Blanche et les sept BTS [BTS]
« Oh miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle de toutes.
- Si tu penses encore qu'il va te répondre, je vais te le répéter une nouvelle fois Blanche : cela n'arrivera pas. »
La jeune fille sortit la tête de la salle de bain et fit une grimace à YoonGi.
« Tais-toi voir et laisse moi profiter. Avec mes cheveux noirs et ma peau aussi blanche que du sucre, j'ai impression d'être Blanche-Neige.
- Sauf que dans le conte c'est la belle-mère qui est devant le miroir. Pas Blanche-Neige.
- Ah oui... »
Elle souffla et se dirigea vers sa chambre où l'attendaient ses sept amis. Cela faisait bientôt deux ans qu'elle connaissait Taehyung, YoonGi, Hoseok, Jimin, Namjoon, Seokjin et Jeongguk, et depuis ils égayaient ses journées. Grâce à eux elle avait un échappatoire quand elle allait mal et ils l'aidaient à ne pas péter un câble quand sa vie partait en sucette.
Couchée sur le lit les jambes appuyées contre le mur, elle discutait avec eux de tout et de rien, comme elle en avait l'habitude. Elle aimait tellement passer du temps avec eux. Partager ses secrets avec tout ces garçons, savoir qu'ils ne les diraient jamais à personne. Lui permettre de se sentir moins seule en parlant avec eux.
« Vous voyez Arthur, ce garçon dans ma classe ? »
Ils hochèrent la tête d'un même mouvement.
« Qu'est-ce que je dis, bien sûr, je vous en parle tout les jours, soupira-t-elle. Et bien aujourd'hui le prof a énoncé un travail à faire en binôme et il nous a mis les deux ensemble !
- Oh c'est génial ! s'exclamèrent-t-ils. Et qu'est-ce qu'a dit Arthur ? continua Hoseok, soudainement excité. »
Elle haussa les épaules.
« Rien, comme d'habitude lorsqu'il s'agit de moi. Il s'en fiche...
- Oh il ne faut pas dire ça, la rassura Jeongguk. Peut-être qu'il était content ?
- Non, il a dit « très bien », il m'a donné son numéro de téléphone à la fin du cours pour qu'on puisse se joindre et il est parti.
- Vois l'avantage, rétorqua Jimin. Tu as son numéro. »
Elle marmonna dans sa barbe, peu convaincue.
Le lendemain, elle jeta un coup d'œil à ses sept amis avant de prendre une mine déterminée.
« Les gars, souhaitez-moi bon courage ! Aujourd'hui je vois Arthur pour commencer à bosser avec lui.
- Fighting ! » hurlèrent les garçons.
Blanche rit et s'en alla de l'appartement, se dirigeant vers la bibliothèque universitaire située à quelques minutes de marche.
Sur le chemin, elle pensait. Elle pensait au meilleur moyen d'aborder Arthur, de lui montrer qu'elle lui portait un peu plus d'intérêt qu'à un simple camarade de classe. Et surtout au meilleur moyen de l'aborder sans qu'il ne la rejette.
Ils passèrent près de trois heures dans la bibliothèque, discutant de leur exposé dans les moindres détails, se séparant quelques fois pour aller chercher des livres dans les rayons.
Elle aima cet après-midi avec lui. Il était plus souriant que d'habitude, peut-être s'était-il rendu compte qu'elle était tout de même une chouette fille, se demanda-t-elle. Ils parlèrent beaucoup, mais seulement de l'exposé, malheureusement.
Elle aurait préféré qu'il s'intéresse à elle, à sa vie, qu'ils apprennent à faire connaissance. Mais elle relativisait. Au moins, il était moins distant qu'auparavant et souriait plus. Qu'il était beau, son sourire.
Le soir, elle rentra heureuse. Les sept garçons qui l'attendaient ruminaient d'impatience de savoir comment s'était passé son après-midi avec son prince charmant.
