Scénarios [ship Oneus]

Oneus est un groupe de kpop, actif depuis 2019. Cet OS est un bxb avec deux des membres.

***

Keonhee était posté face à la devanture de la petite épicerie, hésitant à se mettre une baffe. Pourquoi est-ce qu'il était venu jusque là au juste ? Pour se ridiculiser ?

Il ferma ses yeux et se balança d'un pied sur l'autre, essayant de calmer les battements incessants de son cœur. Ses dents s'abattirent sur sa lèvre inférieure qu'il grignota par pur anxiété et il passa ses mains dans ses cheveux bleus.

Keonhee était devant la maison du garçon qui faisait chavirer son cœur depuis de nombreux mois. Il s'était dit que ce serait sans doute une bonne idée de venir se confesser, un vendredi soir, en plein de mois de janvier alors qu'il avait attrapé un coup de froid et qu'il avait le nez qui coulait.

Ça ressemblait, en effet, à une charmante idée.

Un jour, il était allé acheter des ingrédients pour sa mère, celle-ci préparant un gigantesque repas pour le week-end en famille qui arrivait et qui se passait, au grand désarroi de Keonhee, chez eux.

Et ce jour là, pour la première fois, il avait rencontré le garçon qui deviendrait plus tard l'élu de son cœur. Il était arrivé à la caisse, les bras chargés de choses à manger et à boire. Seulement il avait tout fait tomber en s'emmêlant les pieds, se retrouvant comme un imbécile, les bras vides devant le joli caissier brun qui avait tenté de cacher son sourire derrière sa main.

Le bleuté se rappela s'être excusé et avoir ramassé tous ses achats, aidé par le beau brun dont il allait bientôt savoir le nom : Seoho. Il se rappela lui avoir souri pour le remercier et de son cœur qui avait manqué un battement lorsque l'autre lui avait répondu de la même façon.

Ce jour-là, Keonhee avait expérimenté ce qu'on pouvait appeler le "coup de foudre". Comme une grosse claque dans la face, il s'était senti bouleversé par la beauté et la gentillesse du jeune vendeur.

Il avait dix-huit ans quand c'est arrivé. Il en avait désormais bientôt vingt, et Seoho bientôt vingt-deux.

Le jeune homme regarda une nouvelle fois la devanture du magasin avant de soupirer et de faire demi-tour. Mais après quelques mètres il s'arrêta et, sans bouger ses pieds, tourna son corps à cent-quatre-vingt degrés pour regarder à nouveau la maison de Seoho.

« Te dégonfle pas Keonhee, s'encouragea-t-il. Tu vas te confesser et après ? Tu vas te prendre un râteau, oui, mais tu t'y attends, donc qu'est-ce qu'il pourrait bien arriver de pire ? »

Il couina.

« Il va peut-être me pourchasser avec un couteau. Ou se moquer de moi en me tapant l'épaule, et me dire d'aller dormir. Ou peut-être qu- »

Il s'interrompit en hurlant, pris de peur en entendant un bruit au bout de la rue, puis finit par soupirer de soulagement en remarquant que c'était simplement un chat qui devait rentrer chez lui.

Il fit donc demi-tour (encore) pour se replacer en face de l'épicerie. Mais il ne bougea pas plus que dix minutes auparavant, s'imaginant les pires scénarios qui pouvaient arriver suite à sa confession.

Si confession il y avait.

S'il ne se dégonflait pas avant.

Keonhee se matérialisa le visage de Seoho dans la tête, et instantanément un joli sourire décora ses lèvres, bien que celles-ci étaient cachées dans la grosse écharpe qui protégeait son cou et le bas de son visage.

« Il faut que je le fasse. Il faut que je le fasse. »

Il se répéta à cette phrase comme un mantra, se remémorant les moments qu'il avait passé avec son beau brun.

Moments qui se résumaient principalement à des passages en caisse, mais des moments quand même.

Seoho avait dû prendre l'habitude de le voir dans son épicerie, et peu à peu les deux jeunes avaient légèrement fait connaissance. Ils se saluaient, prenaient des nouvelles de leur famille respective, se souriaient. Tout du moins, Keonhee souriaient beaucoup, peut-être trop parfois. Et il savait que ceux de son amoureux secret étaient pour la plupart des sourires "service client", mais il les aimait quand même.

Un rictus s'empara de ses lèvres, et avant de se rendre compte de son geste, lancé par un élan d'allégresse, Keonhee s'était avancé et avait toqué à la porte.

« Oh non merde. Oh non non. »

Paniqué, il se mit à piétiner sur les dalles du trottoir, s'empressant de regarder à droite et à gauche s'il trouvait une cachette avant que son beau brun n'arrive.

