02 - Sortie

Mélanie passa sa main dans ses cheveux, vérifiant sa tenue. Elle portait une robe relativement courte avec un décolleté pas trop plongeant quand même. Elle se respectait encore un petit peu, elle n'avait pas envie qu'on la prenne non plus pour une fille de joie. Elle s'en passerait bien, déjà que sa situation sentimentale était au raz des pâquerettes, qu'elle était plus en train de s'autodétruire parce qu'elle n'avait plus le goût de rien que de profiter de la vie et de sa jeunesse. C'était son excuse qu'elle employait à tout va, trouvant qu'il convenait comme une sorte de réponse universelle à toutes les questions qu'on pouvait bien lui poser.

« Je profite de ma vie et de ma jeunesse » disait-elle à chaque fois, plus qu'à elle-même qu'aux autres. Elle savait que ce n'était qu'une façade mais à chaque fois que cette phrase lui venait en tête ou qu'elle la prononçait, elle essayait plus de se convaincre elle-même que c'était le cas plus que tout le reste du monde autour d'elle, plus que sa conscience ou plus encore que son interlocuteur. Mélanie était ainsi, jouant avec la vie comme on peut jouer avec les dés, mais elle ne risquait pas de tomber sur « 7 », mais plutôt sur la mort. À moins que la mort se cache derrière le « 7 » ? Elle ne savait pas et n'avait pas envie de le savoir non plus.

Mélanie finit tout de même par attaché ses cheveux en une queue de cheval haute, trouvant que ses cheveux lâchés n'allaient pas. Ce n'était pas une coiffure convenable pour aller draguer les mecs en boîte et se bourrer la gueule, enfin c'était son avis sur le sujet. Elle se regarda dans la glace, passant les mains sur sa robe pour la « lisser ». Elle soupira, lasse, et enfila ensuite ses talons. Elle n'était pas petite, mais elle n'avait pas la taille minimale pour devenir mannequin qu'est le mètre septante (NDA ; France : soixante-dix) alors elle avait bien besoin de talons pour paraître moins petite aux yeux des danseurs et garçons. Elle avait envie de se gifler parce que ce mode de vie ne lui ressemblait pas mais cela lui convenait parfaitement dans le sens qu'elle avait envie de se bousiller.

Mélanie prit son cellulaire, regardant si elle avait un message mais personne ne lui avait rien envoyé. Elle ne pu s'empêcher de regarder sa messagerie avec Joe où elle lui envoyé des messages plusieurs fois par jour parfois ou parfois aucun par jour, mais il n'y avait qu'elle qui participait. Elle avait beau ne pas en envoyer ou en envoyer par vingtaine, elle ne recevait quand même aucune réponse alors elle avait rapidement abandonné et s'était contenté d'un tout petit rien mais sans plus. Elle n'en envoyait pas tous les jours mais ceux où elle n'envoyait rien, étaient quand même rares. Elle poussa un long soupir et rangea l'objet dans une petite pochette.

Mélanie se rendit jusqu'au salon, la pochette dans la main et ses talons claquant sur le sol. Elle n'arrivait pas encore à se dire que ce qui était « leur » salon était devenu « son » salon. De plus, elle ne l'aimait plus vraiment, hormis son canapé moelleux qu'elle avait ramené de chez elle. Ils avaient décidés de faire « moitié-moitié » pour les meubles et c'était elle qui était tombée sur le divan. Puis, elle n'aimait pas vraiment celui de l'homme qui était son petit-ami depuis presque 5 ans lorsqu'ils ont enfin emménagés ensembles. Elle essayait d'éviter de penser à lui, mais elle n'y arrivait pas. C'est en partant qu'on pense le plus à eux, et elle était tombée dedans. Elle n'avait jamais autant pensé à lui depuis qu'il avait déserté son monde sûrement pour tenir compagnie à celui d'une autre.

Mélanie avait eu longtemps peur qu'il ait été voir ailleurs, mais elle savait qu'il n'aurait jamais osé la tromper. Mais elle n'arrivait pas à lui trouver d'excuses, de raisons valables pour avoir agit de la sorte et elle ne connaissait même pas ces raisons. Elle avait presque envie de l'égorger sur place de ces mains s'il était –malheureusement pour lui- en face d'elle. Elle sortit un verre et ouvrit le robinet. Elle but le liquide transparent d'une seule traite et quand elle posa lourdement le verre sur le plan de travail de la cuisine non loin du lavabo où il y avait aussi le robinet, c'était à ce moment-là que la sonnette retentit dans tout l'appartement. Elle laissa le récipient en verre là où il se trouvait et se rendit jusqu'à la porte, prenant sa pochette au vol posée sur la table basse du salon.

