque chose de tout à fait anodin et pas du tout "Est-ce que tu veux venir à la fête de James avec moi ? (tu n'es pas obligé de dire oui)".
« Pour de vrai ? s'écria Sirius.
Remus osa enfin le regarder, il souriait de tout ses dents, ses yeux étaient lumineux.
- Eu... oui.
- En amis ?
- N-non. bredouilla Remus en se sentant se noyer dans un océan de honte.
- Ok, alors. Avec plaisir. » répondit Sirius après un moment de flottement.
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