11. FUITE (Partie VI)

Je sentis une nouvelle vague de désespoir m'emprisonner dans son étreinte glaciale. J'en vins à me demander si je n'avais pas eu tort de faire cela. Après tout, à quoi cela m'avancerait-il ? C'était dérisoire de ma part et je le savais. Mais que pouvais-je faire d'autre ? C'était la seule idée qui s'était imposée à moi. Il n'était plus temps de faire demi-tour à présent.

J'avais le sentiment que cela non plus ne m'avancerait à rien. Souhaitais-je vraiment devoir affronter leur déception à tous, sans même avoir tenté quelque chose ? Avais-je été si loin pour renoncer maintenant ?

Cela n'aurait eu aucun sens. Il fallait que cela m'ait au moins servi à quelque chose – ne serait-ce que moralement. Et bien que la distance me déchirait, il fallait que j'aille jusqu'au bout désormais.

Les heures défilèrent, toutes plus lentes les unes que les autres, ma résolution s'affinant au fur et à mesure que je me rapprochais du but. Plusieurs films se succédèrent sur le grand écran et les hôtesses passaient à intervalles réguliers, proposant divers services. Je les refusai les uns après les autres. Je n'avais pas besoin d'une collation, d'une coupe de champagne, ni même d'un oreiller.

Trois des hôtesses avaient fini par se réunir au bout d'une allée et chuchotaient des gentillesses sur ma personne. Je tournai la tête dans leur direction et elles se turent immédiatement, avant de repartir dans leur cabine.

Je fus tout à coup déstabilisée par les violentes intempéries qui étaient survenues sans crier gare. Un violent orage secoua l'appareil et j'eus brusquement la nette sensation que ce voyage ne se terminerait pas comme prévu.

Je jetai un coup d'œil autour de moi, attirée par les cris de panique que laissaient échapper certains enfants, lorsque la foudre tombait trop près de nous. Leurs parents les réconfortaient d'un simple mot ou d'un simple geste, jusqu'à la prochaine secousse.

À deux sièges de là, une petite fille s'était dévissée le cou pour pouvoir regarder en arrière, guettant quelque chose qui ne venait apparemment pas. Elle ne devait pas avoir plus de quatre ou cinq ans mais curieusement, elle était assise seule, sans personne pour l'accompagner. Le père ou la mère devait s'être absenté un instant, juste au moment où la tempête atteignait le paroxysme de sa violence.

Son petit visage, encadré d'une chevelure sombre à la raideur absolue, était altéré par la peur, mais elle ne laissait pourtant échapper aucun son. Ses grands yeux d'un bleu presque vert se posèrent sur moi et me fixèrent avec une intensité que j'eue du mal à soutenir.

Il y avait un je ne sais quoi chez cette enfant qui me rappelait Renesmée, bien que la différence physique fût parfaitement évidente. C'était peut-être simplement l'appel à l'aide qu'elle avait l'air de me lancer en ce moment.

J'avais l'impression qu'elle me criait toute sa détresse et sa solitude. Je dus me retenir de toutes mes forces pour ne pas y répondre, craignant le retour parental qui ne manquerait pas de s'inquiéter de voir la plus étrange de toutes les inconnues s'adresser à leur fille en bas âge.

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