II.5 - La grande imposture
Les mois passaient dans une routine apaisante. Wanda se levait, se préparait avec Daphné puis rejoignait Blaise et parfois Pansy pour aller manger. Puis elle allait en cours, dînait avec Daphné et elles se posaient dans le parc avec quelques Serpentards pour discuter, jouer à des jeux stupides ou faire leurs devoirs. Rien d'incroyable, à part cette fois où elle s'était faite crier dessus par une fille fantôme alors qu'elle voulait juste aller aux toilettes.
Cette routine rassurante lui faisait presque oublier le danger de mort que représentait l'héritier toujours dans la nature et qui pétrifiait de plus en plus d'élèves. Elle avait toujours peur pour elle et son jumeau mais après ces mois elle s'était tellement habituée que la peur se faisait moins forte. Ou peut-être que la peur était juste devenue tellement ancrée dans son quotidien qu'elle n'y faisait plus attention. Elle pensa amèrement que ça devait être pareil pour Daphné.
Le secret de Daphné lui pesait particulièrement. Dès qu'elle semblait un peu malade, Wanda était terrifiée. Elle s'inquiétait vraiment pour la blonde. Elle n'était bien évidemment pas la seule à veiller sur Daphné. Heureusement qu'elle avait Pansy et Blaise. Mais Daphn' gardait ce sourire doux et son regard empli de bienveillance.
Ce jour là, assises dans un canapé vert feuille, les deux jeunes filles lisaient chacune un livre. Wanda avait découvert une petite section de la bibliothèque de Poudlard consacrée aux grands livres moldus. Alors elle avait prit quelques titres qu'elle aimait ou qui lui disait quelque chose pour les faire découvrir à Daphné. Cette dernière en avait fait de même avec la littérature sorcière. C'est ainsi qu'alors que la blonde découvrait la France avec Notre Dame de Paris, la brune se passionnait pour Les contes de Beedle le Barde.
Ayant terminé "Le sorcier au cœur velu", Wanda leva les yeux vers Daphné qui semblait excessivement concentrée. Peut-être que Victor Hugo était un peu dur pour une adolescente de treize ans. Elle-même ne l'avait jamais lu mais elle avait entendu parler brièvement de cet auteur français.
La sorcière allait lire le prochain conte quand son regard se posa sur Draco. Il était assis non loin et discutait avec ses deux gorilles. Elle tendit l'oreille et entendit leur conversation.
- Depuis quand tu portes des lunettes ? demanda Draco.
L'un des deux - Goyle ou Crabbe ? elle n'en avait aucune idée - bégaya et Wanda se rendit compte que, effectivement, il portait des lunettes qu'il ne portait pas en temps normal.
- Heu... C'est pour lire ?
Sa voix était particulièrement mal assuré. Elle ne sonnait pas comme d'habitude. Wanda sentit au fond d'elle qu'il y avait quelque chose qui clochait.
- Tu sais lire toi ? demande le blond d'un ton méprisant.
Ils continuèrent à parler mais Wanda ne se concentra plus sur leurs paroles. Elle chercha quelque chose d'autre, se concentrant sur les sensations qu'elle percevait. Elle ne savait pas exactement ce qu'elle cherchait, essayant de percer à jour l'aura qui entourait les deux gorilles. Cette aura lui semblait familière sans qu'elle ne puisse vraiment être sûre de si c'était car elle croisait les Serpentards tous les jours ou pour une autre raison.
Ce fût alors qu'elle remarqua un garçon resté en retrait derrière eux, Blaise. Instinctivement elle se concentra sur l'aura du garçon et se rendit immédiatement compte que cet homme n'était pas Blaise. Elle reconnaissait cette présence entre mille, elle pouvait reconnaître sa moitié sans effort. Pietro était ici.
Elle se leva précipitamment. Posa son livre sur le canapé. Daphné ne broncha pas, plongée dans sa lecture. Wanda s'approcha du faux Blaise qui la regarda, gêné.
- Hé Blaise ! Je t'ai prêté mon livre de sortilèges l'autre jour. J'aurai besoin que tu me le rendes pour un devoir.
