19 - « Pumba »

Mélanie sourit doucement, tout de même contente que « Pumba » l'avait reconnu et se souvenait d'elle malgré le temps qui s'était écoulé depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Elle ne savait pas ce que Joe faisait là et elle se demandait bien le pourquoi du comment mais essayait que cet homme ne prenne pas à nouveau possession de ces pensées alors qu'elle revoyait enfin un autre homme qui avait été une sorte de pilier dans sa vie. Il l'avait tellement aidé quand elle sombrait et même s'ils avaient eu quelques accrochages et qu'ils avaient été un peu plus loin que de l'amitié pendant un certain temps sans avoir de sentiments et qu'ils avaient passés des bons moments. Ils avaient déjà baiser, souvent sous l'emprise d'alcool et de drogue.

Mélanie le regardait avec attention alors qu'il souriait aussi. Ils ne s'étaient pas encore dit un seul mot mais, le message passait par leurs yeux. Ils se parlaient à travers leurs orbes toutes les deux vertes émeraudes, même si celles de la jeune femme était légèrement plus foncée et celle de « Pumba » était plus claires. Elle le connaissait depuis l'époque du bac à sable et les souvenirs affluaient à nouveau. Elle doutait que cela avait été la meilleure idée de toute sa vie de revenir voir cet ami d'enfance qui n'était clairement pas l'une des meilleures fréquentations qu'elle avait pu avoir durant son enfance et son adolescence. Cela faisait bien cinq ans qu'ils ne s'étaient pas vus et elle ne trouvait rien à dire ; parce que son ami était beau et séduisant –bien plus qu'avant- mais qu'il avait été entamé par son rôle, le danger et l'adrénaline de « son métier ».

-Ca faisait vraiment longtemps..., dirent-ils en chœur.

Ils rirent ensembles, alors que les souvenirs affluaient dans leur boîte crânienne et qu'ils se percutaient contre les parois de ceux-ci. C'était autant des bons moments d'enfances, que des conneries d'adolescents parce qu'il fallait l'avouer, « Pumba » avait une préférence pour Mélanie quant au fait de faire les quatre cents coups avec une personne de sexe féminin. Il la préférait à toutes ces autres amies, malgré que certaines soient plus proche de lui que la jeune femme, simplement parce qu'elle avait plus d'humour, qu'elle avait un brin de folie plus grand, qu'elle avait véritablement besoin de s'évader et de changer d'air mais surtout, parce qu'elle ne perdait pas le nord et quand elle faisait les choses, c'était à fond et jusqu'au bout.

-Tu as bien changé, dites donc, s'exprima « Pumba ».

-Je te retourne le... Compliment, renchérit la jeune femme, un petit éclat de rire entre les dents.

« Pumba » rit avec elle. Ils s'entendaient encore bien et s'en voulaient un peu chacun de leur côté de ne pas avoir gardé un minimum de contact avec l'autre. Il ne l'avait pas dit à la jeune femme, mais il la protégeait depuis tout ce temps. Il veillait sur elle depuis que Joe s'était pointé un jour à son bureau et lui avait demandé de la protéger parce qu'il ne serait peut-être plus jamais pour le faire en expliquant dans quel merdier il s'était fourré. C'était le seul qui était vraiment au courant et il avait donné sa parole d'honneur de ne pas répéter à la jeune femme ce que cet homme lui avait dit. Maintenant qu'elle était devant lui, il essayait tant bien que mal de retenir sa langue dans sa poche. Il prit une taffe de son cigare, l'expirant en fermant les yeux.

-Tu deviens quoi, au juste ? Demanda-t-il assez soudainement, brusquant la jeune femme.

-Je continue mes études d'art. Je suis dans ma dernière année, enfin. Je pensais, un jour, ouvrir une galerie d'art avec mes œuvres dedans..., répondit-elle, la voix légèrement cassante.

« Pumba » fronça les sourcils. Il avait essayé de se convaincre du contraire, que cela ne pouvait pas être vrai mais la vérité était bien plus que flagrante et il n'arrivait pas à y faire face. Il n'arrivait pas à se dire que celle qu'il jugeait comme étant sa meilleure amie depuis le bac à sable et qui était la seule en qui il avait encore confiance, était complètement détruite et semblait plus que bas que jamais. Il ne l'avait jamais vu aussi faible, petite et brisée. Même durant leur adolescence, il ne l'avait pas vu ainsi alors que quelques fois –qui se comptait que sur les doigts d'une main- elle avait pleuré dans ses bras. Il ne pouvait pas accepter qu'elle ne soit aussi mal, pas elle qui était la petite fille, l'adolescence, la femme, la plus forte qu'il connaissait.

-Tu es sûre que ça va... ? Demanda-t-il, une pointe d'inquiétude dans la voix.

