Tuto : Comment Sortir Avec Un Mafieux En Une Étape ?

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- Mon mentorré adoré, viens faire mon rapport ! suppliait Dazai, s'accrochant à son cadet désespérément.
- Mais... Je viens de poser ma journée de congé, monsieur... Vous ne pouvez pas le faire vous même cette fois, s'il vous plaît ?

Atsushi semblait particulièrement mal à l'aise, il ne voulait pas abandonner son mentor, mais il était pressé aujourd'hui.

- Je ne sais pas les faire, et si je ne fais rien encore une fois, Kunikida me frappera !

Le ton désespéré dramatiquement surjoué de Dazai fit se sentir mal Atsushi. Il se rassit en soupirant.

- Bon, je peux avoir un peu de retard, mais pas longtemps... Et je vous aide juste, donc travaillez aussi surtout !

Avec un sourire satisfait, le proclamé suicidaire s'assit à côté de lui, posant sa tête sur son poignet. Il observa Atsushi commencer à lui expliquer comment faire, sans rien écouter. Après tout, il savait déjà la procédure.

Non, ce qu'il cherchait à expliquer, c'était le rougissement perpétuel depuis quelques jours sur les joues du tigre-garou, ainsi que la raison des étoiles dans ses yeux, et son euphorie constante. Il aurait pu être au paradis qu'il n'aurait pas sourit autant. Il avait ramené des friandises à Ranpo (pas trop non plus, il n'avait qu'un salaire de détective après tout), il avait fait visité à Kenji des boutiques modernes et lieux insoupçonnés par le plus jeune, offert une crêpe à Kyoka tous les deux jours... Et encore aujourd'hui, il acceptait de l'aider lui. Il était toujours gentil, mais ces derniers temps, c'était quelque chose.

Après de longues minutes, Atsushi se rendit compte que l'autre enquêteur le fixait avec insistance, avec un regard suspicieux.

- Quoi ?
- Qui est l'heureuse élue ? demanda Dazai.

Atsushi réagit immédiatement, rougissant très brusquement, et se cognant la jambe contre la table de surprise.

- Il n'y a pas d'heureuse élue...! s'écria-t'il, attirant le regard des autres.
- Oh ? Et pourquoi as tu pris cette journée de congé alors, qui vas tu retrouver ? insista son mentor avec un ton malicieux.

Le plus jeune semblait perdre ses moyens.

- Personne ! Je... Je prends juste un jour de congé pour me reposer !

Il souffla quelques secondes pour reprendre son calme avant de continuer à nouveau.

- Je ne suis pas en couple, croyez moi... D'ailleurs je dois y aller, au revoir !

Il se leva, attrapa ses affaires et couru vers la sortie.
Osamu Dazai laissa tomber sa tête contre son bureau, et s'adressa à Kunikida.

- Ces jeunes, toujours à déserter le travail... Je n'ai jamais pris un seul jour de congé moi, en quatre ans !
- Parce que tu ne travailles pas même quand tu es ici ! cria le binoclard, lui posant de nouveaux dossiers à faire devant lui.

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Chuuya Nakahara se promenait dans une rue commerciale, des sacs pleins de chapeaux coûteux et de vins anciens dans les mains.
Une forme allongé au loin vint gâcher sa journée, sacageant son humeur.

- Oh la poisse. Il a fallu que je tombe sur le maquereau. Faisons comme si je n'avais rien...
- Chuuya ! Tu es si petit que j'ai bien failli ne pas te voir !

Le roux manqua de s'arracher ses beaux cheveux à l'instant où il entendit la voix insupportable l'appeler.

- Je vais grandir. Certains font leurs croissances très en retard ! répondit-il très calmement, ne voulant pas faire le plaisir de Dazai en s'énervant.

Dazai s'arrêta de gesticuler devant lui, posant son menton sur son poignet pour constater quelque chose.

- Quoique, tu m'as l'air un peu plus grand aujourd'hui que d'habitude...

L'exécutif de la mafia fut soudain maladroit, bien que flatté.

- Ah tu penses ? Je t'avais dis que je grandirais ! il afficha un sourire victorieux presque enfantin.