Elle avait dit ça avec un petit sourire, sûre d'elle. Le métisse se mis à rougir furieusement et bégaya une réponse mais Wanda l'avait déjà attrapé par le bras et le traînait vers les escaliers qui donnaient au dortoirs.
Une fois qu'ils furent assez haut pour que les personnes dans le salon ne les voient pas, Wanda lâcha le bras de son frère et le regarda avec un air agacé.
- Je peux savoir ce que tu fais ici Pietro ? demanda-t-elle à voix basse.
Son jumeau déguisé en Blaise soupira.
- Écoutes, on enquête sur celui qui a ouvert la Chambre des Secrets...
Elle le coupa :
- Ce "on" implique Potter n'est-ce pas ?
Il hocha la tête.
- Harry, Hermione, Ron et moi.
Elle retint un grognement mi-amusé mi-exaspérée. Pourquoi était-ce toujours ce petit groupe qui traînait dans les ennuis ?
- On soupçonne Malefoy. Alors on a utilisé du Polynectar, continua Pietro.
Si les yeux de Wanda pouvaient sortir de leur orbite ils l'auraient probablement fait.
- Malefoy ? Pourquoi lui ?
Le regard que lui lançait son frère disait de façon assez claire : "sérieusement ?". Elle n'était pas habituée à ce que Blaise la regarde comme ça et, même si elle savait qu'il ne s'agissait pas de son ami, c'était tout de même étrange.
- C'est assez évident non ? Il est à Serpentard, c'est un sang-pur et il déteste les nés-moldus.
Ce fût au tour de Wanda de le regarder l'air de dire "sérieusement ?".
- Donc vous pensez qu'il a pétrifié une demi-dizaine d'élèves, mis en danger de mort des milliers de personnes en ouvrant une salle secrète juste parce qu'il se dispute tout le temps avec votre bande ?
Elle ne savait même pas pourquoi elle défendait Malefoy. Elle le trouvait toujours insupportable mais elle ne pouvait chasser de son esprit le regard compréhensif qu'il avait eu pour elle en cours de potion. Elle refusait de croire que c'était lui qui avait provoqué tout ça.
- On n'a pas vraiment d'autres pistes alors... avoua Pietro.
Elle ne put s'empêcher de sourire. Son frère était impossible !
- Et c'est une raison pour se transformer en Serpentards et briser toutes les règles de Poudlard pour pénétrer dans notre salle commune ?
Pietro ne sut que répondre. Effectivement, avec du recul, leur plan était légèrement foireux.
- Vu comme ça... souffla-t-il amusé.
Ils échangèrent un sourire complice.
- Allez ! Va rejoindre tes amis Sherlock.
Il rit et hocha la tête avant de descendre les escaliers pour retourner au salon. Wanda passa rapidement dans son dortoir prendre son livre de sortilèges et suivit son frère.
***
Le lendemain, Wanda avait retrouvé son jumeau et ils s'étaient installés dans la cour pour parler. Il s'était avéré finalement que Malefoy n'était pas l'héritier de Salazard Serpentard. C'était rassurant.
- C'était comment d'être dans la peau d'un autre ? demanda la brune, curieuse.
Pietro sembla réfléchir quelques secondes.
- Bizarre, dès que tu bouges tu ressens un sentiment de gêne. Parce que ce corps ne t'appartient pas.
Wanda hocha la tête.
- Donc vous n'avez plus aucune piste à propos de cet héritier ? demanda la sorcière, soucieuse.
Il soupira et lui adressa un sourire sans joie. Ils étaient perdus, ne tombant que dans des impasses.
- Aucune, soupira-t-il avant de se laisser tomber en position allongé sur l'herbe.
Wanda s'allongea à côté de lui et ils restèrent silencieux quelques minutes, à regarder les nuages. Les blocs cotonneux agrémentaient le ciel et se détachaient pour former des images plus ou moins claires que la sorcière prenait plaisir à observer. Elle cru voir une forme de lapin et sourit devant l'insouciance qu'avaient ces enfantillages.
Les minutes s'éternisèrent et ils restèrent à regarder le ciel jusqu'à la température se rafraîchisse. Les jumeaux ressentaient un véritable plénitude à être ensemble, prêts l'un de l'autre. Ils oubliaient l'héritier, le danger, l'univers... Ils se sentaient bien car l'autre était là.
