Je commençai par ramasser les quelques affaires qui traînaient çà et là, avant de les plier soigneusement. À vrai dire, Renesmée était plus qu'ordonnée pour une enfant de son âge. Un petit meuble surmonté d'un miroir avait été installé contre le mur gauche. Je remarquai derechef les petites traces de doigts sur le bas du verre.

Le gouffre au fond de ma poitrine me fit affreusement souffrir. Finalement, mon idée n'avait peut-être pas été la bonne. Franchir le seuil de cette pièce avait été une erreur et me rapprochait davantage de mes problèmes.

Je m'approchai de la coiffeuse et entrepris de ranger les divers produits qui occupaient le petit espace. De petites pinces multicolores étaient dispersées un peu partout. Des épingles à cheveux, des élastiques et des cerceaux étaient éparpillés en vrac dans les tiroirs.

Je retins un gémissement en découvrant dans l'un d'eux une photo d'Edward et moi. Je replaçai le cliché dans le tiroir et le refermai doucement. J'eus la soudaine impression d'avoir violé son intimité en m'immisçant dans ses affaires. Après tout, je n'avais pas le droit de déranger son organisation. Il fallait qu'elle puisse retrouver chaque chose à sa place lorsqu'elle reviendrait.

Je me regardai dans la petite glace - mes yeux obscurs me fixaient intensément. Je finis par me relever et rangeai la chaise comme je l'avais trouvée à mon arrivée. Je regagnai ensuite l'entrée de la chambre et poussai un soupir. C'est alors que ce que je voulais à tout prix éviter se produisit. J'avais repris ma respiration trop tôt.

Les effluves de la petite explosèrent dans ma tête et m'enveloppèrent dans un tourbillon de souvenirs plus douloureux les uns que les autres. Je finis cependant par reprendre mes esprits en claquant violemment la porte. Désormais, je n'avais plus que Nessie en tête et plus rien ne parviendrait à m'en détacher.

D'un pas décidé, je me dirigeai vers le petit buffet près de la cheminée. Quitte à souffrir, je préférais aller jusqu'au bout des choses. Je sortis alors d'un tiroir un épais volume noir en cuir. De petites lettres dorées et en italique étaient incrustées sur la couverture : Renesmée.

Je refermai alors le tiroir et m'installai confortablement dans le canapé. Sans plus hésiter, j'ouvris l'album photo et commençai à faire défiler les pages. Chaque cliché m'était affreusement pénible, élargissant un peu plus à chaque fois l'abîme qui s'était niché au fond de ma poitrine.

Je ne m'étais jamais demandé ce qu'aurait été ma vie sans Renesmée. Je n'avais jusqu'ici pas eu à me poser cette question. Bien entendu, j'aurais été la femme la plus heureuse sur Terre. J'avais obtenu ce que je désirais le plus au monde, Edward. Celui que j'avais choisi et qui, par miracle, avait posé les yeux sur moi.

J'étais devenue Madame Cullen et j'allais passer le reste de mon existence à ses côtés. Plus que cela, il m'avait offert l'éternité. Une existence infinie, un amour sans limite. J'avais alors cru atteindre l'apogée de mon bonheur mais je m'étais trompée.