Chapitre 8
— Bonsoir mon oiseau, ta mâtiné s'est bien passée ? demanda Laura sur son habituel ton affectueux.
— Euh... oui, tout va bien, mentit Fly.
Il ne voulait en aucun cas parler de ce qui venait de se passer.
— Tu es rentré plus tard que prévu, dis-donc ! fit remarquer la trentenaire, devant la réponse creuse de son interlocuteur.
— Oui, c'est parce que... j'étais chez Miss Lalie, elle a voulu me faire visiter sa cabane, qui n'est d'ailleurs pas toute proche.
— Ah d'accord, ça a dû lui faire plaisir que tu acceptes.
— Rien ne saurait lui faire plus plaisir que d'être accompagnée par quelqu'un à qui sourire, répondit Fly avec une once d'amertume.
Le silence emplit la cabane.
— Tiens d'ailleurs, se rappela Fly, j'ai acheté des fruits, des légumes, et... un journal...
Laura se retourna soudainement, le visage enjoué.
— Mais c'est super ça ! Ça fait un moment qu'on n'a pas pu cuisiner de fruits et de légumes frais, c'est super que tu sois allé à la serre. Donne-moi ça, je vais voir ce que je peux en faire.
Elle s'empara du panier en osier, qu'elle détailla d'ailleurs d'un regard ravi, puis sortit les différents aliments qu'elle étala sur le plan de travail. Elle les regarda en se frottant les mains.
— Tu préférerais quoi, mon oiseau ? continua-t-elle. De la tomate, ça t'irait ? De la tomate bien fraîche... A voir si elle sera sucrée, mais comme il fait beau, c'est assez probable.
Fly sourit tendrement. Sa tutrice était adorable.
— Oui j'adore les tomates, ça serait super ! répondit-il.
Pour la première fois depuis qu'il avait rencontrée Ella, il était vraiment joyeux.
— Laura ? demanda-t-il.
— Oui ?
Il hésita un instant, ému.
— Je t'aime Laura, je suis content d'avoir une tutrice aussi géniale que toi...
Des larmes dépassèrent de ses yeux, et il tira sur sa manche pour les essuyer.
— Oh, ne pleure pas, répondit la trentenaire, visiblement touchée aussi.
Elle s'approcha de lui et le prit dans ses bras.
— Moi aussi je t'aime, mon petit oiseau, et je suis contente d'avoir à m'occuper de toi.
Ils se relâchèrent bientôt et, après un regard tendre, Laura retourna à la cuisine.
— C'est super, que tu aies ramené le journal, d'ailleurs. Je n'avais pas du tout pensé à regarder ce qu'il y a comme presse sur Hydran !
Après le repas, Fly prit l'hebdomadaire et se rendit dans sa chambre. Il prit soin d'ouvrir ses volets pour faire rentrer la lumière du jour avant de s'asseoir sur son lit, et de regarder à nouveau les gros titres.
Ella l'avait attaqué car ce journal représentait un enjeu pour sa vengeance, en avait déduit le jeune homme. Ils n'avaient regardé ensemble que les gros titres, elle n'avait pas pu deviner le reste, à part peut-être les titres d'articles d'importance intermédiaire écrits tout petit en bas de la page.
Peut-être l'homme qu'elle recherchait avait-il un lien avec le restaurant luxueux qui prenait désormais place au plus haut étage de la tour centrale ? Il aurait pu être le patron de ce restaurant, ou Ella avait pu voir son visage sur la photo où une poignée d'hommes et de femmes posaient fièrement au centre de l'endroit magnifique.
Il était peut-être pyromane, des pontons avaient brûlé quelque part, peut-être que ça avait rappelé cet homme à la jeune femme... cette hypothèse n'était pas très crédible.
Il était peut-être joaillier à Géopolis, ou sinon il avait un lien avec la ville sous la Terre, avec les pierres précieuses ou les bijoux d'une quelconque manière que ce soit... ou...
Fly désespéra.
Avant même d'avoir considéré l'hypothèse de l'aviron, il avait déjà énoncé tellement de possibilités, toutes si vagues et invérifiables, qu'il n'avait absolument aucune chance de deviner quoi que ce soit.
Il fallait bien s'y résoudre, il devrait attendre de pouvoir parler à Ella pour savoir la vérité. Il la reverrait dans tous les cas lundi, pour l'école.
Le jeune homme se leva alors, journal dans la main, sortit de sa chambre et le posa sur la table. Laura serait sûrement ravie de pouvoir le lire, alors que lui ne ferait que ressasser ses problèmes – ou plutôt les problèmes d'Ella – sans pouvoir les résoudre pour autant.
Il retourna alors dans sa chambre, empoigna ses affaires de classe et se pencha à nouveau sur ces maudites mathématiques.
Il passa ainsi le reste du week-end à faire ses devoirs, lire, ou s'adonner à toute autre activité qui n'avait aucun rapport avec Ella, ce qui lui reposa l'esprit et lui fit le plus grand bien.
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