Il vit une poubelle sur sa droite et s'apprêta à se ruer derrière. Seulement au moment où il allait entamer un mouvement la porte s'ouvrit et il s'immobilisa.

Keonhee soupira discrètement et fini par tourner la tête vers son interlocuteur, affichant un demi-sourire crispé.

Les deux garçons se regardèrent dans le blanc des yeux dans un silence gênant. Ils restèrent quelques minutes à se fixer, mal-à-l'aise, avant que Seoho ne prenne la parole.

« Hum... »

Il se racla la gorge.

« Y'a... écrit "fermé". »

L'autre piqua soudainement un far et baissa les yeux sur ses pieds, ses doigts se mettant à jouer avec la bague qu'il portait à son index.

« Ah euh... ouais. Haha. Mince. Bah je vais y aller hein. »

Son cœur se serra vivement. Il avait eu le courage de venir et se faisait royalement mettre à la porte.

« B-Bon bah salut », bégaya le bleuté.

Keonhee fit demi-tour (décidément) et planta rageusement ses mains dans ses poches, tapant son pied dans un caillou qui traînait là.

Il agrippa sa lèvre inférieure avec ses dents, sentant des larmes lui monter aux yeux.

Il s'était fait un sacré paquet de scénarios, il s'était préparé à plusieurs râteaux mais celui-là, il ne l'avait pas vu venir.

Il n'avait même pas pu se confesser. Il se retrouvait désormais non seulement rempli de honte mais surtout toujours dévoré par ses sentiments qu'il n'avait même pas eu le temps d'avouer.

« Keonhee. »

Il s'arrêta brusquement, sans se retourner.

« Keonhee viens. »

Toujours de dos, il secoua la tête.

« Allez viens s'il te plait. Qu'est-ce que tu voulais me dire ?

- Rien. Je reviendrai demain quand ce sera ouvert, hyung. S-Salut. »

Et il reprit sa marche.

« Keonhee ! Je sais que tu connais trop bien les horaires d'ouverture du magasin pour venir à cette heure-ci en croyant que ce serait ouvert. Tu voulais me dire quelque chose ? »

Alors le plus jeune se retourna.

« Non, laisse tomber hyung, vraiment. Content de t'avoir vu, bonne soirée.

- Ne t'en vas pas. Tu as l'air énervé, est-ce que je t'ai fait du mal ? »

Keonhee sourit.

« Non, bien sûr que non, ne t'en fais pas. C'est moi qui... Pourquoi tu te rapproches ? Pourquoi tu sors même ? Tu vas attraper un coup de froid, hyung. »

En effet, le brun s'était approché de lui et lui avait souri.

« Je ne t'entendais pas bien de là où tu étais.

- Ah...

- Allez dis-moi.

- Dire quoi ?

- Eh bien pourquoi tu es venu toquer à ma porte ?

- Je me suis trompé de porte, ça arrive à tout le monde, même aux plus grands. »

Seoho éclata de rire.

« Voyons Keonhee, tu pourrais chercher une meilleure excuse quand même.

- Hum...

- C'est embarrassant ?

- De quoi ?

- Ce que tu veux me dire. C'est embarrassant pour que tu ne veuilles pas, ou plutôt plus, m'en faire part ?

- Non. C'est plutôt... sincère. Trop peut-être, justement.

- Il n'y a rien de mieux que de recevoir des paroles sincères, tu sais. »

Keonhee mordit une nouvelle fois sa lèvre. Ses doigts se remirent à jouer avec sa bague dans sa poche.

Il se sentait vulnérable comme ça, face à celui qu'il aimait, tout petit et désorienté. Pourtant Seoho semblait si honnête et tendre, comme pour le rassurer et l'encourager à lui parler.

Le jeune homme soupira longuement.

« C'est pas facile, ok ? J-Je... Ça fait vingt minutes que je poireaute devant chez toi, à me demander si c'est une bonne idée ou si je suis simplement fou. Ouais nan pas fou, c'est pas le bon mot. Je dirais plutôt inconscient. Oui c'est ça, ou si je suis simplement inconscient. Parce que, ouais, c'est pas facile, c'est même un peu imprudent. C'est vrai, après tout on vit dans une société où c'est pas vraiment bien vu, haha. Du coup ça fait longtemps que je réfléchis à ce que je vais te dire, des mois même, si tu veux savoir. Sauf que là, pfiout ! Tout s'est envolé, je sais plus et du coup je suis bloqué. C'est drôle parce que je fais du théâtre, donc je suis habitué à improviser mais là rien, haha. Je suis paumé ! Nan pas vraiment paumé, je suis complètement stress-

- Keonhee, respire. »

Le bleuté obéit en prenant une grande inspiration puis finit par lâcher.

