VII.6 - À nos fautes
Hey !
J'espère que vous passez de bonnes vacances pour ceux qui sont en vacances. Bon courage aux autres !
Je précise que ce chapitre fait mention du QG de l'Ordre du Phénix. C'est un nouveau QG, vu que celui de Grimaud a été découvert par les mangemorts.
Bonne lecture !
Wanda aurait aimé que ce soit le boucan tonitruant de la pluie battante sur la fenêtre de la chambre qui l'ai réveillé. En vérité, la sorcière n'avait pas fermé l'oeil de la nuit. Elle avait juste attendu que l'aurore perce, allongée sur un lit froid, inconfortable. Elle se leva et alla à la fenêtre, observant avec un regard sans émotion le déluge qui s'abattait dehors. Un éclair zèbra le ciel et le tonnerre gronda quelque secondes plus tard. Wanda pensa amèrement que Thor pleurait la mort de leur frère.
La sorcière balaya la pièce d'un regard. C'était une petite chambre sous les combles. Il n'y avait qu'un lit dans un coin et une penderie contre un mur. Wanda ne se sentait vraiment pas à sa place ici. On lui avait attribué cette chambre dans le quartier général de l'Ordre du Phénix. Elle ne savait pas où il était situé, mais on lui avait dit que c'était un endroit sûr. Elle l'espérait.
Elle soupira en se remémorant les longs interrogatoires qu'elle avait subi avec Draco. Elle avait dit tout ce qu'elle savait sur les plans des mangemorts, espérant que ces informations leurs seraient utiles. Draco en avait fait de même. Mais ce fut compliqué de les convaincre
qu'ils n'étaient pas des agents doubles. Heureusement que madame Weasley était là pour jouer en leur faveur.
Wanda n'expliquait pas pourquoi la mère de la famille que Draco avait passé son temps à insulter, des années plus tôt, les avait autant défendu. Mais elle lui en était profondément reconnaissante. Elle ne savait pas où était passé Potter et ses deux meilleurs amis. Personne ne le savait. Apparemment ils étaient partis pour une mission spécial, ils avaient disparus juste après qu'elle ai vu Harry à l'hôpital. Elle aurait aimé en savoir plus sur cette mission mais, en vu des informations qu'elle avait réussi à subtiliser avec ses pouvoirs, tout le monde ignorait ce qu'ils préparaient.
Presque mécaniquement, la sorcière sortit de la pièce et descendit les escaliers. Elle arriva dans la salle à manger où quelques membres de l'Ordre prenait leur petit-déjeuner. Il n'y avait ni ses frères ni Draco. La Serpentard s'asseya sans jeter un regard à qui que ce soit, une expression complètement fermée sur son visage.
- Salut Wanda, la salua Tony.
Elle croisa son regard et un maigre sourire faux naquit sur ses lèvres.
- Hey, répondit-elle.
Elle n'avait pas la force de faire semblant. Elle n'avait pas la force de faire quoi que ce soit. Elle se sentait si vide, si épuisée. À se demander si son cœur battait encore dans sa
poitrine. Elle ne se sentait même pas vivante, comme si elle était subitement devenue un zombie.
En vu des regards de dégoût et de méfiance que lui jetaient certains membres de l'Ordre, ça aurait très bien pu être le cas. Elle ignora les reproches silencieux qui pesaient sur elles. Elle savait qu'ils avaient raison de lui en vouloir. Elle était un monstre, une mangemort. Elle avait causé la mort de son propre frère.
Wanda attira la baguette de pain à elle et en pris un petit bout qu'elle machonna, le regard dans le vague. Un bruit la fit sursauter et elle se rendit compte que quelqu'un venait de déposer un
bol de céréales devant elle. Elle leva les yeux pour voir George Weasley qui lui souriait. Sa famille venait de s'installer ici. Ils avaient invoqué la peur d'une nouvelle attaque sur le Terrier, mais Wanda savait que le fait qu'elle ai presque détruit leur maison avait dû jouer dans la balance.
- Tu devrais manger un peu.
Elle soupira. Elle aurait aimé en prendre quelques bouchées, histoire de remercier le geste. Elle était touchée qu'il s'inquiète pour elle alors que la majorité des personnes présentes ici semblait vouloir la lyncher. Mais l'idée d'avaler cela lui donnait envie de vomir. Elle n'arrivait pas à se forcer. Elle se
sentait trop vide. À quoi bon continuer ?
- Je n'ai pas faim, répondit-elle en poussant le bol du revers de la main avec une expression désolée.
Elle se leva et quitta la pièce, les jumeaux Weasley sur ses talons. Une fois dans le hall, elle regarda la porte. Elle pensa a l'ouvrir, à partir dehors, s'enfuir. S'enfuir loin, le plus loin possible de tout. De l'Ordre, des mangemorts, des gens, du monde. Elle voulait juste hurler, sortir tous l'air de ses poumons. Hurler son désespoir, sa solitude, hurler jusqu'à ce que sa voix ne s'éteigne dans sa gorge. Et courir, courir loin. Loin de tout. Courir. Mais courir était la chose que faisait son frère. Et son frère n'était plus là. Il ne le serait plus jamais.