Mélanie ouvrit sans même regarder dans l'œillet. Elle savait de toute façon pertinemment qui c'était. Élizabeth attendait devant le pas de la porte, vêtue d'une robe plus courte que celle de la brunette de couleur prune et était légèrement maquillée. Le décolleté de sa robe mettait sa poitrine en valeur tout comme l'entièreté de la robe mettait toutes ses formes et son corps parfait en valeur. La brunette se sentait affreuse et véritablement dégoûtante devant cette bombe qui lui servait de meilleure amie, non pas à temps partiel, mais constamment et sûrement depuis toujours.

Élizabeth jaugea la tenue de la brunette de haut en bas et lui sourit en retour, lui approuvant le résultat. Mélanie leva légèrement les yeux au ciel. Sa meilleure amie avait tenue à ce qu'elle l'accompagne une fois en soirée pour qu'elle sorte un peu de sa grotte, de sa taverne et depuis, elle l'accompagnait presque à chaque fois ou alors elle devait à sa meilleure amie si elle voulait l'accompagner. Il avait juste fallut qu'elle boive juste une seule fois et c'était repartit pour un tour. La brunette baissa les yeux sur ses talons haut couleur chair et sa robe noire moulante et lui arrivant à quelques centimètres des genoux mais sans le décolleté en « V » plongeant.

-Ne t'en fais pas Mélanie, tu es parfaite dans cette tenue. Ils vont tous te manger dans la main plus rapidement que la vitesse du son ou de la lumière, s'exclama Élizabeth comme si elle lisait dans les pensées de sa meilleure.

Mais Élizabeth lisait dans les pensées de Mélanie. Elle avait vu au regard que la jeune femme s'était lancée à elle-même que cela n'allait pas, qu'elle ne s'aimait pas et qu'elle se sentait tellement moche et inférieure face à elle alors qu'elle n'avait pas vraiment grand-chose à envier. Même un magnifique corps ne pouvait pas retirer le mal-être ou encore le malaise d'une personne mal dans sa peau depuis des années et des années. Elle avait le corps le plus parfait que le monde puisse exister mais elle ne se sentait pas toujours à l'aise avec celui-ci et cela, la brunette le savait et s'en voulait la plupart du temps où elle se comparait ou se jugeait elle-même.

-Désolée..., murmura Mélanie entre ses dents.

Élizabeth la prit dans ses bras et lui fit la bise en même temps. Elle la serrait fortement, prolongeant le câlin alors qu'elle savait très bien et bien plus que quiconque que la jeune femme avait toujours détesté les câlins. Mais elle lui en faisait quand même un, pour la peine et fût surprise au point que son corps se tendit lorsqu'elle sentit les mains de sa meilleure amie se poser dans son dos. Elle ne s'y attendait clairement pas parce qu'elle connaissait trop bien Mélanie que pour savoir que si elle répondait à un câlin, c'était que la fin du monde était dans la minute ou alors qu'elle était tellement mal que pour une fois, elle se pliait à cela et que cela lui faisait un petit peu de bien.

-Allez, on y va, décida Mélanie, se retirant de l'étreinte de son amie.

Mélanie en avait assez et elle n'avait pu s'empêcher de repenser à toutes les fois où Joe l'avait prit dans ses bras. Elle avait beau être déterminée à le faire sortir totalement de sa vie, à l'oublier dans son intégralité et de rayer de son existence tout ce qui se rapporte à lui ; elle n'y arrivait pas. C'était beaucoup trop dur pour elle, c'était déjà beaucoup trop difficile de penser qu'il n'était plus là. Elle secoua la tête légèrement, décocha un sourire à Élizabeth qui avait une mine peinée sur le visage.

Mélanie poussa doucement son amie dans le couloir, prit sa clef de maison et celle de voiture. Elle ferma derrière elle, mettant les deux clés dans sa pochette et prit sa meilleure amie par la main, la trainant en dehors de l'immeuble pour enfin se rendre à cette soirée qui aurait pu être banale mais qui en réalité s'annonçait mémorable. Les talons dans deux jeunes femmes claquaient sur le sol et dans les escaliers, comme si elles scellaient leurs destins de cette façon.

« Quand on aime quelqu'un, c'est effrayant comme on pense peu aux autres...
-Marcel Pagnol »

***

Musique ; Hozier - Someone New


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