« Il m'a sourit, plusieurs fois.
- Ce n'est même plus de l'amour que tu lui portes, si tu es si heureuse d'avoir eu un sourire, se moqua YoonGi. Tu l'idolâtres.
- J'en serais presque jaloux, sourit doucement Taehyung, c'est nous que tu idolâtrais, avant.
- Et vous êtes toujours autant mes idoles. C'est différent, vous savez.
- On le sait bien, rit SeokJin. Qu'avez-vous fait d'autres que vous échanger des sourires ?
- Oh et bien tu sais, on a travaillé, c'est tout. Mais nous n'avons pas fini, il reste tout le plan et le développement, alors on se reverra bientôt. »
Les jeunes hommes lui sourirent et l'encouragèrent.
« Si tu dis que vous avez toutes les informations mais pas le plan, invite le à venir ici ! s'exclama Hoseok.
- Tu veux dire... Ici ? Dans l'appartement ? Avec vous ? »
Les sept hochèrent la tête, et elle réfléchit. Mais c'était petit, et surtout en piteux état, chez elle, est-ce qu'il ne se moquerait pas d'elle ?
« Non, je n'oserai pas. Et puis même, si la vieille le sait, je risque de prendre cher, vous savez qu'elle ne veut personne ici.
- Et nous ? rit nerveusement Namjoon.
- Vous ce n'est pas pareil... Je ne peux pas me passer de vous.
- Et puis de toute façon, poursuivi Jeongguk, qui le saura ? »
Blanche mordit sa lèvre et lança un regard perdu à ses amis. Alors qu'elle allait parler, quelqu'un toqua à la porte. Écarquillant les yeux et se mettant soudainement à trembler, la jeune fille se redressa vivement de son lit.
« Oh non, elle est là. Elle est là ! Planquez-vous, si elle vous voit je suis morte ! »
Elle se dirigea en courant vers la porte d'entrée, puis souffla pour évacuer le stress avant de dessiner un faux sourire et d'ouvrir.
« Bonj-
- Laisse-moi entrer.
- Bien... »
L'horrible femme entra, inspectant le petit appartement du sol au plafond.
« Tu fais le ménage ?
- Oui...
- On ne dirait pas. Enfin bon, j'espère que tu n'as amené personne ici.
- Non... Et... Je suis désolée mais je ne comprends toujours pas pourq-
- Personne n'a à venir dans un endroit aussi médiocre que celui-ci, toi seule est assez minable pour y vivre. »
Blanche serra les poings tout en regardant ses pieds. Elle n'en pouvait plus, elle ne voulait plus. C'était trop. Qu'avait-elle fait pour mériter cela ?
À cet instant, elle maudit sa mère. Sa pauvre mère morte il y avait bientôt dix ans, la laissant seule avec sa tante odieuse qui fut forcée d'avoir la garde de la jeune Blanche. Et elle lui rendait sa rancœur au centuple.
« M-Mais, j'aimerais inviter des amis, ou-
- Qui t'as autorisée à parler, insolente ! »
Avant qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit, Blanche reçu une violente gifle qui lui fit monter les larmes aux yeux. Et une nouvelle fois, avant même qu'elle ne réagisse, sa tante lui donna un puissant coup avec le balais qu'elle venait juste d'agripper. La jeune fille hurla de douleur.
« Tais-toi ! Tu veux que tout le monde t'entende ? Hein ? » cria l'horrible femme en donnant coup sur coup.
Blanche pleurait des torrents de larmes, suppliant sa tante d'arrêter ses violents coups qui lui brisaient le dos.
Quelques minutes plus tard, alors que la jeune fille ne faisait même plus de bruit tant elle souffrait, l'ignoble femme lâcha le balais et, dans un soupire, s'étira le dos avant de partir, laissant sa nièce à même le sol. Sans aucun regard. Sans aucune culpabilité. Sans aucune once de pitié.