- Si tu veux parler de quoi que ce soit, on est là, dit Fred doucement.
Sa voix fit sursauter Wanda, la faisant revenir à la réalité. Elle se tourna vers les jumeaux alors que les larmes lui brûlaient les yeux. Comment pouvait-elle continuer à vivre quand plus rien ne semblait avoir de sens ?
- Je ne sais pas quoi faire maintenant. Pietro a été toujours là pour moi et j'ai toujours cru que ce serait le cas pour l'éternité. Mais j'avais tort. Et c'est de ma faute.
George posa sa main sur son épaule.
- Ce n'est pas de ta faute, dit-il.
Elle savait bien que si. Mais elle n'avait pas le courage d'argumenter. Les jumeaux ouvrirent leurs bras, l'invitant dans un câlin mais elle fit un pas en arrière. Elle appréciait leur bienveillance mais elle savait qu'elle ne méritait pas leur gentillesse après ce qu'elle avait fait.
- J'ai juste... besoin d'être seule un moment.
Elle commença à monter les escaliers en adressant un regard désolé aux jumeaux.
- Pas de soucis ! Passe le bonjour à ton copain la fouine s'il sort de sa tanière, lança Fred.
Elle soupira avant de rejoindre le dernier étage. Elle ouvrit la porte, entra et se figea en se rendant compte qu'elle s'était trompée de chambre. Elle observa la pièce, plutôt exiguë. A côté d'un lit se tenait un imposant miroir et un grande bibliothèque surplombait la pièce. Elle s'approcha de cette dernière et trouva avec étonnement de nombreux titres moldus. Il y avait une tonnes de comics et beaucoup de romans qu'elle reconnaissait. Elle esquissa un sourire en remarquant parmi eux Des fleurs pour Algernon, puis ses yeux se posèrent sur un autre livre et elle le sortit de la bibliothèque.
- Puis-je savoir ce que tu fais ici ?
Une voix la fit sursauter, elle se retourna brusquement, aux auguets et sa magie se mis à crépiter sous ses doigts. Elle fut vite rassurée en remarquant que ce n'était que Lupin. Sa magie se calma aussitôt et elle adressa un signe de tête poli à l'ancien professeur.
- Désolée, je me suis perdue. Je ne voulais pas fouiller dans les affaires de qui que ce soit.
L'homme sourit et s'avança.
- Ce n'est pas grave.
Il jeta un coup d'oeil au livre que Wanda tenait.
- Très bon choix, ajouta-t-il.
Sa voix était douce et emplit d'une certaine bienveillance. Il avait l'air amical. La sorcière ne comprenait pas pourquoi il se montrait comme ça envers elle après tout ce qu'il s'était passé. Peut-être qu'elle refusait de comprendre.
- Vous n'êtes pas obligé de vous montrer gentil avec moi. La majorité des gens ici me déteste.
Et elle ne pouvait pas le leur reprocher, elle aussi se haissait. Elle ne pouvait s'arrêter de penser à Pietro et à ce qu'elle avait fait, ce qu'elle avait causé. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux, elle ne les retint pas, à quoi bon ? Elle entendit Lupin pousser un soupir.
- Tu as fais des erreurs Wanda, comme tous les êtres humains. Tu n'as pas à avoir peur de toi pour autant.
Son ancien professeur devait se souvenir de ce cours de défense contre les forces du mal, alors qu'elle n'était qu'en troisième année. Quand l'épouventard avait pris sa propre forme. Ce genre d'évènement ne devait pas arriver souvent.
Elle fixa le visage de l'homme. S'il y avait une personne qui pouvait comprendre cette peur c'était bien lui. Elle se souvint du récit de Pietro sur tout ce qu'il s'était passé dans la cabane hurlante en troisième année. Il était un loup-garou, un paria, un peu comme elle au final. A la difference près qu'il était un sauveur, pas un tueur.
- J'ai tué mon frère, murmura-t-elle.
Sa voix se brisa sur le dernier mot. Elle laissa aller les sanglots qui secouaient son corps. Le miroir vola en éclat. Wanda aperçu son reflet dans les morceaux accerés. Ils lui renvoyèrent une image déformée de son visage, l'image d'un être brisé. Elle sut à ce moment que c'était le reflet le plus fidèle qu'elle n'ai jamais vu dans un mirroir.
Lupin s'approcha d'elle, doucemment. Comme si elle était un animal sauvage blessé qu'il ne fallait surtout pas effrayer au risque de la faire attaquer. Elle n'aimait pas ça. Mais elle s'en fichait bien à ce moment. Elle ne pensait qu'à lui. Lui qui avait toujours été là pour elle et qui ne le serai plus jamais. Lui qui avait été durant dix-sept longues années, son reflet.