Il obtint en retour un regard soupçonneux. Soudainement, Dazai tira sur son poignet pour le déplacer et pouvoir voir ses pieds, actuellement cachés par les sacs de shopping de Chuuya.

- Ah ah ! il pointa son doigt accusateur vers les pieds qu'il regardait. Je le savais, tricheur !

Un rougissement passa un instant sur les joues du plus petit, mais disparut immédiatement lorsqu'il décida de se défendre avec indignation.

- Ce n'est pas de la triche, enfoiré ! C'est juste des bottes à talons, c'est qu'une question de style, ce que tu ne connaîtras jamais, connard ! s'égosilla-t'il, attirant l'œil étonné des passants.

Un sourire satisfait apparu sur les lèvres du détective, qui attrapa le poing de l'autre pour l'empêcher de le frapper, caressant le dos de sa main avec son pouce tendrement.

- Pas la peine de t'énerver comme ça, mon Chuuya. Que faisais tu ici, tu t'achetais une nouvelle laisse, mon bon toutou ? dit-il en se penchant pour essayer d'apercevoir le contenu des sacs.

Un pied violent vint le repousser.

- La vie privée, tu connais pas ?! Et toi, qu'est ce que tu fous là ? T'es tellement fauché que tu squattes chez moi quasiment tout le temps, alors n'essaie pas de me faire croire que t'es venu faire du shopping.

Les sourcils de Dazai se haussèrent de surprise alors qu'il se souvenait de son but initial.

- Mince, ma filature !

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- Pourquoi je dois te suivre en fait ? chuchota Chuuya en soupirant, alors qu'il suivait Dazai, lui même espionnant son jeune mentoré (qu'ils avaient mit des plombs à retrouver.).

Le brun se tourna vers lui avec conviction.

- Parce que tu t'y connais mieux que personne en situation amoureuse désespérée, vu que tu es trop violent pour avoir déjà été en couple, alors tu pourras réconforter Atsushi s'il a une peine de cœur !

Le roux grinça des dents, lui donnant un coup de pied au derrière.

- Tu as oublié qu'on a nous même été en couple à une époque je te rappelle, imbécile. Et si tu le réconfortais toi même plutôt, c'est ton élève !

Voyant que le détective l'ignorait, occupé à fixer Atsushi - qui s'éloignait toujours assez discrètement -, il s'agaça.

- Bon, je m'en vais, débrouille toi !

Il se retourna et s'apprêtait a partir lorsque son poignet fut saisi. Il commençait à s'énerver lorsque son regard croisa les yeux doux de Dazai, ainsi que son sourire nostalgique.

- Allez, Double Black peut bien aider un pauvre garçon dans ses histoires de cœur, non ? On s'y connaît après tout, tous les deux.

Le mafieux resta silencieux un instant, avant d'acquiescer silencieusement.

- N'empêche, où va donc le tigre garou ? Il a déjà parcouru quasiment toute la rue sans s'arrêter une seule fois, et il a le regard de quelqu'un qui a peur de se faire surprendre. Tu es sûr qu'il ne pratique pas plutôt un trafic étrange, plutôt qu'un rendez vous galant ?

Dazai secoua la tête, avançant pour se rapprocher de leur cible, tout en discrétion.

- Il avait l'air pressé ; conclusion : il va rejoindre quelqu'un. Il avait l'air particulièrement gêné, donc il pourrait s'agir d'une de ses premières histoire de cœur. D'autant plus, y a t'il moins discret que de prendre une journée de congé pour vendre des organes ou acheter de la drogue ? Ça ne lui ait jamais arrivé, pourquoi cette fois ?

Le roux fut forcé d'admettre la logique du raisonnement.

- Tu as raison.
- Je sais, c'est bien pour ça que je suis le maître et toi le chien !

Réprimant une crise de colère, Chuuya pointa du doigt Atsushi au loin.

- Regarde, il tourne dans la ruelle !

À pas de loup, ils s'avancèrent près de l'intersection et observèrent le jeune détective avancer prudemment dans la ruelle sombre. Ils se cachèrent derrière un mur et laissèrent travailler leur ouïe à leur faire comprendre la situation. Chuuya et Dazai entendirent un sursaut de sa part et s'apprêtaient à intervenir avant de l'entendre parler chaleureusement.

