21 - Prendre soin
Mélanie s'arrêta précipitamment dans le parking de l'immeuble dans lequel ils avaient, autrefois, habités ensemble et où elle y vivait seule à présent. Elle était excessivement mal garée mais elle s'en foutait totalement parce que ce n'était pas ça qui comptait pour le moment mais plutôt l'état dans lequel Joe était. Elle avait l'impression que sa respiration se faisait plus lente, plus silencieuse et plus saccadée, mais aussi irrégulière et inexistante. Elle n'avait pas envie qu'il lâche maintenant alors qu'elle se rendait compte que la vie était trop courte que pour être rancunière à vie sur des choses qui seraient peut-être que des « banalités ».
Les raisons du départ de Joe de sa vie ne sont pas des banalités mais pour le moment, sur le coup, ça l'étaient. Parce qu'elle s'en fout éperdument, vu l'état dans lequel était l'homme qu'elle aimait. Elle s'en foutait parce qu'il planait et qu'il respirait de plus en plus difficilement. Elle pourrait lui dire n'importe quoi qu'il partirait dans son petit monde de défoncer. Elle sortit de la voiture et ouvrit l'autre portière. Elle ne savait pas du tout comment elle pourrait transporter le blessé jusqu'à son appartement, montant 4 paires d'escaliers. Elle ne savait pas et croisa les doigts qu'elle se rappelait qu'il y avait un ascenseur pour qu'il fonctionne.
Mélanie aida Joe à sortir de la voiture, sachant qu'il était incapable de quoique se soit. Elle le supporta sur son épaule, ne sachant pas le porter parce qu'elle n'avait presque pas de force et qu'il était bien plus lourd qu'elle et bien plus musclé, mais il y avait aussi la différence de taille qui jouait de pair dans les facteurs qui démontraient qu'elle ne pourrait pas le porter tout court et encore moins comment lui pourrait la porter si les rôles avaient été inversés. Le fait que ses bras étaient en sang et déchiquetés par endroit l'importait tellement peu, parce que c'était celui qu'elle aimait qui comptait pour le moment et il n'y avait que lui et uniquement lui.
Mélanie appuya sur le bouton de l'ascenseur et celui-ci semblait coopératif puisqu'il fonctionna alors qu'habituellement, il envoyait chier tout le monde. Elle pénétra dans la cabine métallique, supportant toujours une très grande partie du poids de Joe. Elle appuya sur le bouton pour aller jusqu'au quatrième étage et elle espérait fortement que celui-ci accepte de la conduire jusque là, qu'il ne se bloque pas entre temps et que les portes s'ouvriront bien quand ils seront à destination et que personne ne prendra l'ascenseur. Elle espérait tellement de choses et rien en même temps au point qu'elle en perdait presque la tête. Elle croisait les doigts pour « Pumba » parce qu'elle n'avait pas envie de le perdre alors qu'il était son meilleur ami d'enfance et qu'il l'avait protégé le plus qu'il le pouvait, elle et Joe de ce qui était en train de les tuer.
L'ascenseur s'arrêta au quatrième étage, les portes s'ouvrant. Mélanie en sortit, avec Joe sur l'épaule. Elle peinait encore à le tenir, tellement qu'il était plus lourd et plus grand qu'elle. Son cœur palpitait dans sa poitrine parce qu'elle allait vraiment mal. Elle stressait tellement par rapport à celui qu'elle aimait, que sa respiration et ses battements cardiaques en prenaient un sacré coup. Elle chercha après sa clé qu'elle trouvait après au moins une minute de fouille archéologique endiablée et rythmée par le stress qui la contaminait de plus en plus. Elle ouvrit la porte et accouru jusqu'au canapé. Elle y allongea Joe, tant bien que mal et retourna pour fermer la porte.
Mélanie colla son dos à la porte et se laissa glisser. Elle fondit en larmes sur le sol alors que Joe continuait toujours de planer sur le canapé. Elle se demandait combien de feuilles de cannabis il avait du fumer parce que pour continuer de planer alors que sa dernière latte était il y a encore quelques heures et qu'il ait vécu entre temps un assaut, une attaque d'un gang sur un autre ; il fallait vraiment que la dose soit énorme. Elle se demandait s'il n'avait que du cannabis dans l'organisme ou s'il n'avait pas quelque chose de plus fort encore en lui. Surtout qu'en plus, il puait le cannabis à des kilomètres à la ronde.