Wanda appréciait cette quiétude, cette sensation de complétude. Mais elle commença à frissonner à cause du froid. Son frère le remarqua et se releva, semblant soudainement penser à quelque chose. Il disparu dans une trainée bleue et revint une seconde plus tard en tenant, en bon grand frère protecteur, une veste.
- T'as rien vu venir ? demanda-t-il amusé en posant la veste sur ses épaules.
- Où est-ce que tu as déniché ça ? demanda la sorcière en croisant les bras.
Il leva les yeux au ciel devant la méfiance de sa sœur.
- Aux objets trouvés.
Elle fronça les sourcils. Semblant visiblement considérer ça comme du vol.
- Relax ! Je suis passé devant y a trois semaines et j'y ai repéré cette veste. Je me suis dit qu'elle t'irait bien mais j'y ai pas touché. Si elle y était encore aujourd'hui alors c'est que son propriétaire en veut plus.
Elle sourit en levant les yeux au ciel mais accepta la veste. Elle était belle mais simple. Elle arborait une belle couleur rouge et était en faux cuir. La sorcière l'enfila et elle lui allait bien, même si elle était bien trop grande.
- Merci Pietro.
Il sourit sans m'en s'en rendre compte alors qu'il regardait sa petite soeur de douze minutes dans cette veste. Il avait eu raison : elle lui allait merveilleusement bien. Il la trouvait magnifique.
Brusquement il se retrouva plongé de six ans en arrière, face à une petite Wanda effrayée. Ils en avaient fait du chemin depuis. Cette minuscule gamine effrayée se tenait devant lui en une jeune adolescente déterminée.
- Quoi ? demanda Wanda.
Pietro secoua la tête et rit.
- Tu es magnifique.
Elle rougit.
- Je sais, idiot !
Le blond fit semblant d'être vexé par cette insulte.
- Oh ! Je suis outré par tant de violence à mon égard, s'exclama-t-il en surjouant.
Ils éclatèrent de rire. Puis Pietro prit sa sœur dans ses bras. Wanda serra ses bras autour de lui. Et ils restèrent dans ce câlin quelques instants. La sensation de ce corps chaud contre le sien et cet amour familiale qui régnait dans l'atmosphère troubla légèrement la sorcière.
Elle ne savait pourquoi mais tout cela lui semblait familier. Comme un souvenir. Un souvenir sans contexte, juste un douce chaleur et une sorte de comptine apaisante. Une comptine dont elle ne percevait aucun mot qui était gravée en elle. La même comptine que ce qu'elle avait entendu la nuit de Pâques.
Puis les jumeaux se séparèrent et rejoignirent leurs appartements respectifs. Quand Wanda pénétra dans les cachots, l'air entêtant de la comptine en tête, elle y trouva Daphné. Assise sur un fauteuil, elle ne leva pas le nez de son livre. C'était toujours Notre Dame de Paris. Elle était passionnée par le roman.
Hier, Blaise et elle avait quasiment dû lui arracher des mains pour qu'elle aille dîner, sinon elle aurait refuser de bouger pour pouvoir terminer l'histoire. Fort à parier qu'elle n'avait pas énormément dormi juste pour continuer sa lecture. Cet enthousiasme touchait Wanda qui se dit qu'elle devrait probablement lire le roman à son tour quand Daphné aurait finit. Si tenté que Daphné veuille bien s'en séparer un jour.
Elle récupéra son exemplaire des Contes de Beedle le Barde et décida de lire le dernier comte, "Les reliques de la mort". Mais elle eut du mal à se concentrer, la mélodie de la comptine résonnait dans sa tête.
Hey !
J'espère que ce chapitre vous a plu. Il est un peu court c'est vrai mais je pense qu'on avait tous besoin de moments choupis entre les jumeaux après ce qu'il s'est passé au dernier chapitre.
On s'approche de la fin de cet deuxième année. Merci de continuer à me lire.
On se retrouve bientôt,
Prenez soin de vous et si vous êtes en vacances profitez en !
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