Avril 2037 - HARRY

Le taxi me dépose devant le restaurant privatisé pour l'occasion. Ma maison de disques organise une soirée de lancement d'un nouvel artiste, repéré lors d'un énième télé-crochet. C'est incroyable comme au fil des années, certaines choses ne changent pas. Les jeunes gens rêvent toujours de gloire et se lancent corps et âme dans leur projet, abandonnant leurs études et quittant leurs familles. Je ne les juge pas, bien au contraire car j'ai fait la même chose à leur âge. Tout quitter pour vivre un rêve éveillé. Sauf que d'un rêve on est vite passé au cauchemar : cinq albums en cinq ans, quatre tournées mondiales, un management qui nous dicte le moindre de nos faits et gestes. C'était une belle période vraiment, une période que je ne regrette pas, car sans Sony et Modest je n'en serais pas là aujourd'hui. Mais avec le recul et la maturité de l'homme de 43 ans que je suis, je m'aperçois que tout aurait pu mal tourner. On voit souvent les jeunes artistes basculer dans la drogue, l'alcool à cause de la surmédiatisation. C'est un milieu dans lequel on peut atteindre très rapidement le sommet puis dégringoler, se lever le matin, les yeux dans le vague d'avoir trop profité d'une soirée arrosée. Et le téléphone ne sonne plus, les gens vous oublient. Quelques fans tentent de maintenir le navire à flots mais finalement vous vous perdez dans le néant d'une vie qui vous a complètement perdus. J'ai vu des jeunes gens traverser ce genre d'épreuves et j'ai tout fait pour les aider. Parce que moi, je n'ai pas connu tout ça. Quand le groupe s'est dissout, quand nous avons rompu notre promesse faite aux fans, j'ai poursuivi ma carrière, comme je l'entendais. J'ai tourné dans plusieurs films que j'ai toujours choisis, j'ai sorti quatre albums solo et suis parti en tournée dans des salles plus petites que les stades de ma jeunesse. J'aime mon métier. Pour rien au monde, j'en changerais.

Ce soir, j'interviens en qualité de Président de l'association que j'ai créée et qui vient en soutien de tous ces jeunes artistes, lâchés dans le monde sans pitié du show-business. Ma carrière est exemplaire et mon parcours sain. Ça incite les jeunes à me respecter et m'écouter.

Pour chaque émission de télé-crochet, je mets en place une équipe de psychologues qui suit les candidats qui vont le plus loin dans l'aventure.

Certains diront que je me sers de mon association pour me mettre en avant, moi je vois surtout le taux de suicide ou de morts accidentelles liées à la prise de stupéfiants en diminution.

Je me dirige vers l'entrée du restaurant où je suis accueilli chaleureusement par l'hôtesse d'accueil. Je rejoins mon manager et ami.

« Bonsoir Harry, tu vas bien ? Me dit-il en me tendant une coupe de champagne.

- Oui ça va, merci. Il y a du monde !

- Oui, le label n'a pas fait les choses à moitié. Ils mettent beaucoup d'espoir dans les capacités d'Axel. J'espère que le gamin aura les épaules pour supporter tout ça.

- Je pense. J'ai eu l'occasion de discuter avec lui. Il a la tête sur les épaules, il est très bien entouré par sa famille. Et puis c'est sa passion. Ça compte beaucoup.

- Tu sais comme moi comment sont les gens dans ce métier. Si ça ne plaît pas, ils peuvent le mettre à terre en un rien de temps.

- Ne pensons pas à ça ce soir. Je crois en Axel. Son premier single est un succès. Il a séduit le public grâce à ses prestations pendant l'émission en restant toujours humble et à l'écoute du moindre conseil.

- Tu te retrouves en lui, pas vrai ?

- Un peu. Mais je n'avais pas la chance d'être protégé comme il l'est.

- Oui. Ma fille en est dingue en tout cas. Je l'ai amené ce soir. Je suis son héros !

- Ah ça ne m'étonne pas de Cassie ! » Je réponds en riant et en portant ma coupe à mes lèvres.


Nous avançons dans la salle et saluons les invités présents ce soir. Il y a des journalistes, des producteurs, quelques artistes et les adversaires d'Axel pendant l'émission. Sa famille est là et je vais les saluer sans attendre. Sa maman m'accueille avec un grand sourire. Elle est un peu plus âgée que moi et lors de notre première rencontre, elle m'avait avoué avoir été une fan inconditionnelle du groupe qui m'a fait connaître. Nous avions beaucoup parlé de cette période et c'était agréable d'échanger avec elle les souvenirs que j'en avais. Ça fait plusieurs mois que je ne l'ai pas vue et je suis ravi du sourire radieux qu'elle m'adresse lorsque je m'approche d'elle et encercle ses épaules pour la saluer.

« Harry, quel plaisir ! Merci d'être là ce soir.