Blanche perdit connaissance à l'instant même où la porte claqua, laissant échapper quelques dernières larmes.
Quand elle se réveilla, elle se demanda tout d'abord pourquoi elle avait dormi par terre. Puis lorsqu'elle essaya de se lever, elle hurla de douleur. Tremblante, elle attrapa le bas de son t-shirt avant de le lever lentement, révélant comme elle en avait l'habitude, d'innombrables hématomes qui lui tailladaient les côtes et, elle s'en doutait, tout son dos.
La jeune fille lâcha son t-shirt et fondit en larmes, se recroquevillant malgré ses douleurs. Elle n'en pouvait plus, elle ne pouvait plus le supporter. Elle était persuadée qu'elle en mourrait.
Reniflant, elle essaya de se lever, allant chercher son téléphone. Comme elle s'en doutait, elle avait quelques messages. Mais contre toute attente, ils étaient tous d'Arthur.
« Les... Les garçons ! grimaça-t-elle. Il m'a envoyé des messages !
- Blanche, est-ce que tu vas bien ? s'inquiéta vivement SeokJin.
- Oui, ne vous en faites pas, j'ai l'habitude après tout...
- Ce n'est pas parce que tu as l'habitude que tu souffres moins, » souffla timidement Taehyung.
Elle les rassura avec un faux sourire et reprit son sujet principal : les messages d'Arthur.
Il lui demandait si elle voulait qu'ils se revoient aujourd'hui, puisque c'était dimanche et qu'en semaine se serait plus compliqué de se voir puisqu'ils avaient leurs cours. Elle lui répondit tout de suite qu'elle était partante, sous le désaccord de ses sept amis.
« Tu n'es pas en état d'y aller.
- Je sais, mais je suis trop heureuse de le voir. Je vais faire tout mon possible pour qu'il ne remarque rien, je vous le jure ! » sourit-elle.
Elle passa le reste de la matinée à se doucher, tâche extrêmement douloureuse et qui lui avait arraché encore de nombreuses larmes, puis à se faire un petit en-cas avant d'aller se reposer sur son lit. À peine avait-elle caressé l'oreiller de sa joue qu'elle tomba de sommeil, quelques larmes s'échappant encore de ses beaux yeux.
Lorsque son réveil - qu'elle avait au préalable mis au cas où elle s'endormirait - sonna, Blanche eut énormément de mal à se lever, mais malgré sa douleur, elle sourit, pensant dès lors à son jeune prince.
« Moi je répète que c'est une mauvaise idée, grogna YoonGi.
- Et je te répète pour ma part que je promet de faire attention. Il ne verra rien je te le jure.
- Nan mais tu t'es vue, Blanche ? s'énerva-t-il. Tu grimaces à chaque pas que tu fais. Envoie-lui un message pour annuler et repose-toi par pitié. »
Elle secoua la tête en souriant tendrement.
« Je veux le voir, chuchota-t-elle. À tout à l'heure, faites attention à vous.
- C'est plutôt à nous de te dire ça, soupira Namjoon. Fais attention.
- Je te le promet ! »
Et la jeune fille s'en alla, tout autant enthousiaste que la première fois mais beaucoup moins vivement. Elle avait mal. Elle retenait ses larmes à chaque pas mais elle était heureuse.
Lorsqu'elle arriva à la bibliothèque, elle remarqua Arthur déjà attablé à sa tâche.
« Je m'excuse pour le retard...
- Ne t'en fait pas, je viens tout juste d'arri- Blanche ça va ?
- Hein ? Oui ! Oui pourquoi ?
- Je suis désolé mais tu as une sale tête.
- Mauvaise nuit, » sourit-elle faussement.
Le garçon hocha la tête et se remit au travail, ne remarquant alors pas l'atroce grimace de sa camarade lorsqu'elle s'assit sur sa chaise. Ils travaillèrent encore pendant quelques heures. Cette fois-ci, Arthur souriait un peu plus, et la jeune fille lui rendait amoureusement.
