4. RENÉE (Partie XV)
Je me trouvais sur le pas de la porte, respirant l'air frais à pleins poumons. Je scrutais les alentours, lorsqu'une couronne de piques d'un noir d'encre s'était brusquement détachée du décor. Quelques instants plus tard, nous étions assises devant le feu rougeoyant que j'avais allumé sans vraiment savoir pourquoi.
Alice n'y était pas allée par quatre chemins et avait plongé dans le vif du sujet. Les mots avaient eu du mal à franchir mes lèvres et je n'étais parvenue à lui répondre que par bribes. De toute façon, elle était assez bavarde pour deux. Elle m'avait confié son embarras, son hésitation à venir me voir et son soulagement lorsqu'elle m'avait enfin vue me ressaisir. Elle avait dit tout cela de sa voix d'ange, pure, à son image.
Sa bonne humeur constante avait brisé la solennité du moment que j'avais pourtant cru être incontournable. Alice m'avait ainsi tenu compagnie jusqu'au petit matin, me repoussant dans mes retranchements les plus extrêmes, jusqu'à finir par obtenir de moi plus que je ne l'aurais voulu. Je savais néanmoins que je pourrais compter sur sa discrétion, du moins, je l'espérais.
Les semaines passèrent, chaque jour un peu plus facile que le précédent, même si le chagrin ne me quittait pas. J'attachais désormais une importance toute particulière au moindre moment passé avec les miens, rayons d'un même et unique soleil, dont la chaleur me transportait.
J'avais notamment apprécié l'approche d'Emmett et de Rosalie. Alors qu'elle jouait avec Renesmée, j'avais apostrophé Rose, lui exprimant mon désir de converser seule avec elle, mais c'est pourtant main dans la main avec son compagnon qu'elle était venue à ma rencontre.
Je l'avais soupçonnée de vouloir garder un œil sur lui. Pourtant, je voyais mal mon beau-frère lâcher une remarque en cet instant. Quoique... Toutefois, il s'était révélé être un auditoire à la fois attentif et compassé. Ainsi, chacun fut à même de m'apporter un peu de réconfort et bien que mon état émotionnel progressait dans la bonne direction, je n'en traversais pas moins des moments difficiles.
Jasper était celui qui, parmi mes frères et sœurs, était le plus affecté par ma douleur perpétuelle, sa capacité le contraignant à partager la moindre de mes émotions. Je m'étais excusée auprès de lui de cet état de fait inéluctable - mon deuil était loin de toucher à sa fin.
Il m'avait proposé, non pas d'effacer totalement la douleur - craignant probablement d'obtenir un refus net de ma part -, mais d'en atténuer néanmoins les effets. Je l'avais remercié de sa sollicitude, mais je n'en avais pas moins écarté sa suggestion, refusant de me montrer aussi lâche face à mon chagrin.
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