« Je t'aime, hyung. »

À peine eut-il soufflé ces mots que son cœur s'emballa bien plus qu'avant. Il sentit ses oreilles bourdonner et sa tête tourner. Sa lèvre inférieure se mit à trembler, tout comme le reste de son corps. Il ouvrit la bouche, la referma, l'ouvrit à nouveau avant de la fermer.

Il scruta la réaction de Seoho. Celui-ci ne cachait pas son air étonné, il avait les yeux grands ouverts et les sourcils levés. Sa bouche s'était entrouverte sans qu'aucun son n'en sorte.

« Wow, fut tout ce qu'il arriva à répondre.

- Ouais, haha. "Wow". Bonne nuit. »

Et Keonhee repartit en direction de chez lui, le cœur battant la chamade et le corps entier secoué de tremblements. Il sourit tout de même légèrement, même si Seoho n'avait pas répondu, au moins lui se sentait libre d'avoir avoué tous ses sentiments.

Après tout, cette réaction du brun faisait partie des scénarios qu'il avait imaginés, alors il n'était pas trop désappointé.

Seulement une main retint soudainement son poignet.

« T-Tu peux pas partir comme ça après ce que tu viens de dire Keonhee !

- Bah au vu de ta réaction je vois pas trop ce que j'aurais pu dire d'autre.

- Mais enfin, même ! Tu peux pas... Tu peux pas lâcher une bombe et partir comme si de rien n'était !

- Ah parce que tu penses vraiment que, justement, après ce que je viens de te dire je pourrais faire comme si de rien n'était ? Je t'aime Seoho hyung. Alors oui, je sais, c'est sûrement pas banal pour toi de recevoir une déclaration venant d'un garçon, mais j'y peux rien. Je suis tombé amoureux de toi. Je te demande pas de répondre positivement ou même de respecter mon orientation sexuelle, je voulais juste te le dire. Ça me libère d'une pression trop grande que j'avais sur le cœur, tu comprends ?

- J-Je crois, oui...

- Parfait. Maintenant rentre, hyung, tu vas attraper froid.

- T'es pas bien habillé non plus...

- J'ai au moins une écharpe et un petit manteau qui me protègent contrairement à toi, allez, dépêche toi.

- A-Attends Keonhee.

- Quoi ?

- Tu... Tu penses qu'on pourrait aller boire un verre, un jour ?

- Hein !?

- Écoute, tu m'as pas spécialement laisser le temps de parler. Je peux pas te dire que je t'aime aussi, c'est faux. Mais... peut-être que déjà on pourrait commencer par... se connaître un peu plus ?

- Tu... T'es au courant que je suis un garçon, hein ? »

Le brun eut un petit rire.

« Oui bien sûr.

- T-Tu aimes les hommes, toi aussi ?

- Non. À vrai dire je crois que je n'aime pas un sexe plus qu'un autre. Enfin, même si en général je suis plus attiré par les filles, je pense pas que je suis en droit de te mettre un stop alors que tu n'as même pas encore essayé de me séduire. Qui sait ? Peut-être que je peux tomber sous ton charme. »

Keonhee écouta le brun, les yeux grands ouverts. Et à la fin de la petite tirade, il éclata en sanglots. Des larmes dévalèrent ses joues et en voyant ça Seoho se mit à paniquer.

« Q-Qu'est-ce qu'il y a ? Ça va pas ? J'ai dit quelque chose de mal ? C'est parce que j'ai dit que je n'étais pas amoureux de toi ? Oh mince tu sais je suis désolé, mais je ne veux pas te mentir, tu vois ? Vraim-

- Non ! Non, c'est juste que... »

Un nouveau sanglot le prit et il attrapa la manche du pull de Seoho avant de tirer dessus.

« Que je suis tellement heureux... »

Keonhee savait qu'avec son nez qui coulait, ses yeux et ses joues rouges à cause des larmes, ses bruits horribles quand il sanglotait et ses reniflements bruyants il ne devait pas être au summum de l'élégance, peut-être qu'il était même répugnant, mais bon, il n'avait pas été préparé à tant d'émotions.

Seoho lui sourit et passa une main dans ses cheveux.

« Voyons Keonhee, il ne faut pas te mettre dans cet état. »

Mais Keonhee n'y arrivait pas. Il n'arrivait pas à se calmer, il n'arrivait pas à s'arrêter.

Après tout, le garçon dont il était amoureux avait accepté sa confession et ça, c'était le meilleur de tous les scénarios.

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