Chapitre 10 : Humiliation.
PDV BELLA
Une semaine. Ça faisait une semaine qu'Edward n'était toujours pas revenu en cours. Je faisais seule mes devoirs de biologie au lycée et copiais à chaque fois soigneusement le cours pour avoir une bonne excuse pour pouvoir lui parler après.
Mais chaque jour, je me réveillais avec l'espoir de le voir. Et chaque jour, la frustration grandissait dans mon ventre, me déchirant l'estomac, laissant un trou béant.
Je savais très bien que je ne devais pas espérer autant pour pouvoir voir Edward. Je serai peut-être dangereuse après mes seize ans.
Bella ?
La voix de Lena résonnant dans mon esprit me tira de mes rêveries.
Quoi ?
Encore lui, n'est-ce-pas ?
Laisse moi tranquille avec ça, mieux vaut tout laisser tomber.
Deux mains vinrent frapper devant mon visage. Je sursaute, désorientée.
- On est déjà arrivées ? Demandais-je, confuse.
Un rire léger me répondit, résonnant dans mes tympans. En tournant légèrement la tête vers la gauche, je pouvais apercevoir Lena au volant. Au volant ? Mince !
- C'était à mon tour de conduire ! M'écriais-je, hors de moi.
Elle secoua la tête en souriant.
- Tu as déjà conduit hier, me rappela-t-elle.
Pour en être sûre, je jette un coup d'œil à ma paume. Cent-cinquante-quatre. Les nombres impairs, c'était à mon tour. Pairs, c'était Lena. Et dans quelques mois, aux Ténèbres.
Un frisson parcourut ma colonne vertébrale, un frisson de pure horreur
Lena me répétait que je serai forcément Lumière. Elle l'était, elle. Je ne la croyais pas. Et le fait de ne pas la croire me disait que je serai forcément Ténèbres. Pourquoi la vie est-elle aussi injuste ? A croire que j'attirais la malheur, que je le traînais derrière moi.
Pour faire plaisir à ma sœur, je lui souriais et disais 《Je ne m'inquiète pas. Je te fais entièrement confiance 》J'avais commencé à lui dire ça la semaine dernière. Je n'en pouvais plus de la voir constamment inquiète à chaque fois que j'observais d'un peu trop près ma paume, le nombre gravé dessus plus exactement, les yeux dans le vide, réfléchissant à ma malédiction qui approchait à grands pas...
Les larmes menaçaient de couler. Je les sentais, me brûlant les yeux. Elles voulaient couler. Chaque nuit, lorsque je me retrouvais seule dans mon lit, sous ma couverture, je sentais la solitude frapper. Frapper à petits coups, régulièrement, doucement et progressivement, elle prenait de la place dans mon cœur. A ce moment là, plus que tout, je voulais libérer toute cette souffrance qui me poignardait, me tuant à petit feu. Doucement, lentement... Mais... je ne pouvais pas. Ça voudrait dire que je suis faible. Que je ne suis pas assez forte pour ma famille. Pour ma sœur. Pour me mettre à espérer. Ou tout simplement pour l'espoir.
J'avais arrêté d'espérer depuis déjà très longtemps. Personne ne pourra faire changer ça. Jamais.
Alors je serre les dents, et j'essaye de penser à autre chose. Difficilement, je l'avoue.
- Bella ! Calme-toi... Respire profondément !
Je m'étais mise à suffoquer sans m'en apercevoir, mes jambes et mes mains tremblaient tellement que je me demandais presque si j'allai pouvoir tenir un crayon pour prendre des notes, mais encore, faudrait-il que j'arrive à arriver en classe avec mes jambes tremblantes. Les larmes me piquaient, me brûlaient les yeux, et je peinais très difficilement à les retenir pour éviter de pleurer comme une gamine devant ma sœur. Ça l'aurait détruite de me voir comme ça. Ça la détruit presque en ce moment. Car malgré tout, malgré nos nombreuses prises de têtes, malgré nos chamailleries, ma sœur m'aime. Et ça, je le sais. Heureusement pour moi.
Lena pose ses deux mains sur mes épaules et continue de me répéter fermement de respirer profondément, de me calmer, qu'elle était là, etc...
Mon regard se pose dehors. Et je le vois. Lui. Je croise ses yeux dorés. Hypnotisant. Profonds. Immédiatement, je cesse de trembler. Je ne respire plus erratiquement, mais par petites bouffées d'air, passant rapidement dans ma trachée, pour remplir correctement mes poumons . Je reste envoutée par son regard. Hypnotisée.
