V.9 - Demain dès l'aube

Ce chapitre traite du deuil, veillez à être en forme pour le lire.

Bonne lecture !

Ce matin, Pansy s'était effondrée. Cela faisait déjà sept jours que Daphné était partie. Sept jours que la petite bande de Serpentards vivaient dans la douleur et la perte. Sept jours que Wanda avait perdu toute envie de faire quoi que ce soit.

Il y avait eu l'enterrement qui avait eu lieu un jour ensoleillé. C'était si étrange, les gens discutaient entre eux et certains souriaient. Wanda avait envie de leur hurler dessus, de leur dire de ne pas sourire parce que la situation était grave, parce que Daphné était morte et que personne n'avait le droit d'être heureux dans de tels circonstances. Puis elle s'était rendue compte que ses pensées étaient ridicules, et que Daphné elle-même aurait voulu que les gens soient heureux.

Elle n'était pas restée longtemps lors de l'enterrement. C'était trop dur. Les parents Greengrass n'étaient pas des plus tolérants sur les personnes de sangs impurs. Et même s'ils n'avaient rien dit à propos de sa présence, elle s'était sentie trop mal à l'aise pour rester.

Aujourd'hui, c'était la première fois que Pansy et Wanda étaient retournées en cours. Les derniers jours avaient été rythmés par les pleurs, la lassitude et les longues heures à dormir car le moins de temps passé éveillé était le moins de temps à penser à Daphné, à son rire mélodieux, à son rourire timide, à ses yeux océans, et au fait qu'elle ne serait plus jamais là.

Wanda avait fait la lecture à Pansy, cette dernière n'en ayant pas la force. Elles avaient relus ensemble quelques clasiques de la littérature sorcière, des contes merveilleux dans lesquels les choses se finissaient toujours bien. Quelque chose de très éloigné de leur monde actuel.

Draco et Blaise avaient pris les cours pour elles. Ce dernier était retourné en cours et continuait à plaisanter comme si rien ne s'était passé. Mais Wanda sentait son infini tristesse derrière ses sourires. Il faisait tout pour préserver un semblant de normalité, c'était sa façon de ne pas basculer dans le désespoir. C'était si dur quand la personne qu'on considérait comme sa petite soeur était morte.

Ce jour là, Wanda avait décidé de retourner en cours, se souvenant des paroles de Daphné qui lui avait demandé de ne pas trop se morfondre. Pansy l'avait suivi, probablement par peur de rester seule. La fille aux cheveux de jais s'était installée à côté de Blaise. Pietro avait abandonné son habituelle place près de Harry pour rester aux côtés de sa soeur.

Le début du cours de potions s'étaient déroulées de façon presque normale. Pourtant, tout le monde sentait la douleur dans l'air. La première demi-heure se passa comme d'ordinaire, à l'exeption près que Rogue était bien moins enclin que d'habitude à distribuer retenues et retraits de points aux Gryffondors. Et puis, alors qu'il parlait d'elle ne savait plus quelle potion, des sanglots se firent entendre.

Toute la classe, Serpentards comme Gryffondors, avait tourné son regard vers Pansy dont les larmes innondaient le visage. Visage qu'elle enfouit entre ses mains avant que ses inspirations ne se fassent de plus en plus fortes et irrégulières. Blaise posa doucemment sa main sur son dos, chuchotant des paroles réconfortantes. Les sanglots secouaient son corps alors qu'elle pleurait avec toute la force qu'il lui restait. Les élèves restèrent muets devant l'effondrement de Pansy.

- Monsieur Zabinni, emmenez Miss Parkinson à l'infirmerie.

Wanda vit les yeux de Blaise se remplir de larmes à leur tour. Il aida Pansy à se mettre debout et la soutint en quittant la salle. Rogue regarda la fille aux cheveux ébènes et lui dit d'une voix calme :

- Si vous avez besoin de quoi que ce soit, de parler ou d'autres choses ; sachez que ma porte, ainsi que celles des autres professeurs, vous est toujours ouverte.