- Oh tu es là... J'ai pensé que tu ne pourrais pas venir, vu tous les problèmes autour du repaire de la mafia en ce moment...

Dazai et Chuuya échangèrent un regard, les yeux grands ouverts de surprise. Chuuya fut très étonné que le tigre garou soit au courant des problèmes actuelles de l'organisation, et Dazai fut peut être encore plus vexé de constater que le roux ne lui parlait pas des problèmes qu'il pouvait avoir. Enfin, rien de bien surprenant pour deux ennemis après tout.
Il sortit de cette pensée en voyant le sourire narquois du roux apparaître.

- Ton jeune élève te fait des cachotteries, il sort avec un type de la mafia, tu l'as mal éduqué, imbécile. Comme tous tes élèves finalement...

Il se tut lorsqu'il entendit la voix de l'interlocuteur de Atsushi, qui était inconnu jusqu'à actuellement.

- Tu devrais te mêler de tes affaires, tigre garou, surtout quand tu arrives aussi en retard.

Ce timbre sombre, cette voix basse... Ils les reconnaissaient tous les deux, mais ne pouvaient l'admettre. La légère toux qui avait suivit les paroles vint définitivement confirmer leurs pensées.

- Tu es toujours si méchant. dit Atsushi d'un ton presque taquin que Dazai ne lui connaissait pas. J'ai été retenu par Dazai à l'agence, désolé..., ajouta-t'il.

Akutagawa Ryunosuke ne prit la peine de répondre que par un mot :

- Rashomon.

Au petit cri de surprise de Atsushi, Chuuya et Dazai comprirent que Akutagawa s'était servit de son pouvoir pour rapprocher le tigre garou de lui.
Les bruits sensuelles de baisers et d'actes passionnés qui suivirent pendant quelques secondes leurs firent imaginer des images amoureuses qu'ils n'avaient souhaité voir.

- Ryu..., laissa échapper Atsushi dans l'échange affectueux.
- Ne m'appelle pas Ryu... rétorqua seulement l'autre dans un soupir presque désespéré de plus de contact.
- Seulement si tu arrêtes de m'appeler tigre garou...
- Nous verrons cela.

Akutagawa devait probablement venir de mordiller Atsushi, car un couinement inattendue sortit des lèvres du détective.
Chuuya décida que s'en était trop pour lui et aboya tout en sortant de sa cachette :

- Stop stop arrêtez ça ! s'écria-t'il agressivement.

Atsushi, qui était actuellement collé aux hanches de Akutagawa par Rashomon, se mit à paniquer, tout en rougissant violemment.
De son côté, Akutagawa faisait tout pour rester aussi stoïque que d'habitude.

- Chuuya. J'ai capturé un ennemi. Ramenons le au repaire.

Le roux s'égosilla encore plus, choqué des scènes qu'ils venaient d'entendre.

- Pour que tu le baise sur notre lieu de travail, certainement pas ! Fous toi de moi tiens, avec ton cou plein de traces de crocs !

Un silence suivit, alors que Dazai sortait également de la cachette, en soupirant que Chuuya faisait trop de bruit.
Akutagawa, qui ne savait plus quoi répondre, se tourna juste vers Atsushi, les joues très légèrement rougies de gêne.

- Atsushi. Je crois qu'ils savent.

Sans blague. pensèrent les trois autres aux mêmes moments. Atsushi s'écarta lentement de Akutagawa, se libérant de l'emprise de Rashomon. Face à leurs deux supérieurs, les deux visages rougis des mentorés paraissaient honteux, comme deux enfants qu'on aurait prit sur le fait à commettre une bêtise.
Chuuya croisa les bras sévèrement, les observant d'un œil dur. Un rire retentit.

- Ne sois pas si fâché, Chibi, on savait tous les deux qu'ils feraient le nouveau Double Black, bien que je ne me sois pas préparé à un dénouement pareil, en les associant.
- J'ai l'impression que ça t'amuse, bougre de maquereau. On parle d'un cadre de la mafia, et du petit tigre de l'agence.

Si une telle relation était possible, ça se saurait. Je le saurais.

Dazai ne le prit cependant pas comme ça. Il rit à nouveau, et ébouriffa les cheveux de Atsushi, causant un regard de haine et de jalousie de la part du précédent partenaire de celui-ci.

