6. DÉCISION (Partie XV)

- Je ne suis pas la mieux placée pour...

- Si, justement, m'interrompit-elle. Je ne peux pas parler aux autres, ils ne le voudraient pas.

- Mais Emmett... tentai-je de poursuivre.

- Il ne m'en parle pas, c'est vrai, mais je sais que je l'ai un peu agacé. J'évite de revenir sur le sujet en espérant qu'il oublie. Même si ce n'est pas gagné, ajouta-t-elle.

Nous marchâmes côte-à-côte un moment, jusqu'à ce que nous eûmes gagné l'extérieur. Nous finîmes par nous adosser à l'un des murs de la villa. Nous ne dîmes rien, attendant chacune visiblement que l'autre commence. Je me décidai enfin à briser le silence.

- Tu regrettes, hein ? l'interrogeai-je en la fixant d'un regard perçant.

- Pas du tout ! se crispa-t-elle furieusement.

- C'est vrai ? insistai-je, sans lâcher son regard qui s'était durci.

- Je pense toujours la même chose de lui, rétorqua-t-elle en regardant de nouveau l'horizon.

- C'est bien ce que je me disais, affirmai-je. Tu t'en veux.

- Pourquoi tu dis ça ? laissa-t-elle échapper dans un sifflement.

- Tu sais pertinemment que tu n'as pas bien agi, poursuivis-je. Je ne te crois pas cruelle à ce point.

- J'étais aveuglée par la colère, confessa-t-elle simplement. Mais je lui en veux toujours.

- Si cela avait été l'un d'entre nous, aurais-tu agi différemment ?

Ma belle-sœur ne répondit rien.

- Je savais que vous ne vous appréciez pas, repris-je, mais j'ai eu du mal à croire que tu puisses te comporter de cette manière. Et le fait que tu persistes dans ton acharnement envers Jacob n'arrange pas les choses.

- C'est vrai, j'aurais dû procéder autrement, avoua-t-elle à regret.

- Maintenant, dis-moi la vérité, lui ordonnai-je. Est-ce que tu regrettes parce que tu sais que ce que tu as fait est immoral ou bien tu regrettes les conséquences de ton acte ?

- Un peu des deux, je crois.

Elle n'ajouta rien. Je commençais à me rendre compte que j'étais en train de lui faire son procès, ce qu'elle devait vouloir éviter à tout prix.

- Les autres te pardonneront très vite, assurai-je. Ils ont déjà commencé.

- Ils essaient d'agir comme si de rien n'était, mais je vois bien qu'ils se sentent trahis. En revanche, ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi toi, tu ne ressens pas la même chose.

Je haussai les épaules.

- Je n'en sais trop rien, soupirai-je. Nous faisons tous des erreurs. Et puis, de toute façon, je me sens tout de même trahie d'une certaine manière.

- À cause d'Edward, devina-t-elle.

- Oui, acquiesçai-je.

- Il a tort, le condamna-t-elle, catégorique. Je ne sais pas si j'aurais pardonné à Emmett s'il en avait fait autant.

- Il est désespéré, le défendis-je à présent.

- Je savais que tu comprendrais sa décision. Quand je t'ai entendue dire au chien... à Jacob, se reprit-elle avec un grand effort de volonté qui me surprit agréablement, que tu ne comprenais pas, je savais que c'était faux.

Ainsi, elle avait parlé de la sorte uniquement pour me pousser à voir la vérité en face.

- Pour autant, je ne suis pas d'accord avec lui, persistai-je, entêtée.

- Je sais.

Brusquement, Alice apparut dans notre champ de vision, avançant d'une démarche bien moins sautillante qu'à l'habitude. Sa mine était hésitante mais moins bouleversée que tout à l'heure. Elle avait même l'air un peu perdue.

- Bella, tu viens m'aider à défaire les valises ? demanda-t-elle enfin.

- Excuse-moi, Alice, mais je n'ai vraiment pas la tête à ça, refusai-je en affichant un air las.

Elle haussa les épaules.

- Rosalie ? la pria-t-elle alors.

Sous le choc, ma belle-sœur ne répondit rien mais hocha affirmativement la tête. Le petit lutin tourna les talons et sa sœur lui emboîta le pas, non sans me lancer un regard incrédule auparavant. Je lui fis un clin d'œil - je ne m'étais pas trompée. C'était sa manière de faire le premier pas - elle lui pardonnait déjà.

Je me retrouvai rapidement seule. J'attendis alors le retour d'Edward, rêvassant à-demi sur les chances que j'avais de le dissuader de partir - et je devais l'avouer, elles étaient bien maigres - mais également sur la conversation que je venais d'avoir avec sa sœur. Je n'avais rien de mieux à faire que de réfléchir après tout.

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