5. RENESMÉE (Partie XIX)

Je pris conscience à cet instant qu'Edward et moi n'avions effectivement pas eu l'occasion d'échanger réellement en tête-à-tête depuis le début de cette affaire. Pourtant, je m'entêtai.

- Je veux être là quand Jacob se réveillera.

- Je peux t'assurer qu'il ne se réveillera pas avant demain, objecta Carlisle. Je suis allé le voir et il semble bien parti pour dormir plusieurs heures.

Devant leur insistance, Edward finit par se décider.

- C'est d'accord, allons-y, décréta-t-il d'une voix rauque. À demain... lança-t-il à la volée avant de m'entraîner vers la sortie.

Main dans la main, nous regagnâmes le cottage en silence. Me débarrassant de mes chaussures, je tombai assise sur le lit. Edward prit place à mes côtés et passa un bras autour de mes épaules. Je poussai un soupir découragé, en enfouissant ma tête dans son cou.

- Tu tiens le coup ? me demanda-t-il.

Son haleine fraîche vint me caresser le visage et je lui avouai la vérité.

- Pas vraiment, répondis-je d'une voix mal assurée. Et toi, comment te sens-tu?

Face à son mutisme, je me redressai et le regardai droit dans les yeux. Je ne comprenais que trop bien ce qu'il essayait de faire mais j'avais appris à mes dépends que cette solution n'était pas la bonne.

- Je t'en prie, parle-moi, le suppliai-je.

Me ramenant contre lui, il se perdit dans la contemplation du jardin. J'attendis encore quelques instants et m'apprêtai à me relever de nouveau lorsqu'il se décida enfin à me parler.

- Je suis en colère, gronda-t-il. Parce que... je n'ai rien vu venir.

- Tu n'as pas à te sentir coupable, le coupai-je. Tu ne pouvais rien faire.

- J'aurais dû t'en parler, contra-t-il d'une voix chargée de reproches.

De petites taches sombres apparurent sur les rocailles qui entouraient le plan d'eau du jardin et je constatai qu'il s'était remis à pleuvoir.

- On ne peut pas dire que je t'ai facilité les choses, répliquai-je sombrement. Tu as agi pour le bien de tous.

- Pas tout à fait, me corrigea-t-il d'une voix blanche.

Il n'ajouta rien et je compris qu'il lui devenait difficile de parler.

- Ne m'en veux pas ! gémit-il tout à coup en cachant son visage dans ses mains.

Sa réaction me prit au dépourvu. J'étais révoltée qu'il puisse s'imaginer avoir une quelconque part de responsabilité dans ce qu'il s'était passé. À mon tour, je le pris dans mes bras.

- Comment peux-tu penser une chose pareille ? C'est complètement absurde.

- Me pardonneras-tu un jour ? insista-t-il, comme s'il n'avait pas prêté attention à ce que je venais de lui dire.

Je l'obligeai à me faire face.

- Edward, je n'ai rien à te pardonner !

J'avais volontairement repris ses mots, en espérant qu'ils produisent leur effet.

- Je t'aime, déclara-t-il en m'embrassant.

- Autant que je t'aime, soufflai-je.


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