- Bien sûr que ça m'amuse ! Regardes, Akutagawa est plein de griffures et de morsures, ça change de le voir dans un état si pitoyable. Je sais que tu as vécu des violences Atsushi, mais je ne pensais pas que tu serais si brusque avec ton conjoint.

Le concerné cacha son visage dans ses mains, honteux de s'être laissé aller sur le corps de son partenaire. Puis, frappé par la réalisation, il retira ses mains et regarda Dazai avec surprise.

- Conjoint ?

Celui-ci ne l'écoutait pas, occupé à parler avec Chuuya, qui lui rappelait qu'il avait lui-même maltraité Akutagawa. Il chercha donc un soutien dans le regard du jeune cadre, qui haussa les épaules, confus également.

- Stupide Dazai, je ne pense pas qu'il soit masochiste, mais tu sais bien que c'est jamais pareil avec son partenaire. argumentait Chuuya pour contredire Dazai qui se demandait si Akutagawa ressentait quelque chose quand il le frappait autrefois.

Akutagawa décida d'intervenir, cherchant à détourner la conversation, n'ayant pas envie que Atsushi entende parler de ses plus grands moments de faiblesse. Il ne voulait pas paraître si faible.

- "C'est"? "Partenaire"? "Masochiste"?? De quoi parlez vous ?

Ses deux aînés se tournèrent vers lui, un sourcil haussé d'incompréhension. Akutagawa faisait il l'idiot ?

- Eh bien, de vous deux.
- Nous deux ? Atsushi demanda, confus.

Atsushi à présent ? Dazai et Chuuya ne comprenaient plus.

- Votre relation. Votre couple quoi, imbéciles ! s'agaça Chuuya.

Les deux plus jeunes échangèrent un regard, sincèrement perplexes.

- Quel couple ? On n'est pas en couple. affirma Akutagawa sèchement, commençant enfin à boutonner son haut.

Atsushi, à côté, hocha timidement la tête.

- C'est quand même le chien de malheur de la port mafia.
- Oui, et le tigre garou est quand même un stupide détective de l'agence.

Dazai et Chuuya les fixèrent longtemps, cherchant à déceler une potentielle blague.
Dazai secoua la tête, soupirant désespérément.

- Je comprends l'attirance physique, mais s'il n'y a rien d'amoureux, vous auriez pu chercher un autre partenaire sexuel que quelqu'un du camp ennemi. Je ne vous pensais pas si désespérés ! acheva-t-il en riant.

Le rouquin à ses côtés l'observa du coin de l'œil. Il savait de toute évidence aussi bien que lui que même amoureusement, une relation entre la mafia et l'agence n'était pas naturelle. Et, même s'ils n'avaient tous deux cessé de se voir que par la fuite innatendue de Dazai, il n'avaient jamais relancé leurs relations par une peur intérieure de nouvelles catastrophes. Il était donc logique pour eux d'affirmer que la relation des deux garçons n'aurait pas été une bonne idée, bien qu'en réalité, Dazai n'aurait jamais pensé cela si son histoire personnelle ne le confirmait pas. C'était mieux que rien, si ça n'était que physique.
Cependant, Atsushi vint encore contredire leurs pensées, agitant ses mains paniquées devant son visage rouge.

- Non, nous n'avons rien fait du genre, promis ! Nous n'avons pas fait de... Le mot en s...

Chuuya aurait répliqué le contraire sans cette dernière phrase, montrant la pudeur et l'innocence naïve du tigre. Même Akutagawa semblait étonné de cette expression. Mais il alla dans son sens malgré tout.

- Il a raison. Nous ne sommes pas des partenaires sexuels, et pas des partenaires tout court.
- Qu'êtes vous, alors ? interrogea Chuuya, perdu.

Atsushi et Akutagawa répondirent en même temps, comme si c'était évident.

- Des rivaux !

Ils parurent incompréhensifs du regard perplexe de leurs mentors. Chuuya soupira une nouvelle fois (Il n'aurait jamais dû suivre Dazai dans cette histoire.).

- Bon. Je paye le café à tout le monde, vous allez nous expliquer bien gentiment toute l'histoire.

