Mélanie se mordit la lèvre inférieure alors que son cœur battait la chamade dans sa poitrine. Joe avait toujours les mains dans les poches et la regardait fixement, des petites flammes ardentes dans le tréfonds de ces pupilles. Elle n'osait pas le regarder dans les yeux et fuyait toujours ses yeux, trouvant toujours quelque chose d'autre à examiner. Elle inspira un grand coup, se jetant sûrement dans la gueule du loup mais elle en avait marre de perdre son temps en tournant autour du pot et dans ce silence de plomb très pesant.

-Qu'est-ce qui te ramène ici ? Demanda Mélanie, relevant ses yeux sur ceux de Joe.

Celui-ci fronça les sourcils. Pour lui, cela lui paraissait totalement logique, les raisons de son retour à Pittsburg mais c'était bien le seul à le savoir. Il avait abandonné tout le monde et n'avait donné plus aucun signe de vie. Il était le seul à savoir pourquoi il était revenu, même si ce serait encore relativement facile de le deviner. Mais personne avait envie de deviner les raisons du retour de quelqu'un dans les raisons de son départ, de son éloignement sont encore inconnues à tout le monde. Elle avait besoin de réponse mais préférait partir d'une autre base pour ensuite diverger sur celui-ci qu'elle aimerait tellement aborder mais qu'elle n'ose pas. Elle avait peur d'entendre ce qu'elle ne voulait absolument pas entendre. Cela pouvait se comprendre, aussi.

-Pour toi, déclara-t-il d'un ton détaché.

Mélanie ne su contrôler le sourire qui lui frôla les lèvres pendant un instant. Mais il disparût rapidement, quand elle se souvient qu'il était partit alors qu'elle était là pour lui, alors qu'elle était avec lui et que même s'ils continuaient de temps à autre à jouer ensemble et à se tourner autour, elle était quand même tout à lui. Elle ne comprenait pas pourquoi il était partit alors qu'ils avaient une relation stable et sûrement l'une des plus belles histoires d'amour de l'histoire malgré tous ces bas. Ils avaient de tels beaux « hauts » qu'ils avaient le droit à ce titre.

-Si tu es revenu pour moi, pourquoi tu es parti alors que j'étais là ? Renchérit la brunette.

Mélanie se pinça les lèvres entre elles alors que le jeune homme les fixait, se mordant au passage sa lèvre inférieure. Elle essayait de résister à l'envie et le désir vraiment très fort de l'embrasser, parce que ce n'était pas bon. Il était parti, la laissant seule sans explication pendant cinq mois et maintenant, il revient, il dit qu'il le fait pour elle et il se mord la lèvre inférieure et il aurait déjà le droit à un baiser ? Il ne fallait quand même pas prendre la brunette pour une conne non plus ou une conquise. Même si elle lui « appartenait » en quelque sorte, ce n'était pas vraiment le cas, surtout depuis qu'il s'était cassé dans même demander son reste. Même si la connerie est illimitée, la débilité et l'absurdité quand à elles, ont une limite.

Mélanie voyait bien qu'elle mettait Joe mal à l'aise. Elle l'avait directement confronté à la question gênante alors que la discussion venait à peine de commencer. Mais celle-ci avait déjà passé la barre de ses lèvres avant même qu'elle n'ait pu la retenir ou même avant qu'elle n'ait eu le temps de la penser. Elle était sortie toute seule et maintenant elle attendait une réponse avec impatience, croisant les bras sous sa poitrine et en prenant un air sérieux et contrarié. Elle n'avait pas envie de lui donner tout le temps dont il aurait besoin pour lui répondre et lui donner déjà sa seconde chance. Elle n'avait pas envie de lui donner une nouvelle chance alors qu'il s'était cassé comme un connard, sans avertir personne de ce qu'il comptait faire et sans avertir non plus personne de l'endroit où il se rendait. Pas même ses meilleurs amis étaient au courant, ni Jack ni Shane.

Mélanie commençait vraiment à perdre patience. Il avait le regard rivé sur ses lèvres et cela la dérangeait mais elle essayait du mieux qu'elle le pouvait de cacher sa gêne, son malaise pour ne pas qu'il en profite. Puis, en plus de cinq mois, il avait bien le temps de préparer une réponse à cette question auquel il aurait du se douter et se préparer. Mais ce que la brunette ne savait pas, c'était que Joe s'était tout le temps poser cette question durant cette longue absence et qu'il avait trimé à en trouver une réponse qu'il n'avait toujours pas. Il ne savait pas quoi lui dire pour ne pas dire ce qu'il avait durant cette absence. Il n'avait pas le droit de le dévoiler et cela le dérangeait parce qu'il aurait préféré cracher et crier la vérité à cette jeune femme qu'il aime plutôt que de le garder uniquement pour lui. Mais c'était pour leur bien.

