8. FEU DE CAMP (Partie VI)
La conviction qui perçait dans sa voix m'alerta derechef.
- Qu'est-ce que tu veux insinuer ? l'interrogeai-je en sondant son regard ambré.
Mon mari reporta sa main sur le volant. Je m'agrippai à la portière, sentant la panique monter.
- Tu ne comptes tout de même pas retourner là-bas ? m'exclamai-je. Mais... pourquoi faire ?
Son visage s'assombrit brutalement.
- Non, répondit-il simplement, ignorant ainsi ma seconde question. Pas pour le moment, précisa-t-il.
Un grondement sourd monta de ma poitrine. J'allais exploser.
- Ne fais pas ça, l'implorai-je. Ne me laisse pas encore une fois. Tu ne comprends donc pas, je...
Je fus incapable de terminer ma remontrance devant la violence de mes sanglots. Edward s'arrêta doucement au milieu du chemin. Il me prit dans ses bras mais je le repoussai violemment.
- Eh, calme-toi, fit-il.
Me calmer ? Comment osait-il me demander une chose pareille ? Il dépassait les bornes cette fois ! J'étais prête à encaisser bon nombre de choses, en particulier en ce qui le concernait, mais ce qu'il me demandait là était inacceptable. Qu'espérait-il obtenir de plus ? Croisant les bras, je lui tournai le dos. J'avais davantage l'air d'une gamine qui piquait sa crise que d'une adulte folle de rage. Dans un geste parfaitement humain, j'essuyai mes yeux déjà secs.
- Ne réagis pas de cette manière, tempéra-t-il.
Je l'ignorai.
- D'accord, soupira-t-il.
Je consentis à lui accorder un regard.
- C'est bon, tu as gagné, lâcha Edward. Je ne partirai plus, c'est promis.
Entêtée, je le fusillai du regard. Il leva les deux mains en signe de renonciation.
- Propose-moi une idée, continua-t-il.
- Je n'en ai pas pour l'instant, maugréai-je.
- Allez viens, se risqua-t-il en ouvrant les bras.
Ne lui résistant plus, je cédai. Après quelques secondes d'étreinte, je me redressai finalement.
- Nous devrions nous remettre en route si nous voulons arriver avant la nuit, lui conseillai-je.
Edward s'exécuta sans broncher. Nous prîmes rapidement de l'altitude, gravissant des sentiers de plus en plus escarpés et sinueux. De gigantesques épicéas coexistaient avec des mélèzes tout aussi impressionnants. Je distinguais également la cime de thuyas géants qui cachaient en partie des cyprès plus enfoncés sous le couvert de la végétation. Le paysage était saisissant. Nous parcourûmes encore plusieurs centaines de mètres et Edward arrêta la voiture.
- Ne me dis pas qu'on va devoir passer par-là ? commençai-je à paniquer en constatant le rétrécissement soudain de la piste, qui paraissait n'avoir jamais été empruntée.
- Nous allons devoir abandonner la voiture, annonça-t-il.
- C'est bien ce que je pensais, acquiesçai-je.
- La marche ne t'effraie plus, non ? plaisanta-t-il.
- Depuis longtemps, plastronnai-je en sautant en bas du véhicule.
J'extirpai le sac à dos du coffre avant de le placer sur mes épaules.
- Attends-moi ici, lança Edward. Je vais mettre la voiture à l'abri.
- Je t'attends, opinai-je en refermant le coffre.
Je regardai la voiture s'éloigner jusqu'à la voir disparaître dans la végétation dense.
- Prête ? fit-il en ôtant brusquement le sac de mes épaules.
- Ça ne m'aurait pas ralentie...
- Peut-être pas, fit-il mine de douter.
- C'est loin ? m'enquis-je en ignorant sa remarque.
- Tu n'es pas inquiète quand même ?
- Bien sûr que non, me rebiffai-je, mais j'aimerais au moins savoir où tu m'emmènes.
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