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- Oh, plutôt un chocolat chaud pour moi si vous plaît.
- Tellement enfantin.

Atsushi se tourna vers le mafieux à côté de lui, agacé, rapprochant son visage.

- Tais toi, maudit Akutagawa.

Le concerné se rapprocha aussi à quelques centimètres de son visage, agrippant la mâchoire de l'autre dans une de ses mains, également agacé.

- Seulement si tu le fais d'abord, imbécile de tigre.

Face à eux, l'ancien Double Black les fixaient, consternés tous les deux.

- Désolé de casser cette tension tellement innocente entre vous, mais voudriez vous bien nous expliquer pourquoi vous vous rouliez des pelles dans une ruelle s'il vous plaît ? demanda Chuuya d'un ton râleur.

Atsushi hésita un peu, buvant un peu de la tasse qu'il venait de recevoir.

- En fait, je ne sais pas s'il y a quoi que ça soit à expliquer... C'est rien de très important...
- Ça fait combien de temps que vous vous voyez ?
- Je ne sais pas heum... Trois mois ?
- TROIS MOIS ? cria Chuuya, attirant l'attention sur eux.

Le tigre sursauta et manqua de faire tomber sa tasse.

- Ou peut être deux, je ne suis pas sûr...! bégaya-t-il.
- Tu es toujours tellement stupide. ajouta Akutagawa, qui buvait son thé tranquillement.
- Et tu es toujours si énervant. répondit Atsushi.

Son ennemi de toujours lui jeta un regard noir, avant de soupirer. Il posa sa tasse sur la table.

- En réalité, Chuuya, il n'y a aucune raison à ce qui s'est passé. Et nous n'en avons pas cherché. C'est venu naturellement, et nous avons continué sans nous poser de question.

Dazai tourna le regard qu'il portait à la serveuse vers lui (et Akutagawa cru mourir de bonheur à cela).

- À quelle fréquence ? demanda-t'il.
- Une fois toutes les unes à deux semaines, quand cet idiot de tigre garou m'envoie un point de rendez vous, désespéré comme il est.

Atsushi toussa pour attirer l'attention, clairement agacé par l'autre. C'était fascinant de voir à quelle point son caractère changeait avec Akutagawa.

- Plutôt deux fois par semaine, et monsieur le cadre de la mafia ment car c'est souvent lui qui propose de se voir.

Akutagawa réagit immédiatement, faisant apparaître Rashomon devant Atsushi.

- Répètes et je te tue.
- Nous sommes en trêve, tu as oublié ?

Dazai utilisa son anti-pouvoir afin d'être sûr de calmer Akutagawa, et échangea un regard confus avec Chuuya, qui paraissait dépité. C'était l'expression du rouquin que Dazai préférait, quoique son sourire arrogant était assez amusant quand il disparaissait rapidement.

- Donc, pour résumer..., commença Chuuya. Vous vous retrouvez une à deux fois par semaine juste pour vous embrasser cachés comme des adolescents, et ni l'un ni l'autre ne peut me dire comment cela a commencé ?

Les deux "ennemis" qui étaient occupé à se fusiller du regard, ne répondirent pas. A la place, Dazai prit la parole, buvant de son café, et posant son menton sur son poignet.

- Moi, je peux. Je me souviens que Atsushi était étrange, en revenant d'une mission commune avec la mafia, il y a quelques temps déjà. Il avait l'air totalement perdu. Je suppose que ces deux enfants se sont retrouvés dans une position très particulière, probablement en se battant tous les deux. Atsushi est probablement le premier à avoir sauté sur ses lèvres, étant donné que Akutagawa a toujours été plus apte à résister aux tentations. Comme c'est mignon !

Chuuya haussa un sourcil, d'autant plus en voyant les deux jeunes adultes acquiescer silencieusement, les joues rougies.

- Et toi, Dazai Osamu, tu ne l'avais pas compris avant ?
- Oh oh tu me flatte mon Chuuya ! Mais malheureusement, je ne suis pas devin. Et il s'avère que j'avais sous-estimé le talent de Atsushi au mensonge.

