V.11 - Un matin où mourrait l'été
Pietro n'avait jamais vu quelque chose d'aussi envoûtant. Alors que le groupe pénétrait avec prudence dans la salle du département des mystères qui abritait les prophéties, le coureur ne savait plus où donner de la tête. Il y avait des dizaines d'étagères, toutes garnies de centaines d'objets en verre qui renfermaient des brumes étincelantes. Il y en avait de toutes les formes, de toutes les couleurs. Et Pietro ne pouvait s'empêcher d'éprouver une immense fascination.
Ici était entreposé toutes les prophéties d'Angleterre. Et elles brillaient toutes si fortes. La curiosité brûlait ses entrailles. Qu'est-ce qu'il aurait aimé en prendre une, juste pour l'observer de plus près, pour entendre la prophétie qu'elle lui donnerait. Mais non. Ils n'avaient pas le temps pour cela. Sirius était en danger. Ils devaient le retrouver.
Ils continuèrent à avancer, baguettes à la main, prêts à faire fuser les sortilèges au moindre attaquant. Mais, plus il avançait, et plus la curiosité de Pietro grandissait. Quelque chose en lui lui hurlait de s'arrêter, d'attraper une prophétie. Il ne comprenait pas pourquoi ce besoin était si fort. Il dû faire preuve de toute sa volonté pour ne pas se ruer sur les étagères.
- Pietro...
Il sursauta en entendant son nom. Il regarda ses amis, cherchant qui aurait pu l'appeler. Mais ça ne ressemblait pas à la voix d'un membre du groupe. C'était une voix rauque, sifflante. Une voix froide, froide à en glacer le sang.
- Vous avez entendu ? demanda-t-il.
Hermione fronça les sourcils.
- Entendu quoi ?
Harry se tourna vers lui, lui lançant un regard inquiet.
- Ça va Piet ?
Il hocha la tête. Cela ne devait être que son imagination.
- Oui. Oubliez ça ! C'était rien.
Mais quelque chose en lui lui criait que ce n'était pas une hallucination. Que quelqu'un, quelque chose, l'appelait. Et qu'il devrait aller voir.
- Pietro...
La voix reprit. Aussi faible qu'un murmure. Le jumeau frissonna. Tout son être ne voulait qu'une seule chose : courir en direction de la voix. Il se força à suivre le groupe. Mais plus il avançait et plus la voix se faisait forte. Et plus il sentait qu'il ne pourrait pas lutter encore.
Soudain, Harry s'arrêta. Les yeux fixés sur une prophétie, il attrapa une boule emplie d'une fumée argentée.
- Qu'est-ce que tu fais Harry ? demanda Ron.
Le survivant fixa la boule, les yeux dans le vague.
- Elle m'appelle, expliqua-t-il.
En cet instant, Pietro aurait peut-être du être aux côtés d'Harry. Peut-être aurait il fallu qu'il reste avec son petit ami juste au cas où. Mais, et il n'en était pas fier, il considèra ce moment comme l'occasion rêvée pour rejoindre la voix.
Alors il courut. Il courut sans même savoir où il allait. Ses pas le guidaient naturellement. Il s'arrêta net, manquant de s'exposer la figure dans une vingtaines de prophéties.
- Pietro !
La voix n'avait jamais été aussi forte. Son regard s'arrêta sur une pyramide dans laquelle scintillait un brouillard doré. Il en était sûr, c'était elle qui l'appelait. Il observa son bras se saisir de l'objet, sans qu'il n'ai rien commandé de faire à son corps. Et alors, il entendit une voix, bien plus douce et rassurante que la voix qui l'avait appelé.
Deux êtres nés de la même mère
Destinés chez les dieux à régner
Tragiquement envoyés sur Terre
Un matin où mourrait l'été
Deux êtres aux pouvoirs extraordinaires
Dieux d'Asgard exilés
Iront à notre monde apporter la lumière
Ou le plongeront dans l'obscurité
La voix s'évanouit d'un coup. Pietro fixa la pyramide sans comprendre. Qu'est-ce que cette histoire avait affaire avec lui ? Pourquoi la prophétie l'avait elle appelé lui en particulier ? Peut être que ce n'était qu'un effet de son imagination, finalement.
Il n'eut pas vraiment le temps d'y songer. Des pas se firent entendre. Puis des bruits de verres brisés. Les mangemorts étaient là. Ils devaient déguerpir. Il reposa la pyramide et rejoignit les autres en courant. Le groupe repoussa les mangemorts à coup de sortilèges, détruisant au passage une bonne partie des prophéties.
