VI.6 - Les amants maudits
Titre alternatif pour ce chapitre : Wanda prends de très mauvaises décisions.
Bonne lecture !
Wanda poussa un soupir en fermant brusquement son livre. Le bruit que la couverture fit en se rabattant sur les pages lui valu un regard noir de la part de la bibliothécaire, madame Pince, malgré le fait que Draco, Blaise, Pansy et elle soit les seuls élèves dans la bibliothèque. Apparemment, même Granger ne squattait pas ici le dimanche après midi.
- Tu as trouvé quoi que ce soit digne d'intérêt ? demanda Pansy en levant les yeux de son livre.
Son ton trahissait qu'elle ne se faisait pas d'illusion sur la réponse de son amie.
- Rien ! Ça fait des heures qu'on est là et on ne trouve rien, s'exclama Blaise.
Depuis que Wanda avait appris la sinistre mission confiée à Draco, a savoir réparer une armoire à disparaitre afin de faire pénétrer des mangemort dans l'école pour tuer le directeur, elle avait fait de son mieux pour l'aider. Le groupe de Serpentards passait des heures a la bibliothèque chaque jour, à la recherche d'indices sur comment réparer cette foutue armoire. Sauf que ce genre d'informations sur un objet autant empli de magie noire n'était certainement pas accessible à tous les élèves dans la bibliothèque de l'école.
- Il faut qu'on continue à chercher, répondit Draco, le nez toujours plongé dans un vieux grimoire.
- On trouvera rien ! répondit Blaise.
Le livre qu'il avait tenté d'étudier était désormais caché sous ses bras qu'il avait installé sur la table, tête avachie dedans, ayant abandonné toute recherche depuis au moins une demie heure déjà.
Wanda soupira. Non, ils ne trouveraient rien avec cette méthode. Impossible de trouver des ressources sur la magie noire accessible à tous les élèves. Mais Poudlard avait tout de même la réputation de posséder beaucoup de livres rares. Si seulement ils pouvaient entrer dans la réserve, là où était situés les livres interdits aux élèves.
- Il faut qu'on aille dans la réserve, s'enquit Pansy comme si elle avait lu dans ses pensées.
- Impossible. Madame Pince n'acceptera jamais.
Il fallait dire que le quatuor de Serpentards qui passait déjà des heures a la bibliothèque chaque semaine ne serait pas du tout suspect s'il venait subitement demander l'accès a la réserve.
- J'ai une idée, lança la déesse, les yeux fixés sur la bibliothécaire.
Les trois autres suivèrent son regard. Draco fronça les sourcils, et comprit soudain. Il secoua la tête.
- Hors de question !
Wanda tourna la tête vers lui, le regard déterminé.
- Ça peut marcher. Si quelqu'un la distrait, je pourrai utiliser mes pouvoirs...
- Tu as déjà utiliser tes pouvoirs pour forcer quelqu'un à faire quelque chose ? l'interrompit Blaise.
La réponse était non. La déesse n'avait jamais rien fait de tel. Mais elle savait qu'elle le pouvait. Une profonde intuition, qui lui criait qu'elle était plus forte qu'elle ne le pensait. Elle n'avait jamais encore voulu essayer de contrôler quelqu'un, la perspective étant bien trop terrifiante. Mais elle allait faire ça pour Draco. Et cela lui donnait la motivation pour tenter le coup.
- Je suis sûre de pouvoir le faire, juste besoin d'une distraction.
Pansy se leva, elle esquissa un sourire enthousiaste.
- Je suis la personne qu'il te faut ! s'exclama-t-elle.
- Ce sera comme un Impero, murmura Blaise.
La phrase jeta un froid sur le groupe de Serpentards. La motivation de Pansy s'était soudain envolée et Wanda sentit un long frisson parcourir sa colonne vertébrale.
Il y avait quelque chose de terrible dans la façon dont le métisse avait prononcé le nom du sortilège impardonnable. Les ramenant avec brutalité à la réalité. Ce n'était pas pour rien si le ministère avait classé Impero parmi les sortilèges impardonnables. Le fait de posséder une personne tel une marionette était un crime particulièrement grave.
- Non, non ! Ça ne sera pas pareil. C'est juste pour avoir le droit d'accéder à la réserve, c'est tout, justifia Wanda.