Le plus jeune rougit et s'excusa mille fois. Il s'en était tellement voulu de lui cacher cela, mais, ayant réussi à se convaincre que ça n'était que quelques désirs d'affection et de découvertes d'adolescents dont il avait été privé toute sa vie, il essayait en permanence de se prouver que cela n'avait aucune importance. Il n'y aucun mal à embrasser son ennemi juré tant qu'on n'oublie pas le fait qu'il veut nous assassiner, n'est ce pas ? Mais, au fur et à mesure qu'ils se voyaient, parfois cinq minutes, parfois une heure, Atsushi ne pouvait que se sentir plus impatient de leurs prochaines retrouvailles. Et, au fil des baisers embarrassants et débauchés et des câlineries à la limite de l'amoureux, il n'avait cessé de sentir s'agrandir ce vide.
Il aimerait bien avoir quelqu'un avec qui partager des sentiments. Quelqu'un avec qui les preuves d'affection n'auraient pas à avoir de limites, dont il pourrait faire ce qu'il veut. Et le fait que ce soit ses rendez vous avec un cadre de la mafia qui aient déclenché ces pensées n'a aucun lien avec cela.
Malgré tout... Il ne pouvait pas s'empêcher d'imaginer Ryunosuke à ses côtés lorsqu'il imaginait ce futur conjoint avec un autre. Son visage concentré alors qu'il préparait des chazuke pour lui. Son plat "À ce soir" chaque fois qu'il le quitterait tous les matins. Ses yeux sincères dans le lit commun alors qu'éclairé par le clair de lune derrière lui, il lui disait "Je t'ai..."...

Atsushi se leva immédiatement, cramoisi de ces pensées perturbatrices.
Réalisant, où il était, et les trois visages autour de la table qui le fixaient curieusement, il se rassit brusquement.

- Oh oh, quelqu'un avait des pensées perverses.
- Non, rien de pervers ! répondit t-il du tac au tac, horriblement gêné.

Son mentor le fixa longuement avec un sourire malicieux, à tel point qu'il détourna le regard, mal à l'aise.
Les deux mafieux observaient silencieusement l'analyse du plus vieux détective. Ils arborèrent une expression perplexe lorsqu'ils virent Dazai se rapprocher de Atsushi, avant se détourner pour se diriger vers son oreille, à laquelle il murmura :

- Eh bien, il s'est passé plus la dernière fois que vous vous êtes vu, n'est ce pas ?

Il se rassit à sa place, devant l'incompréhension de tous les autres - y compris de Atsushi, qui fuyait ces paroles -. Il exagéra un cri de surprise quand ses yeux se posèrent sur le visage de Chuuya.

- Toutou ! s'écria-t-il.
- Comment tu m'as appelé là, stupide maquereau ?!
- L'heure est grave Chuuya ! Ton visage est une horreur ! Il faut absolument que tu ailles te repoudrer le nez tout de suite !

Alors que Chuuya hésitait à étrangler Dazai, il se rappela qu'il vouait une confiance inébranlable à Dazai, même suite à la trahison de ce dernier. Si le détective estimait avoir besoin de trouver une excuse si stupide pour le faire partir (d'autant plus qu'il n'était même pas maquillé), c'est que c'était mieux pour lui. Il se leva et se dirigea silencieusement vers les toilettes.

Une fois qu'il fut partie, Dazai se tourna à nouveau vers ses élèves, changeant son sourire hypocrite en un amusé.

- Mes garçons, vous avez déjà eu un rendez vous, n'est ce pas ?

Confus, les deux secouèrent la tête négativement.

- Ah ? Je suis sûr que vous avez fait plus que cela, tous les deux.

Ils se tournèrent l'un vers l'autre, cherchant dans les yeux de l'autre une réponse. Détournant le regard, Atsushi rougit :

- Il y a bien eu cette fois où nous avons été boire un thé...

Akutagawa soupira également en admettant :

- Et celle où je t'ai accompagné aller t'acheter des vêtements.

Atsushi grimaça, car Akutagawa oubliait de préciser que c'était lui qui avait repéré le regard envieux du plus jeune, et qui lui avait payé de nouvelles chemises et quelques pairs de chaussures (presque contre le gré du tigre, qui ne cessait de rappeler les prix coûteux). Rien de grave, car il était sûr que Dazai ai déjà deviné le déroulement de cet journée.

