8. FEU DE CAMP (Partie I)
Cela faisait désormais deux jours qu'Edward était revenu d'Italie, sans obtenir la plus petite information susceptible de nous apporter un quelconque réconfort. Deux jours entiers. Quarante-huit heures passées à attendre une fois de plus sans même savoir quoi, ni pourquoi attendre. Autant d'heures passées à nous tourmenter sur notre impuissance totale, sur ce qu'il allait bien pouvoir advenir de notre fille, à tourner et à retourner dans tous les sens le réel motif qui avait poussé les Volturi à agir, sans que la réponse soit plus évidente pour autant.
Nous étions épuisés, las, malheureux de surcroît. Nos nerfs avaient été tellement sollicités que nous avions unanimement décidé de nous retirer chacun de notre côté pour réfléchir au calme. Comme si nous n'avions pas eu suffisamment de temps pour y songer ! Mais tous, nous espérions parvenir ainsi à faire le point, d'une manière ou d'une autre.
Pour ma part, j'étais absolument terrifiée de nous voir les prisonniers d'une histoire dont nous ne pouvions changer le cours. C'était comme d'être lancé à deux cents kilomètres heure sur une voie sans issue, savoir que l'impact était imminent, inéluctable. Car si nous devions ne jamais revoir Renesmée, ce sort serait le nôtre, le mien tout du moins.
Si l'espoir ne nous était plus permis, je finirais brisée en mille morceaux, moi-même aspirée par le trou noir qui ravageait ma poitrine en ce moment-même. Je ne parvenais pas à me défaire de mes idées noires en dépit de tous mes efforts pour me vider l'esprit. J'avais employé le reste de ma soirée à ranger la bibliothèque généreusement fournie du cottage, jamais satisfaite une fois ma tâche accomplie, reprenant tout depuis le début après avoir décidé de suivre une nouvelle organisation.
J'en étais venue à choisir de trier les œuvres selon l'ordre alphabétique du nom de leurs auteurs, lorsqu'un volume attira mon attention en particulier. L'ouvrage m'était parfaitement inconnu, dans la mesure où il provenait de la bibliothèque bien mieux approvisionnée de la villa, où nous avions été invités à nous servir librement. Edward s'était chargé d'en prendre un ou deux au hasard, au cas où notre fille s'y intéresserait.
Le nom de l'écrivain était inscrit en petits caractères sur la couverture, si bien que j'avais dû chercher l'espace d'une seconde où il se trouvait. Thomas Clayton Wolfe. Je bloquai sur ce dernier mot. Une quantité de souvenirs reflua à mon esprit, dont l'un, plus précis, me ramena à ce jour où j'avais fait la connaissance de Jenks pour prévoir la fuite de Nessie et lui fournir de faux papiers dans ce but.
Lorsque j'avais dû choisir un nom, je m'étais arrêtée sur celui-ci. Je ressentis un élan de souffrance en constatant qu'à cette époque, Alice m'avait fourni un moyen de permettre à Renesmée de filer entre les doigts des Volturi. Mais cette fois-ci, nous n'avions pu prévoir le coup, ces derniers ayant paré ce genre d'éventualité.
Le titre ajouta une touche finale à ma tristesse. L'ange exilé. Hors de moi, je jetai le livre à travers la pièce mais Edward le rattrapa en plein vol. Étonné, il me sonda. Il m'adressa un froncement de sourcils mais je me contentai de secouer la tête négativement. Un autre que lui aurait trouvé mon geste puéril, voire démesuré, mais mon mari poussa un long soupir.
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