Joe avait eu un pincement au cœur quand Mélanie était partie pour se rendre à ses cours ce jour-là, parce qu'il savait déjà qu'il partirait. Il se forçait de lui sourire malgré lui pour qu'elle ne se doute de rien. Elle ne devait y voir que du feu, comme tous ses amis même Shane et Jack. Il avait détesté leur mentir de la sorte et de plus, de prévoir des sorties avec eux alors qu'il ne serait plus là pour les faire. Il avait emballé toutes ces affaires le cœur lourd et ne répondait plus au téléphone depuis. Il avait du faire des choses qui ne lui convenait pas et qui n'était pas dans ses habitudes. Il avait préféré ne pas embraquer les personnes qu'il aimait dans le bordel dans lequel il s'était foutu. Il avait préféré s'éloigner, régler le problème et ensuite revenir s'il en avait le courage. Et il l'avait eu, bien évidemment, mais seulement pour celle qu'il aimait plus que cela lui était permis.

Il aurait tellement préféré qu'elle évite de lui poser la question. Mais elle n'avait pas pu faire autrement et il comprenait bien. Cette question concernant la raison de son départ l'avait titillé durant plus de cinq longs mois et il comprenait pourquoi elle la posait, cette question dès plus détestées, parce que si les rôles avaient été inversés, il n'aurait même pas attendu autant de temps pour la poser. Mais il voyait mal Mélanie faire tout ce qu'il avait fait durant ces cinq mois. Il souffla un peu départ en détournant enfin ses prunelles chocolatés des lèvres de la belle brunette parce qu'il sentait qu'il ne saurait pas y résister plus longtemps et que c'était mieux s'il regardait ailleurs. Surtout vu la façon dont elle se mordillait la lèvre inférieure couramment. Elle n'avait pas encore remarqué mais c'était devenu une sorte de toc depuis que Joe était partit.

-C'était pour... des problèmes... D'ordre... Personnels, répondit-il en cherchant un peu ses mots.

Mélanie prit un air vexé. Elle l'était aussi. Il était en train de lui mentir ouvertement, ou du moins, il lui cachait la vérité. Il ne lui disait pas tout et elle détestait cela plus que tout. Elle n'avait pas eu longtemps énormément de secrets pour lui, même s'il restait encore quelques zones d'ombres comme dans toutes les personnes humaines. Elle était vexée qu'il ne lui fasse pas assez confiance que pour le lui dire, que pour lui parler comme avant. Il avait l'air ailleurs aussi et cela la dérangeait, parce qu'elle n'était pas habituée à ce genre de chose. Puis, après autant d'absence et autant de temps à l'attendre –plus de cinq mois, ce n'est pas court- elle trouvait quand même qu'elle méritait des réponses sincères et adéquates, pas des bobards.

-Des problèmes d'ordre personnels ? Répéta-t-elle sur le ton de l'interrogation avec une mine toujours aussi vexée.

-Oui, rétorqua Joe en fronçant les sourcils face à la réaction de la brunette.

Mélanie détestait quand il faisait cela. Il la chamboulait tout entier rien qu'avec le son de sa voix, rien qu'avec un regard, rien qu'avec un geste et elle détestait cela. Tout comme elle le détestait, enfin elle le haïssait d'être partit sans même prévenir qui que se soit alors que c'est quand même la moindre des choses. Elle le détestait aussi de la faire l'aimer autant. Elle le détestait aussi d'être aussi vague avec elle, pas assez précis et de lui cacher la vérité. Elle le détestait pour l'effet qu'il avait encore sur elle après tout le temps qu'ils avaient passés loin l'un de l'autre. Elle le détestait aussi pour être ressurgit de sa vie, comme ça, d'un seul coup et sans même lui envoyer un message ou encore de l'appeler.

-Des affaires d'ordres personnels ? Non, mais tu te fous de ma gueule là ? Ce n'est pas possible autrement ! Tu t'es cassé, sans même me prévenir ou me demander mon avis ! Tu n'as laissé aucun mot et aucun signe de vie ! Je te croyais limite mort, bordel de merde, Joe ! Je me faisais du souci pour toi alors que tu réglais tes « affaires d'ordre personnels » à la con ! Cria-t-elle en imitant les guillemets avec ses doigts. Dégage, laisse-moi tranquille ! Ajouta-t-elle alors que les lacrymales lui montait aux yeux.

-Mélanie..., tenta désespérément Joe.

-Tu es parti Joe au moment où j'avais le plus besoin de toi. Tu ne m'as même pas donné une seule explication. Tu n'as plus donné de signe de vie. Tu étais comme mort. Et maintenant, tu crois pouvoir revenir comme ça, comme si de rien n'était ? Laisse tomber d'avance, ça ne sert à rien, s'exclama-t-elle en ravalant ses larmes et en tournant les talons.

Mélanie était en train de partir, le cœur bon pour la décharge alors que Joe était resté là où il était, stoïque et n'avait pas bougé d'un poil. Elle venait de lâcher un poids qu'elle avait sur le cœur et il venait de se prendre une claque. Elle venait de dire ce qu'elle avait retenue depuis tellement longtemps et il venait de se prendre en pleine gueule ce qu'il redoutait tant d'entendre, surtout venait de celle qu'il aimait. Ils étaient tous les deux mal en point l'un envers l'autre.

« Aucun bonheur n'est possible dans l'ignorance, la certitude seule fait la vie calme.
-Emile Zola »

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Musique ; Warrior - Beth Crowley