- Bella ! Calme-toi !
Le murmure paniqué de Lena me ramena à la réalité. La pluie tombait, à grosses gouttes. Et je panique, moi aussi. Que faire ? Comment arrêter ça ? Lorsque je me servais de mes pouvoirs, c'était à chaque fois involontaire. Une fois, j'avais inondé une ville. Nous avions quitté la ville tout de suite après l'accident.
- Prends ça !
Lena me tendit une boîte de calmants apparue de nul part. Vite fait, sans trop penser à ce que je faisais, ainsi que les conséquences, j'en pris rapidement un.
L'averse se calma progressivement, se réduisant à une légère pluie. Je respire profondément, sentant l'effet du médicament sur moi. J'imagine que je serai bien incapable de me mettre en colère aujourd'hui. Ou du moins, pour quelques heures. Tant mieux. Ça m'évitera de faire exploser les vitres de ma salle de classe.
Allons-y, annonçais-je à ma sœur.
Nous sortîmes de la voiture. Je claquais la portière avant de me souvenir d'un détail : Edward.
Sa Volvo argentée, toujours aussi flamboyante comme si elle avait été lavée, nettoyée que depuis seulement quelques heurs, était garée à sa place habituelle. Quoique... Peut-être pas si habituel que ça... Garée juste en face de la nôtre. A deux ou trois mètres peut-être. Bref. C'est pas un problème, de savoir exactement à combien de mètres sa voiture est garée plus loin que d'habitude. Je ne vois même pas pourquoi je me casse la tête avec ça. Ce ne sont que des maths. Et je déteste, - ou plutôt hais passionnément - les maths. Ces maudits chiffres nous empoisonnent l'esprit pendant deux heures, ils s'emmêlent dans notre cerveau, et impossible de les démêlés. Un vrai casse-tête.
Un claquement de doigt retentit près de mon oreille droite, me sortant de cette étrange réflexion sur la matière que je déteste le plus au monde. Des fois, je me dis que je déraille vraiment, comme une véritable folle. Je peux penser à un truc, puis passer sur un autre sujet rien qu'en faisant un truc complètement débile, stupide et irréfléchi. Magnifique.
- Hey ! Arrête de me regarder comme ça, on dirait que t'es une vraie tarée !
Je pousse un gros et profond soupir. Qu'est-ce-que je me disais ? Une véritable folle...
Edward n'est plus là. Il s'est volatilisé je-ne-sais-où. En fait, je pense que je sais où il est. Il est sûrement en cours. Sauf si j'ai eu une hallucination.
Effrayée, je cligne des yeux plusieurs fois de suite, stupéfaite à cette idée qui a germé dans mon esprit farfelu. Des hallucinations d'Edward ! Qu'est-ce-qui m'arrive ?
Bon sang, reprends-toi !
C'est à peu près la troisième fois que je retombe dans la lune après que Lena soit intervenue. Mais attention, ce n'est pas mon record !
Une fois, alors que nous étions en cours, je me suis de nouveau perdue dans mes pensées. C'était en maths. Évidemment. Pourquoi il faut toujours que ce soit sur cette matière qu'il se passe des trucs vraiment très gênant sur ma vie ? Le genre que tu ne peux jamais oublier ? Et que lorsque tu y repenses, tu fais des grimaces bizarres, venues tout droit de la planète Mars.
Maintenant, je me mets à penser à Mars. Génial. Vive la science.
Donc, j'étais perdue dans mes pensées puisque le cours était tellement ennuyant que la moitié des élèves se suicideraient rien que pour échapper à ça. J'exagère même pas ! Et là, la prof m'a posé une question.
Je me souviens d'avoir essayé d'y répondre, d'avoir cherché jusqu'à la planète Mars même, jusqu'à ce que je me mette à dériver sur les Ferraris. Cinq fois, elle m'a réveillé, et chaque fois, je me suis mise à penser à autre chose. Les Ferraris, le matériel scolaire, la couleur des cheveux, les renards et une commode. La honte. Toute la classe m'observait comme une bête de foire. Mais maintenant, je m'y suis habituée. Presque, quand même. Lorsque je rentre dans une salle, tout le monde se tait et me dévisage bizarrement. J'aurais voulu leur balancer un truc, mais je n'osais pas. Ça ne ferait qu'envenimer les choses plus qu'elles ne l'étaient déjà.