Ces mots n'avaient pas pour but de rassurer Blaise. Mais de la rassurer elle. La déesse savait qu'ils étaient faux, que ce qu'elle allait faire était hautement punissable et qu'elle était sur le point de franchir une ligne rouge. Elle jeta un coup d'oeil à Draco qui avait l'air si inquiet. Elle était prête à franchir cette limite.
- Allons y !
Elle se leva, essaya de faire taire l'appréhension qui brûlait dans son ventre. Elle pouvait le faire. Elle pouvait le faire pour Draco.
Pansy s'approcha du bureau de la bibliothecaire et se mis à lui demander des conseils pour des livres sur les licornes. Wanda tendit sa main tremblante vers Madame Pince alors qu'elle regardait Pansy et laissa aller ses pouvoirs.
Tout devint soudain blanc, un blanc rayonnant. Et puis une cacophonie de souvenirs, de sensations et de pensées se firent entendre. Wanda les ignora. Elle se fraya un chemin dans l'esprit de la bibliothécaire. Elle commençait à avoir l'habitude d'être dans la tête des gens. Mais les influencer, ça c'était plus compliqué.
Elle devait trouver les bons leviers et les actionner avec prudence afin qu'elle ne se rende pas compte que quelqu'un était dans sa tête. La déesse se rendit compte, avec une certaine stupeur, qu'elle savait quoi faire. La situation lui paraissait familière. Comme si elle l'avait déjà fait avant. Comme si elle était née pour cela.
Quand elle fut de retour dans le monde réel, une seconde s'était écoulé. Elle prit son sourire le plus poli et demanda à Madame Pince d'une voix assurée :
- Puis-je jeter un coup d'oeil aux livres de la réserve, Madame ?
La bibliothécaire hocha la tête et répondit avec le même sourire.
- Naturellement.
Elle se leva, sortit une clef de sa poche et ouvrit la porte de la réserve. Draco et Blaise se joignèrent aux deux filles et ils prirent autant de livres qu'ils pouvaient trouver sur les sujets qui seraient susceptibles de les aider. Une fois cela fait, ils remercièrent Madame Pince et Wanda lui demanda de n'en parler à personne. La bibliothécaire se contenta d'acquiescer.
Les Serpentards ramenèrent les livres jusqu'à leur dortoir, pour les cacher sous leurs lits. Avec tout ce qu'ils avaient pris, ils auraient de la lecture pour plusieurs mois au moins.
Quand Wanda rejoignit son lit ce soir là, elle ne dormit pas. Elle fixa le toit de son baldaquin sans réussir à fermer les yeux. Les mêmes pensées tournaient en boucle dans sa tête. Est ce que Blaise avait raison ? Est ce qu'elle venait d'utiliser sa magie comme un sortilège impardonnable ? Est ce qu'elle était sûre de vouloir continuer sur cette voie ? Elle avait franchi une limite et elle se doutait bien que ce n'était que la première d'une longue série. Pourrait elle même s'arrêter avant de briser tous ses principes ?
Mais cela valait le coup. Cela en valait la peine parce que cela protégeait Draco. Elle devait le protéger quel qu'en soit le prix. Elle le devait.
Cette mission. Tuer Dumbledore. Un assassinat pur et simple. Elle voulait trouver une solution, une version de l'histoire où personne n'avait à mourir. Mais elle ne trouvait rien. Elle n'arrivait pas à imaginer un scénario plausible où le directeur était épargné sans que Draco et sa famille en subisse les conséquences.
Wanda voulait hurler. Elle se sentait si inutile. Elle ne pouvait rien faire. Elle ne pouvait pas protéger Draco ni sa mère sans le sacrifier. Elle ne pouvait pas sauver Dumbledore. Le directeur devait mourir. Une petite voix dans sa tête lui demanda quand est-ce qu'elle avait accepté l'idée de marchander une vie contre une autre. Elle essaya de la faire taire, sans succès.
Ce fut la première nuit sans sommeil d'une longue série.
***
En vérité, personne dans le groupe des quatres Serpentards ne dormait suffisamment. Blaise rattrapait ses heures de sommeil en cours et Pansy sortait toujours sous une couche de maquillage. La première fois que Wanda l'avait vu sans, alors qu'elle allait se coucher, son coeur avait cessé de battre un instant. Le teint pâle, les joues creusées et les cernes violacées sous les yeux, elle ressemblait à Daphné dans ses derniers moments.