- De rien. C'est un plaisir partagé. Je ne veux pas manquer le lancement de la carrière d'Axel.

- Quand même, c'est très gentil d'accorder de votre temps.

- Ça se passe toujours bien pour lui ?

- Oui. Son manager est au petit soin et fait bien attention à tout ce qui entoure Axel.

- C'est parfait.

- Vous avez rencontré l'équipe qui travaille avec lui ?

- Non pas encore.

- Ils sont tous très gentils et ce soir, nous faisons connaissance avec le producteur de l'album. Il voulait rester dans l'ombre mais Axel a insisté pour qu'il vienne. Même nous, nous ne le connaissons pas.

- Ah oui, vraiment. Je pensais que Steve était son producteur.

- Non, Steve n'est que l'assistant. Je l'ai découvert il y a peu de temps. Mais Axel était dans la confidence. »


Nous poursuivons notre discussion. Je suis rejoint par Jeff, mon manager et nous gagnons nos places autour de la table qui nous est réservée. Le directeur du label prend la parole pour nous remercier de notre présence et nous présenter Axel. Il m'interpelle et me demande de monter sur scène.

Je traverse la salle de restaurant sous les applaudissements de l'assistance. Je fais mon discours, bien rôdé depuis les années que je présente l'association. Je remercie mes équipes qui travaillent avec moi pour sensibiliser les jeunes générations. En m'entendant, j'ai l'impression d'avoir 80 ans. Je rends la parole à notre hôte et retourne vers ma place.

La prochaine personne à intervenir est le fameux producteur d'Axel. Les applaudissements retentissent et, alors que je pose ma main sur ma chaise, tournant toujours le dos à la scène, j'entends sa voix. CETTE voix. Cette voix qui a résonné à mes oreilles pendant 6 ans. Cette voix qui m'a chanté des mélodies. Cette voix qui, aujourd'hui encore, serre mes entrailles. Cette voix appartient à Louis Tomlinson.

Louis et moi avons été dans le même groupe pendant 6 ans. Dès la première audition, nous avons été séduits par la personnalité de l'autre. C'était comme une évidence pour nous et notre complicité crevait les yeux. A tel point que les rumeurs les plus folles ont couru à notre sujet... Enfin, si ça n'avait été que des rumeurs.

C'est une période de ma vie qui m'a marqué plus que je ne le pensais. Mais finalement, depuis plus de 20 ans, la voix de Louis me fait toujours le même effet.

Alors, là debout face à l'assistance qui écoute Louis parler d'Axel et des projets qu'ils concrétisent, je me rends bien compte que je dois amorcer un mouvement, un geste. Ne serait-ce que pour m'asseoir. Mais je suis figé. Je sens la main de Jeff sur mon avant-bras qui me sort de ma torpeur.

« Harry, hum, tu t'assieds ? »

Je tourne mon visage vers le sien et il me lance un regard apaisant, compatissant. Je prends place sur ma chaise et ose tourner la tête vers la scène. La voix ne m'avait pas trompé. C'est bien Louis, debout sur la scène, en costume, sûr de lui. Je suis bluffé. Ça doit faire 18 ans que je ne me suis pas trouvé à la même réception que lui, 18 ans que nous ne nous sommes pas vus.

*********

La soirée se termine par la prestation d'Axel et la présentation de quelques chansons de son premier album. Axel a beaucoup de talent. Je suis convaincu qu'il peut avoir une belle carrière.

Je suis devant le vestiaire à attendre ma veste lorsque Axel me rejoint. Son sourire est communicatif. Il est heureux.

« C'était une belle soirée Axel. Je suis impressionné. Je crois que tu as impressionné tout le monde ce soir d'ailleurs.

- Merci Harry. Je suis heureux. Il y avait beaucoup de personnes importantes ce soir. J'avais vraiment peur.

- Tu t'en es très bien sorti. Tu peux être fier de toi.

- Vous partez ?

- Oui.

- Vous m'attendez deux minutes. J'aimerais vous présenter quelqu'un. Je ne crois pas vous avoir vu ensemble ce soir.

- Oh... Euh. Oui ! Je t'attends là. »


Axel s'éloigne et se faufile dans la foule. Je crains de savoir qui il souhaite me présenter. Je regarde autour de moi. J'aimerais trouver Jeff, qu'il vienne à mon secours. Comment suis-je censé agir face à Louis ? Les circonstances de nos vies respectives nous ont séparés. Aujourd'hui, alors que j'ai toute confiance en l'homme que je suis, je me retrouve angoissé à l'idée de parler à mon ancien meilleur ami. C'est ridicule. Je ferme les yeux et souffle un grand coup. Quand mes paupières s'ouvrent, je me retrouve happé par le regard intense de Louis qui se dirige vers moi, Axel à ses côtés, en train de lui parler.