Elle ne répondit pas et le duo disparut dans l'embrasure de la porte. La classe était sans voix, personne n'avait l'habitude de voir leur professeur avec une attitude prévenante, surtout les Gryffondors. Wanda sentit à son tour la douleur remonter. Une vague de souvenirs l'assailla, des flashs de cheveux blonds qui volaient au vent, d'ongles verts pommes parfaitemment manucurés et de parfum de noisette.

Elle fut rammené à la réalité par une douce chaleur dans sa main, et se rendit compte que son frère la serrait dans la sienne. Il lui accorda un sourire, un de ceux qui signifiait que tout irait bien. Et quand il lui souriait comme cela, elle ne voulait qu'y croire. Croire à cette promesse muette.

Le cours se termina normalemment et Wanda gagna l'infirmerie. Elle retrouva Blaise assis sur une chaise qui discutait avec une Pansy visiblement un peu dans les vapes. Cette dernière affichait cependant un petit sourire, ce qui surpris la sorcière. En se concentrant sur les émotions de son amie, elle sentit un calme qu'elle n'avait pas ressenti chez elle depuis des lustres. Devant son air incrédule, Blaise expliqua :

- L'infirmière lui a donné un philtre de paix.

Ca expliquait beaucoup de choses.

- Tu veux que je restes un peu avec elle ? Tu devrais aller manger.

Blaise sourit mais fit non de la tête.

- Ca ira, merci. Je m'en charge. Tu t'es déjà bien occupé d'elle ces derniers jours.

Wanda haussa les épaules. Elle ignorait qui s'était vraiment occupé de qui. Pansy et elle avait été des épaves, elles l'étaient toujours d'ailleurs. Elles s'étaient soutenues mutuellement. Wanda en lisant des contes de fées et Pansy en parlant de ses souvenirs d'enfance et en commandant constamment du chocolat chaud aux elfes de maison de Poudlard.

- Tatata ! Vous allez tous les deux déjeuner : je me charge de veiller sur elle, lança l'infirmière.

Les deux Serpentards tentèrent de protester mais Madame Pomfresh n'était pas facile à convaincre. Ils furent contraint de rejoindre la grande salle. Ils s'asseyèrent à la table des verts et argents sans dire un mot. Dès qu'il la vit arriver, Pietro se précipita vers elle et s'asseya à ses côtés en une mili-seconde. Elle lui adressa un faible sourire et il la pris dans ses bras quelques instants. Puis ils se séparèrent mais il resta à la table. La plupart des Serpentards ne voyaient pas d'un très bon oeil ce passager clandestin mais personne ne dit rien. Blaise entamma une discussion avec le Gryffondor et ils mangèrent en parlant de tout et de rien.

Un peu avant la fin du repas, la professeure McGonagall se leva et annonça :

- Je vous rappelle que ce soir a lieu la veillé en commémoration de Daphné Greengrass, élève de cinquième année à Serpentard et qui nous a quitté des suites d'une grave maladie. Sont invités à rester dans la grande salle après le diner ses proches ainsi que toutes les personnes souhaitant se receuillir en sa mémoire. Et si un élève a besoin d'être écouté, sachez que Madame Pomfresh peut vous acceuillir ainsi que vos directeurs de maisons.

Wanda prit une profonde inspiration pour arrêter les larmes qui menaçaient de couler. Cette soirée allait être dure mais elle voulait être présente, pour dire une dernier fois au revoir à sa meilleure amie. Pietro la regarda et demanda :

- Tu veux que je sois là, pour te soutenir ?

Elle hocha simplement la tête. Tony posa sa main sur celle de Blaise comme geste de soutien et Loki s'approcha de Wanda pour lui dire :

- Ça va aller. Elle est au Valhalla maintenant, murmura-t-il.