Lorsqu'ils se quittèrent, le jeune étudiant se gratta la nuque nerveusement.
« Hum... On a finit notre exposé mais il faudrait qu'on s'entraîne à passer à l'oral tous les deux, et on ne peut pas s'entraîner dans la bibliothèque...
- Tu voudras qu'on aille chez toi ?
- Justement ce ne sera pas possible, mes colocs n'arrêteraient pas de nous interrompre. Ils sont bien gentils mais aussi très cons et chiants... »
La jeune fille rit légèrement avant de soudainement grimacer.
« Alors... Tu voudrais qu'on... »
Blanche hésitait.
« Ça ne te dérangerais pas qu'on aille chez toi ? » s'enquit le jeune homme.
Elle grimaça discrètement, avant de lui sourire.
« Euh... Oui, pas de soucis, rit-elle sur les nerfs.
- Super, on se redit tout ça ! Bonne fin de weekend Blanche ! »
La jeune fille lui répondit et le salua d'un signe de main, puis rentra chez elle, ne sachant si elle devait être heureuse ou terrifiée.
« Les gars j'ai fait une connerie.
- Je le savais ! » s'exclama YoonGi en levant la main.
Les autres le fusillèrent du regard avant de laisser Blanche continuer.
« Arthur va venir ici.
- Quand ? Comment ? Pourquoi ? s'emballèrent Jeongguk et Hoseok.
- Je suppose samedi prochain, et pour réviser notre oral.
- Je ne le sens pas, grimaça YoonGi.
- Toi arrête de faire ton rabat joie, » le réprimanda Taehyung en lui donnant un tape dernière la tête.
Le lendemain, lundi, elle entra dans son premier cours toujours en grimaçant, ses hématomes n'avaient évidemment pas disparu et étaient encore terriblement atroces. Elle s'assit sur le strapontin de son amphithéâtre en mordant sa lèvre et suivit le cours comme elle put, retenant de nombreuses fois les larmes qui lui brûlaient les yeux.
Toute la semaine dura ainsi, et malgré les jours qui passaient son corps n'allait pas mieux. Elle sentait qu'elle respirait de plus en plus mal, que ses douleurs ne s'atténuaient pas.
Ses sept amis devenaient très inquiets et elle-même commençait à l'être aussi. Mais cela pouvait attendre, disait-elle. Elle attendrait d'avoir passé son oral le lundi suivant pour s'attarder plus attentivement sur ses blessures.
Arthur vint la voir le vendredi, lui demandant si c'était toujours possible pour qu'il vienne samedi après-midi afin qu'ils s'entraînent. Elle lui répondit par l'affirmative, avant de plaquer sa main sur sa bouche pour retenir un gémissement de douleur.
« Blanche tu es sûre que ça va ? Tu es encore plus pâle que la dernière fois.
- Oui oui, j'ai juste... envie de vomir.
- Oh. Alors vas-y vite, je ne te retiens plus. On en reparle pas message. »
Elle avait hoché la tête avant de partir vivement, soulagée qu'il ait cru à son mensonge.
Ce qu'elle ne savait pas, c'est qu'il l'avait observé toute la semaine. Et qu'il avait très clairement remarqué son comportement étrange. Il avait remarqué ses grimaces, ses légères larmes perdues, ses démarches bizarres lorsqu'elle marchait dans les couloirs de l'Université, ses bras enroulés autour de ses côtes, ses positions chancelantes sur les strapontins pendants les cours.
Mais il n'osait pas lui demander. Il avait peur qu'elle se braque et qu'elle ne lui adresse plus la parole. Cependant il s'inquiétait. Alors il se promit que le lendemain, lorsqu'il irait chez elle, il aborderait tout de même légèrement le sujet.
