22 - Pardonner
Mélanie était en train de se ronger les ongles alors qu'elle se trouvait le dos contre le porte, le médecin venait juste de les laisser seuls Joe et elle. Elle n'osait pas s'approcher du jeune homme qui semblait bien endormit, plongé dans un sommeil réparateur grâce aux sédatifs que le médecin lui avait donné. Elle ne savait pas où se placer, elle et son cœur brisé face à Joe avec sa balle qui n'est plus dans son corps et dont la plaie commence à cicatriser. Surtout qu'elle avait reçut l'ordre du médecin de s'occuper de celui qu'elle aimait mais elle doutait que ce soit une très bonne idée parce qu'elle n'avait pas envie de mener une guerre contre ses sentiments.
Mélanie ne savait pas non plus si elle pouvait croire en ce que lui avait dit auparavant Joe. Elle n'en avait pas la moindre idée parce qu'il avait très bien pu lui dire des conneries mais d'un côté, il semblait tellement sincère... Elle était tellement perdue qu'elle en oubliait presque comment elle se prénommait et où elle vivait. Elle se laissa glisser le long de la porte, en inspirant le plus d'oxygène possible qu'elle pouvait emmagasiner en elle. Elle manquait atrocement d'air, si bien qu'elle se rendit jusqu'à l'une de ses fenêtres et qu'elle l'ouvrit, passant sa tête dedans. Elle inspira le plus d'air qu'elle pouvait et elle sentit une libération se produire au niveau de sa trachée ; sûrement parce qu'elle ne voyait plus Joe sur le canapé mais plutôt la rue en contrebas.
Mélanie tourna doucement la tête vers le canapé d'où elle voyait une petite partie du corps de Joe dépassé. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle pourrait bien lui dire et cela l'arrangeait dans le fond, le fait qu'il soit sous sédatif et complètement endormit et quand il sera réveillé, il sera presque complètement à la masse. Il ne saurait même pas où il se trouverait et peut-être qu'il reconnaîtrait le paysage autour de lui mais elle avait du mal à croire. Cette situation l'arrangeait tellement qu'elle n'osait pas se l'avouer à elle-même parce que s'il n'avait pas prit cette balle, cela aurait été pour elle mais aussi, elle n'aurait pas su pourquoi il avait prit ses affaires et était parti sans rien dire à quiconque.
Mélanie passa sa main dans ses cheveux et laissa son corps s'envoler avec le vent. Elle n'avait rien à faire de sa journée et maintenant la voilà qu'elle était totalement changée. Elle ne savait pas ce qu'elle pourrait pour s'occuper sachant que ses mains la démangeaient plus que tout. Elle avait absolument besoin de s'évader, elle ne pouvait point faire autrement. Elle en ressentait le besoin comme si c'était une drogue dont elle était en manque. Pourtant, elle avait déjà peint durant la journée et qu'elle avait même détruit la toile. Mais le besoin était là et elle ne pouvait pas faire semblant qu'il n'existait pas et de l'ignorer sachant qu'il ne cessait pas de progresser en elle encore et encore. Elle ne pouvait pas ignorer quelque chose d'aussi flagrant.
***
Mélanie donna un nouveau coup de pinceau sur son œuvre, sur cette nouvelle toile. Elle avait testé un nouveau mélange de couleur et elle en était fière malgré qu'elle ne soit pas encore à la fin. Elle ne l'avait pas encore terminé qu'elle ressentait déjà une once de fierté. Elle essayait de contenir le sourire qui prenait place sur ses lèvres si bien que ses traits faciaux formèrent une grimace mais elle était tellement contente d'être fière, pour une fois, de son art et de son travail. Ses écouteurs dans les oreilles passaient une musique qu'elle connaissait bien dont elle fredonnait même l'air et murmurait les paroles au même moment où l'interprète de celles-ci les chantaient.