Le plus préoccupant de tous était bien entendu Draco. Qui ne mangeait plus, qui ne souriait plus, qui ne vivait plus. Se contentant de survivre. Wanda avait envie de massacrer Voldemort pour lui avoir mis tout ce poids sur les épaules. Pour avoir fait de Draco l'ombre de lui même. Pour le lui avoir voler. Elle imaginait avec une certaine catharsis le moment où Potter le tuerait pour de bon.
Quand Wanda voyait son amant trembler à chaque mouvement, sursauter au moindre bruit, jeter des regards effrayés tout autour de lui tout le temps comme s'il avait peur d'être observé, la déesse ne voulait rien d'autre que de le prendre dans ses bras et lui dire que tout irait bien. Mais elle ne pouvait pas. Pour deux raisons.
La première était qu'ils avaient décidé, pour des raisons de sécurité, de ne pas se montrer au grand jour. Ils vivaient leur amour quand personne n'était là pour les voir. Ils s'embrassaient dans des salles de classe vides et dormaient ensemble dans la salle sur demande. Ils s'aimaient la nuit et s'ignoraient le jour. Comme les amants interdits qu'ils étaient.
La seconde était qu'il s'agirait d'un mensonge. Car tout n'irait pas bien. Loin de la même. Car ils étaient pris dans les rouages d'une immense machine, une machine bien plus grande qu'eux et si destructrice. Ils étaient les pions dans une guerre dont ils ne voulaient pas. Rien n'irait bien.
Draco sombrait peu a peu dans la paranoïa. Il se méfiait de tout et de tout le monde. Laissait des dizaines de sortilèges de défense dans la salle sur demande alors même qu'aucun élève non désiré pourrait y entrer tant qu'ils étaient à l'intérieur. Il se réveillant souvent en hurlant, émergeant d'un cauchemar dont il refusait constamment de partager les détails. Alors Wanda le serrait contre elle et caressait ses cheveux sans un mot. Car rien de ce qu'elle aurait pu dire n'aurait pas été un mensonge.
Wanda savait que les choses seraient pires encore. Les choses allaient de mal en pis. Quand Draco aura réussi sa mission, quand il repartira avec les mangemorts et elle avec l'Ordre du Phénix, il serait seul. Désespérément seul. Et elle ne pouvait pas laisser ça arriver. Elle ne pouvait pas l'abandonner.
Elle savait que Draco ne serait pas d'accord. Mais elle ne lui demandait pas la permission. Sa décision était prise. Elle irait avec lui. Quoiqu'il en coûte, elle le protégerait.
Cet après-midi là, après avoir fini ses cours, elle ne se rendit pas dans son dortoir comme à son habitude pour étudier les livres de magie noire. A la place, elle se dirigea vers le bureau du professeur Rogue.
D'après Draco, le professeur de potions était lui aussi un mangemort. Même si le blond se méfiait de lui. Mais Wanda n'avait pas vraiment le choix. Elle devait faire confiance à Rogue.
Elle toqua à la lourde de porte. Une voix agacée lui répondit d'entrer, ce qu'elle fit.
- Bonjour Professeur, dit-elle poliment.
Elle prit grand soin de bien verrouiller son esprit. Rogue était le meilleur legilimens qu'elle connaissait, mieux valait être prudent.
- Bonjour Miss. Que me voulez vous ?
La sorcière haussa un sourcil, faussement surprise.
- Vous ne le savez pas ?
- Il semblerait que votre esprit soit un mur. Vous avez fait d'excellent progrès en occlumancie.
Wanda esquissa un sourire, toujours méfiante. Elle ne pouvait pas se permettre de baisser sa garde.
- J'ai eu un bon professeur.
Rogue lui lança un regard blasé.
- Je me doute que vous n'êtes pas venue jusqu'ici pour me couvrir de flatteries. Je ne réitèrerais ma question qu'une seule fois Miss. Que me voulez vous ?
La déesse se concentra et fit apparaître une image de la marque des ténèbres dans l'esprit du professeur. Il eut un léger mouvement de recul, surpris qu'elle ait accédé si facilement à sa tête.
- Pourquoi êtes vous ici ?
La voix de Rogue s'était faite plus dure alors qu'il lança un sortilège informulé qui empêchait les oreilles indiscrètes d'entendre leur conversation.
Wanda déverrouilla avec précaution une partie de son esprit. Juste assez pour que Rogue puisse voir qu'elle ne lui voulait aucun mal et qu'elle ne le dénoncerai pas. Ce n'était pas un mensonge.