Bella ! On va finir par être en retard !
Finalement, je suis ma sœur jusqu'à la première salle : nous commençons par chimie. C'est marrant, les expériences. Sauf si on fait tout exploser, évidemment.
Malheureusement, nous ne faisons pas de mélanges joyeux et bizarres aujourd'hui, mais une nouvelle leçon. Pour éviter de tomber dans la lune, je m'applique à prendre des notes consciencieusement pour pouvoir ensuite apprendre la leçon correctement, essayant d'ignorer les murmures désagréables des autres élèves sur moi Pas très sympas, au passage.
Malgré ma "concentration" pour les paroles du prof, mon esprit ne cesse de dériver vers Edward. Encore lui. Toujours lui. Pourquoi ? Enfin, si ça peut m'empêcher de penser à mes seize ans.. Non ! Arrêter d'y penser ! Ne surtout pas y penser...
J'en ai marre. Plus que marre. Pourquoi je ne peux pas être normale ? Pourquoi je ne peux pas me mettre en colère sans risquer de déclencher u raz-marrée ? Quand je disais que je traînais la malchance derrière moi... Est-ce-qu'il y a quelque chose qui m'est arrivé de bien ?
Détends-toi un peu...
Là, je suis bien tentée de faire ce qu'elle me demande. Très tentée, même... Mais à chaque fois que j'essaye de me détendre, de me sentir reposée, normale, mes problèmes finissent toujours par me rattraper à chaque fois que je les fais fuir, que j'essaye de les oublier... Ou plutôt que j'essaye de faire semblant, faire semblant de ne pas avoir autant de responsabilité qui pèse sur mes fragiles et trop frêles épaules, faire semblant d'être normale...
Impossible.
Voilà ce que je lui réponds. Car je suis incapable de mentir, de toute façon. Même lorsque je lui sors que je lui fais confiance, que je ne m'inquiète pas, je vois bien qu'elle ne me croît pas du tout. Mais elle n'insiste pas et essaye de sortir un sujet amusant sur lequel on peur débattre, pour oublier quand même un peu... Par exemple, les recherches.
Pendant la semaine, vu qu'Edward n'était pas là, je me suis beaucoup concentré sur les recherches. Lisant encore et encore, passant ma frustration dessus. A la fin, j'avais la gorge sèche et mes yeux me piquaient, fatigués du travail. Mais nous n'avions toujours rien trouvé.
Pendant que nous étions au lycée, Ethan et Link se promenaient un peu partout dans la petite ville qu'était Forks. Ils affirmaient même être allé plusieurs fois à la réserve des Quileutes, plus exactement sur la plage. Puis, ils parlaient des "trucs de mecs".
Les habitants de Forks les avaient alors remarqué traînant dans les rues, manger au restaurant, au centre commercial de Port Angeles... Puis, une vieille femme les avait vu entre dans Ravenwood, le soir. Les garçons se sont fait exactement la même réputation que nous. Voir pire, vu qu'ils n'allaient pas au lycée.
Emily Asher proclamait partout qu'ils pratiquaient des "rituels de magie noire" tout le journée, et flânaient un peu partout pour chercher le bon endroit pour attaquer et "invoquer Satan en personne". Et que nous, Lena et moi, "sauvions les apparences".
C'est en partie pour ça que je veux être normale. Pour se fondre dans la masse. Être invisible. Que l'on ne me remarque pas. Que l'on ne dis pas "ne touche pas ça ! Les Duchanne l'ont utilisé il y a un moi. C'est maudit".
Des fois, j'aimerai me teindre les cheveux et mettre des lentilles de couleur, uniquement pour ne pas que l'on me reconnaisse.
******
Ma montre me nargua pendant toute la matinée. Comme si elle faisait exprès de ralentir les secondes, les minutes, les heures...
D'après elle, il restait vingt secondes avant la pause de midi. Ce fut les secondes le plus longues de ma vie. Je commençais déjà à rassembler mes affaires éparpillées sur ma table, je roulais en une vulgaire petite boule de papier le mini-avion que j'avais fabriqué (ou plutôt essayé) alors que je m'apprêtait à m'étrangler avec ma main, juste par pure ennuie. Mes soi-disant notes que j'avais prises sur le cours, mais qui étaient en fait couvertes de dessins, de pensées au feutre noir, je les empilais en une pile bien nette devant moi. Je détruis une sorte de tour faite avec ma colle, mes ciseaux, crayons et stylos dans ma trousse. Je sais. C'est un truc de gamin. Mais je ne suis pas la seule à le faire, j'en suis sûre et certaine à 100 %.
