7. SOUTIEN (Partie XIII)

Ces derniers mots lui arrachèrent une moue pensive. Lorsque je vis qu'il me dévisageait, je me sentis gênée.

- C'est curieux... murmura-t-il sur un ton que n'importe quel humain n'aurait été en mesure d'entendre.

Je compris que la réflexion était toute personnelle. Aussi, je ne relevai pas afin de ne pas me trahir.

- J'ai une question à te poser, commença mon père, de but en blanc.

- Vas-y, je t'écoute, acquiesçai-je avec une pointe d'appréhension.

- Eh bien, j'ai remarqué que... que tu ne changeais pas, hésita-t-il.

C'était loin d'être une question, mais je n'en fus pas moins déstabilisée. La conversation avait pris une drôle de tournure.

- Physiquement, je veux dire, précisa-t-il.

- Je suis encore un peu jeune pour être ridée et avoir les cheveux blancs, tu ne trouves pas ? tentai-je de plaisanter.

- Tu sais très bien ce que je veux dire, répliqua-t-il, légèrement mal à l'aise.

- Tu veux la vérité ?

- Pourquoi ? Ce que tu vas me dire risque de me gêner ?

- Oui, affirmai-je.

- Alors oublie, se ravisa-t-il. Je m'en doutais de toute manière...

Charlie se leva et alla déposer sa vaisselle sale dans l'évier, avant d'aller chercher une bière dans le réfrigérateur.

- Ça ne fait rien, ajouta-t-il.

Il ouvrit la canette et en but une longue gorgée.

- Ça ne te pèse pas, toutes ces incertitudes ? demandai-je, curieuse à présent.

- Un peu, admit-il. Mais il me suffit de savoir que ta famille et toi allez bien. Je n'en demande pas plus.

La sonnerie du téléphone vint brusquement nous interrompre et Charlie s'empressa d'aller décrocher.

- Chef Swan à l'appareil, j'écoute.

Lorsque je compris qu'il ne s'agissait pas d'un membre de la famille, je me désintéressais des dires de l'interlocuteur, peu désireuse de me montrer indiscrète.

- Quoi ? s'exclama mon père. Bon d'accord, j'arrive... Ouais, ouais, d'accord. Merci, Mark.

- Qu'est-ce qu'il y a, papa ? demandai-je une fois qu'il eut raccroché, regrettant de ne pas avoir tendu l'oreille.

- Il va falloir que je retourne au poste, soupira-t-il en se dépêchant d'aller enfiler sa veste.

- Pourquoi ? m'étonnai-je en le suivant dans l'entrée.

- Le shérif d'Hoquiam nous a contactés pour nous prévenir qu'il est sur la piste d'un tueur en série. Ce n'est pas sûr, mais il pourrait rôder dans le coin.

Je dus m'exhorter au calme à plusieurs reprises avant de comprendre que ce n'était pas l'œuvre des Volturi. Mes méchants vampires étaient déjà loin, maintenant qu'ils avaient obtenu ce qu'ils voulaient. Après tout, il existait toujours des criminels humains sans que notre espèce soit constamment en cause. Il restait néanmoins compliqué d'accepter cette vérité-là, surtout depuis les évènements de ces derniers jours.

- Tu ferais mieux de rentrer chez toi, me conseilla mon père. Et ne te fais pas trop de souci avec cette histoire, d'accord ?

- Tu as raison, je vais y aller. Les autres doivent m'attendre.

- Reste prudente, hein ?

- Bien sûr, le rassurai-je.

Nous gagnâmes ainsi respectivement nos véhicules sous la pluie glacée. Ce ne fut qu'une fois la voiture de patrouille bel et bien éloignée que je me décidai à m'engager sur le bitume, qui brillait sous le halo des lampadaires.

La soirée s'était révélée étrange de bien des manières et j'étais encore toute à notre discussion désormais passée lorsque j'atteignis le sentier qui menait à la villa. Le plus dur à supporter restait de savoir qu'Edward n'y serait pas, non plus que Renesmée. Mais là-bas, je ne serais pas seule. Pas complètement du moins.

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