Vendredi - HARRY

J'ai proposé à Louis de sortir prendre un verre dans un club que j'affectionne particulièrement, calme et discret. Un terrain plus neutre que ma maison.

Le moment que nous avons passé ensemble hier était étrange, tous deux mal à l'aise, même si je suis ravi d'avoir pu discuter avec Louis, mais nous n'avons échangé que des banalités ou parlé de nos carrières respectives. J'ai suivi son parcours tout comme il a dû le faire pour moi, même si nous n'étions plus en contact, même si lui s'est fait plus discret ces dernières années. Nous avons un peu évoqué Freddie. Je sais qu'il a eu des problèmes de drogue vers l'âge de 16 ans et qu'il est allé en centre. Louis m'a juste dit qu'il en avait la garde depuis plusieurs années. Freddie vient de fêter ses 21 ans... Il est désormais majeur et poursuit des études de graphisme. La surmédiatisation à sa naissance et pendant sa petite enfance a dû être difficile à gérer. Je ne m'en suis pas préoccupé plus que ça, je le reconnais, très occupé par la sortie de mon premier album solo et ma première tournée mondiale.

Je remets mes clefs au voiturier et me dirige vers l'entrée du club. J'aperçois Louis assis à une table, un cocktail à la main. Je le rejoins en passant par le bar et commande une tequila.

« Bonsoir Louis !

- Tu essayes de passer inaperçu avec ce pantalon ? Comment ça se passe ?

- Quoi !?!

- Tu me proposes de nous retrouver ici, parce que c'est un endroit discret et tu te pointes avec un pantalon avec des dragons dessus ! Mais...

- Bah je l'aime bien ce pantalon !

- Je sais... et ça m'étonne même pas en fait ! Et puis il n'y a que toi qui puisses porter ce genre de trucs ! Ça m'a toujours halluciné ! »

Je m'assieds à ses côtés, heureux de retrouver un peu de notre complicité.

Nous sommes plus détendus que la veille. Le malaise des retrouvailles après toutes ces années passées éloignés s'estompe au fur et à mesure que la soirée passe. Nous discutons de nos vies, un peu plus privées, de nos voyages, de nos familles. Louis me raconte comme ont grandi Doris et Ernest, les jumeaux derniers nés de la famille. Sa famille qui s'est agrandie avec l'arrivée des enfants de Charlotte et Félicité. Je lui avoue avoir revu souvent Charlotte dans les premières années de ma carrière solo quand elle accompagnait Lou à mes représentations. Mais Charlotte et moi avions établi de ne jamais évoqué son frère. Je vois un léger voile de peine se dessiner sur le visage de Louis. Je pose ma main sur sa cuisse pour le rassurer. Je lui explique que c'était difficile de ne plus le voir chaque jour, même si nous nous étions éloignés à la fin du groupe, nous passions encore le plus clair de notre temps ensemble. Je pouvais gérer. L'absence a été plus difficile à gérer. C'est peut-être pour cette raison que je me suis jeté corps et âme dans mon métier, mettant de côté ma vie sentimentale bancale.

Nous commandons d'autres verres. Nous nous racontons d'autres anecdotes. Louis sourit de ce sourire doux et sincère qui monte jusqu'à ses yeux et que je n'avais pas vu depuis longtemps, même dans les magazines ou sur les plateaux de télévision.

Nous quittons le club et je propose à Louis de le raccompagner jusqu'à chez lui, puisque j'ai ma voiture et qu'il a pris un taxi pour venir. La soirée est vraiment agréable et je me sens disposé à lui parler ouvertement. Lui révéler que depuis toutes ces années, je ne suis pas parvenu à l'oublier, qu'il hante chacune de mes pensées, de mes chansons. 20 ans que je laisse croire chaque personne que ma vie me convient telle qu'elle est, alors qu'en réalité je n'attends que de la partager avec lui.

