9. POINT DE NON-RETOUR (Partie XVI)

Le lendemain matin, la première chose que je fis fut d'attendre une heure décente pour appeler Billy. C'était sans espoir que j'avais recours à cette tentative pour avoir des nouvelles de Jacob. Je me doutais bien que s'il avait manifesté le moindre signe de sa présence, Seth nous aurait déjà mis au courant. Mais j'avais besoin de savoir comment Billy réagissait face à tout cela.

Le trou noir s'était progressivement élargi dans ma poitrine depuis la veille et menaçait dangereusement de me déchirer en deux s'il ne cessait de grandir. Cela devenait un combat de tous les instants que de ne pas me laisser détruire par son intensité.

Une chose était certaine cependant, je n'étais pas la seule à ressentir cette forme si particulière de souffrance. Jasper commençait réellement à être à cran. Il était tellement tendu et crispé que j'étais certaine qu'il aurait suffi de l'effleurer pour le briser.

Il ressemblait, d'un point de vue purement représentatif, à une vitre fragile contre laquelle nous nous serions amusés à pousser une centaine de contre-uts assourdissants. Et c'était très certainement ce qu'il devait ressentir.

Alice semblait réellement inquiète pour lui. Il me semblait bien qu'elle était la seule source de réconfort pour son compagnon, un point où s'ancrer avant qu'il ne finisse définitivement par se laisser dériver.

Nous avions tous les traits tendus - c'était au point de se demander comment nous pouvions soutenir cette tension permanente - tous, à l'exception d'Emmett, qui semblait terriblement fatigué. On aurait juré qu'il avait réellement besoin d'une bonne nuit de sommeil, ce qui me paraissait assez extraordinaire.

Il avait dû passer l'essentiel de sa journée à réconforter sa moitié, dont le visage restait déformé par la tristesse et ce qu'il me semblait être de la culpabilité. En posant mon regard sur elle, la scène de la dispute se déroulait à nouveau dans ma tête avec une régularité parfaite, tout en me donnant l'impression d'être purement fictive.

Cela n'était pas possible, cela n'avait pas pu se produire. Je commençais à perdre ma conviction de la réalité et dus me concentrer pour me rappeler ce que j'avais à faire. Vers le milieu de la matinée seulement, je me décidai à passer un coup de téléphone à la Push, estimant l'heure plus que raisonnable.

Je m'emparai du téléphone et composai nerveusement le numéro du vieil Indien. La sonnerie retentit plusieurs coups dans le vide avant que quelqu'un ne se décide à me répondre.

- Allô ? questionna une voix plus jeune que celle à laquelle je m'étais attendue.

- Billy ? demandai-je bêtement alors que je savais pertinemment qu'il ne s'agissait pas de lui.

- Non, il n'est pas là pour l'instant, répliqua - de ce qu'il me semblât être la bouche pleine - le jeune homme dont je crus reconnaître le timbre, devenu assez peu familier avec le temps.

Je ne sus que trop dire en constatant que je m'y étais finalement prise un peu tard pour téléphoner.

- Qu'est-ce que tu lui veux ? reprit Jared qui, lui, m'avait parfaitement reconnue.

- Lui parler, répondis-je simplement. Tu as une idée de quand il reviendra ?

- Pas vraiment, reconnut-il, continuant de mastiquer je ne savais trop quoi à l'autre bout du fil. Sam est parti avec Billy et je crois qu'ils ne sont pas près d'avoir fini.

- Il y a du nouveau ?

Je n'avais pas vraiment espoir qu'il me réponde par l'affirmative. L'Alpha devait juste faire le point avec les anciens de la tribu. Jared se racla bruyamment la gorge avant de me répondre.

- À propos de quoi ?

- Tu plaisantes, j'espère ? lâchai-je, glaciale.

Il me prenait pour une imbécile ou quoi ?

- Laisse tomber, grondai-je lorsque je me rendis compte que je n'obtiendrais aucune réponse de sa part.

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