Blanche, une fois dans son appartement, se replaça sur son lit, les jambes contre le mur pour discuter avec les garçons. Comme à son habitude.
« C'est décidé. Il vient demain.
- Je ne le se-
- YoonGi la ferme, » coupèrent les six autres garçons.
La jeune fille rit légèrement. Heureusement qu'ils étaient là, ses sept idoles. Heureusement qu'ils faisaient partie de sa vie. Ils lui apportaient la joie dont elle avait été privée ces dix dernières années.
« Ça se passera bien. De toute façon il n'a rien remarqué. »
Et c'est sur cette pensée que la jeune étudiante finit sa soirée, cuisinant un léger en-cas avant d'aller très vite se coucher. Elle était épuisée.
Le lendemain matin, des coups puissants à la porte la réveillèrent en sursaut.
« Oh non par pitié, pas aujourd'hui... Les garçons, planquez-vous, je suis désolée. »
Elle se leva précipitamment, faisant abstraction de sa douleur pour se précipiter à la porte. Ses douleurs n'étaient rien comparées à sa tante.
Alors elle ouvrit lentement.
« Bonjour, ma tante.
- Arrête de m'appeler comme cela.
- Bien... »
La femme entra dans l'appartement miteux.
« Décidément, tu ne fais rien pour rendre cet endroit un minimum convenable.
- Comme si c'était possible, » chuchota Blanche.
Sa tante n'entendit pas, heureusement. Mais elle s'assit à table et lui demanda un café, que la jeune fille s'empressa de préparer.
En emmenant la tasse à sa tante, elle s'encouragea mentalement pour ce qu'elle s'apprêtait à dire, sachant pertinemment que c'était une mauvaise idée.
« Ma tante...
- Ne m'appelle pas comme ça.
- Oui, excusez-moi... J-Je voulais vous dire que... Cet après-midi... Enfin...
- Mais parles bon sang ! Si déjà tu prends la parole sans autorisation, dit ce que tu as à dire !
- Cet après-midi... Un... Un camarade vient ici pour que nous puissions travailler, et-
- Excuse-moi ?
- J-Je... Enfin... Je sais que je n'ai p-pas le droit, mais c'était la seule solution et... »
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase, la jeune Blanche reçu une gifle tout aussi violente que la dernière fois.
« La seule solution ? Tu te fous de moi ? La dernière fois ne t'a pas suffi ? Tu veux que je recommence ?
- Non ! Non... Je vous en supplie de recommencez pas... »
Mais sa tante n'entendit rien, elle attrapa une nouvelle fois le balais, le brandissant au dessus de sa tête, se préparant à donner un coup beaucoup plus violent que tous les précédents. Et elle frappa.
La jeune fille tomba au sol sous le coup. Elle hurla de douleur. Ses anciens hématomes n'avaient pas disparu, et dieu que ça faisait horriblement mal.
Sa tante frappa, encore et encore, ne se rendant même pas compte qu'au bout d'à peine deux minutes, tellement les coups étaient puissants, la jeune Blanche s'était évanouie de douleur. Elle arrêta encore bien plus tard, malgré qu'elle n'entendait plus un bruit, lorsque le manche à balais se cassa en deux sur le dos de la petite.
Elle soupira de frustration et jeta le balais à terre, se dirigeant vers la sortie de l'appartement. Ne lançant même pas un regard à sa nièce à terre.
Quand, dans l'après-midi, Arthur toqua à la porte - Blanche lui avait envoyé l'adresse la veille -, il n'entendit aucune réponse. Alors il réessaya. Une fois, puis deux. Toujours sans aucune réponse.
Il aurait pu partir, mais il se souvint de la deuxième raison pour laquelle il voulait voir l'étudiante. Et il s'inquiéta. Alors sans autorisation, il ouvrit la porte grinçante.