Le Valhalla, là où allait les âmes des braves, des valeureux. Wanda ne pensait pas qu'un tel endroit puisse exister, elle n'y croyait pas une seconde.

- Le Valhalla, ce n'est pas là où vont les âmes des personnes mortes au combat ? demanda Tony.

Loki hocha la tête.

- Elle est morte comme elle a vécu. En se battant contre cette saloperie. En combattant encore et encore jusqu'à son dernier souffle, murmura Wanda, les dents serrées.

Elle se leva et se dirigea vers la salle de sortilèges. Le reste de la journée se passa dans un épais brouillard. Elle finit par rejoindre son dortoir avant d'aller diner. Elle croisa Astoria, recroquevillée en boule dans le lit de Daphné.

- Tu veux être là ce soir ? demanda-t-elle.

La troisièmme année répondit par la négative.

- Je ne veux pas. Ce n'est pas parce que je n'aime pas Daphné ou que je n'ai pas envie d'honnorer sa mémoire. C'est juste que je n'y arrive pas. C'est comme à l'enterrement. Je ne veux pas y aller. J'aime ma soeur de tout mon coeur mais je ne veux pas y aller. J'ai pas envie de voir les gens se receuillir ou faire des discours. J'ai pas envie de supporter les regards de pitié qu'ils vont jeter sur moi. Je n'en ai pas la force. J'ai juste besoin d'être seule.

Astoria n'était pas venue à l'enterrement de sa soeur. Ça avait déclenché un minuscule scandale dans la presse people magique britannique. Wanda comprenait bien, elle ressentait tout l'amour qu'Astoria portait à sa soeur et toute la douleur qu'elle avait de l'avoir perdu. Chacun faisait son deuil à sa manière.

- Tu crois que... Qu'elle va me détester pour ne pas être venue ? Qu'elle va croire que je ne l'aime pas ? demanda la petite brune.

- Bien sûr que non ! Daphné savait à quel point tu l'aimais, malgré toutes vos disputes. Elle sait très bien que tu as besoin de faire ton deuil comme tu l'entends. Et si ça signifie ne pas venir alors soit. Elle t'aimes énormément. Ellle t'aimera toujours, quoiqu'il arrive. Parce que c'est ta soeur.

Les deux Serpentards se sourièrent à travers les larmes.

- Merci Wanda. Tu es pas si stupide pour une née moldue.

La dénommée soupira. Astoria restait Astoria. Elle alla mettre une robe noire et descendit dans la grande salle. Le diner se passa dans un silence pesant. Pansy était revenue mais ne toucha presque pas à son blanc de poulet malgré l'insistance de Blaise.

Puis, bon nombre d'élèves partirent, ne laissant plus qu'une petite dizaine d'entre eux. Il y avait Pansy, Blaise et Wanda bien sûr mais aussi Draco, Tony et Loki ainsi que Pietro et Luna, la seule qui ne tentait pas de cacher ses larmes.

Dumbledore n'eut pas besoin de demander le silence pour prononcer son discours : il innondait déjà la salle.

- Daphné Greengrass était une élève brillante, certes reservée mais très douée. Elle a réussi à suivre les cours avec sérieux et assiduité malgré sa maladie et les difficultés qu'elle lui apportait au quotidien. Je parle au nom de tous les professeurs en affirmant qu'elle était une personne impressionante et qu'elle était promise à un avenir rayonant. Malheuresement, le destin en a décidé autremment. Et cette perte nous boulverse tous. N'oubliez pas qu'elle n'est pas totalement partie, tant que nous nous souviendrons d'elle alors elle restera avec nous.

Il marqua une pause avant de continuer :

- Mais ce sont ceux qui l'ont le plus connu qui en parlent le mieux. Alors j'invite ceux qui veulent faire un discours à venir.

Blaise monta sur l'estrade en premier. Il hésita, regarda l'assemblée avant de parler.