Dix secondes. Et moi qui croyait que la sonnerie retentirait avant que je n'ai fini de ranger mes affaires. Huit secondes. Était-ce vraiment mon imagination, qui m'avait fait représenter les yeux d'or d'Edward ce matin sur le parking ? Quatre secondes. Serais-je Lumière ou Ténèbres ? Deux secondes. Sera-t-il à la cafétéria. Une seconde.
Et rien.
Pas un sonnerie. Je jette un coup d'œil furieux vers la pendule sur le mur, la pluie se transformant en grêle... et manque de m'étrangler vraiment. Mais cette fois avec ma salive, avalant de travers. (Si bien sûr, c'est possible de s'étrangler avec sa propre salive).
J'essaye de toussoter discrètement, avant de fermer fort les yeux pour les rouvrir directement sur la pendule. Je plisse les yeux, me les frotte, mais c'est vrai.
J'ai quinze minutes d'avance sur ma montre.
Pitié, qui que vous soyez, si vous m'entendez, tuez-moi. Ou sauvez-moi. Mais vu la situation, je préférais mourir, vu la frustration que je ressens.
Je passe donc les quinze minutes qu'il me reste - les plus longues de ma vie, notez-le bien - à poireauter, jurant et pestant intérieurement en continuant de jeter des regards chargé de haine successivement à ma maudite montre et à l'horloge. Incroyable.
Pour mon plus grand soulagement, la sonnerie retentit enfin, résonnant à travers l'établissement. Tous les élèves commencent à se lever, ramassant leurs affaires, mais la prof les retient, tenant absolument à terminer sa phrase.
- Ça ne prendra que cinq minutes ! S'écrie-t-elle.
Vous savez, lorsque vous êtes passionnés, vous sortez souvent cette phrase là "le temps passe trop vite, c'est fou", mais lorsque vous vous ennuyez, vous avez l'impression que chaque minutes est une véritable torture. C'est ce qui me dérange le plus. Là, ces cinq minutes se transforment en dix minutes. Une éternité.
Je me rassoie lourdement sur ma chaise, fixant le bois de ma table. Fascinant. Ne pas oublier l'ironie.
Je recommence avec mes questions infinies sur un seul sujet au centre, une seule personne.
Edward, bien évidemment. Je me demande si j'arriverai à l'oublier au moins cinq secondes. La réponse est non. Non, il ne sortira jamais de ma tête. eut-être parce que c'est le seul qui m'a abordé amicalement. Peut-être parce que c'est le seul qui soit venu un peu comme un ami à Ravenwood, chose que les autres ne feront jamais. Peut-être parce qu'il a des yeux étranges. Des yeux étranges qui passent de l'or au noir. Peut-être que c'est parce qu'il n'est pas humain.
Comme moi.
Le mot ami résonne toujours dans mon esprit. Il est prononcé amèrement. Ils sonne faux. Très faux. Tellement faux que j'en grimace. Une horrible grimace.
C'est avec un grand soulagement que je passe les portes de la cafétéria , en compagnie de ma sœur. Bien évidemment, notre entrée ne passe pas inaperçue.Presque toute les têtes se tournent vers nous, nous observant de la tête aux pieds, méfiants. C'est pour ça que j'en ai marre. Je déteste attirer l'attention sur moi Je deviens rouge pivoine, et essaye de ne pas faire attention aux chuchotements.
Une seule table n'est pas occupée à nous fixer. Sur cette table, ils sont tous pâles, ils sont tous étrangement beaux, ils fixent plutôt le mur d'en face d'eux, et ils semblent tous distraits, absents, perdus dans leurs pensées? Tous, sauf un?
C'était celui que j'avais guetté pendant toute la semaine dernière. Celui qui n'était pas à ma gauche en biologie, celui qui aurait dû m'aider pendant les travaux à deux.
Celui qui m'avait amené à la supposition qu'il n'était pas humain. Lui, et ses frères et sœurs.
Edward me fixait du coin de l'œil. Finalement, je n'avais pas eu d'hallucinations. Il était bien là, assis sur sa chaise, en chair et en os. J'avais même l'impression de distinguer sa voix, au fin fond de mon esprit, m'appelant de son ténor mélodieux.