Il n'eut pas le temps de s'attarder sur l'état médiocre de l'appartement, ses yeux se dirigèrent tout de suite sur le corps à terre devant lui. En poussant un cri de stupeur, il s'écrasa à ses côtés et essaya de lui parler, de la réveiller. Mais rien, la pauvre Blanche ne réagissait pas.
Et lorsqu'il pencha sa tête devant son nez, il ne sentit rien. Quand il pencha sa tête sur son cœur, il n'entendit rien. Pris de panique, il s'empressa de mettre la jeune fille sur le dos et tout en se rappelant des cours de secourisme, il se dépêcha de commencer un massage cardiaque.
Lorsqu'il remarqua que rien ne changeait, il attrapa son menton et pencha légèrement sa tête en arrière avant de lui pincer le nez. Il inspira un grand coup et s'empressa de lui faire un bouche-à-bouche. Une fois, deux fois. Écouter. Puis le massage cardiaque. Puis une nouvelle fois le bouche-à-bouche. Une fois, deux fois. Écouter. Et encore le massage cardiaque. Puis de nouveau le bouche-à-bouche. Une fois, deux fois.
Il commença à paniquer quand, tout à coup, alors qu'il se pencha pour écouter une nouvelle fois le moindre signe de respiration, il l'entendit.
Elle respirait. Elle vivait.
Alors, il la mit le plus vite possible en position latérale de sécurité et appela le samu.
Quand elle ouvrit les yeux, Blanche ne reconnu pas l'endroit où elle était. Elle se demandait comment avait-elle pu arriver dans cette pièce si blanche, et si silencieuse. Jusqu'à ce qu'elle entende ces "bip" incessants.
La jeune fille comprit vite. Elle était à l'hôpital, et elle n'eut pas à réfléchir longtemps avant de comprendre pourquoi. En revanche, son incompréhension était tournée sur son voyage jusqu'à l'hôpital. Comment était-elle arrivée ici ? Car ce n'était certainement pas elle qui avait marché, ni sa tante qui l'y avait déposée.
En inspectant son état, tout en se tordant de douleur, la jeune fille n'entendit pas la porte s'ouvrir. Arthur venait d'entrer, un goblet de café à la main et un livre dans l'autre.
« Blanche ? »
L'intéressée leva subitement la tête, avant d'écarquiller les yeux de stupeur.
« A-Arthur, que fais-tu ici ?
- Calme toi, tout va bien, sourit-il gentiment. C'est moi qui ai appelé le samu, je t'ai trouvé par terre chez toi et... et... »
Le pauvre garçon semblait tout à coup complètement déboussolé, il cherchait ses mots.
« Oh... répondit l'étudiante. Je suis désolée...
- Désolée pour quoi ? De t'être fait tabassée ? Ça m'étonnerait que tu aies fait ça volontairement, Blanche. »
Elle ne répondit pas, détournant le regard vers la fenêtre de la chambre.
« Tu... Tu veux bien m'expliquer ce qu'il se passe ? demanda-t-il doucement.
- Il ne se passe rien. »
Le garçon soupira.
« Blanche, tes hématomes ne datent pas seulement de ce qu'il s'est passé hier mais d'au moins une semaine. Et n'essaie pas de mentir, je t'ai vu ces derniers jours. »
Elle écarquilla les yeux, sentant la panique la submerger. Il l'avait vu ? Mais comment était-ce possible ? Il ne la regardait jamais, et elle avait essayé de se faire la plus discrète possible.
« Si je n'étais pas venu hier après-midi, tu serais morte Blanche. »
Toujours sans répondre, elle sera ses poings et les dents pour qu'aucune larme ne vienne sillonner ses joues.
« Je ne sais pas si ça aurait été pire, chuchota-t-elle. Je pense que j'aurais préféré mourir.
- Ne dis pas ça... »
Il se planta devant elle, la forçant indirectement à le regarder.
« La police va bientôt arriver.
- Q-Quoi ?! Non ! Non !
