18 - Retrouvailles

Mélanie était toujours dans cette rue et voyait un groupe de cinq jeunes, de couleur noir de peau et quelques muscles apparents. Elle avait l'impression qu'ils se dirigeaient droit sur elle et ils avaient une allure nonchalante dans leur démarche. Il avait le bassin légèrement pousser vers l'avant et les épaules courbées vers l'arrière et il marchait ainsi, une dégaine de « mauvais garçons » rajouter à la démarche pour censé faire peur à l'autrui mais comme la jeune femme avait longtemps fréquenté ce genre de personnes, elle savait quoi dire et quoi faire pour ne pas se faire avoir comme une pigeonne. Déjà, il fallait éviter de montrer qu'on avait peur et faire croire que c'était tout à fait normal de se retrouver ici, comme si c'était là qu'on avait toujours vécu même si on n'était pas du coin.

Mélanie ne baissa même pas la tête, les regardant presque chacun d'entre eux droit dans les yeux. Il y en avait quand même un qui se démarquait des autres, notamment parce qu'il était pile au milieu de la bande aux nombres impairs, mais aussi parce qu'il était mit plus en avant par les autres membres et qu'il avait une allure et une dégaine plus importante. Il montrait l'exemple, en quelque sorte, même si ce n'était pas vraiment le bon, ou du moins celui à suivre parfaitement. Elle n'avait pas envie de baisser ni les yeux ni la tête. Elle avait envie de prendre ses « couilles » en main, comme si elle était un mec qui s'aventurait ici sans trop savoir pourquoi même s'il avait quelque chose à se prouver. Elle n'en avait pas alors elle utiliserait plutôt l'expression « porter ses ovaires » mais elle évitait de se le répéter dans sa tête pour ne pas sourire et ainsi blesser l'orgueil, la dignité, l'égo et la fierté de tous ces individus surtout du chef.

-Qu'est-ce que tu fous là toi ? Tu n'étais pas censée pleurer dans les jupes de ta maman ? S'exclama celui qu'elle prenait bien comme étant le chef.

Les autres rigolèrent avec le leader mais les mots ne blessèrent même pas la jeune femme. Elle continuait de marcher vers eux avec un rictus en coin sur ses lèvres. Ils s'arrêtèrent rapidement, ne comprenant pas pourquoi elle arborait un tel sourire après de tels mots, pourquoi elle ne réagissait pas comme ils l'avaient prévu et pourquoi elle ne réagissait pas comme ils s'y attendaient. Ils s'arrêtèrent carrément de marcher et rapidement, la brunette arriva à leur hauteur, les mains toujours dans les poches mais en dégageant un charisme qu'elle-même ne se connaissait pas. C'était presque si ce n'était pas le gang qui avait peur de la jeune femme et non le contraire.

-Je cherche après « Pumba », ne seriez-vous pas au courant de là où il se trouve ? Demanda Mélanie, avec toujours ce même rictus en coin sur le bord des lèvres.

Les afro-américains se trouvant devant elle froncèrent tous les yeux, se demandant d'où elle connaissait « Pumba ». Ils se jetèrent quelques regards, se demandant les uns les autres s'y s'était le bon choix de la conduire jusqu'à leur tout grand chef. C'était une mauvaise idée s'il ne la connaissait pas et qu'elle était une envoyée de la police, mais c'était une mauvaise idée aussi de ne pas l'y conduire alors qu'elle pourrait très bien le connaître. Le chef se racla la gorge, suivit de tous les autres. La jeune femme les voyait comme de petits moutons qui suivaient « le chef de meutes ». Cette pensée augmenta son sourire et cela mis mal à l'aise quelques-uns des hommes devant elle.

-Que veux-tu à « Pumba » ? Rétorqua le chef, conscient que c'était la meilleure question qu'il pourrait lui poser.

-C'est un ami d'enfance et ça faisait longtemps que je ne l'avais pas vu, alors je viens lui rendre une petite visite, répondit immédiatement la jeune femme.

Vu la vitesse à laquelle elle a répondu, ils se dirent tous qu'ou bien elle avait préparé sa réponse bien avant de se pointer dans cette rue, ou bien c'était la simple vérité. Ils ne savaient pas vraiment faire la distinction entre les deux mais en détaillant la jeune femme de la tête aux pieds, il comprenait qu'elle pourrait quand même bien être du genre de fréquentions féminines que pouvaient avoir leur chef suprême. Mélanie ne se sentait même pas mal à l'aise sous leurs regards, parce que même s'ils étaient des étrangers à ses yeux et qu'elle ne les reverrait sûrement jamais, elle avait l'habitude de se faire relooker pour ce type d'individus.

