VI.7 - Bienvenue parmi nous Wanda

Dire que Draco avait été choqué par le choix de Wanda serait un euphémisme. Leur conversation sur le sujet fut assez houleuse, résultant en beaucoup d'objets de la salle sur demande qui finirent brisés en morceaux. Au moins n'avaient ils pas abîmé l'armoire à disparaitre dans leur dispute.

- Tu te rends compte de ce que tu as fait ?

La sorcière hocha la tête. Bien sûr qu'elle s'en rendait compte. Elle savait les implications de son acte. Elle savait que ce n'était pas une décision sans conséquences. Elle savait ce qu'elle avait fait. Et elle en assumait les responsabilités.

- Je fais ça pour te protéger. Je ne peux pas t'abandonner.

Draco serra le poing, ses ongles se plantèrent dans sa peau. Il était énervé contre sa petite amie mais il était surtout terrifié pour elle. Et il se sentait coupable. Tellement coupable de lui infliger cela. Ce n'était pas juste. Wanda était quelqu'un de bien, elle n'aurait pas dû se retrouver dans le camp des monstres. Tout ça à cause de lui.

- C'est de la folie !

La déesse posa une main délicate sur ses cheveux clairs.

- Tu sais que ma décision est prise. Tu ne pourra pas me faire changer d'avis.

Draco soupira avant de la prendre dans ses bras.

- Fais attention à toi.

- Toi aussi.

***

Les semaines s'étaient succedées sans grandes avancées notables, que ce soit sur la réparation de l'armoire comme sur l'échafaudage de plan. Jusqu'à ce que Rogue convoque Wanda dans son bureau pour l'informer que le maître voulait la voir. Et qu'elle le rencontrerait au manoir Malefoy durant les vacances de Noël.

La sorcière avait tout fait pour masquer sa peur. Elle avait acquiescé puis était parti informer Draco. La terreur qui avait secoué le Serpentard en cet instant était si forte que Wanda ne savait plus si elle appartenait uniquement au blondinet ou si elle se mélangeait à la sienne.

La déesse partirait donc avec Draco pour le manoir Malefoy durant les vacances. Restait à faire avaler cela à Pietro sans éveiller ses soupçons.

- Est ce que ça te dérange si je vais avec Blaise pour les vacances ? Il veut m'emmener voir un match de Quidditch avec Pansy.

Pietro fronça les sourcils.

- Oh... D'accord. Harry m'a proposé de passer les vacances avec l'Ordre du Phénix.

Wanda mordilla sa lèvre. Elle détestait mentir à son frère. Mais elle ne pouvait pas, à l'évidence, lui dire la vérité.

- T'en fais pas, on s'écrira, le rassura sa soeur.

Le coureur hocha la tête, sa jumelle ressentit son trouble. C'était le premier Noël qu'ils passeraient loin l'un de l'autre.

- Okay. Tu vas me manquer, tu sais ?

La sorcière se force à sourire, un sourire qui, elle l'espérait, semblait sincère.

- Toi aussi tu vas me manquer, espèce d'idiot !

Ils échangèrent un petit rire. Puis ils partirent chacun de leur côté et Wanda essaya de chasser la désagréable sensation dans son bas ventre. Celle qu'elle venait de trahir la personne qui lui était la plus chère.

Le jour fatidique arriva vite. En l'espace d'un instant, elle était sur le quai de King Cross. Une dernière embrassade avec Loki et Pietro puis elle suivit Blaise jusqu'à la sortie de la gare, une fois sûre que son frère était parti avec Potter et les Weasley, elle salua Blaise qui lui fit promettre d'être prudente. Puis elle rejoignit Draco et ils prirent la direction du manoir Malefoy.

Quand Wanda aperçu la grande bâtisse sombre, elle se demanda comment elle avait pu un jour trouver Sainte Félicitée austère. À côté du manoir, le bâtiment gris où elle avait grandi semblait être des plus accueillants. Son amant prit doucement sa main dans la sienne, un geste qui lui donna le courage nécessaire pour continuer à avancer. Ils entrèrent dans la propriété par un grand portail en fer forgé noir qui s'ouvrit sur leur passage. Le léger grincement qu'il fit en se refermant dans leur dos fit frissonner Wanda. Il n'y avait plus de retour en arrière possible. Elle était prisonnière.

Elle continua à avancer. Quel autre choix avait-elle ? Ils traversèrent la grande cour parsemée de plantes venues des quatre coins du monde, et pénétrèrent dans le hall d'entrée du manoir. La déesse frissonna de plus bel, cet endroit respirait la magie noire.

Une femme vint les accueillir, et Draco la présenta comme Narcissa, sa mère. Elle adressa un sourire poli à la déesse et la salua d'une voix dénuée de toute émotion. Wanda la salua en retour, le visage stoïque.

Si elle ne voulait pas se faire tuer dans quelques secondes, elle devait masquer toute sa peur, tous ses doutes et surtout tout son dégoût. Elle enferma tout cela au fond d'elle. Fit disparaître toute trace d'émotion de son visage et de son esprit. Seule la colère fut autorisée à rester.

