Charlie apparut sur le seuil de la porte tandis que le ronronnement du moteur laissait place au calme nocturne. Je claquai ma portière. Une fois à l'intérieur, Renesmée ôta son imperméable et le suspendit à la patère en se hissant sur la pointe des pieds. Edward accrocha alors sa veste et j'en fis de même.

Après une longue minute d'étreinte avec la petite, Charlie nous précéda dans la cuisine. Il se dirigea vers l'un des placards qui lui faisaient face et y dénicha un vieux torchon délavé. Au même moment, Sue sortit ses deux mains de l'eau fumante et nous salua poliment.

Un sourire contrit se dessina sur les lèvres de l'Indienne qui agita les bras en signe d'impuissance. Mon père se dirigea vers l'évier où une pile d'assiettes encore brûlantes commençait à se former. J'étais ahurie - mon père qui faisait la vaisselle, et puis quoi encore ?

- Alors Charlie, comment vous portez-vous ? s'enquit Edward. Mon père a absolument tenu à ce que je prenne des nouvelles de votre cheville. Mais je constate que tout à l'air de s'arranger.

En effet, sa démarche boitillante avait de nouveau fait place au pas lourd et pesant qui était le sien.

- Remercie Carlisle de ma part et dis-lui qu'il ne se fasse pas de souci. Tout va pour le mieux !

- Disons que tu seras complètement rétabli d'ici deux ou trois jours, le corrigea Sue.

La jeune femme posa un regard plein d'affection sur Charlie, ce qui me fit sourire. Finalement, je ne m'étais peut-être pas trompée quant à un avenir possible à deux. Une dizaine de minutes plus tard, nous gagnâmes tous les trois le salon où Renesmée et Edward avaient pris place devant la télé. La petite semblait gagnée par la fatigue, ses paupières se fermant de manière répétée.

Je m'approchai du canapé tandis que mon père et Sue s'installaient dans les nouveaux fauteuils qui avaient investi le salon. L'endroit était devenu un véritable lieu de réunion depuis la naissance de Renesmée - entre la famille de Sue, celle de Jacob et la mienne, il avait quelque peu fallu réaménager la pièce. Je caressai la joue de mon mari alors que la petite se blottissait contre son épaule raide.

- Il serait peut-être temps qu'elle monte se coucher, suggérai-je.

- Tu as raison, elle tombe littéralement de sommeil. Tu veux que je m'en occupe ? demanda-t-il. Cela me donnera enfin l'occasion de visiter ton ancienne chambre. Je suis un peu curieux... lâcha-t-il, un sourire malicieux aux lèvres.

Un petit rire hystérique s'échappa de ma gorge ce que ne manqua pas de remarquer mon père. Je tentai de recouvrer mon sérieux autant que faire se peut et fis les gros yeux à Edward. C'était le genre de détail que je comptais bien ne jamais avoir à avouer à Charlie.

- Non, ça ira... Merci ! sifflai-je.

L'apollon me gratifia de son sourire en coin, celui qui me faisait toujours autant craquer. Je pris Renesmée dans mes bras tandis qu'elle ouvrit des yeux hagards.

- Bonne nuit, ma chérie, souffla Edward avant de déposer un baiser sur son front.

La petite passa ses bras autour de mon cou avant de se retourner vers Sue puis de me regarder. C'était peut-être le moment de faire un pas vers elle.

- Sue ? me risquai-je. Vous m'aideriez à la coucher ?