6. DÉCISION (Partie II)

Edward était dans le même état que moi, au bord de la crise de nerfs. Lâchant sa main, je m'approchai doucement du lit en silence, étouffant les gémissements qui menaçaient de m'échapper à tout instant.

Tendant la main vers Jake, je n'osai cependant pas le toucher, de peur de débrancher un fil. En effet, la pièce ressemblait plus à un hôpital qu'à une véritable chambre. L'ensemble des affaires qui occupaient encore la pièce moins de 24 heures plus tôt avaient été poussées le long de la baie vitrée. Un monitoring avait été installé sur un chariot roulant.

Un fil reliait l'appareil à une sorte de petite pince placée sur son index. Un autre rejoignait une large bande scratch ceignant son biceps. Une canule avait été positionnée au creux de son bras gauche et un petit robinet à trois voies permettant de régler le débit prolongeait de longs tubes en plastique, eux-mêmes rattachés à des poches pleines de liquide translucide, que supportait un grand pied métallique.

Malgré la pénombre, je lus les étiquettes sur les perfusions. Glucose et morphine. Le cœur au bord des lèvres, je choisis de me concentrer sur le léger goutte-à-goutte des solutions.

- Jacob... murmurai-je.

Je constatai derechef que le tracé vert du monitoring eut des ratés. Les deux tracés bleus du dessous réagirent de la même façon. La ligne crénelée du bas devint plus arrondie avant de redevenir normale. Brusquement, le tracé du milieu devint parfaitement plat. Horrifiée, je criai après mon mari.

- Edward !

Derrière la porte, la lumière cessa de bouger. Je devinai les autres qui s'étaient figés devant mes cris.

- Chut, ne panique pas, l'appareil est juste en train de prendre sa tension, me rassura-t-il instantanément.

Ahurie, je perçus effectivement un bourdonnement désagréable tandis que les veines de Jacob saillaient sous sa peau cuivrée. J'entendis que l'on s'était remis à discuter dans le couloir.

- Fichu truc, se plaignit tout à coup Jake d'une voix pâteuse.

Mon ami tenta d'arracher la bande qui comprimait son bras mais Edward l'en empêcha vivement.

- Ne m'oblige pas à te faire du mal, rigola-t-il, tentant de paraître décontracté. Comment tu vas ?

Jacob grimaça.

- J'ai la tête... s'interrompit-il, cherchant visiblement ses mots.

- ... dure, finis-je à sa place. Ça a ses avantages de connaître quelqu'un par cœur.

J'attrapai délicatement sa main mais n'osai pas la serrer.

- Jacob, repris-je. Tu m'as fait si peur.

Penaud, mon ami baissa des yeux pleins de larmes et je compris que ce n'était pas mes mots qui avaient déclenché son chagrin.

- Je suis vraiment... désolé, gémit-il. J'ai été nul.

Je lançai un regard désespéré à Edward, qui ne semblait pas plus à l'aise que moi. Nous mourrions tous deux d'envie de le harceler de questions, avec l'espoir secret qu'il pourrait nous en apprendre plus qu'il n'en savait pour le moment.

- Ne pleure pas, Jacob, s'il te plaît, chuchotai-je en essuyant la larme traîtresse qui avait débordé du coin de son œil.

Jake ne frissonna même pas à mon contact. Au contraire, il soupira et ferma les yeux. Je posai alors ma main sur son front brûlant. Je n'aurais su dire s'il avait de la fièvre, mais sa peau me parut plus incandescente qu'à l'accoutumée. Quelqu'un frappa soudain à la porte. Jacob ne rouvrit pas les yeux. Le docteur passa sa tête dans l'entrebâillement.

- Ça suffit pour le moment, chuchota-t-il.

- J'aimerais rester avec lui, protestai-je d'une voix à peine plus audible que la sienne.

- Il s'est endormi, Bella, intervint Edward. Viens, sortons.

À contrecœur, j'abandonnai Jake après avoir déposé un baiser sur son front.

- Repose-toi, murmurai-je. J'ai besoin de toi.

Plus que jamais, j'avais besoin de lui. Mon ami, mon frère. Il était la clé, j'en étais convaincue.

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