6. DÉCISION (Partie XIV)

- Bella, soupira mon ami.

- Bella ? me héla tout à coup la voix de Rosalie au même instant.

- Je suis là, répondis-je en essayant de me recomposer un visage serein.

Ma belle-sœur ouvrit la porte en grand et apparut sur le seuil de la chambre, sans jamais le franchir, toutefois. Elle ne jeta pas même un regard au convalescent et s'adressa directement à moi.

- J'ai entendu des éclats de voix. Je me suis demandé si tu avais besoin d'aide.

- Besoin d'aide... répéta Jake en levant les yeux au ciel.

- Je ne comprends pas, renchéris-je.

- Je me suis dit que tu t'étais peut-être décidée à te débarrasser du cabot une bonne fois pour toutes, précisa-t-elle.

- Désolée, répliquai-je sèchement. Tu vas devoir trouver autre chose pour t'occuper.

- Rien de plus simple, observa Jacob. Tu sais comment on occupe une blonde toute la journée, Bella ? En écrivant le mot « retourner » des deux côtés d'une feuille.

Devant le regard glacial qu'elle lui jeta, je ne m'essayai pas même à risquer un sourire. Elle tourna les talons et s'en alla dédaigneusement.

- Bon, je crois que je vais te laisser, soupirai-je. Vous en avez assez fait comme ça tous les deux.

- C'est elle qui a commencé, non ? se révolta mon ami.

- Je sais qu'elle l'a bien mérité après tout ce qu'elle t'a fait, marmonnai-je de manière à ce que l'intéressée ne nous entende pas. Mais tâche de te montrer plus malin qu'elle.

- C'est mal me connaître, rigola-t-il.

Le sourire qu'il affichait disparut bien vite cependant, pour ne plus laisser place qu'à une mine triste et soucieuse. Je compris que sa volonté de faire bonne figure en gardant une attitude normale commençait à s'effilocher. Aussi, je m'apprêtai à sortir de la chambre lorsqu'il me rappela auprès de lui.

- Qu'y a-t-il ? lui demandai-je.

- Reviens me voir, s'il te plaît. C'est triste ici.

Ses paroles me brisèrent le cœur.

- Bien sûr, acquiesçai-je. Bonne nuit.

Je refermai la porte et m'engouffrai dans le couloir lorsqu'une main se posa brusquement sur mon épaule. Je sursautai.

- Désolée, je ne voulais pas te faire peur, s'excusa Rose en laissant retomber sa main.

- Ce n'est pas grave, dis-je en tâchant de scruter ses intentions. Tu voulais quelque chose ?

Mon ton sec parut la blesser. Je voulais juste lui faire passer le message qu'elle n'agissait pas bien envers mon meilleur ami, et non la meurtrir d'une quelconque manière. Je n'aurais d'ailleurs pas cru qu'elle puisse attacher autant d'importance à mon attitude envers elle.

Elle devait se sentir plus seule qu'elle ne voulait bien le reconnaître. J'étais l'une des rares personnes qui avait accepté de passer l'éponge sur son comportement depuis l'attaque. Non pas que les autres ne lui adressaient plus du tout la parole - elle était incluse dans toutes nos conversations -, mais ils se montraient plus froids qu'il n'était nécessaire avec elle.

Esmée, dont la bonté maternelle n'avait aucune limite, avait presque immédiatement suivi mon exemple. Carlisle était toujours aussi déçu - je l'avais deviné, bien que le sujet n'avait pas été remis sur le tapis - mais j'avais vite compris qu'il ne lui en tiendrait plus rigueur très longtemps. Emmett restait de son côté, mais lui non plus n'approuvait pas sa conduite. Si je commençais à lui tourner le dos, il ne lui resterait plus beaucoup de monde à qui parler par la suite.

- Parler un peu, avoua-t-elle finalement au bout de quelques secondes. Tu sais, je plaisantais tout à l'heure. Je suis simplement montée parce que je me suis dit que tu avais peut-être besoin de te confier à quelqu'un.

- C'est gentil, répondis-je en lui adressant un mince sourire. Mais...

- Je sais que tu n'es pas du genre à te plaindre, reconnut-elle, mais je crois bien que moi aussi j'ai besoin de me confier à quelqu'un.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top