- Et celle où nous avons été au cinéma.
- Celle où nous avons arrêté ce faussaire.
- Ça ne compte pas comme un rendez vous, ça !
- Mais rien de tout cela n'étaient des rendez vous, n'est ce pas ?

Atsushi couvrit sa bouche de ses mains, réalisant ce qu'il avait dit plus tôt. Il bégaya :

- Bien sûr... Uniquement des sorties... Sans sentiments, comme tout le reste...

Akutagawa hocha la tête.
Dazai les observa, plus conscient de leurs sentiments qu'eux mêmes l'étaient. Seul ces "rendez vous" expliquaient le bonheur constant récent de Atsushi. Il était heureux de retrouver Akutagawa, que ça soit dans la tendresse affectueuse ou dans les sorties amusantes, et il connaissait assez Akutagawa pour dire que c'était partagé, peu importe ce que les deux racontaient.

Atsushi se tourna vers lui à nouveau.

- Mais pourquoi avoir éloigné monsieur Nakahara pour nous demander cela, monsieur Dazai ? demanda-t-il, attirant l'attention de Akutagawa, également intéressé par la réponse.

Dazai eu un petit rire discret, derrière sa main.

- Appelle le simplement Chuuya, il n'aime pas qu'on l'appelle par son nom. Pour répondre à ta question, c'est parce j'ai quelque chose d'autre à vous dire. Chibie ne pense pas qu'on puisse cohabiter entre agence et mafia. Personnellement, je préfère penser que si vous vous sentez capables de prendre les risques que cela inclut, vous pouvez. Honnêtement, je ne pense pas que j'en serai capable. avoua-t-il, l'air plus sage que d'habitude.

Il perdit bien vite cette air.

- D'autant plus que ça me fera un moyen de chantage pour vous deux ! s'écria-t-il en montrant une photo d'eux deux dans la ruelle, plus tôt.

Atsushi échangea un regard hésitant avec Akutagawa, avant de revenir à Dazai, ignorant les dernières plaisanteries de son mentor.

- C'est très gentil de votre part de nous proposer ça, mais vous savez... On ne s'aime pas, vraiment...
- Je ne pense pas avoir déjà détesté quelqu'un à ce point d'ailleurs. acquiesça Akutagawa.

Le tigre garou fit une grimace, et Dazai arbora un sourire malicieux.

- Vraiment ? Donc si j'embrassais langoureusement Atsushi, juste
devant toi, là, maintenant, tu ne dirais rien ?

Le plus petit rougit instantanément, et agita ses mains, écarlate.

- Monsieur Dazai, je ne pense pas que ça serait très approprié...! s'écria-t-il.

Malgré tout, il suivit le regard de son mentor jusqu'à à Akutagawa, qui arborait un visage fermé. Les lèvres d'Atsushi s'entrouvrirent de surprise. Il entendait presque les dents de Akutagawa grincer, alors qu'il avait l'air furieux, bien qu'il tentait de se contenir, évidemment. Mais face à son ancien mentor, le jeune mafieux ne pouvait pas mentir. L'estomac d'Atsushi se tordit d'envie, intérieurement ravi de ce qu'il voyait.

- Que devrions nous faire pour éviter cela ? dit Akutagawa d'un ton calme pour camoufler le feu brûlant qui bouillonnait dans ses intestins.

Dazai eu un rire.

- Je plaisantais, jamais je n'embrasserai mon élève chéri ! Cependant, pour l'instant, vous m'avez l'air dans le déni, ou l'ignorance de vos sentiments. J'ai une idée pour cela.
- Qui est ?

Atsushi et Akutagawa le fixèrent, un peu anxieux.

- Un rendez vous amoureux, c'est ça ? prononça une voix nouvelle.

Chuuya Nakahara se tenait non loin d'eux, les bras croisés sévèrement.

- Chuuya, tu es tellement petit que je ne t'avais pas vu arriver ! Mais tu as deviné mon idée !
- Tais toi, stupide Dazai.

Le roux se rassit sur la même banquette que Dazai, le plus éloigné possible de son corps.

- Tu es vraiment bête, n'essaye pas de faire des choses dans mon dos, quand ça concerne aussi mon organisation ! s'agaca-t-il avant de reprendre son ton calme. Tu sais très bien que je ne m'opposerai pas à quoi que ça soit entre eux, tant que le travail reste hors de ça. Mais je ne peux que vous le déconseiller, les jeunes.