Ils arrivèrent finalement dans une grande salle vide l'exception d'une arche de pierre au milieu. Les mangemorts arrivèrent quelques secondes plus tard. Le combat fut rude. Le groupe avait beau cherché, aucune trace de Sirius n'était nulle part. Ils devaient se rendre à l'évidence : c'était un piège. Et ils avaient foncé dedans tête baissée.
Un mangemort aux longs cheveux blonds platines s'approcha d'eux. Pietro le reconnu en un coup d'oeil. Lucius Malefoy, évidemment. Il serra les dents. Comment est-ce que sa soeur avait pu sortir avec son idiot de fils ? Il n'aurait jamais dû faire confiance au fils Malefoy ! Et Wanda avait été blessée par ce salaud. Il s'était avéré qu'il était comme son père finalement.
Pietro était prêt à se jeter sur lui, avec sa vitesse, il n'aurait pas le temps de l'arrêter. Furieux comme il était, il aurait très bien pu s'occuper de tous les mangemorts. Mais il s'arrêta net. Bellatrix Lestrange tenait sa baguette contre le cou de Harry. Le jumeau, glacé d'horreur, ne tenta aucun mouvement.
Son amant lui envoya un regard affolé, Pietro comprit très bien le message. Il n'était pas télépathe comme sa soeur mais il savait lire en Harry. Et il savait ce que le regard du survivant voulait faire passer. "Sauve toi !". Sauf qu'il n'en fit rien. Il adressa un regard désolé à Harry. Il ne pouvait pas s'enfuir. Il ne pouvait pas l'abandonner. Les abandonner.
Un mangemort dont il ne connaissait pas le nom l'aggripa pars les poignets et planta sa baguette contre sa nuque. Il se laissa faire, le regard toujours plongé dans celui d'Harry. Les prunelles émeraudes de ce dernier trahissait sa terreur mais aussi une certaine forme de résignation.
- Je t'aime, murmura-t-il du bout des lèvres.
Une larme roula sur la joue de Pietro. Si c'était la dernière fois qu'il voyait Harry alors il voulait graver dans sa mémoire chaque centimètre de son visage. Chaque nuance de couleur de ses yeux verts. Chacune de ses façons de sourire. Et, plus que tout, il voulait qu'il se souvienne d'à quel point il l'aimait.
- Je t'aime aussi.
Le mangemort qui le tenait lui asséna une forte claque. La douleur vrillait ses tympans. Il serra les dents, se forçant à ne pas fermer les yeux. Il voulait regarder Harry encore. Il devait le voir encore une fois. Une dernière fois.
- Comme c'est touchant ! Les amoureux contres natures. Ne vous en faites pas : c'est bientôt la fin de votre petit couple répugnant, s'exclama Bellatrix.
Elle se mis à rire. Un rire sadique. Puis, elle attrapa les cheveux d'Harry et les tira violement vers la gauche, forçant le survivant à détourner le regard de Pietro. Ce dernier bouillonnait de rage. Il allait lui faire payer. Il allait la massacrer pour avoir osé toucher à son Harry.
Mais il n'était pas vraiment en position de massacrer qui que ce soit. Ils étaient tous prisonniers des mangemorts. Il était probable qu'aucun d'eux ne sortent vivants de cette salle.
Et puis, alors que tout espoir semblant perdu, un jet de lumière illumina la pièce. Des membres de l'Ordre firent leur apparition, Pietro reconnu Sirius parmi eux, bataillent contre les mangemorts qui lâchèrent leur prise. Dès qu'il fut libre, Pietro se précipita sur Harry pour l'emmener à l'écart du combat et le serrer dans ses bras. Merlin ! Il avait eu peur. Si peur de le perdre.
Tout était allé très vite ensuite. Les sortilèges fusaient dans tous les sens. D'un coup, un éclair vert. Le rire sadique de Bellatrix qui résonnait. Le corps de Sirius qui tombait au sol, lentement, trop lentement. Harry qui hurlait, si fort que tout semblait trembler autour d'eux. Sirius qui passait à travers l'arche et disparaît. Pietro qui serrait Harry contre lui, l'empêchant de se précipiter à sa suite.
- Je suis désolé Harry. On ne peut plus rien faire.