- Non, Wanda.
Ce fut les seuls mots que l'homme prononça en posant sa main sur son épaule. Il n'y avait pas besoin de plus. Juste lui rapeller que ce n'était pas elle, qu'elle n'avait pas tué Pietro, qu'elle n'était pas Greyback, qu'elle n'était pas un monstre.
- Mais je suis quand même responsable, dit-elle.
Sa voix était déformée par les sanglots. Elle n'avait pas besoin de lire dans ses pensées pour savoir ce qu'il allait répondre : la même chose que ceux qui voulaient la rassurer. Tous ces "ce n'était pas de ta faute", "tu n'y es pour rien" et autres paroles du genre... Tout ces mots que lui répétait Draco, ses frères et maintenant les jumeaux Weasley. Ces mots utilisés pour la rassurer mais qui lui rappelaient juste que si, c'était sa faute. Si elle n'avait pas été là, Pietro n'aurait pas baissé sa garde. Si elle n'avait pas été là, son frère le serait toujours à l'heure actuelle.
Les mots que Harry avait prononcé à l'hôpital, quelques jours plus tôt, résonnèrent dans le silence.
C'est de ta faute !
Il est mort à cause de toi !
Et pourtant, les mots que prononcèrent Lupin étaient à l'exact opposé de ce à quoi elle s'attendait.
- Oui. En partie.
Et peut-être qu'elle avait besoin d'entendre ça. Peut-être que ces mots emplis d'une vérité brutes étaient devenues une nécessité. Parce qu'elle n'en pouvait plus des mensonges, de la déformation de la vérité, de toutes ces formules bateaux que les autres employaient pour la rassurer. Elle ne voulait pas être rassurée, elle avait besoin de la vérité. Elle avait besoin d'entendre ces mots, ces mots douloureux mais emplis de sens. Elle avait besoin de sens.
- Pietro croyait en toi. Il était prêt à tout pour toi. Même à mourir. Il pensait que tu en valait la peine. Maitenant, tout ce que tu peux faire c'est te montrer digne de son sacrifice.
S'en montrer digne. Si Pietro était encore là, il aurait voulu qu'elle se batte, qu'elle joigne la lutte contre les ténèbres. Il s'était battu pour cette cause jusqu'à son dernier souffle. En ferait-elle autant ? Avait-elle seulement le choix ? Elle ne pouvait pas trahir son frère... encore. Elle devait se relever, continuer à avancer, courir peut-être même et lutter... Lutter contre Voldemort, ses partisans, contre les regards haineux, contre le desespoir, contre l'envie de tout abandonner... Elle allait lutter. Elle allait honorer la mémoire de son frère.
- Merci, dit-elle à l'ancien professeur avec un petit sourire.
Il lui sourit à son tour.
- De rien, ce n'est que la vérité.
- C'est exactement pour cela que je vous remercie.
Elle quitta la chambre pour rejoindre la sienne. Ce serait mentir qu'elle se sentait determinée ou heureuse. Disons juste qu'elle se sentait un peu moins vide et c'était déjà un très grand pas en avant. Après tout, la vie n'était qu'un enchainement de petits pas.
Elle croisa en chemin Maugrey qui ne cacha pas sa grimace de dégout en la voyant.
- Tu devrais mieux rester dans ta chambre, à ta place.
Le ton de sa phrase était tellement aggressif que Wanda fut suprise qu'il n'y ai pas ajouté une insulte explicite. Elle haussa les épaules, ignorant royalement l'homme et entra dans sa chambre pour y trouver Draco assis sur son lit.
- Je m'inquiétais, où étais-tu ?
Elle s'assit à côté de lui puis déposa sa tête sur ses genoux. Elle allongea ses jambes et son petit ami caressa doucemment sa joue.
- J'ai discuté avec Lupin, répondit-elle simplement.
Elle ne voulait pas s'apensantir sur ce sujet, il du le sentir car il ne posa pas plus de questions. Ils restèrent silencieux un moment, Draco jouait avec ses cheveux tandis qu'elle fixait le plafond.
- Est-ce que ça va aller ?
Elle soupira, non. Ca n'allait pas et ça n'irait probablement pas de sitôt. Mais désormais elle avait un but. Et elle n'allait pas baisser les bras. Elle allait gagner cette guerre. Ils alllaient gagner cette guerre, ensemble.
- Tant que tu es là tout ira bien, murmura-t-elle avant de l'embrasser.
Et demain serait probablement un jour encore pire. Mais il ne fallait pas y penser. Un pas après l'autre, avancer lentement, tomber souvent mais toujours se relever, se battre, constamment lutter... Alors aujourd'hui, elle avait juste besoin d'oublier. Et les bras de Draco semblaient être l'endroit rêvé pour.
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