1. LIENS (Partie XVIII)
Je redescendis à la cuisine et y trouvai Sue et Charlie, assis de part et d'autre de la petite table. Je remarquai que le plat avait été placé dans le four, désormais allumé pour le garder au chaud. Vu la quantité, il était clair que Sue comptait rester manger.
S'apercevant de ma présence, l'Indienne me lança un regard peu amène et j'eus la désagréable impression de déranger. Je saluai donc mon père avant de l'embrasser et adressai un bref signe de tête à la mère de Leah et de Seth. Je tournai les talons et regagnai la voiture de Rosalie, envahie par un brusque sentiment de solitude, très certainement lié à l'absence d'Edward et de Renesmée à mes côtés.
Moins d'un quart d'heure plus tard, j'étais de retour à la villa. Je trouvai dans le jardin Alice et Jasper en plein exercice de combat. Jasper avait l'attaque rapide mais Alice était la plus vive à l'esquive. Cela risquait de prendre des heures...
Je perçus un faible bruissement de feuilles provenant du deuxième étage et imaginai Carlisle feuilletant l'un de ses nombreux ouvrages médicaux. Enfin, je rejoignis Esmée dans la cuisine. Elle préparait des sandwichs pour le retour de Jacob dans la soirée. Lorsque j'entrai, elle était en train de placer le tout au réfrigérateur.
- Bella, comment vas-tu ?
- Euh...bien, répondis-je.
Ma réponse hésitante ne parut pas convaincre Esmée. Elle me rejoignit et passa son bras autour de mes épaules.
- Quelque chose ne va pas, ma chérie ?
- Non, tout va bien, répondis-je sur un ton raisonnablement assuré. C'est juste que...
- Oui ? m'encouragea-t-elle.
- Je supporte mal de les avoir loin de moi, lâchai-je, tout-à-trac. J'ai toujours peur que l'un deux ne me revienne pas...
- Je comprends ce que tu ressens, Bella... C'est dur de laisser les personnes que l'on aime s'en aller...
Je compris immédiatement ce à quoi Esmée faisait allusion. Sa vie humaine s'était terminée de façon tragique lorsqu'elle avait perdu l'enfant qu'elle avait mis au monde. De désespoir, elle s'était jetée d'une falaise, mais son cœur avait miraculeusement continué de battre.
Je m'étais longtemps demandé pourquoi Esmée avait choisi une issue aussi extrême, mais tout cela avait pris un sens lorsqu'Edward m'avait quittée ; nous étions toutes deux incapables de vivre sans l'être aimé.
- Tu devrais peut-être aller chasser pendant qu'ils ne sont pas là, fit-elle en caressant les cernes qui commençaient à se graver sous mes yeux. Je sais qu'Edward n'aime pas te voir souffrir.
En effet, ma gorge parcheminée me faisant vraiment grincer des dents.
- Je venais justement voir Rosalie pour lui demander de m'accompagner.
- Elle est partie il y a quelques instants en prétextant vouloir s'aérer...
Rosalie se plaignait constamment de l'odeur de chien qui régnait dans la maison. Malgré leurs efforts respectifs, Jacob et Blondie - comme il se plaisait à l'appeler - ne parvenaient pas à calmer leur animosité et leur tolérance se limitait à leur seul intérêt commun pour Renesmée.
- Je suis désolée, reprit Esmée.
- Accepteriez-vous de m'accompagner ?
- Avec grand plaisir, Bella.
Nous quittâmes donc la grande maison illuminée par la lumière blanche et diffuse du soleil, avant de nous enfoncer dans la forêt environnante.
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