Les deux hommes se plantent face à moi. Et le temps s'arrête.

Le regard de Louis me détaille de bas en haut. Machinalement, je penche la tête en avant et passe la main dans mes cheveux pour les remettre en place, dans ce geste qui me donne une contenance. Je regarde Louis, droit comme un i, les épaules relevées et les mains croisées devant lui. La première réflexion qui me vient est de me dire qu'il est beau. Pourquoi je pense à ça maintenant ? Je devrais plutôt me dire qu'il a vieilli, qu'il a l'air fatigué, que les rides aux coins de ses yeux le rendent.... encore plus beau. Je m'égare dans mes pensées. Je vois les lèvres d'Axel bouger mais je ne l'entends pas. Il faut que je me ressaisisse. Je secoue la tête et me reconnecte à la réalité. Je détourne mon regard de celui de Louis et me concentre sur Axel.

« C'était important pour moi Harry que je vous présente Louis.

- Nous nous connaissons déjà Axel, Harry et moi, dit Louis de sa voix éraillée.

- Ah oui !?!

- Toute une éducation musicale à refaire, je dis en plaisantant.

- Harry et moi avons fait nos débuts dans le même groupe Axel.

- Nooon !!! Mais je suis vraiment un idiot. Je n'ai pas fait le rapprochement.Mais pourquoi ne pas avoir passé la soirée ensemble ? »


Je sens de nouveau le regard de Louis me transpercer. Je prends une grande inspiration.

« Louis était occupé ce soir, Axel ! Une carrière comme celle qui t'attend mérite toute son attention. »

Je fixe Louis. Il n'enchaîne rien. J'ai envie de croire qu'il est aussi mal à l'aise que moi. Mais l'air légèrement supérieur qui se dessine sur son visage m'indique le contraire. Ça me tord le ventre. Il est temps que je quitte cette soirée.

« Bien, Louis, ravi de t'avoir croisé ce soir. Axel est une pépite. Prends soin de lui. Axel, passe une bonne fin de soirée et n'hésite pas si tu as besoin de quoique ce soit.

- Merci Harry. »


Je n'attends pas un signe de Louis, je me retourne, récupère ma veste sur le comptoir du vestiaire et sors du restaurant.

S'il m'était possible de fuir en courant, je le ferais. Cette situation est absurde. Ma réaction est absurde.

Je monte dans un taxi et prends mon portable pour envoyer un message à Jeff et lui indiquer que je quitte la soirée.

***********

Message de Jeff à Harry : Harry ça fait une semaine que je n'arrive pas à te joindre ! Tu fous quoi ? Merde !

Message de Harry à Jeff : Je suis à la maison

Message de Jeff à Harry : Tu vas bien ?

Message de Harry à Jeff : Joker

Message de Jeff à Harry : J'arrive

Et merde... J'aurai dû me douter que filtrer les appels de Jeff et des membres de mon équipe n'étaient pas la solution.

Je suis en bermuda et t-shirt détendu. J'ai les cheveux relevés en chignon et je ne me suis pas rasé depuis plus de trois jours. Jeff va me tuer. Il va comprendre.

Il ne met pas vingt minutes à se présenter au portail de ma villa. Vingt minutes pendant lesquelles j'aurais eu le temps de prendre une douche. Et pourtant, je suis sur la terrasse, assis dans un fauteuil, mon crayon de papier entre les dents en train de jouer de la guitare.

Je n'entends pas Jeff entrer dans la maison et je sursaute en le trouvant devant moi, les mains sur les hanches, les lunettes de soleil sur le bout du nez.

« Putain Harry, c'est pas vrai !!!

- Non... C'est...

- Non. N'essaye pas de me convaincre avec une excuse à laquelle tu ne crois pas toi-même ! Je suis même pas surpris de te retrouver comme ça ! Un jour sans nouvelle... ok. Deux jours, pourquoi pas. Trois jours, tu réponds même pas au téléphone... J'ai laissé passer un peu de temps pour que tu réagisses seul mais tu réagis pas. Harry c'est pas possible ! Prends ton téléphone et appelle-le !

- Non ! Non. C'est pas la peine.

- Harry... ça fait 20 ans que tu attends ce mec. 20 ans que tu gâches chaque rencontre que tu fais. Alors appelle-le et parlez. Il a personne dans sa vie depuis des années. Tu le sais aussi bien que moi. La presse aime tromper les gens mais toi tu sais...

- C'est sûrement une illusion... et puis quand bien même il est seul, c'est pas parce qu'il regrette de ne pas avoir assumé à l'époque. Tu n'as pas vu son regard sur moi à la fin de la soirée. Dédaigneux. Supérieur. J'ai eu l'impression d'être une merde.

