9. POINT DE NON-RETOUR (Partie I)

Il devait être à peine près de midi lorsque nous arrivâmes à la villa. La température était progressivement montée de quelques degrés sur le chemin du retour, ce qui n'avait pas manqué de me surprendre. Et c'était d'ailleurs non sans un certain soulagement que j'avais constaté que la pluie n'avait pas pointé son nez du côté de notre retraite cachée dans les montagnes.

Les gouttes qui avaient dégringolé sur le trajet pour nous y rendre s'étaient progressivement estompées, une fois l'obscurité tombée. Nous avions eu un moment de répit, au moment où nous en avions eu le plus besoin, mais je ne n'avais pas pour autant espéré un miracle en revenant à Forks.

Même si j'avais souhaité que l'averse qui nous guettait patienterait encore un peu - du moins jusqu'à ce que nous ayons regagné la maison -, je ne m'étais pas attendue à cela. Les nuages avaient daigné s'effacer pour nous laisser entrevoir la lumière du soleil.

Dans d'autres circonstances, cette clarté ensoleillée m'aurait mise de bonne humeur. La journée s'annonçait visiblement belle. Elle aurait dû l'être. J'aurais dû me réjouir du retour momentané du beau temps, mais l'ondée qui noyait mon cœur dans le désespoir allait toujours sans discontinuer, elle.

Edward fixait de temps à autre son regard sur le ciel, mais je voyais bien qu'il finissait toujours par revenir se poser sur moi. Je tâchai de cacher ma tristesse du mieux que je le pus.

Mon mari m'accompagna jusque sur le perron de la villa lorsqu'il s'arrêta subitement.

- Qu'y a-t-il ? lui demandai-je, coupée dans mon élan.

- Alice est en train de se promener seule dans la forêt, répondit-il en jetant un coup d'œil dans sa direction.

- Tu entends ses pensées, devinai-je en transformant mon interrogation en affirmation à la dernière seconde.

- Elle ne réfléchit à rien de précis. Mais je crois que c'est le bon moment pour lui parler.

- Je pense que tu devrais y aller seul, résolus-je. J'ai l'impression que je la culpabilise quand je suis en face d'elle.

- D'accord, accepta-t-il.

Il déposa un baiser sur mes lèvres avant de se diriger vers l'endroit où devait se trouver sa sœur. Je le regardai s'éloigner à contrecœur - je supportais de plus en plus difficilement qu'il s'éloigne de moi. Mais c'était pour la bonne cause, me rappelai-je. Il fallait qu'ils aient cette discussion afin d'aplanir toutes les inquiétudes d'Alice - et les nôtres à son sujet, par la même occasion.

Je franchis le seuil de la porte d'entrée et fus aussitôt accueillie par ma belle-mère.

- Bonjour, Bella, me salua-t-elle en me caressant affectueusement la joue. Je suis contente de te revoir.

- Moi aussi, répondis-je, gagnée par le même sentiment.

Il m'était en effet agréable et réconfortant de revoir son visage maternel. Malgré sa propre tristesse, la jeune femme restait toujours à l'écoute et tentait de nous réconforter du mieux qu'elle le pouvait.

Je ne pouvais m'empêcher de penser en la regardant que son bébé aurait eu une vie bien heureuse auprès d'elle, s'il ne l'avait pas quittée aussi prématurément. Esmée était si débordante d'affection... J'imaginais aisément le chagrin qu'elle devait ressentir aujourd'hui, non seulement d'avoir perdue Renesmée, mais également de nous voir tous si dévastés par son enlèvement.

- Les autres sont tous revenus, m'informa-t-elle en jetant un coup d'œil derrière elle.

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