Mélanie secoua la tête légèrement et doucement de droite à gauche, exprimant ainsi une réponse négative. Elle n'allait pas bien. Elle allait tellement mal et elle ne comprenait pas pourquoi elle n'était pas allée le voir plus tôt alors que quand Élizabeth n'avait pas trouvé les mots pour la consoler, c'était lui qui les trouvait. Il avait agit comme un frère pour elle, depuis toujours, même comme un grand frère protecteur. Il avait presque deux ans de plus qu'elle et il l'avait toujours protégé de n'importe quel danger, notamment en la tenant un minimum à l'écart de ses affaires sales et répugnantes. Il l'avait tenu à l'écart pour ne pas la mettre en danger surtout et pour ne pas la blesser et la marquer à vie parce qu'il n'était pas sûr qu'elle supporterait de voir un homme se faire tuer sous ses yeux alors que c'était, en quelque sorte, son quotidien à lui ; surtout depuis qu'il était le chef suprême de ce gang –un des plus effrayants et redoutés de Pittsburg.

-Qu'est-ce qui ne va pas ? Questionna-t-il.

-Joe Manganiello..., commença-t-elle. Ma mère..., rajouta-t-elle. Puis, j'ai sombré de nouveau..., conclu-t-elle.

« Pumba », qui était son vrai nom contrairement à ce que tout le monde croyait, secoua négativement la tête. Il était mécontent qu'elle recommence à avoir mal comme ça, à sombrer de nouveau dans des litres et des litres d'alcool ainsi qu'une passion dévorante pour l'art et la solitude. Elle se refermait sur elle-même, buvait comme un trou jusqu'à être à la limite du coma éthylique, fumait jusqu'à en avoir les yeux injectés de sang alors que ce n'était que de la nicotine, baisait avec n'importe qui sans se soucier de qui cela pouvait bien être, ne parlait à personne, ne faisait que de peindre jusqu'à en avoir une tendinite dans tout le côté droit de son corps. Elle succombait sous une passion, un désir inhumain qui la tuait petit à petit, à petit feu.

« Pumba » détestait tellement la voir ainsi, parce que même s'il était le chef suprême du plus grand gang de la ville mais aussi le plus redouté, il avait quand même un cœur surtout si cela concernait une personne qu'il aimait, dont Mélanie. Elle savait qu'elle avait fait le bon choix en venant, même si elle ne s'attendait pas à y voir un Joe Manganiello complètement défoncé et en train de planer en l'appelant doucement d'une voix à peine audible. Elle ne savait même plus où elle devait avoir de la tête, entre Joe qui était pas loin et dans un état lamentable, entre sa mère à qui elle avait raccroché au nez après avoir dit ses quatre vérités et la discussion qu'elle avait avec son meilleur ami d'enfance qu'elle avait perdu de vues depuis plus de cinq ans.

-Je vais t'avouer que, tu ne dois pas sombrer. Je t'en prie, sors de là sinon tu vas te tuer. Puis, pour ta mère, j'aimerais vraiment pouvoir faire quelque chose mais je doute en être capable même avec tous les moyens que j'ai. En ce qui concerne Joe, il est ici parce qu'il m'a demandé protection le temps que ces problèmes s'arrangent et qu'il ait le courage de tout t'expliquer. Je crois bien que c'est le bon moment, parce que tu sais autant que moi qu'il est plus facile de faire parler quelqu'un complètement défoncé qu'une personne en étant normal et qui, de plus est, complètement têtu. Puis, les passions ne sauvent pas toujours, elles finissent tout de même par tuer quand elles sont en excès, alors évite de sombrer à cause d'elles, s'expliqua « Pumba ».

Mélanie opina derechef, se levant de la chaise sur laquelle elle s'était assise auparavant, en entrant dans la pièce et juste en face de son meilleur ami d'enfance. Elle ne souriait plus, mais tenta quand même pour apaiser son meilleur ami qui n'y voyait pas que de feu. Il voyait bien que c'était une tentative défectueuse mais se ravisa de faire part de cette remarque à la jeune femme. Il alla ouvrir la porte et la laissa passer devant lui, restant sur ses talons. Ils s'approchèrent doucement de Joe qui planait toujours. Elle voulait le faire parler, mais dans le calme et en tête-à-tête, dans leur ancien appartement. Elle ne savait pas comment elle le transporterait jusque là, mais « Pumba » avait déjà son idée derrière la tête. Ils se connaissaient depuis toujours, il devait bien cela à la jeune femme.

« Les passions sont toutes bonnes de leur nature et nous n'avons rien à éviter que leurs mauvais usages ou leurs excès.
-René Descartes »

***

Musique ; Rihanna - What Now



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