Mélanie se leva, s'aidant de ses mains pour ne pas prendre l'équilibre tandis que son corps tremblait encore sous les quelques sanglots qui la parcouraient. Elle avait mal au cœur de voir celui qu'elle aimait ainsi et elle se doutait bien que les choses étaient ainsi faites. Là où il y a une balle, il y a une balle et là où il y a un mort, il y a un mort et c'est comme ça que le cours du destin fonctionne et pas autrement. Elle essayai d'éviter de penser que celui qu'elle aimait pouvait mourir à tout moment et que sa vie était entre ses mains, entre celles de « Pumba » et du médecin qu'il aura appeler pour se charger de Joe dès qu'il aura régler une « petite affaire ». Elle se doutait bien de la « petite affaire » qu'il devait régler et elle espérait qu'il n'y laisserait pas sa peau sinon, il ne pourrait pas appeler de médecin et elle aurait deux morts au lieu d'un seul ou d'aucun.
Mélanie se positionna juste à gauche de Joe et passa sa main sur son front, plaquant quelques mèches de cheveux vers l'arrière. Elle grimaça parce que ses yeux et son cœur ne supportaient pas la vue d'un Joe mourant sur son canapé avec du sang qui coulait de partout et qui peinait encore à respirer mais qui continuait toujours de planer. Elle avait tellement mal, son cœur se comprimant sûrement bien plus que le blessé. Elle n'avait pas envie qu'il meurt alors qu'elle était presque prête à accepter de lui donner une seconde chance –plutôt une nouvelle chance- sans demander des explications concrètes quant à son départ. Elle se rendait compte de la valeur de la vie, de son importance maintenant qu'elle était sur le point de perdre l'un des êtres qui lui étaient dès plus chers.
-Mélanie..., murmura Joe.
L'intéressée cligna plusieurs fois des paupières, tournant enfin le regard vers le visage presque pâle comme un cadavre de celui qu'elle aimait. Un nouveau pincement au cœur se produisit, plus fort et plus puissant que jamais. Elle se demandait comme son corps pouvait encore tenir, sûrement parce que si elle ne tenait, Joe en mourrait. Elle ferma les yeux et opina de la tête pour lui montrer qu'elle était à son écoute et au point où elle se trouvait, elle était capable d'entendre tout et n'importe quoi, elle n'était plus à cela près de toute manière. Ce n'était pas comme si elle allait gober une nouvelle couleur de la vie puisqu'elle avait déjà eu le droit à toutes les couleurs du monde ; même celles qui n'existaient pas encore ou qui n'existeront jamais.
-Je m'en veux, tu sais, commença-t-il avec sincérité. Je m'en veux tellement de tout ce que je t'ai fais subir, tu ne le méritais pas..., ajouta-t-il en détachant chaque mot pour reprendre sa respiration. Tu n'aurais jamais du connaître de telles choses mais je me devais de te protéger, dit-il en posant sa main droite sur les mains de la jeune qui étaient posées sur son abdomen au niveau de la plaie, il pressa le tout légèrement et retenu une grimace. Je suis parti parce que... Parce que je ne voulais pas te mêler dans mes affaires assez... Complexes, peinait-il à dire. J'ai eu des problèmes avec un gang chinois qui était lié avec la mafia italienne de la ville... Je te laisse deviner dans quel pétrin je m'étais royalement fourré..., articula-t-il difficilement, avalant sa salive avec pas mal de difficulté. Je ne voulais te mêler à tout cela alors je suis partie le temps que tout s'apaise... Désolé d'avoir merdé et d'avoir été le plus gros con de la planète... J'espère que tu me pardonnes..., conclu-t-il en murmurant.
Joe ferma les yeux, tentant d'inspirer le plus qu'il pouvait alors que Mélanie était encore un état de choc. Des problèmes avec la mafia italienne et un gang de chinois ? Il était sérieux ? C'était donc ça ses « problèmes personnels à devoir gérer tout seul loin d'elle » ? Une part d'elle avait envie d'y croire mais d'un autre côté non. Elle n'avait pas envie d'y croire parce que lui semblait tellement impossible qu'il ait pu se mettre dans un tel pétrin mais l'amour qu'elle lui portait, qui la rendait aveugle y croyait dur comme fer et était déjà en train de défendre le jeune homme dans sa boîte crânienne. Elle passa de nouveau sa main dans ses cheveux et sourit tendrement au jeune homme en croisant les doigts pour que ce foutu médecin rapplique dans les minutes qui suivent.
« Avant de vous diagnostiquer dépressif ou en faible estime de vous-mêmes, commencez par vous assurer que vous n'êtes pas juste, en faite, entourés par des trous de cul.
-William Gibson »
***
Musique ; Love Me or Leave Me - Little Mix
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