Wanda n'avait pas besoin de feindre cette colère. Elle était déjà là. La colère était toujours là, brûlant d'un feu ardent dans le creux de sa poitrine. Il suffisait d'une pensée pour la raviver. Penser à l'injustice de ce monde, au fait que Draco avait dû prendre la marque sans avoir le choix, au fait qu'ils devaient vivre leur relation cachés, au fait que le monde lui avait arraché Daphné qui n'avait toujours été que douceur et bienveillance.

C'était facile d'être en colère. Et c'était facile de confondre la colère et la haine. Elle espérait que les mangemorts fassent cette erreur. Qu'ils prennent sa colère muette pour de la haine froide contre les nés-moldus, contre tous les êtres qu'ils considéraient comme inférieurs. Peut-être réussirait elle aussi à faire passer son dégoût comme étant contre eux.

La sorcière fut sortie de ses pensées par l'arrivée d'une femme aux cheveux noirs emmêlés. Elle adressa au couple un sourire à en glacer le sang.

- Bonjour Draco. Je vois que tu nous a ramener un beau spécimen, dis donc ! lança-t-elle en détaillant Wanda du regard. Quand on t'as dit de te faire des relations, tu ne l'as pas fait a moitié.

Elle se mis à rire. Si son sourire était terrifiant, son rire l'était tout autant sinon plus. Wanda aurait aimé en cet instant être partout ailleurs qu'ici.

- Wanda, voici ma tante, Bellatrix Lestrange. Bellatrix, voici Wanda Odindottir, Draco les présenta avec une voix froide.

La déesse retint le frisson qui menaçait de la traverser à l'entente de ce nom. Lestrange, la femme qui avait tué Sirius Black. La meurtrière échappée d'Azcaban, prête à tout pour le Seigneur des ténèbres.

- Le maître ne va pas tarder. Il a hâte de rencontrer la petite déesse.

Wanda remarqua le tressaillement presque imperceptible de Draco. Elle voulu lui prendre la main, lui dire que tout irait bien. Mais elle resta immobile, le regard fixé sur Bellatrix qui ne lui inspirait que plus de dégoût au fur et a mesure que les secondes passaient.

La mage noire lui attrapa le poignet et l'entraina dans le salon, où une trentaine de sorciers se tenaient en cercle, tous vêtus de robes noires, le visage caché par un masque d'argent. Elle se retrouva au milieu de ce cercle, la main de Bellatrix toujours serrée sur son avant bras.

- Aujourd'hui, nous avons l'honneur d'accueillir dans nos rangs la déesse Wanda Odindottir. Elle va se soumettre au jugement de notre seigneur, qui décidera de son sort.

Personne ne répondit. Le silence était a trancher au couteau. Fort à parier que la première personne qui l'aurait brisé aurait été abattu par Bellatrix sans autre forme de procès. La jeune sorcière croisa le regard de Draco, qui semblait paniqué. Quelque chose en elle se serra. Elle lui répondit par un regard qu'elle voulait assuré.

D'un coup, la température de la pièce chuta de plusieurs degrés. Une sombre silhouette encapuchonnée fit son apparition et tous les mangemorts présents inclinèrent respectueusement la tête pour saluer leur maître. Bellatrix la lâcha pour venir faire la révérence devant lui.

D'une main bien trop grise pour appartenir à un être humain, il baissa sa capuche, révélant son visage. Wanda puisa dans toute sa force mentale pour ne pas trahir sa peur. Son visage était à en glacer le sang. Il avait été homme autrefois, mais c'était une période bien révolue. Aujourd'hui, son visage était celui de la plus perfide créature que Wanda n'ai jamais connu.

Mais le plus glaçant était son aura. La déesse avait tellement l'habitude de percevoir les auras des gens qu'elle n'y prêtait plus grande attention en temps normal. Mais l'aura de Voldemort n'était pas quelque chose auquel on ne pouvait pas porter attention. Tout simplement car elle agissait comme un trou noir, engloutissant toute la lumière sur son passage. Ce n'était pas une simple aura sombre, ce n'étais pas juste l'aura la plus noire de toutes les créatures magiques et non-magiques du monde. C'était une abîme sans fond, un infini océan de froid et d'obscurité.

Elle enterra au fond d'elle le dégoût qu'elle ressentait. Son dégoût pour lui, pour tes les actes immondes qu'il avait commis, pour tous les meurtres dont il était a l'origine, pour toutes les familles brisées dont il était responsable. Elle fit taire tout cela, empêchant qui que ce soit de n'en ressentir ne serait ce que la moindre once.

- C'est donc toi, la déesse exilée, s'exclama-t-il en tournant autour d'elle.

Si Wanda s'était sentie mal a l'aise quand Bellatrix l'avait observé, elle se sentait désormais terrifiée sous ce regard inquisiteur. Elle avait l'impression d'être une proie prise au piège, attendant le moment où son prédateur en aurait assez de jouer avec elle et se jetait sur elle pour n'en faire qu'une bouchée. Si elle ne voulait pas que ce moment arrive, elle devait contrôler sa peur, la faire taire.

