11. FUITE (Partie XIV)

Je pénétrai dans la grande salle en pierre, suivie de près par Jane et Alec qui, après quelques secondes d'hésitation, me plantèrent au beau milieu de la pièce avant de rejoindre leur place attitrée, auprès de Félix et de Démétri, dont les longs manteaux gris fumés s'agitaient imperceptiblement. L'impatience devait commencer à les gagner.

Le petit groupe de personnes qui se trouvait à l'opposé se mit à chuchoter. Leurs visages m'étaient vaguement familiers, dans la mesure où je les avais déjà rencontrés lors de la confrontation qui nous avait opposés un an plus tôt. Tous me dévisageaient avec insistance. L'un d'entre eux me jaugeait même d'un air intéressé. Ma répulsion à leur égard n'en fut qu'accrue.

Restant sur mes gardes, je n'eus cependant aucun mal à les ignorer, tant j'étais concentrée sur les deux immortels chenus qui siégeaient sur leurs massifs trônes en bois. Marcus qui était, comme à son habitude, plongé dans son apathie fut le seul qui se détourna de sa brève contemplation, comme si ma présence en ces lieux était des plus banale.

Caïus, lui, me fixait d'un air revêche, voire furieux, à croire qu'il ne supportait pas le fait que je refuse de me plier aux règles, en osant venir les affronter de la sorte. Tout à coup, le battant coulissa une seconde fois derrière moi et je fis volte-face pour observer les nouveaux venus.

J'eus le temps de surprendre le petit sourire mauvais qui étirait les lèvres du vampire à la longue crinière blanche. Aro apparut enfin sur le seuil, un sourire figé tendant les traits délicats de son visage. Cette seule vision suffit à déclencher mes frissons et la tension monta d'un cran. Sa peau opalescente, ses yeux lactescents et son sourire affable derrière lequel perçait une pointe de satisfaction me révulsèrent.

- Bella ! s'exclama-t-il en ouvrant les bras, comme si j'étais celle qu'il attendait de voir depuis toujours. Pardonne-moi de t'avoir fait attendre.

Il me frôla pour rejoindre son siège et je ressentis la brusque envie de me jeter sur lui et de le tuer. Je me retins cependant, quoique la tentation fût grande. J'aurais certainement pu avoir le dessus sur ce vieillard fragile qui n'avait probablement pas combattu - à la loyale - depuis des siècles, si je n'avais pas été certaine que sa garde était prête à se jeter sur moi, au moindre mouvement suspect de ma part.

De plus, Renata s'avançait aux côtés de son maître, le touchant légèrement à l'épaule. Et puis, ce n'était pas ça qui allait ramener Renesmée à la maison. Le bouclier d'Aro dévoila vaguement ses dents blanches lorsque son maître s'approcha de moi, mais s'en tint là. Je n'étais pas une menace, du moins, pas en cette circonstance.

Elle se plaça à sa droite tandis qu'il réajustait sa cape ébène avant de s'asseoir sur son trône. Je me rendis compte que j'avais suivi le moindre de ses gestes, les lèvres pincées, éludant quasiment l'arrivée du jeune homme qui suivait les nouveaux venus. Celui-ci vint se poster près de Jane, qui ne lui jeta pas même un coup d'œil.

- Bella ! se réjouit à nouveau Aro d'une voix plus aigüe. Quelle charmante surprise ! Je t'avoue que je ne m'attendais pas à te revoir... ici, termina-t-il en insistant sur ce dernier mot.

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