23 - Moment fatidique
Mélanie ne savait pas comment réagir. Normalement, il devrait être encore dans le canapé en train de somnoler ou de dormir paisiblement et non être derrière elle avec ses mains posés sur ses yeux. Elle resta stoïque, ne bougeant pas d'un poil alors qu'elle avait le bras droit relevé. Elle ne savait plus quoi faire. Sa respiration se saccadait petit à petit, de plus en plus. Elle ne savait pas comment elle devait se comporter parce que c'était clairement le moment qu'elle redoutait le plus. Le moment où les quatre vérités devront être dites et qu'elle ne pouvait pas du tout esquiver même si c'était ce qu'elle désirait le plus au monde. Non que ce soit une fuyarde mais elle aurait bien aimé prendre les jambes à son cou et se tailler pour une fois dans sa vie.
Mélanie avait rarement fuit, peu importe la merde dans laquelle elle était. Peu importe jusqu'où elle avait la merde, que ce soit à ses genoux ou que cela dépasse son corps de très haut ; elle restait et affrontait le tout. C'était ce que beaucoup appréciait chez elle et pour une fois, elle avait envie de fuir et ce plus que jamais. Même devant son beau-père elle avait eu moins envie de fuir. Même devant sa mère, elle avait encore plus envie de rester. Même devant le diable, elle ne partirait pas. Mais là, maintenant, avec Joe réveillé derrière elle, elle voulait vraiment se faire la male et s'inventer une excuse parce que ô combien Dieu sait qu'elle n'était point prête à le voir éveiller.
Mélanie retenait encore sa respiration et les mains de Joe n'avaient toujours pas bougés. Elle sentait son odeur et la reconnaissait mais elle reconnaissait aussi ses mains. Elle savait que c'était lui mais ne voulait pas se l'avouer parce qu'elle avait tellement peur de cet instant, tellement peur que le désir de fuir était bien plus fort que tout au monde et bien plus fort que jamais dans son corps. Tout ses sens, tous ses sentiments, toutes ses sensations avaient décuplés, triplés ou même quadruplés. Elle ne savait pas ce qu'elle devait faire pour que la gêne qu'elle ressentait parte mais elle se doutait bien que tant qu'elle n'aurait pas cette discussion qu'elle avait envie de fuir, elle ne serait clairement pas en paix ni avec elle-même ni avec Joe qui attendait patiemment qu'elle réagisse.
Mélanie sentit un souffle chaud dans son cou et elle se doutait bien que c'était Joe mais elle avait envie que ce soit Fallon, « Pumba » ou encore l'un de ses ex mais pas Lui. C'était assez spécial ce qu'elle ressentait, parce que même si une grande partie d'elle avait envie de fuir, une autre partie d'elle –beaucoup plus minime- avait envie de rester pour voir ce qui se passerait et parce qu'il fallait bien se résonner et réaliser qu'elle ne pouvait fuir continuellement cette discussion surtout si elle voulait repartir du bon pied avec le jeune homme. Pendant cinq mois, elle avait souffert de son absence et maintenant qu'il était de retour, elle ne savait pas si c'était une bonne idée de lui donner une nouvelle chance alors que quand il n'était pas là, elle voulait qu'il soit absolument à côté d'elle.
-Alors, comment ça va depuis la dernière fois ? Demanda une voix suave et sensuel dans le creux de son oreille.
Mélanie se mordit la lèvre inférieure parce qu'elle savait qu'elle avait du mal à résister. Il était tellement sexy, terriblement même depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu. Puis, elle savait qu'il jouait un jeu, une parade et qu'il faisait cela pour l'avoir plus facilement mais elle devait absolument résister sinon, elle perdrait toute crédibilité, fierté et dignité. Elle devait lui résister et ne pas lui mâcher tout le travail. Elle ne devait pas se laisser faire alors qu'il utilisait un de ses points faibles. Elle se mordit la lèvre jusqu'au sang, tellement qu'elle était sur le point de craquer ; de se retourner et de l'embrasser comme jamais elle ne l'avait fait auparavant.
Mélanie ne voulait pas se laisser faire. Elle voulait résister, jouer aussi mais surtout, avoir le dernier mot parce qu'après tout, c'était elle qui avait sûrement le plus souffert dans l'histoire. C'était elle qui subissait la connerie de l'homme. C'était elle qui était resté sans nouvelles pendant cinq mois alors qu'il en avait tous les jours de la part de « Pumba » qui veillait sur elle le plus qu'il le pouvait, dont notamment en mettant François sur sa route. C'était elle qui avait subit toute la douleur et la souffrance d'un départ incompris dont elle ignorait les raisons valables et justifiées. C'était elle qui avait été malmenée et manipulée. C'était elle qui avait eu le plus de mal parce que dans l'ignorance, on ne peut jamais trouver le calme ni la vérité.