Tu m'entends ?
Je devais peut-être vraiment être folle. Entendre des voix. Une seule, en particulier, en plus. Comme...
Tu m'entends ?
Comme avec Lena. Comme par le Chuchotement. C'est exactement pareil. Oh là... Je suis sûre qu'une petite ampoule brille au dessus de ma têt, à ce moment...
Edward ?
Je crus le voir esquisser un petit sourire en coin.
Ouf. Et moi qui croyais devenir fou...
Je ne comprends pas. D'habitude...
Comment ça, d'habitude ? C'est normal, de pouvoir communiquer par télépathie pour toit ?
Euh...je...
Ne ment pas, Bella.
Entendre son prénom prononcé comme ça me donne des frissons incontrôlables et incompréhensibles.
Je ne mens pas...
Tu ne sais pas mentir. Ça se voit directement.
Pourquoi tout le monde me sort cette phrase ? Je contre-attaque immédiatement.
Je ne suis pas la seule à mentir.
Alors, ta sœur aussi ment ?
Zut. Quelle belle cruche je fais. Pourquoi suis-je si transparente ? Pour éviter de nous trahir, je me tais. Malgré moi, notre "conversation" défile toujours dans mon esprit, passant et repassant comme un film, sa voix mélodieuse sonnant tellement parfaitement à mes oreilles que je suis de nouveau inattentive.
Ce fut ma plus grosse erreur de la journée.
Je ne remarquais pas le pieds qui dépassait du dessous d'une table, et je trébuchais.
Je m'étalais et tombais sur Lena, qui se fit entraîner dans ma chute.
Et dans mon humiliation aussi.
Un élève qui transportait une carafe d'eau la fit tomber "accidentellement" sur nous. Et, comme par hasard, cet élève fut Savannah Snow.
Toute la cafétéria se mit à hurler de rire, les pieds des lycéens tapant par terre, créant un gros brouhaha. Tous, bien sûr, sauf une table. Toujours la même.
Relève-toi !
Ce fut la voix de Lena qui me fit sortir de mon immobilité. Je croisais son regard vert, identique au mien. Dans ses yeux, il y brillait une lueur de rage. Au lieu de ressentir ce sentiment, ce fut la honte qui prit le dessus pour moi. Encore une fois, les rôles s'inversent.
Je voulais souvent me venger. Lena m'en dissuadait.
Je compris ce qu'elle voulut dire. Se relever. Ne pas se laisser faire. La peur prit le dessus. Je secouais la tête, sans la quitter des yeux.
Tu sais très bien que j'ai peur.
Nous restons comme ça encore quelques secondes, le regard ancré dans l'une de l'autre, elle essayant de comprendre, moi essayant de la convaincre. Finalement, ma sœur baissa le regard, soupira, et s'avoua donc vaincue.
Nous nous relevons donc et quittons la cafétéria, Lena continuant malgré tout de fulminer suite à cette humiliation.
******
Ils ne jugent que par les apparences. Ça ne sert à rien de les laisser croire qu'ils ont gagner.
Ce n'est pas une bataille.
Pour toi, si. Tu veux te faire accepter auprès d'eux.
Suis-je si transparente ?
Non. Tu es très difficile à déchiffrer.
Alors, qu'est-ce-qui te fait croire ça ?
N'importe qui aurait pu penser ça.
Je ne suis peut-être pas comme les autres.
Ça, c'est sûr. Parler avec quelqu'un par télépathie n'est pas normal.
A croire que rien n'est normal. Tout est déformé.
Tu ne peux pas savoir à quel point ce que tu dis est vrai.
Crois-moi, je sais très bien ce qui est vrai et ce qui est faux.
Ah oui ?
Edward me jeta un regard troublé suite à cette phrase qui me déstabilisa un instant.
Suite à cet épisode, j'ai quand même voulu aller en cours. Au moins en biologie. Je suis arrivée la première en classe, j'ai sortis mon calepin à spirale et j'ai écris. J'ai tout lâché dans les pages de mon carnet. Ça m'a fait un bien fou.