- J'ai connu Daphné dès ma naissance. Mes tous premiers souvenirs sont ses yeux bleus et son rire si doux. J'ai grandi avec elle et Pansy. Mes plus beaux souvenirs d'enfance sont remplis de cheveux blonds et noirs. Je suis arrivé à Poudlard avec elle, j'ai suivi mes cours avec elle, j'ai passé des soirées avec elle. J'ai ri avec elle, j'ai pleuré avec elle... Elle était comme ma soeur, une petite soeur que je devais protéger. Mais comment protéger quelqu'un de la vie ? De la maladie qui coulait dans ses veines ?

Il marqua une courte pause, essuyant une larmes qui coulait sur sa joue.

- Je savais depuis tout petit que son temps était compté, c'est le cas pour nous tous, mais encore plus pour elle. J'ai compris que nous ne pourrions jamais veillir côtes à côtes. Alors j'ai vécu aussi intensémment que je le pouvais, on a partagé tellement de choses si fortes. Histoire qu'au moins, à la fin du voyage, on se dise qu'on a pas fait tout le chemin pour rien. Et aujourd'hui le voyage s'est achevé. Et même si j'aurai tout donné pour vivre encore quelques minutes à tes côtés, je ne regrette rien.

Il descendit de l'estrade et pleura dans les bras de Pansy. Cette dernière hésita mais finit par réfuser de faire un discours. Elle ne voulait pas, elle préférait rester silencieuse. Alors Wanda se leva, s'approcha du pupitre et y posa la feuille sur lequel était écrit un poème.

- Daphné, quand on s'est rencontré, je me sentais tellement seule. J'étais dans une école où je ne conaissais personne à part mon frère, dans une maison où tout le monde m'ignorait. Et tu as été là. Tu m'as tendu la main et rien n'a plus été pareil. Tu sais, je n'ai jamais vraiment eu d'amis avant toi. Tu as été la première. Tu as vu plus en moi que la fille bizarre et solitaire. Tu as su lire en moi comme dans un livre ouvert. On a passé des heures et des heures à discuter, à lire ensemble, à plaisanter. Je ne sais pas ce que j'aurai fait si tu n'avais pas existé. J'avais peur de qui j'étais et tu m'as rassuré, tu m'as montré qui je pouvais être : quelqu'un de bien. Nous n'avons partagé que cinq ans ensemble. Pourtant j'ai l'impression de te connaitre depuis toute une vie. Daphné, tu as toujours été là pour moi. Je donnerai n'importe quoi pour avoir une année supplémentaire. Tu es partie rejoindre les étoiles, me laissant sur Terre. Je ne regarderai plus jamais le ciel de la même manière.

Elle s'arrêta, laissant les larmes dévaler son visage en casacade. Puis elle jeta un coup d'oeil sur sa feuille. C'était intuile : elle connaissait le poème par coeur. Mais ça la rassurait, d'avoir le texte sous les yeux. Elle prit une profonde inspiration et commença :

- Demain, dès l'aube,
À l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai.
Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Nouvelle grande inspiration, des larmes qu'on essuie du dos de la main.

- Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Honfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Elle marqua une pause avant de juste dire le nom de l'auteur du poème, d'une voix faible :

- Victor Hugo.

Puis elle rejoignit ses camarades. Blaise et Pansy l'enlaçèrent puis ce fut au tour de Loki qui passa juste une main dans ses cheveux et lui adressa un sourire compatissant. Draco lui sourit timidement et elle lui sourit en retour, elle ne voulait pas qu'il y ai des tensions ce soir. Ce soir était pour Daphné.

- C'était très beau ce que tu as dit, murmura-t-il.

Pietro la prit alors dans ses bras et la serra si fort qu'elle se demanda s'il n'allait pas lui casser une côte. Mais elle le serra à son tour, laissant ses larmes tomber sur son épaule alors que la vérité la frappait en pleine face de plus belle : elle allait devoir vivre dans un monde sans Daphné.

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