10. ABANDON (Partie VII)
- Je te comprends parfaitement, répliquai-je en me levant à mon tour. Mais je ne veux pas t'impliquer dans...
- Oh, je t'en prie, ne me dis pas ce genre de chose. M'impliquer dans quoi ?
- Je ne peux rien te dire, répétai-je pour la troisième et - j'espérais - dernière fois.
- Là, tu exagères, Bella, rétorqua-t-il, véritablement blessé à présent.
Il me tourna précipitamment le dos avant de sortir de la pièce et de monter s'isoler à l'étage. Quelqu'un frappa à la porte à ce moment-là. Il s'y reprit à plusieurs fois, mais je restais là, trop hébétée pour faire un geste. Un cliquetis se fit alors entendre dans la serrure et la porte s'ouvrit toute grande. La voix de Sue résonna dans l'entrée.
- Charlie ? Bella ? Vous êtes là ?
Un silence pesant lui répondit.
- J'ai vu vos voitures dans l'allée. Pourquoi vous ne me répondez pas ? poursuivit-elle en entrant dans la cuisine.
La jeune femme s'aperçut de ma présence et me dévisagea, l'air de se demander à quel jeu je jouais. J'enfouis ma tête dans mes mains et dus serrer les dents pour ne pas me mettre à pleurer.
- Ça ne va pas ? s'inquiéta-t-elle en posant sa main sur mon épaule.
Je secouai la tête mais ne lui adressai toujours pas la parole.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Où est ton père ?
- Là-haut... Il est en colère... Je...
Je balbutiai des bribes de mots mais l'Indienne parvint néanmoins à me comprendre.
- Ne t'en fais pas, je vais aller le voir, me rassura-t-elle en me massant l'épaule.
Je hochai la tête.
- Je... je crois que je vais m'en aller...
- Je pense que ça vaut mieux, acquiesça-t-elle.
Elle avait dit cela sans aucune méchanceté, plutôt comme on donnerait un conseil à quelqu'un que l'on voudrait aider.
Je m'enfuis de la maison en emportant ma détresse avec moi et m'engageai sur la route, dans un dérapage que je me serais jugée incapable et imprudente d'exécuter en temps normal. La pluie y contribua sans doute largement.
Je filai à toute allure vers les miens, désireuse de les retrouver au plus vite. Pourtant, je fus obligée de m'arrêter sur le bord de la route, ne parvenant plus à continuer mon chemin. Cela devenait trop dur à supporter. Je ne parvenais plus à rejeter la souffrance qui s'insinuait en moi comme une tumeur, se développant à une vitesse vertigineuse. Je me mis à pleurer de toutes mes forces, à la limite de l'hystérie, craquant pour de bon cette fois.
Quelque chose frappa contre la fenêtre de la voiture. J'étais trop absorbée dans ma chute au fond du gouffre pour me soucier d'avoir peur ou bien d'être surprise. Edward fut à mon côté en moins de temps qu'il ne fallut pour le dire et me prit dans ses bras.
- Alice a vu ce qu'il allait se passer, chuchota-t-il à mon oreille, comme pour expliquer sa présence.
Je m'en fichais. Du moment qu'il était là, c'était tout ce qui comptait.
- Ils ont voulu me retenir mais j'ai refusé de te laisser, continua–t-il en me serrant un peu plus fort contre lui.
Mes sanglots continuaient à faire vibrer l'habitacle.
- Ça va aller, murmura-t-il, ça va aller.
Je sais, voulus-je lui répondre, sans y parvenir cependant.
- Tout va finir par s'arranger, continua-t-il pour m'apaiser.
Ce dont j'étais nettement moins sûre que lui. Non. Non, cela ne s'arrangerait pas.
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