- Et lui, il a pensé quoi de ton détachement ? Tu ne crois pas que toi aussi, tu avais l'air supérieur dans ton costume hors de prix avec ton discours et ton assurance ? Tu intimides Harry. Tu devrais le savoir depuis le temps. Tu es charismatique. Tu es sûr de toi, de tes choix, tes convictions. C'est ce qui a fait flipper Louis à l'époque. Mais aujourd'hui, le temps est passé. Il a traversé des épreuves que toi tu n'as pas eu à connaître. Ça change un homme. Alors, tu te lèves, tu prends une douche, tu te rases et tu t'habilles. Et tu prends ton putain de téléphone et tu l'appelles.

- J'ai plus son numéro...

- Tu m'emmerdes !! »

Jeff s'empare de son téléphone. Il me fait signe de bouger de mon fauteuil en attrapant ma guitare. Je monte jusqu'à la salle de bain de ma chambre et me glisse sous la douche. Je préfère être seul dans ma salle de bain plutôt que de rester avec Jeff qui va passer son temps à me sermonner. Alors, je prends mon temps. Je me rase, lave mes cheveux et laisse l'eau couler sur mon corps pendant de longues minutes avant de me décider à sortir. Je me sèche et traverse ma chambre jusqu'au dressing pour m'habiller un peu mieux.

Quand je redescends, Jeff est toujours là. Il s'est servi une bière et parle au téléphone. Nous avons des rendez-vous à honorer la semaine prochaine pour l'association et je dois également participer à une émission de télévision à Londres. Je suppose qu'il est en train d'organiser tout ça. Ça fait longtemps que je me laisse porter par Jeff pour toute cette organisation. Je préfère me concentrer sur le concret.

Je passe par la cuisine et me prépare une tasse de thé avant de rejoindre mon ami. Il lève son regard vers moi et me sourit. Ce sourire bienveillant, rassurant, sans reproche alors qu'il pourrait m'en faire tellement. Je pense que ça fait 25 ans que je le bassine avec la même histoire et pourtant Jeff est toujours là, à l'écoute. Je sais pourtant qu'il n'approuve pas certains de mes choix dans ma vie sentimentale. La presse m'a souvent prêté des histoires incroyables, improbables et je n'ai jamais rien dit, parce que finalement ça m'arrangeait bien. Ça m'arrange bien.

Je souffle sur le liquide brûlant dans la tasse que je tiens fermement entre mes deux mains. Jeff griffonne sur mon bloc-notes puis met un terme à sa conversation. Il se tourne vers moi. Je reconnais un numéro de téléphone noté sur la feuille de papier (celui de Louis ?) et des horaires. Sans m'en rendre vraiment compte, je retiens ma respiration.

« Bon, Harry, on est mercredi. On doit repartir pour Londres dimanche parce que je n'ai pas réussi à décaler la réunion pour l'assos de lundi. Tu te débrouilles comme tu veux, mais quand je te retrouve à l'aéroport dimanche, soit tu m'annonces que tu as recontacté Louis, soit tu arrêtes de m'en parler. C'est 20 ans de ta vie que tu as gâché Harry pour un mec qui fait semblant d'en avoir rien à faire de toi. A 25 ans je peux comprendre que c'était difficile de vous poser pour en parler, pour mettre un mot sur les sentiments que vous ressentiez. Aujourd'hui, vous avez 43 ans ! Alors merde... Arrêtez vos conneries.

- Mais...

- Il n'y a plus de « mais » Harry. J'ai rien dit, mais j'ai surtout rien fait pendant toutes ces années. Aujourd'hui j'en peux plus. Ta mélancolie ça fait des supers chansons, mais tu mérites d'être pleinement heureux. D'avoir des enfants et une personne à aimer, quelle qu'elle soit. C'est son numéro. Appelle-le. »


Jeff ne me laisse pas le temps de répondre, d'argumenter sur le fait qu'il a forcément tort... forcément, hein ?!? Il saisit mon épaule et se penche sur moi pour embrasser ma joue.

« A dimanche. 15H à l'aéroport. »

Il tourne les talons et quitte la villa. Je reste assis comme un con, ma tasse beaucoup moins brûlante entre mes mains... tremblantes. Je fixe mon bloc, le numéro de téléphone inscrit dessus.

Je dois rester comme ça un bon moment parce que lorsque l'éclairage automatique du jardin se déclenche, je m'aperçois que je n'ai pas vu la nuit tomber. Je secoue la tête, et me lève, engourdi d'être resté inerte pendant ce qu'il semble être des heures. Je récupère le bloc-notes et rentre dans la maison. Je ferme la baie vitrée et monte dans ma chambre. Il n'est pas si tard, mais je suis épuisé.



*

*  *

Alors, ce petit bon dans le temps vous plaît ?

C'est un OS assez court. Il y aura encore cinq petites parties après celle-ci.

Des bisous. 

Mimi

#20YearsLaterLarry

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