Chapitre 27 : Jakiel

J'ai attendu que le soleil soit haut, de peur que Lyo soit en train de dormir. Mais vu l'heure, -il fait presque nuit- il doit simplement m'éviter. Je me décide alors à aller le voir. Je m'approche de la tente, et frappe à l'entrée. J'entends Lyo grogner :

- Il me semble que je t'avais dit de ne pas entrer ici.

- Je ne suis pas rentrée, j'ai juste frappé. Je veux simplement qu'on discute.

- Bon, me lance-t-il après un énorme soupir, je finis de me changer et j'arrive. Attends - moi dehors.

Je me mets à ma place habituelle et je l'attends. Il se change ? C'est un luxe que je ne me suis pas permis depuis longtemps. La dernière fois que je me suis changée, c'est quand j'ai été réduite à voler des vêtements tellement les miens étaient petit, il y a deux ans. D'ailleurs, les vêtements que je porte commence à être trop petits aussi... A contrario, Cerise doit porter de superbes tenues depuis qu'elle joue les rôles de sauveuse de la Terre...

Lyo fini par arriver :

- De quoi tu voulais parler ?

- Je tenais à m'excuser pour hier. Ce n'était vraiment pas cool de ma part et je comprends que tu es pu t'énerver. Tu me pardonnes ?

Il laisse passer un blanc, puis déclare :

- Tu ne sais pas pourquoi tu t'excuses, n'est - ce pas ?

- Bien sûr que si, je fais en rougissant. C'est parce que... Euh... J'ai... Euh... été méchante gratuitement en fiant seulement au peu que je connaissais de ces personnes ?

- Tu improvises bien, me taquine - t - il. C'est à peu près pour ça. Assis - toi, je vais t'expliquer.

Je lui obéis, et il s'assois aussi dans la neige. Au moins, il a l'air de plus m'en vouloir.

- Ma mère est morte quand j'étais très jeune, commence - t - il. Je ne me souviens plus d'elle. Mon père nous a donc élevés, moi et ma petite sur Clara. J'adorais ma petite soeur. Elle avait la même maladie que toi.

- Comment ça ? je le coupe

- Bah, elle avait la peau et les cheveux blancs et les yeux rouges.

- OK, je dis en baissant la tête

- Donc, quand les Cornants ont pris connaissance de la prophétie, ils ont insulté ma soeur, l'ont empêché d'avoir des amis... puis un après midi, alors qu'elle jouait dehors, un gars l'a battu à mort, et personne n'a réagi. Pas les villageois et les autorités pour le punir, pas mon père qui disait que c'était légitime. J'étais donc le seul à protester, mais personne m'a écouté sous prétexte que je n'avais que dix ans. Même pas mon père.

- Oh... C'est pour ça. Je suis désolée, je ne savais pas. Je comprends maintenant.

- Tu ne pouvais pas savoir... Mais au moins, contrairement aux autres, tu comprends.

- C'est pour ça qu'ils te traitent comme un criminel ? je demande

- Oui, entre autres. Aussi parce que je remets en cause l'interprétation de cette prophétie.

- Comment tu l'interpréterais, toi ?

- Je ne peux pas te le dire. Et me demande pas pourquoi, me coupe - t -il, voyant que j'allais lui poser la question, je ne peux pas te le dire non plus.

- Oh...

Un silence s'installe entre nous. Il reprend :

- Il ny a pas que ma soeur et toi qui ont souffert de ça. Je connais un paquet de petites filles qui ressemble à Cerise et qui se font battre parce qu'elles ne sont pas Cerise, la sauveuse de l'humanité, et qu'elles n'apporteront pas la fierté sur leur famille.

- Les parents sont définitivement horribles. Tout ça pour un bout de papier, comme tu dis...

- C'est pour ça que je déteste ce genre de comportement, conclue Lyo.

Je vois bien qu'il est peiné, à me raconter tout ça, alors je le laisse respirer 5 minutes. Puis je déclare :

- Tu sais, tu m'as donné une idée.

- Ah oui ?

- Je me dis que, si je trouve un moyen de réparer ma bêtise, les gens m'en voudront moins, non ?

Il me montre son plus beau sourire.

- Excellente idée ! Tu sais comment faire ?

- Oui, mais faudrait qu'on trouve le début de la rivière.

- Ca marche, je te montrerai où c'est demain.

Je me laisse tomber en arrière, m'allongeant pour regarder le ciel à présent étoilé. Lyo s'allonge à côté de moi peu de temps après, à une distance respectable.

- Merci pour la leçon du jour, Lyo.

- De rien, ça m'a fait plaisir.

- Ensemble, on va leur montrer qu'ils ont tort. Je ne suis pas la méchante de l'histoire dans ta version, au moins ? je le questionne

Il éclate de rire

- Evidemment que non ! Sinon quel intérêt ?

Je me contente de le fixer en souriant. Il me rend mon regard, puis va chercher sa couverture.

- Je crois que je dormir là, moi aussi. Il fait plus frais.

C'est à mon tour d'éclater de rire :

- Evidemment ! Il y a de la neige !

On passe la fin de la soirée à rigoler et à faire des plans pour après. Finalement, on s'endort rapidement. Je me suis enfin trouvé un vrai ami... Si vous pouviez savoir à quel point je suis heureuse !

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