- L'hôpital les a appelé, ils n'ont pas le choix dans ces cas là...
- Ces cas là ? demanda-t-elle en riant jaune. Je comprends bien, mais il faut qu'ils se mettent à ma place, bon sang. Si j'avais voulu contacter la police, je l'aurais déjà fait. »
Arthur s'assit doucement sur le lit, tourné en direction de sa camarade.
« Et à moi, tu ne veux pas m'en parler ?
- Si tu as remarqué mon état cette semaine, pourquoi n'es-tu pas intervenu ?
- Je ne savais pas comment tu réagirais et, je sais que c'est mal dit comme cela, mais ça ne me regardait pas. Maintenant que je vois ton état, je me sens idiot de ne pas être intervenu, pesta-t-il contre lui-même. Quel imbécile ! »
Blanche posa sa main sur le bras du jeune homme.
« Tu as raison, j'aurais mal réagi. Je voulais que personne ne le sache, et surtout pas toi.
- Surtout pas moi ? »
Elle détourna la tête pour cacher ses joues rosies.
« Ce que je veux dire c'est qu-
- Je sais que tu es amoureuse de moi, Blanche.
- Q-Que... Quoi ? s'exclame-t-elle en se retournant vers lui. Pff, c'est ridicule. Jamais.
- Je le sais Blanche, je viens de te le dire. Mais je ne sais pas encore si je peux répondre à tes sentiments, tu comprends ? Laisse-moi du temps. »
Elle soupira puis hocha lentement la tête en rougissant à cause du sourire victorieux du garçon.
« Je ne sais pas si je dois le demander mais... Comment m'as-tu trouvée ? Dans quel état ? Je ne me souviens de rien... »
Le garçon se crispa légèrement.
« Tu étais quasiment morte. Plus de pouls, plus rien. J-Je... Tu ne respirais plus et j'ai paniqué alors j'ai essayé de me souvenir des cours de secourisme que j'ai eu au lycée, et j'ai commencé un massage cardiaque, comme j'ai pu. J'ai essayé du bouche-à-bouche, aussi, et-
- D-Du... Du bouche-à-bouche ? »
Arthur éclata de rire.
« Oui, du bouche-à-bouche, Blanche. Sans quoi je ne t'aurais jamais sauvée...
- Je peux te demander un service ?
- Tout ce que tu veux. »
Toute cette gentillesse de la part de son prince la fit rougir d'autant plus. Elle secoua la tête.
« Pourrais-tu... Enfin quand tu auras le temps bien sûr, hein. Je ne veux en aucun cas te presser, je suppose que tu avais déjà des trucs de prévu aujourd'hui mais à cause de moi tu ne peux pas, d'ailleurs je ne comprends pas pourquoi tu restes à mes côtés, et tu sais-
- Doucement, respire. Que voulais-tu me demander ?
- Dans mon appartement...
- Oui ?
- J'ai... Comment dire ça sans paraître folle, grogna-t-elle.
- Dis-moi, ne t'en fait pas.
- J'ai... J'ai sept garçons.
- Sept garçons ? s'exclama Arthur.
- Oui... Ils sont très importants pour moi, et j'ai besoin d'eux, là, maintenant. Ils m'aident à me sentir mieux quand je vais mal. Ne crois pas que je suis amoureuse d'eux, hein, non ! C'est juste que-
- J'ai compris, ne t'en fais pas, sourit-il. J'irai les chercher, je te le promet.
- Merci... »
Quelqu'un toqua à la porte, et aussitôt trois hommes entrèrent, un médecin et deux policiers.
« Bonjour mademoiselle, je suis le médecin en charge de votre cas. Je vais vous expliquer la situation et ensuite ces officiers de police vous poseront quelques questions. »
Blanche serra encore plus le bras du jeune garçon auquel elle était encore accrochée.
« Il... Il peut rester avec moi ? Enfin si tu veux bien sûr, je ne t'oblige à rien ! s'emballa-t-elle en s'adressant à Arthur.