Même quand la classe s'est remplie au fur et à mesure, même quand j'ai entendu la chaise d'à côté racler le sol, même quand j'ai entendu les autres continuer de chuchoter et de se moquer de moi, j'ai continué. Tout ça pour éviter de m'énerver. Un véritable débat s'est créé, à croire qu'il y en a deux à l'intérieur de moi, et non une seule. La première, voulait se faire toute petite, discrète, invisible, et qui m'intimait de rester dans mon coin et de ne pas me faire remarquer. La deuxième, était celle qui voulait absolument écouter Lena, se venger, se rebeller de cette horrible humiliation, faire subir la même chose à ces garces égoïstes.
C'est comme si il y avait un ange et un démon sur chacune de mes épaules, l'un avec son cercle d'or qui flottait au dessus de sa minuscule tête, l'autre avec ses cornes noires. Sauf que je ne m'imagine très mal en version ange ou démon.
Un peu comme la Lumière et les Ténèbres. Comme les deux côtés qui tirent et qui poussent. Et moi, au milieu, je suis déchirée.
C'est la deuxième fois que tu refuses de me répondre.
Et si je te donnais un indice particulier ?
Particulier ? Comment ça ?
Un indice. Je sais qu'il y a quelque chose de faux sur toit.
Ah bon ?
Il essayait quand même de garder un air détendu, mais je vis bien ses yeux foncer un peu, commencer à virer au noir et ses mains se serrer. Je remarquais une ligne au milieu de sa joue, indiquant qu'il serrait les mâchoires. Là, il vint passer une main dans ses cheveux bruns-roux si particuliers, comme pour les décoiffer encore plus qu'ils ne l'étaient déjà. Une main nerveuse. J'ai raison. Trois signes, permettant de désigner son état et ce qu'il ressent suite à cette phrase. Visiblement, il n'a pas l'air de remarquer qu'il fait tout ça à chaque fois qu'il est nerveux. Je retiens de justesse le sourire amusé qui allait apparaître dans peu de temps sur mon visage.
Oui. Lorsque je disais que je ne suis pas la seule à mentir, je ne parlais pas de ma sœur.
Je marque une pause, juste pour le plaisir de le voir se passer une autre main dans les cheveux.
Mais de toi et de ta famille.
Pour rien au monde, je n'aurais raté ça. L'expression d'Edward est tellement drôle, tellement hilarante que je dois me mordre les lèvres presque jusqu'au sang pour éviter de partir dans un fou rire incontrôlable.
Lorsqu'il s'en rendit compte, son visage effaça soigneusement les émotions qu'il avait affiché et il se recomposa un masque d'impassibilité. Mais ses yeux le trahissent toujours.
L'or a tourné à l'ambre. Presque roux. Un peu comme la couleur de ses cheveux décoiffés. Derrière l'impassibilité qu'il affiche, un voile de peur se remarque si l'on plonge son regard dans le sien. C'est ce que je fis. Et, comme à chaque fois, ses yeux me déstabilisent. Heureusement que je suis assise. Sinon, je crois que je me serai effondrée depuis un bon bout de temps.
Nous restâmes comme ça très longtemps. Aucun de nous ne fit quoi que ce soit pour rompre cette connexion inexplicable. C'est alors que la vérité me frappa en plein fouet. Comment je ne l'avais pas remarqué avant ?
Il doute.
Il doute du moment où je découvrirais tout. Il a peur.
Suite à cette révélation, je me rendis compte que , moi aussi, je doutais . Affreusement. Horriblement. On a beaucoup de points communs...
Si un jour, il découvre mon petit secret, je sens que ce sera pire. Pire que cette humiliation à la cafétéria.
******
Edward garda cette expression stoïque sur son visage durant le cours tout entier. Il n'essaya plus de me parler et j'étais trop gênée pour essayer moi aussi. Je sentais une grande tension entre nous. Elle me mettait extrêmement mal à l'aise.
Lorsque la fin des cours sonna, retentissant comme une mélodie stridente à mes oreilles, me vrillant les tympans, je me précipitais pas comme à mon habitude vers le parking bien avant que Lena n'ait fini de ranger ses affaires dons son sac de cours. Là, je pris tout mon temps, méditant sur les évènements passés aujourd'hui. La crise de ce matin. L'ennui infernal en cours. Ma montre avec ses quinze minutes d'avances. Le Chuchotement avec Edward inexplicable. L'horrible humiliation à la cafétéria. Le cours de biologie. Tout. Tout ça me perturbait.
