2. PARTAGE (Partie IX)
Le crépuscule s'était installé lorsque nous étions sorties de la maison. Le soleil qui avait, à ma grande surprise, fait son apparition en fin d'après-midi, entamait sa descente derrière les arbres. L'air était humide et une brise fraîche - bien qu'elle me semblât tiède - vint nous caresser le visage.
Alice m'avait prévenue, l'accalmie serait de courte durée. Mes tennis s'enfonçaient dans la terre rendue argileuse par la pluie incessante de la journée. Il est vrai que j'aurais pu choisir une paire de chaussures plus adaptée à la circonstance, ainsi que me l'avait conseillé ma belle-sœur. J'aurais dû enfiler des bottes de pluie à l'instar de ma fille, mais je détestais leur chuintement agaçant.
Nous progressâmes lentement à travers la forêt - pour ma part, les pieds dans l'eau - jusqu'à ce que nous arrivâmes près d'un énorme rocher entouré de grands érables, formant ainsi un abri naturel. Renesmée me proposa de nous y arrêter et j'acquiesçai de bonne grâce, charmée par la beauté de cet endroit.
Du lichen recouvrait les troncs d'arbres et semblait également avoir prise sur la pierre. Le rocher était moins humide que le reste grâce aux longues branches feuillues qui le protégeaient de la pluie.
La petite ôta son imperméable - notre longue marche avait dû la réchauffer -, l'étala sur la pierre et s'assit précautionneusement dessus. Je n'avais pas pris la peine de prendre un manteau, étant donné que je comptais rentrer avant qu'il ne se remette à pleuvoir. Je m'assis donc à même le rocher, ressentant une étrange satisfaction. La satisfaction d'être avec ma fille en ce lieu, en cet instant.
Je serrai Renesmée contre moi et celle-ci me rendit mon étreinte. Puis, nous nous prîmes par la main et écoutâmes le bruit de la vie qui nous entourait. J'entendis les petites respirations saccadées des écureuils qui se tenaient le plus loin possible de nous - effrayés par le danger que je représentais -, la chamade de plus gros cœurs se tenant près du cours d'eau voisin, le bruissement du vent entre les feuilles, le son ténu des insectes fuyants, et je m'émerveillai comme toujours devant tant d'effervescence. J'avais manqué tellement de choses du temps où je n'étais qu'humaine...
De temps à autres, Renesmée me montrait une image, lorsque je n'avais pas prêté assez d'attention à une manifestation de vie importante à ses yeux. Puis, elle se mit à me poser une multitude de questions sur ma vie, ce qui me ramena à ces journées entières où Edward avait passé mon existence au crible. Je ne me serais jamais imaginé à cette époque me retrouver de nouveau confrontée à ce genre de curiosité, encore moins avec notre enfant, un enfant qui lui ressemblait tant.
Le ciel s'assombrit en l'espace de quelques minutes et la pluie réussit à me prendre au dépourvu. Nous convînmes qu'il était temps de quitter les lieux - si Edward était rentré, il allait s'inquiéter. Nous repartîmes donc heureuses et ravies d'avoir pu partager ce moment unique en tête-à-tête.
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