Le survivant s'était échappé de ses bras pour se lancer à la poursuite de Bellatrix. Mais il ne l'avait pas tué. Son Harry était bien trop bon pour cela. Elle s'était enfuie. Et Voldemort avait fait son apparition, livrant une bataille épique contre Dumbledore.
Le seigneur des ténèbres aussi avait fini par disparaître. La bataille était finit. Ils auraient dû être soulagés. Mais tout ce à quoi ils pouvaient penser était Sirius qui ne serait plus jamais à leurs côtés.
Le trajet retour vers Poudlard se déroula dans un silence pesant. Pietro essayait de rassurer Harry qui ne disait mot, le regard dans le vague. Il semblait a des années lumières de lui. Alors, le jumeau avait réfléchi à ce qu'il avait entendu en touchant la prophétie. Il ne l'avait entendu qu'une fois et pourtant tous les mots s'étaient imprimés dans sa tête. Il pensa encore et encore aux phrases, essayant de trouver un sens, une explication.
Deux êtres nés de la même mère
Des adelphes donc. Ça ne l'aidait pas beaucoup, vu le nombre de frères et soeurs qui existaient rien qu'à Poudlard.
Destinés chez les dieux à régner
Des héritiers d'Asgard ? Les frères Odinson alors. Oui, ça faisait sens. C'était ça ! La prophétie était destiné aux frères Odinson. Et, comme aucun des deux n'étaient présents dans l'entrepôt, la prophétie avait appelé la seule personne qui les connaissait tous les deux : lui.
Dès qu'ils seraient a Poudlard, il irait voir Thor pour lui en parler. La prophétie avait du l'appeler pour qu'il leur transmette le message. Il songea soudain à la fin de la prophétie. Quelque chose à propos des ténèbres. Quelque chose qui n'annonçait rien de bon. Il espérait que les Odinson n'allait pas être l'origine de la fin du monde.
Tragiquement envoyés sur Terre
Non. Ça n'avait pas de sens. Les frères Odinson n'avait pas été envoyés sur Terre tragiquement, ils avaient simplement honoré l'engagement des dieux faits aux humains en venant étudier à Poudlard.
Un matin où mourrait l'été
Ça voulait dire quoi ça ? La fin de l'été ? Ils ne pouvaient pas donner une date un peu plus précise ?
Deux êtres aux pouvoirs extraordinaires
Si la prophétie ne s'adressait pas à Loki et Thor alors de qui parlait-elle ? Il y avait énormément de gens qu'ils connaissaient qui avaient des pouvoirs extraordinaires. Mais qui viendraient d'Asgard ? La liste se rétrécissait vite.
Dieux d'Asgard exilés
Ça ne pouvait pas être Thor et Loki. Ils n'étaient pas exilés. Ils retournaient sur Asgard durant leurs vacances. Non. C'était deux autres personnes. Mais qui ? Des dieux cachés, dont ne parleraient pas les manuels d'histoire de la magie, dont l'existence était restée un secret ?
Iront à notre monde apporter la lumière
Ou le plongeront dans l'obscurité
Qui étaient ce bon sang ? Qui allaient apporter la lumière ou l'obscurité à leur monde ? C'était quoi cette prophétie à deux balles ? Elle ne disait rien de concret, parlant en énigme.
Apporter la lumière. Ça ressemblait au rôle d'Harry ça. Vaincre les ténèbres, sauver le monde sorcier. Peut être que la prophétie parlait d'Harry. Ça ferait sens. Harry avait des pouvoirs extraordinaires. Harry était né en été. Pas à la fin de l'été mais disons au milieu, c'était déjà ça. Est ce qu'Harry pourrait être un dieu d'Asgard qui s'ignore ? Oui mais alors qui serait la deuxième personne dont parle la prophétie ? Un frère ou une soeur cachée ? Mais alors pourquoi est ce que la prophétie l'avait appelé lui et pas Harry ?
Ça n'avait aucun sens ! Rien de toutes ses théories ne marchait. C'était à s'en arracher les cheveux.
Une petite voix au fond de Pietro prit soudain la parole. Et, en vérité, le jumeau aurait bien aimé que cette partie de lui se taise. Parce que sa proposition était terriblement déroutante.
Parce qu'il connaissait bien un frère et une soeur trouvés sur les marchés d'une église à la fin de l'été. Un frère et une soeur aux pouvoirs extraordinaires qui n'avaient jamais eu d'autre famille qu'eux deux. Un frère et une soeur qui, si on en croyait la prophétie, allaient avoir une place déterminante dans l'avenir du monde.
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