En même temps, je n'avais aucune envie de réentendre les murmures moqueurs des lycéens sur moi et ma sœur. J'espérais secrètement arriver assez tard pour qu'il ne reste personne dans le parking, et pouvoir rentrer en toute tranquillité. Pas même les Cullen. Surtout pas les Cullen.
Cette tension que j'avais ressenti en cours de biologie me mettait un horrible sentiment d'inconfort que je détestais. Mais je ne pouvais rien y changer. Seul lui peut décider.
Malgré mon inhabituel retard pour ranger mes affaires et les protestations de Lena sur ma lenteur, lorsque nous arrivons au parking, il restait encore le quatuor inséparable, occupées à, visiblement, se remémorer un moment extrêmement drôle. Devinez lequel. Je suis très forte aux devinettes, aujourd'hui.
Bizarrement, elles se mettent à parler un peu plus fort lorsque nous passons devant elles, de façon à ce que nous les entendons clairement. Je braquais mon regard droit devant moi et marchait aussi vite que possible vers la voiture. Je montais du côté passager et me mis aussitôt à regarder par la fenêtre.
Lorsque Lena démarra la voiture, ce fut plus fort que moi, ma colère était trop instable, la haine grandissant dans mon ventre, remontant doucement.
Une violente averse se mit à la place de la pluie fine qu'il y avait depuis deux heures. J'entendis les cris d'Emily, Savannah, Jessica et Lauren, cherchant un mouchoir dans leurs minuscules sacs à main hypers chers pour essuyer le maquillage qui avait coulé.
Lena me jeta un regard, et je perçu l'ombre d'un sourire satisfait sur ses lèvres.
Malgré moi.
-----------------------------------------------------------------------------
Coucou !
Alors là, je me suis épatée... Plus de 4000 mots ! Je ne pensais pas en faire autant ! Signalez-le si ça dérange, et je ferai en sorte de les couper, comme le chapitre cinq. Aussi, mille excuses pour le retard, il y avait la rentrée, et j'ai changé d'établissement trois jours après la mienne. Ça m'a fait un choc ! Maintenant que j'ai le bus, et que je rentre très tard, avec des horaires fixes, j'aurais énormément moins de temps pour écrire, alors je ferai en sorte de me rattraper le week-end et le mercredi ! Eh oui, le mercredi je n'ai pas cours, mais ça, c'est seulement pour cette année ! Alors je pense que je publierai le mercredi ou le week-end, ça dépendra !
Alors, par rapport à la fiction, qu'est-ce-qui vous a plu ? Que signifie la crise d'angoisse ? Et ce brusque changement de décision, c'est mauvais ou pas ? Peut-être que ça signifie qu'elle deviendra Ténèbres, mais... peut-être pas... Ou si... Mais on verra ! XD
Je suis sûre que certain(e)s se sont reconnus pour l'ennui en classe ! Est-ce-que, vous aussi, vous avez des fois envie de vous suicidez tellement vous vous ennuyez ? J'avoue que j'ai UN PEU exagéré dessus, mais pour ceux qui détestent les maths... XD
On dirait que notre Edward est de retour, avec de nouveaux plans en tête... Il n'a pas semblé en difficulté concernant la soif... Pourquoi ? Moi, je sais... Mais j'ai hâte de connaître les hypothèses ! Et oh ! Ils aiment pas beaucoup parler à voix haute. Bella trouve cette connexion bizarre. On ne connaît pas encore les hypothèses d'Edward à ce sujet, mais il en a plusieurs !
Après, l'humiliation à la cafétéria... Aïe, j'ai eu mal pour elles, les pauvres ! XD Et vous, si vous possédez des pouvoirs magiques, est-ce-que vous vous vengeriez ?
J'espère que votre rentrée s'est bien passé, à part le changement de collège, la mienne a été super ! Et vous ? Vous avez des profs que vous avez envie d'étrangler ? (Je sais, quand même pas... XD) Des profs hypers sympas qui vous laissent regarder le téléphone après un exercice ? J'en avais une l'année dernière, mais elle a arrêté après... Pff... Un emploi du temps pourri ? Désolée pour l'indiscrétion, mais j'aime parler de moi et des autres, surtout si c'est sur les profs détestables ! XD
Aussi, le chapitre 2 a été corrigé encore une fois par Fanta0612 que je remercie encore une fois au passage, je suis très satisfaite de cette correction. Je commence à écrire la suite dès ce week-end, et peut-être alors que je pourrai publier mercredi.
Gros bisous et bon week-end !
Aurore.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top