13 - Baiser
Mélanie s'écarta doucement, n'arrivant pas à croire ce qui était en train de se passer. Même sans être véritablement en « couple » avec lui, il avait encore une certaine et putain d'emprise sur elle, sur ses gestes, sur ses pensées, sur ses comportements et sur ses attitudes. Elle essayait de se défaire de celle-ci, alors qu'elle croyait qu'elle en était débarrassée mais cette emprise n'était jamais partit. Elle inspira un grand coup alors que le baiser venait de se rompre, qu'elle y avait participé et qu'elle regrettait presque déjà surtout en voyant le sourire triomphant que Joe avait collé sur ses lèvres.
Mélanie prit une mince choquée parce qu'elle n'arrivait pas à réaliser que même après tout ce qu'il lui avait fait, elle arrivait encore à tomber si facilement en lui. Elle ferma les yeux et contracta la mâchoire. Elle se détestait à présent, de l'aimer tellement qu'elle retombait pour elle en deux temps trois mouvements même après tout le mal qu'il lui avait fait subir et dont il n'avait sûrement pas idée, dont il ne réalisait sûrement pas l'ampleur ni la taille et encore moins la grandeur de cette douleur. Il avait laissé une cicatrice béante derrière lui, en partant et comme la jeune femme n'avait pas prit soin de la soigner, elle s'était élargie et avait prit encore plus de place.
Mélanie ne savait pas ce qu'elle devait faire. Si elle devait embrasser encore cet homme, le gifler, crier, rester silencieuse ou encore le faire éjecter de cet appartement qui pendant deux mois a été le leur. Elle ne savait plus quoi faire, mais elle recula tout de même, comme si cela lui permettrait de prendre du recul sur cette situation de plus en plus complexe, comme si elle ne l'était pas déjà assez de base. Elle inspira une grande bouffée d'oxygène parce qu'elle avait la nette impression d'étouffer dans son propre air. Elle avait le cœur qui battait la chamade dans sa poitrine parce que ce baiser, il l'avait rendu toute chose et qu'elle n'arrivait pas à prendre la mesure de cette cicatrice dans sa poitrine.
Mélanie se rendait compte que cette cicatrice qui avait prit toute la place dans son cœur, pour le peu qui restait de celui-ci, qu'elle avait commencé à guérir. Alors, qu'hier encore, elle était grande, saignante et qu'elle n'était du tout prêt à commencer à cicatriser, maintenant, le tout était cousu et commençait à se refermer comme il le fallait. Elle avait l'impression que cette partie de jambes en l'air et que ce baiser était en train de la guérir d'une douleur dont elle croyait ne jamais pouvoir s'en défaire, s'en débarrasser. Mais elle ne voulait pas que celle-ci parte ainsi, ce n'était pas normal à ses yeux. Il fallait qu'elle guérisse par elle-même et non à cause de celui qui est la cause de celle-ci.
Mélanie souffla et tenta de respirer comme il le fallait sous l'œil inquiet et aiguisé. Elle avait l'impression d'être dans une chute libre interminable. Elle avait l'impression de tomber, sans jamais rencontrer le sol. C'était comme ça la vraie douleur, tomber mais ne jamais toucher le sol avec toujours cette boule dans le ventre quant à toucher le sol et de la douleur qui sera encore plus grande à ce moment-là. Elle inspirait et expirait doucement pour essayer de réguler sa respiration mais elle restait encore irrégulière et totalement à côté de la plaque.
Joe se rapprocha de Mélanie, l'inquiétude bien lisible sur les traits de son visage. Il ne savait pas ce qu'il devait faire alors qu'il avait l'impression de la perdre, une fois de plus. Il n'aimait pas du tout cette sensation qui le prenait de partout, de tous ces pores. Il avait inspira un grand coup et prit la jeune femme par les deux épaules, pressant celles-ci de ces grandes mains. Elle avait les yeux qui devenaient de plus en plus gros et elle ne tenait même plus debout toute seule. Il la prit dans ses bras, la serrant fort tout contre son corps musclé.
Joe ne voulait pas perdre Mélanie, pas encore une fois. Il avait déjà failli la perdre une bonne dizaine, vingtaine de fois avant de se « caser » véritablement ensemble, en se mettant en couple. Puis, il l'avait perdu, totalement cette fois-là, quand il était partit il y a plus de cinq mois. Il l'avait « retrouvé » et il avait l'impression de la perdre à nouveau mais en étant là cette fois. Il ne supportait pas cette sensation que même en étant de retour et en étant présent pour elle, il était en train de la perdre. La sensation de perte est sûrement la plus dure, la plus sadique, la plus glaciale, la plus puissante, la plus douloureuse de toutes les sensations, même dans les plus mauvaises. Il y avait le droit, à cette sensation que tout humain essaye de fuir, parce que c'est tellement mieux de fuir la douleur que de l'affronter de face et de se la prendre en pleine gueule.
-Ca va ? Demanda-t-il en regardant la jeune femme dans les yeux alors que lui n'allait pas bien.
Voyant qu'elle ne répondait pas, il la déposa sur le plan de travail et passa sa main dans les cheveux bruns foncés de celle qu'il aime toujours. Il voyait bien qu'elle n'était pas bien mais le fait qu'elle ne réussisse même pas à lui répondre alors qu'elle essayait tout de même entre deux respirations insuffisantes alors qu'elles sont quand même grandes et espacées, cela confirmait encore plus ses pensées et donc sa panique grandissait et la peur prenait de plus en plus de place dans ses pensées. Il ne savait pas quoi faire, n'ayant jamais eu avoir à faire avec quelqu'un qui était en manque d'oxygène et sur le point de s'évanouir. Il était sur le point de faire un mélange entre une crise de panique et une crise d'angoisse ce qui n'arrangeait pas ni Mélanie ni lui.
Mélanie tomba vers l'avant, dans ses bras. Elle essayait de caler sa respiration sur celle de Joe, alors que sa tête reposait sur son épaule gauche. Mais elle n'y arrivait. Quelque chose bloquait sa trachée, la rendait plus petite encore et elle ne savait pas ce qu'elle pouvait faire pour essayer d'être normale, d'avoir une respiration normale ou du moins, sa respiration habituelle, une adéquate. Elle ferma les yeux et se laissa bercer, essayant de voir si en se concentrant sur autre chose que sa respiration qui partait en couilles, si elle ne se remettrait pas comme il le faudrait. Elle huma le parfum, l'odeur typiquement masculine de celui qu'elle aimait et cela la calma intérieurement mais sa respiration ne suivit pas le même chemin. Une sensation de chute s'empara de son corps et ce fût le trou noir.
« L'instant est béni. Tout le reste est souvenir.
-Jim Morrison »
***
Musique ; When You're Gone - Avril Lavigne
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