A sa connaissance, il n'y avait qu'une seule sensation plus forte que la peur : la colère. La colère était comme un feu, qui pouvait de ses insatiables flammes masquer toutes les autres émotions. Elle se concentra sur sa colère, la laissa jaillir d'elle.

- Je dois avouer que c'est une surprise. Je ne pensais pas pouvoir compter sur l'aide d'une Ase.

Le seigneur des ténèbres passa une main dans ses cheveux bruns, les caressant du bout des doigts. Wanda retint la vague de dégoût qui la frappa. Sa voix était sifflante, tel le cri d'un serpent. Elle était si sinueuse que la déesse avait l'impression qu'elle se frayait un chemin a l'intérieur d'elle, traversait ses organes pour venir se fixer sur ses os en laissant sur son passage un sillon glacé.

- Je ne partage pas l'avis de mon père sur la neutralité des dieux. Odin est un vieux fou qui pense qu'il peut nous contrôler, mais il a tort.

Wanda cracha son discours avec une telle rage qu'un frisson parcouru l'assemblée. Elle espérait que son jeu serait convainquant. Il le fallait.

- As-tu conscience de ce à quoi tu t'engages ?

La sorcière hocha gravement la tête. Elle le savait très bien. Et elle n'hésitait pas une seconde.

- Le temps des dieux d'Asgard est révolu. Mon père est bien arrogant de se croire supérieur. Les êtres supérieurs sont ceux qui comprennent à quel point la magie est précieuse, et au combien nous devons la protéger des impurs qui la salisse. Vous seul l'avez compris.

Wanda s'agenouilla devant lui. Elle se força à ressentir de l'admiration, même si tout son corps lui criait le contraire. Mais elle le faisait pour Draco. Elle pouvait le faire.

- Jures-tu de protéger la cause au péril de ta vie, de tuer, de mourir pour elle ? Me jures-tu fidélité, jusqu'à la mort et dans l'au-delà ? Jures-tu de toujours répondre à mes appels, d'obéir à mes ordres sans questions, de me satisfaire ?

La déesse se sentait sur le point de craquer, de laisser entrevoir ses vrais émotions qui en ce moment oscillaient entre peur et dégoût. Alors elle se concentra sur la colère, encore et toujours cette même colère qui brûlait si vivement qu'elle finissait par consumer tout le reste.

- Je le jure, mon seigneur.

Le sourire qui étira les lèvres de la créature a cet instant était la chose la plus effrayante que le monde magique ai jamais abrité.

- Bien. Relèves-toi ! ordonna-t-il.

Elle obéit, garda les yeux baissés vers le sol. Mieux valait ne pas croiser son regard. D'une part car il pourrait prendre cela pour un geste de défi et elle se devait d'être la plus docile possible. D'autre part, car elle craignait qu'il puisse trop facilement lire en elle si leurs regards se rencontraient. Peut-être pourrait il briser les barrières qu'elle s'efforçait désespérément d'ériger autour de son esprit.

Deux mangemorts lui empoignèrent les épaules. Bellatrix attrapa son bras gauche et releva sa manche, exposant la peau nue de son avant bras. Elle le présenta au seigneur des ténèbres qui appuya la pointe de sa baguette contre sa peau et prononça une formule.

La sorcière hurla. Elle n'avait jamais ressenti de douleur pareil. C'était comme si des milliers d'aiguilles venaient se planter dans sa peau, dechirraient sa chaire. Comme si des griffes transformaient son bras en lambeaux de l'intérieur. Elle hurla jusqu'à ce sa gorge brûle. La douleur était insupportable.

Elle vit le visage de Draco dans l'assemblée. Il serrait les poings, l'air partagé entre la haine et la terreur. Une partie d'elle le supplia mentalement de venir l'aider, de s'interposer, de la sauver de cette immense souffrance. Mais son esprit lui rappella qu'il ne pouvait pas. Qu'il devait suivre le plan, qu'ils le devaient tous les deux.

Elle devait le protéger. Elle encaissa la douleur. Elle songea à son amour pour Draco, à ce qu'elle était prête a traverser pour lui. Son coeur se serra en pensant qu'il avait du endurer pareil douleur, et seul qui plus est. Alors elle endura. Jusqu'à ce que tout s'arrête, jusqu'à ce que les mangemorts la lâchent enfin, jusqu'à ce qu'elle tombe à genoux sur le sol.

- Bienvenue parmi nous, Wanda Odindottir, siffla la voix froide de Voldemort avant qu'il ne disparaisse.

L'assemblée se dispersa. Ne restèrent plus que Draco et elle dans le salon du manoir Malefoy. Il se précipita vers elle et la serra dans ses bras, lui promettant que tout irait bien, qu'il était là.

Alors seulement, Wanda s'autorisa à pleurer.

J'espère que ce chapitre vous a plu.

Plus on avance et moins les choses vont bien pour nos tourtereaux, et ils ne sont pas au bout de leur peine, croyez-moi.

On se retrouve bientôt,

Prenez soin de vous !

Ryan

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