- Jakiel, je suis rentrée ! Tu peux venir s'il te plaît?!
- J'arrive !

J'entre dans le salon en me répétant ce que je dois dire. Ça va le faire... normalement. J'aperçois Cerise avec un papier - La prophétie! - à la main. Ça s'annonce mal...

- Pourquoi c'était dans la cheminée? Me fait elle.

- Bah... j'avais ouvert les fenêtres pour aérer, ça a dû s'envoler...

- Pourquoi c'était en cendres dans la cheminée ? Et me dis pas que tu avais fait un feu en aérant la cabane, ce serait me prendre pour une imbécile...

Oh merde... J'avais oublié son pouvoir... J'espère qu'elle comprendra...

- Je suis désolée... J'ai brûlé le papier et l'ai mis dans la cheminée pour pas que tu lise...  J'avais oublié ton pouvoir... Je sais que je t'avais dit que je t'attendais pour le lire, mais j'ai pas pu résisté... Et quand j'ai vu ce que ça disait sur moi j'ai eu peur que tu me fasse plus confiance, que... que tu m'abandonne... Pardon...

- Sauf que, Jakiel, tu as essayé de me mentir. Deux fois.

- Je...  je commence pour me défendre.

- Si, me coupe - t - elle, Une première fois en brûlant consciemment la prophétie, la seconde quand je t'ai demandé pourquoi elle était dans la cheminée. De plus, tu ne t'es pas dit qu'en me le cachant, ça augmenterais mes doutes sur toi après la lecture de ce papier ? Hmmm ?

- Mais tu me connais, non ? Tu sais que j'ai pas fait ça avec de mauvaises intentions ? J'avais vraiment peur que tu me prennes pour un monstre... On est amies, non ?

Elle marque un temps de pause, ce qui n'est pas très rassurant. Je suis en train de perdre ma seule amie... J'ai été le plus honnête possible lors des véritables explications... Voire plus.

- Je ne sais plus si on est amies, assène - t - elle. Après tout, tu m'as menti deux fois en très peu de temps... Peut - être depuis le début ? Fessais - tu semblant de rigoler avec moi ? L'as - tu fais pour rester ici, au chaud ? Ou pour avoir à manger, peut - être... Qui sait ?

- Je...

Je m'assois sur une chaise, prise de vertige. Non... J'arrive pas a y croire... J'ai vraiment loupé notre amitié à ce point là ? Pas possible...

- D'ailleurs, tu m'as menti par rapport au village, reprend - elle en se penchant vers moi. Ils ont été très sympathiques... Bien plus que toi en tout cas.

Elle prend mes mains et passe un trucs autour de mes poignets. Je suis trop abasourdie pour réagir. Les villageois... Qui m'ont traité de diable alors que j'avais 8 ans... Gentils ? Sympathiques ? Non... J'ai pas pu l'inventer...

- Je suis sûre qu'ils mentent moins que toi, continue - t- elle, Ils ont sûrement raison, à ton sujet... D'ailleurs, j'ai décidé d'aller vivre là bas. Ils me proposent d'être maire, ce n'est pas négligeable. Et ma première action sera de m'occuper de toi.

Elle m'attrape le bras et me tire vers la porte. C'est à ce moment là que je réalise : elle m'a menotté ! Elle change d'avis très vite... La traitre ! Et elle qui me parlait de confiance et de mensonges...

Puis je me rend compte de ce que veux dire " m'occuper de toi"... Elle va me faire exécuter ! La colère laisse place à la peur. Il faut que je m'enfuis. Mais trop tard : on est déjà arrivées au village, près des prisons. Elle m'enferme et me lance, avant de partir :

- Je te fais attendre là pendant que moi et mes villageois déciderons de ta mort... Profite bien de la vue !

Et elle part, fière d'elle. Bon sang...