- Oui, il peut rester, répondit le médecin. Monsieur ?
- Bien sûr que je reste. Alors, dites-nous docteur.
- Mademoiselle, vous êtes recouverte d'hématomes très sérieux, certains datant de l'incident d'hier, d'autres de plus longtemps. »
La jeune fille hocha la tête.
« Vous avez aussi plusieurs fractures sur les côtes, et une d'entre elles à provoqué un pneumothorax en perçant un poumon. Il a pu être soigné ne vous en faites pas. Mais cet incident date d'il y a au moins une semaine. C'est un miracle que vous soyez encore vie, sachant qu'il n'y a évidemment pas eu de soins. Vous n'aviez pas des difficultés à respirer ? »
Blanche hocha doucement la tête. Le médecin soupira.
« Ensuite vous avez une lésion rénale de grade 3, toujours à cause d'une côte fracturée. Il n'y a pas besoin d'intervention chirurgicale si vous restez alitée pendant quelques jours en faisant très attention à votre nutrition. Suite à tout cela, vous doutez bien que vous allez devoir rester ici un moment, n'est-ce pas ? »
La jeune fille hocha une nouvelle fois la tête. Après l'interrogatoire de la police, pendant lequel elle avait finit par tout avouer, elle se sentit tout de même plus légère. Elle avait tout raconté ; la mort de sa mère, sa vie avec sa tante, le fait que, bien que majeure, elle n'avait aucun droit - et qu'elle avait bien trop peur pour avoir eu le courage de s'émanciper...
Arthur, était parti après l'interrogatoire, lui aussi. Alors elle se retrouvait seule. Mais elle souriait. Les policiers lui avaient dit que sa tante serait condamnée pour maltraitance infantile, agression physique et même tentative de meurtre, puisque apparemment, elle avait sur elle des signes qui montraient clairement la maltraitance qu'elle avait subi enfant et encore aujourd'hui.
Le lendemain Arthur revint la voir. Il souriait, et elle lui rendit son sourire.
« Nous sommes lundi, tu devrais être en cours.
- Je n'ai pas cours cet après-midi, puisque j'étais sensé passer à l'oral avec toi, chuchota-t-il gentiment.
- Oh...
- J'ai trouvé tes sept garçons, sous ton lit, je suppose que tu les cachais. Je les ai pris avec moi. »
Les yeux de Blanche s'illuminèrent à la mention de ses sept amis et des larmes ne tardèrent pas à se coincer dans le plis de ses yeux.
Arthur ouvrit son sac et sorti un tube dans lequel une affiche était enroulée.
« J'ai cru comprendre que tu les chérissais beaucoup, alors j'en ai pris soin.
- Merci Arthur... »
Elle s'empressa de sortir l'affiche du tube et de la dérouler, découvrant les sept visages de ses idoles qui souriaient. Des larmes roulèrent sur ses joues.
« Les garçons, comme vous m'avez manqué... »
Arthur sourit et prévint sa camarade qu'il allait chercher quelque chose à boire, avant de quitter la pièce.
« Tu avais tellement raison YoonGi, c'était une mauvaise idée, j'ai failli en mourir... Mais regarde, sourit la jeune fille, je vais mieux maintenant, et ma tante va aller en prison. Et puis Arthur est près de moi aussi, tout est parfait maintenant. »
Elle caressa l'affiche du bout des doigts.
« Et puis vous voyez, je suis vraiment comme Blanche-Neige, mon prince m'a sauvée d'un baiser. Enfin presque. »
Elle rit légèrement.
« Qu'aurais-je fais si vous n'étiez pas là... Merci. »
Et Blanche sécha ses larmes avant de faire un large sourire devant ces sept visages souriants qui, comme depuis deux ans maintenant, lui procuraient tant de bonheur.
« Merci BTS... »
FIN
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