4. RENÉE (Partie III)
Après m'être de nouveau élancée dans la forêt, je m'étais finalement arrêtée dans un endroit familier, mue par mon instinct, alors que je ne songeais pas même à une destination en particulier. Je m'avançai au centre de la trouée parfaitement symétrique au milieu des arbres et m'allongeai sur l'herbe ondoyante.
Le paysage n'était qu'un tourbillon de couleurs vives, tant j'avais du mal à me concentrer sur les choses insignifiantes qui m'entouraient. Je contemplai le ciel assombri par les nuages et me demandai l'espace d'un instant si c'était là que se trouvait désormais ma mère. N'ayant pas d'opinion définie sur la question, je chassai bien vite cette pensée de ma tête.
La pluie se mit à tomber mais je m'en fichais. Même la clairière semblait partager ma peine et, sans rien perdre de son éclat cependant, paraissait mélancolique. Je fermai les paupières, lasse. Les heures commencèrent à s'écouler, lentement. Mon cerveau semblait ne plus vouloir fonctionner normalement.
Puis, petit à petit, je m'enfonçai, prenant conscience des minutes qui défilaient. Comme si le temps n'avait plus de prise sur moi. Je marchais au ralenti, paradoxe de ma condition. J'étais coincée dans mon enveloppe de glace, j'étais devenue l'ombre de moi-même. Mais heureusement, le temps ne s'était pas arrêté. Pas encore.
Edward avait déjà enrayé le mécanisme de mon esprit une première fois. Les aiguilles s'étaient immobilisées, me paralysant durant des mois. Puis, j'avais progressivement refait surface. Cette fois, les choses étaient différentes. Le monde dans lequel je vivais tournait au ralenti et je guettais désormais le tic-tac de l'horloge, le moment où le martèlement des secondes viendrait remplacer les battements de mon cœur qui venait de mourir une nouvelle fois.
Je ne sus combien de temps je restai ainsi, et je ne serais probablement pas sortie de ma demi-transe avant un bon moment, si une voix ne m'avait brusquement interpellée. Je rouvris les yeux, hagarde. Le jour avait rapidement décliné et avait laissé place au ciel étoilé - façon de parler, les étoiles n'ayant quasiment jamais percé la couverture nuageuse qui recouvrait la ville.
- Bella ! s'exclama de nouveau Edward en poussant un long soupir de soulagement.
Il me rejoignit rapidement et me souleva de terre. Je pris conscience de l'état déplorable dans lequel je me trouvais, ayant volontairement reçu la pluie de ces dernières heures, dans l'espoir qu'elle puisse m'apporter un quelconque soulagement.
Ma robe n'était plus qu'un morceau de tissu largement imbibé, à l'instar du gilet que j'avais ôté avant de m'étendre et qui gisait désormais en un tas informe sur le sol. Mes cheveux étaient sûrement dans un sale état. J'avais arraché mon élastique d'un geste brusque et les avais laissés s'agiter librement au gré du vent.
La situation ressemblait fort à celle à laquelle j'avais déjà été confrontée mais n'était pourtant en rien similaire. Et je préférais de loin les bras qui m'étreignaient en cet instant.
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