-Joe..., murmura-t-elle en se retournant pour lui faire face.
Joe retira les paumes de ses mains des yeux de la jeune femme et il vit au regard dur et sévère qu'elle faisait qu'il n'allait pas l'avoir si facilement et qu'il faudrait, d'abord, passer par au moins une bonne discussion bien sérieuse et bien soûlante. Elle réprima une grimace, son visage se crispant alors qu'elle lâcha un soupire. Le jeune brun prit place sur le lit, de façon à ce que le tableau ne cache pas la vue qu'il avait sur la jeune femme et vice-versa. Il se mordit la lèvre inférieure en même temps que la jeune femme tandis qu'un silence pesant s'imposait entre eux. Ils ne savaient pas quoi dire ni l'un ni l'autre et encore moins par où commencer.
Mélanie prit une grande inspiration, parce que Joe n'avait pas l'air décider à commencer et à prendre la parole en premier alors que cela devrait plutôt être le cas. C'était lui qui avait royalement merdé et qui devait se faire rattraper, pas elle. Et même si elle avait couché avec 3 hommes entre temps, qu'elle en avait embrassé une dizaine, ce n'était pas pour autant qu'elle était en tord. Il n'était plus là, il l'avait souillé et elle était tellement mal qu'elle avait noyé ses regrets et ses remords ainsi que sa douleur dans l'alcool si bien qu'elle était tellement bourrée qu'elle ne savait même plus ce qu'elle faisait et qu'elle n'était point responsable de ces actes.
-Tu es parti sans me laisser un seul mot ou encore un seul signal, un seul avertissement, débuta-t-elle. Tu es parti sans rien dire à personne, parce que tu avais des problèmes avec un putain de gang de chinois et la mafia italienne... Je ne te demanderais même pas ce que tu as bien pu faire pour en arriver là, parce que je ne veux clairement pas savoir. J'aimerais juste savoir pourquoi tu es parti. Ok, tu avais des problèmes avec des types... Pas commodes, certes, mais pourquoi te casser sans prévenir quiconque de tes problèmes ? Pourquoi ne pas avertir la police ? Oui, désolée, cette question était stupide, s'excusa-t-elle. Mais, tu n'images quand même pas que tu es parti et que tu vas revenir comme ça ? Tu n'images quand même pas que je vais te pardonner en un claquement de doigt alors que, par ta faute, j'ai sombré à nouveau..., dit-elle en le regardant bien droit dans les yeux, sachant qu'il comprendrait à quoi elle faisait allusion. J'étais très mal et c'est quand j'ai commencé à aller mieux que tu es revenu, au fond c'est toujours comme ça. Mais, ne crois pas que je vais te pardonner en un claquement de doigt, encore moins après la douleur que tu m'as affligé, rajouta-t-elle. Surtout que je n'avais aucune nouvelle de toi. J'étais dans l'ignorance totale et même si tu as fais pour me « protéger », tu m'as fais plus de mal qu'autre chose, renchérit-elle en faisant les guillemets avec ses doigts. J'ai eu et je ne sais même pas si je peux encore te faire confiance, conclu-t-elle.
Joe ne savait même plus où se mettre. Il se sentait mal et c'était un peu le but de la jeune femme. Il se mordit la lèvre inférieure jusqu'au sang, ainsi que l'intérieur des joues. Il joua avec ses doigts et ses mains, n'osant plus regarder Mélanie dans les yeux. Il n'osait plus parce qu'il voyait tout ce qu'elle avait enduré, toute la douleur qu'elle avait ressentit à travers ses yeux et il n'arrivait pas à supporter une chose pareille. Il n'arrivait pas à supporter d'avoir fait autant de mal à la personne qu'il aimait. Il n'arrivait pas à supporter l'idée qu'il ait pu la détruire plus qu'elle ne l'était déjà. Il n'arrivait pas à accepter qu'en partant –ce qui lui semblait la meilleure idée- il lui ait fait plus de mal qu'en restant –ce qui semblait être la plus pire des deux idées du dilemme. Il avait merdé et il en était conscient. Conscient au point de s'en mordre les doigts jusqu'à l'os.
« On fait tous des erreurs dans la vie. Et tu sais quoi, la mienne, c'est toi.
-Wiz Khalifa »
***
Musique ; Boulevard Of Broken Dreams - Green Day
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