- J'aimerai vous rejoindre.
Le professeur afficha un air surpris. Puis un rictus moqueur vint étirer le coin de ses lèvres.
- Vraiment ? La petite fille sage a décidé de se rebeller contre son papa le dieu en tournant du côté obscure ?
La déesse sera les poings. Si elle voulait gagner sa confiance, elle allait devoir jouer ses cartes sans faire d'erreur. Le moindre faux pas était une condamnation à mort.
- Ce n'est pas un coup de tête. J'ai bien réfléchi et je souhaite vous rejoindre.
La déesse sentit la colère monter en Rogue.
- Bon sang Wanda ! Ce n'est pas un jeu. Il s'agit d'une guerre.
La sorcière prit une profonde inspiration et plongea un regard déterminé dans les yeux du professeur.
- Je sais. Et j'ai choisi mon camp.
- Et qu'est-ce qui vous fait croire que nous avons besoin de vous ?
Wanda sourit, un sourire qui ne lui ressemblait pas. Un sourire glaçant. Elle pencha sa tête sur le côté. Elle savait très bien quelle valeur elle avait aux yeux des mangemorts.
- Ne jouez pas à ce jeu avec moi. Je sais ce qu'il s'est passé il y a seize ans. Je sais que vous convoitez me pouvoirs. Je vous les offre sur un plateau d'argent. Ne me faites pas croire que votre maître refusera.
Rogue fronça les sourcils, essayant de déterminer si elle était sincère ou si tout cela était une comédie. Wanda déverrouilla quelques autres pensées, pour lui prouver sa bonne volonté. Rien de ce qu'elle ne voulait pas partager, rien qui ne touchait à Draco. Juste sa volonté d'aller jusqu'au bout.
- Et qu'auriez vous à y gagner ?
C'était le moment décisif. Là où tout allait se jouer. Elle laissa aller sa colère, essayant de paraître le plus sincère possible. Ce n'était pas si dur. Tout mensonge était basé sur une vérité.
- Toute ma vie on m'a dit que j'étais différente, bizarre, monstrueuse. Les autres, les moldus, m'ont toujours bien fait comprendre que je n'étais pas comme eux et que je ne le serai jamais. Que j'étais une abomination, une erreur de la nature. J'ai grandi dans la peur et la haine. La peur de moi, des autres, de ce qu'ils pourraient me faire. La haine contre ce que je suis, contre mes pouvoirs. Ils n'ont jamais accepté qui j'étais, ils m'ont traité comme quelqu'un d'inférieur. Ils avaient tort. Je ne suis pas inférieure. Je suis bien supérieure à eux. Et je vais le leur prouver.
Le professeur semblait en plein dilemme intérieur. Au bout de ce qui sembla une éternité à la sorcière, il dit d'une voix froide :
- J'en parlerai au maître. Et nous verrons bien s'il décide de vous accorder une chance où de vous avader sur le champ.
Wanda hocha la tête, retenant son sourire.
- Merci Monsieur.
Elle fit mine de quitter la salle mais il la retint avec une dernière remarque.
- Je ne sais pas à quel jeu vous jouez Wanda, mais faites attention.
La sorcière fronça les sourcils, essayant de déterminer s'il s'agissait d'une menace. Elle ne trouva aucune once d'agressivité en lui.
- Comme je vous l'ai dit Monsieur, je ne joue pas.
Une fois la jeune femme hors de son bureau, Rogue poussa un soupir. Il se souvenait du bal de Noël, du sourire de Draco alors qu'il dansait avec elle. Il se doutait bien que cette fille aimait son filleul. Mais il ne s'était pas attendu à ce qu'elle puisse aller aussi loin par amour.
Le professeur était lucide. Il savait que tout ou tard, Voldemort découvrirai son rôle d'agent double et il le paierai de sa vie. Mais quand il ne serait plus de ce monde, il faudrait bien un autre espion dans les rangs du seigneur des ténèbres. Qui de mieux placé que la jeune télépathe ?
Il ne se l'avouerai jamais mais il voyait dans cette gamine prêt à tout sacrifier par amour une petite part de lui, bien des années auparavant. Et il ne pu retenir un sa mélancolie.
Les histoires d'amants maudits ne finissaient jamais bien, il le savait d'expérience.
J'espère que ça vous a plu.
On se retrouve bientôt.
Prenez soin de vous !
Ryan
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