Je gare ma voiture devant la maison de Louis et coupe le contact. Je souffle un grand coup avant de me tourner vers lui.

« Tu viens prendre un café avant de rentrer ? me demande Louis, la main sur la portière.

- Oui, avec plaisir. »


Mon cœur s'emballe dans ma poitrine. Je me revois à 19 ans quand je lui ai avoué mes sentiments qui devenaient bien plus qu'une amitié.

Je fais le tour de la voiture pour rejoindre Louis. Nous passons le portillon. Je me racle la gorge.

« Louis. »

Il se tourne vers moi et prend la parole.

« Tu sais, à la mort de ma mère, j'ai voulu te retrouver, me rapprocher de toi mais tu étais dans tes projets solo. On venait tous de prendre des chemins différents...

- Alors tu es retourné vers elle... encore...

- Je sais ! Je me doute que ça n'a pas été simple pour toi. Enfin, je veux dire, toi et moi, on était proche mais... j'ai pas réussi à assumer, c'est vrai. Il y avait trop de monde, trop de pression. C'était compliqué.

- Tu as voulu que ce soit compliqué...

- Harry ! Réfléchis... Tu crois vraiment qu'on aurait pu s'afficher ?

- Oui !

- Non ! Ne rejette pas toute la faute sur moi. Tu sais pertinemment que ça aurait été ingérable : les fans, nos familles, le management.

- Mais arrête !!! Merde Louis ! C'est faux ! Si on avait voulu, on aurait pu s'afficher ensemble. Tu as flippé. Tu es parti. Tu as préféré mentir en t'affichant avec Éléanor... deux fois ! »


Je me tourne et commence à partir. 20 ans et rien n'a changé. Louis n'assumera pas les sentiments qu'il peut éprouver envers moi. J'ai passé plus de 20 ans de ma vie à croire en une histoire morte avant même d'avoir vraiment commencée.

J'entends le portillon claquer dans mon dos et vois Louis se planter devant moi, me barrant la route.

« Arrête Harry. Arrête ça putain !, sa main sur ma poitrine pour m'empêcher de continuer mon chemin.

- Quoi ? Pourquoi tu es revenu Louis ?

- Parce que...

- Parce que quoi ? On est resté loin l'un de l'autre pendant des années et ça n'a pas eu l'air de te déranger plus que ça. Alors pourquoi ? Pourquoi après m'avoir revu la semaine dernière, tu as décidé de te pointer chez moi, comme ça ? Y a forcément une raison !

- J'avais envie de te revoir, de discuter. Te revoir à cette soirée m'a rappelé des souvenirs et surtout... la douleur que ça été de te perdre.

- La faute à qui ? Louis... »


Je passe ma main dans mes cheveux. Je suis déconcerté. Je ne sais pas ce que Louis veut. Je remarque que sa main n'a pas quitté ma poitrine. Je m'empare de son poignet pour me dégager.

« Je vais rentrer Louis... chez moi. J'ai passé une excellente soirée, mais finalement, nous ne sommes toujours pas sur la même longueur d'ondes. J'ai dû faire abstraction de mes sentiments lorsque le groupe existait encore. Je n'en ai plus la force. Je te souhaite une belle vie, telle que tu la mérites. »

Le regard de Louis s'ancre au mien. J'y lis comme une détresse, une incompréhension. Je dépose un baiser sur sa joue, juste au coin de ses lèvres et le quitte.

Je remonte dans ma voiture et roule jusqu'à chez moi. Les larmes que je retenais sur le chemin finissent par s'échapper lorsque je remonte mon allée.

Message de Harry à Jeff : J'ai capitulé. J'ai vu Louis et rien n'a changé. Tu n'en entendras plus parler. A dimanche.

Je coupe mon portable avant de monter dans ma chambre. Je suis content de rentrer à Londres ce week-end et d'oublier ce nouvel échec dans ma relation avec Louis.



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La suite... 💚

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