Je repérai un jeune élan à la merci d'un puma de taille moyenne dont Edward n'aurait fait qu'une bouchée.

Bondissant de ma cachette, je plantai profondément mes crocs dans la jugulaire de l'animal. Le liquide chaud coulait sur mon menton et je sentais déjà monter en moi le désir frénétique de le vider jusqu'à la dernière goutte, mais je perçus cependant un trot rapide qui venait dans ma direction.

Aussi je me relevai agilement et essuyai les commissures sanglantes de mes lèvres. Jacob trépignait au pied d'un sapin et grognait son impatience. Je souris en découvrant Renesmée perchée à une quinzaine de mètres du sol. Je m'approchai et Jacob, comprenant ma démarche, s'enfonça dans la forêt.

- Nessie, arrête de faire tourner Jacob en bourrique et descends de là !

- Mais j'aime ça, maman ! rétorqua-t-elle, mutine.

- Au point de passer ta vie là-haut ?

- Je n'arrive plus à te suivre, Renesmée, lança tout à coup mon ami.

- Jacob !

Le loup nous avait rejoint sous son apparence humaine. Son short noir était couvert de terre, preuve systématique et indéniable qu'il avait joué avec Renesmée. Il saisit la petite et l'installa sur ses épaules.

- Il est temps de rentrer !

- Tu as raison, Jake, Edward n'aime pas qu'on s'absente trop longtemps.

- Il n'est pas parti chasser ? s'étonna mon ami.

- Si mais, tu sais comment il est...

- Et comment suis-je ? questionna une voix veloutée que j'identifiai sur l'instant.

- Rapide ! Tu es déjà de retour ?

- J'ai eu ton père, ce matin. Le match des Mariners est avancé dans la matinée. Il viendra donc un peu plus tôt.

- Si vous êtes d'accord, je peux vous garder Ness pour la journée, proposa Jacob. Au moins, vous ne l'aurez pas dans les pattes !

- Pourquoi, tu préfères l'avoir dans les tiennes ? ironisa mon mari.

- C'est gentil, Jacob, mais déjà qu'il ne vient pas souvent, il appréciera certainement de voir sa petite-fille.

- Bon, ben, je crois que je vais aller rendre visite à mon père. Depuis que je me suis installé à la villa, je ne le vois plus beaucoup. Non pas que je m'inquiète pour lui, Sue est toujours disponible... sauf quand le shérif l'appelle quinze fois par jour, bien sûr !

- Charlie aussi a droit au bonheur, Jacob... Il s'est assez occupé des autres comme ça, il est temps qu'il prenne soin de lui, désormais.

- Ben... ça a l'air plutôt bien parti ! rigola-t-il. Alors, qu'est-ce qu'on fait ?

- Rentrez sans moi, je vais chercher les autres. Je tâcherai d'être... comment tu dis déjà ? Rapide ?

J'esquissai un sourire et fondis sur Edward pour l'embrasser. Jacob plaça sa main devant les yeux de Renesmée, qui la repoussa vivement. Un petit jeu s'installa entre eux tandis que je contemplais le scintillement toujours aussi captivant de l'homme que j'aimais. Je n'arrivais toujours pas à me faire à l'idée que je lui offrais le même spectacle. Seul son regard fasciné me faisait prendre conscience de la vie parfaite que je menais.