Billy avait veillé son fils pendant près de deux heures. Il était resté à son chevet, inconsolable, malgré la retenue qu'il avait affichée durant le trajet. Nous pouvions entendre ses reniflements discrets depuis le jardin. En effet, le ciel nous avait enfin accordé un moment de répit et nous eûmes même droit à un rayon de soleil - timide, cependant.

J'avais choisi de déserter la maison, à l'instar du reste de la famille, peu après l'arrivée du vieil Indien. Je ne supportais plus d'entendre les battements du cœur de mon ami soutenir le rythme des secondes passées sans ma petite fille - secondes qui s'égrenaient avec une précipitation déconcertante. Un autre son plus aigu mais tout aussi régulier me parvenait également de la chambre de Jake.

Les traits d'Edward s'étaient sensiblement détendus lorsque j'avais franchi le seuil de la villa, précédée du père de Jake. Ainsi, j'avais dit vrai et n'avais pas rompu ma promesse. Lui n'avait pas respecté sa part du marché, c'était à n'en pas douter. Sa mâchoire crispée et ses poings serrés ne m'avaient pas trompée, même s'il avait tenté de faire bonne figure par la suite.

Cependant, je ne m'étais pas sentie de le lui reprocher. La tristesse que je lisais au fond de ses yeux avait craqué le vernis de mon intransigeance. Il souffrait et moi avec. Aussi, c'est sans un mot que je m'étais blottie au creux de son épaule avant de l'entraîner à l'extérieur. Nous nous étions mis à discuter, rapidement rejoints par les autres.

Nous devions trouver une solution et vite. Mais nous avions beau nous creuser les méninges et échanger nos points de vue, il n'en restait pas moins que nous n'avions pas avancé d'un pouce. Même Rosalie, qui s'était également jointe à nous, semblait désespérée désormais.

J'étais heureuse que le reste de la famille agisse normalement en sa présence. Mon absence à la villa avait permis de mettre les choses à plat. Bien sûr, la majorité d'entre nous lui en voulait toujours - y compris Edward - et pourtant, chacun avait su mettre son jugement de côté afin de se concentrer sur l'essentiel : Renesmée.

Plus de deux heures s'étaient envolées lorsque nous vîmes débarquer Sue à la villa. Elle était venue récupérer Billy et comptait bien passer la soirée à ses côtés. Nous approuvâmes bien entendu sa décision et je ne manquai pas de la remercier en la raccompagnant à la voiture.

Je profitai de l'occasion pour lui recommander le silence auprès de Charlie. Mon père ne devait rien savoir pour le moment, pas avant que nous ayons décidé de ce que nous allions lui dire. La jeune femme nous quitta donc après un bref signe de la main et je la vis s'éloigner aux côtés de Billy, dont l'air impassible dissimulait mal le chagrin qui menaçait de déborder à tout instant.