Mélanie n'était pas non plus de bonne humeur, juste qu'elle s'évadait et qu'elle apaisait ses maux. Elle n'avait plus le cœur qui tambourinait dans sa poitrine en menaçant d'exploser d'une seconde à l'autre. Elle inspirait et expirait doucement, à son aise en ne manquant pas d'oxygène. Puis sa tête était en paix. Elle n'était plus en train de penser à trente-six milles choses en même temps au point de lui mettre une migraine et que le silence rajoute encore plus de douleur au tout parce que le contraste entre les deux avait de quoi mettre une migraine même à celui qui a la tête la plus dure du moins et qui a très lentement mal au crâne.
Mélanie était en « paix ». Elle était loin de Joe et pouvait mettre ses pensées au clair alors qu'elle plaçait quelques traits sur la toile avec son pinceau dont les poiles venaient de trempés dans une petite « flaque » de bleu foncé comme une nuit d'hiver. Elle peignait pour réparer son cœur de la misérable vie qu'elle avait chopé, un peu par malheur, quand elle est venue au monde. On ne choisit pas sa famille, mais ses amis. On ne choisit pas son entourage quotidien mais ceux qu'on laisse dans notre quotidien plus proche. On ne choisit pas sur qui on tombe amoureux mais on choisit qui on décide d'aimer en tant de confident, comme un ami. On ne choisit pas sa vie, mais on choisit une part de son déroulement sans le savoir la plupart du temps.
Mélanie s'arrêta un instant pour regarder l'entièreté de son œuvre. Elle lui plaisait mais il manquait toujours un petit « quelque chose », une sorte de petit « plus ». C'était peut-être l'émotion et les sentiments qui devaient traversés la toile et prendre le cœur de celui qui regarde. Ou encore, c'était peut-être parce qu'il y avait encore quelques zones blanches et qui n'avaient donc pas encore eu de peinture sur elles. Elle ne savait pas et essayait de savoir, se creusant légèrement les méninges parce qu'elle avait toujours été perfectionniste. Elle avait toujours été cherché le détail qui pourrait améliorer comme jamais son œuvre et le rendre si spéciale.
Mélanie rêvait déjà sa future galerie d'art mais elle ne savait pas encore si elle aurait les fonds pour la faire. Si elle en aurait le courage et la force aussi. Parce qu'une galerie d'art, c'est tout un travail. C'est même tellement de travail que cela lui faisait peur et qu'une parte d'elle se fatiguait déjà rien qu'à l'idée de tout ce qu'il y avait à faire. Elle continua sa peinture, le voyant déjà sur le mur d'une galerie d'art ou même dans un musée. Elle aimerait bien que Jean-Michel Folon la remarque, ce serait sûrement un de ces plus beaux rêves qui se réaliserait.
Mélanie continuait de peindre jusqu'à ce qu'elle perçoive un bruit sourd au loin et quelques gémissements. Il arrivait à Joe de gémir dans son sommeil donc elle ne se fit pas plus de soucis que cela. Elle se concentra à nouveau sur sa peinture, sur son œuvre qui prenait de plus en plus forme alors qu'elle était déjà dessus depuis un bon moment. Elle avait commencé un peu n'importe comment et maintenant elle voyait quelque chose de beaucoup plus précis et attirant donc elle essayait le plus possible de reproduire le tableau qu'elle voyait dans sa tête, employant plusieurs techniques de peinture.
Mélanie percevait quelques autres sons mais elle savait que parfois les tuyaux faisaient du bruit puis, elle était bien trop concentrée sur son œuvre que pour s'en faire de tout ce qui se passait autre d'elle. Il pourrait très bien y avoir un cataclysme qu'elle ne le remarquerait même pas. Elle perçut des pas dans le couloir, ou du moins des bruits sourds mais elle se disait que cela pouvait bien être un voisin et non Joe vu la dose de sédatif que le médecin lui avait donné. Elle continua de peindre encore et sentit des mains se poser sur ses yeux. Cette odeur lui était tellement familière qu'elle reconnût tout de suite qui c'était ; Joe.
« C'est plus simple d'humilier, de rabaisser et d'envoyer chier quelqu'un que d'admettre que tu l'aimes.
-Nathan Young »
***
Musique ; Marina And The Diamonds - How To Be A Heartbreaker
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