-Venez avec nous, s'enquit le chef qui avait marre de se demander si elle était bien une amie ou non de « Pumba ».

Mélanie opina de la tête, les suivant ensuite même si elle restait tout de même un peu en retrait. Elle savait très bien, pour le nombre de fois qu'elle avait accompagné « Pumba » ou encore l'un de ses acolytes dont elle pouvait être très proche ou pas spécialement, que dans les gangs, ils préfèrent que l'on reste en retrait pour ne pas se mêler de leurs affaires mais aussi pour ne pas être une oreille de trop parce que le meilleur dans les gangs, c'est quand le moins de personnes étaient au courant de ce qu'il se passait. Tous les afro-américains regardaient leur chef avec étonnement mais ils ne se s'opposaient pas à sa décision, sinon ils risquaient leur peau.

-Quel est votre nom charmante demoiselle ? Questionna soudainement la chef à la jeune femme.

-Mélanie Graham, rétorqua-t-elle directement, du tac-au-tac.

La brunette avait eu envie de dire « ta mère » ou quelque chose dans le genre mais elle savait tout de suite que cela serait très, mais très, mal perçu par tous les membres du gang dans son entièreté mais principalement par l'intéressé. Même si elle pouvait demander la protection de « Pumba ». Elle ne savait même pas si elle serait encore en vie à ce moment-là si elle avait dit quelque chose de vulgaire à l'afro-américain. Elle avait préféré donner son nom, c'était plus prudent. Elle continua de les suivre jusqu'à une maison légèrement en retrait par rapport aux autres où il y avait déjà quelques afro-américains sur le perron avec quelques femmes aussi, de toutes les couleurs de peau, et pour la plupart assez peu vêtue malgré l'air et le vent froid.

-C'est « Crève Serpent », dit le chef du gang en tapant deux fois sur la porte, puis trois fois, et à nouveau deux fois.

Mélanie supposait que c'était une sorte de code pour que l'on reconnaisse les vraies membres du gang et ceux qui se faisaient passer pour l'un des leurs. Elle se doutait bien que « Crève Serpent » était le nom de que l'on avait donné au jeune afro-américain –ou qu'il l'avait choisit lui-même - dans le gang mais que dans la vie de tous les jours, il pourrait très bien se prénommer « Viktor Teddy » ou encore « Jean-Eudes Gibert ».

Mélanie les suivirent jusque dans la bâtisse, trouvant des personnes à moitié défoncée. Elle regardait chacune de ses personnes, sans vraiment les regarder. Et ils faisaient la même chose avec elle. Quelques bruits suspects de parties de « jambes en l'air » venaient depuis le second étage. Ils tournèrent sur la gauche, pénétrant dans un long couloir assez sinistre. Elle se demandait jusque quand durerait le cliché du gang afro-américain. Dans une autre pièce, dans laquelle ils passèrent rapidement se trouvaient d'autre individus complètement défoncés qui planaient sûrement bien haut. Elle entendit un faible « Mélanie » et se retourna, cherchant du regard qui pouvait bien avoir murmure son prénom. Puis, elle vit Joe, assit dans l'un des fauteuils qui la fixait avec un feu ardent dans le creux de ses pupilles mais ne la regardait pas vraiment non plus.

Mélanie eut un pincement au cœur mais suivit le chef du gang qui était encore le dernier qui restait de toute la bande. Elle ne savait même plus quand les autres les avaient abandonnés. Elle se mordit la lèvre inférieure alors qu'il pénétrait dans un autre couloir et elle se demandait si cette maison était vraiment une maison ou plutôt un labyrinthe. Elle arriva devant une porte qui devait sûrement mener à la cave, qui devait être le bureau de « Pumba ». Elle ferma les yeux et toqua, étant à présent seule puisque « Crève Serpent » l'avait abandonné là. Elle entendit un bref « oui » et ouvrit la porte. Elle ne tombait pas sur un escalier qui menait ensuite à une cave mais plutôt à un bureau ou l'un de ses amis d'enfance était assit derrière et fumait tranquillement un cigare. Il prit une mince émerveillé en la revoyant, enfin, en chair et en os. Il donnait protection à Joe, parce qu'il connaissait Mélanie.

« Les mensonges courent des sprints, mais la vérité court des marathons.
-Michael Jackson »

***

Musique ; Some Week Everyday - Snoop Dog (Dubstep Remix)


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