L'exécutif baissa les yeux sur son café, l'esprit embrumé par ses regrets et ses réflexions. Les deux plus jeunes échangèrent un regard hésitant. Ils n'étaient même pas ensemble.
Mais intérieurement, il le savait tous les deux, qu'ils ne voulaient pas s'arrêter si tôt. Atsushi voulait chercher une réponse dans les yeux de son mentor, mais celui ci les avait fermés, semblant épuisé des paroles de Chuuya.

- Il n'y a rien de pire qu'une relation forcée de s'arrêter, qu'on le veuille ou non..., marmonna-t-il, puis il releva la tête pour les regarder fermement. Si vous êtes prêts à vous engager ensembles, quitte à tout risquer, allez y. Si vous pensez que ça ne tiendra pas, dès maintenant, ce n'est plus la peine de continuer à vous revoir à ces petites rencontres secrètes. Vous pouvez arrêtez dès maintenant.

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- Monsieur Dazai, j'ai changé d'avis, je veux tout arrêter ! s'écria Atsushi alors que Dazai lui présentait différentes robes maids, ou d'autres jupes sexy.

Dazai rit. C'était l'une des premières fois que Atsushi se baladait avec son mentor pour des raisons autres que professionnels. Ils étaient dans un magasin, cherchant des vêtements pour ce fameux rendez vous.

Convaincus par Dazai que c'était le meilleur moyen de comprendre s'ils s'aimaient oui ou non, et également de prendre une décision pour leur futur, les deux jeunes avaient finis par accepter. Dazai avait alors chargé son ancien partenaire de préparer Akutagawa pour le grand soir, tandis qu'il s'occuperait de Atsushi ; après tout, dans l'enfance et l'amour manqués, aucun des deux n'avaient la moindre expérience.

- Ne te décourage pas Atsushi. Par un heureux hasard, ton superbe mentor a toujours bien sû s'habiller, je vais t'aider.

Atsushi semblait hésitant, mais il pensa au visage de Akutagawa. Ses lèvres bien souvent horizontales, précisément. Chaque fois qu'il les regardait, il mourrait d'envie de s'effondrer contre elles et de partager la passion qui le consumait. Quand avait il cesser de le haïr pour finir par l'adorer ?
Akutagawa adulait Dazai. S'il se laissait habiller par l'ex mentor adoré de son rival, y avait il un infime espoir qu'il finisse par l'adorer également ?
Il voulait un jour voir un sourire sincère s'esquisser sur ses maigres lèvres gercées qu'il observait tant.

Dazai, de son côté, farfouillait parmi les portants du magasins. Atsushi vit son mouvement s'arrêter brusquement.

- Monsieur Dazai ?

Le détective le plus âgé s'était arrêté sur un pull à manches mi longues lavande, qu'il tenait entre ses mains.

La première fois que j'ai emmené Chuuya au restaurant, il portait un pull dans le genre.

- Monsieur Dazai ? répèta Atsushi, inquiet.

Il se réveilla de ses pensées.

- Oui ! Vas essayer ça, avec ce pantalon. dit-il simplement en tendant les vêtements.

Atsushi hocha la tête, rassuré, et rentra dans la cabine d'un pas joyeux. Il posa une main sur son cœur pour sentir son battement rapide.
Il était tellement excité de la soirée qui se profilait.
Ça n'avait rien d'anormal, n'est ce pas ?

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Le duo sortit de chez le fleuriste, une unique rose rouge en main.
"Elle signifie la passion" avait affirmé le fleuriste, et cela avait convaincu Atsushi. Après tout, Dazai avait insisté pour qu'il offre une fleur, mais cela semblait trop significatif pour lui. Mais la passion était la seule chose qu'ils partageaient ensemble actuellement, n'est ce pas ?

Une seule fleur avait lui semblé suffire, Atsushi pensait que Akutagawa préférait la sobriété, et que cette seule touche de couleur suffirait déjà probablement à l'importuner.

Il pouvait déjà l'imaginer la rose entre les mains, et cela lui suffisait amplement pour l'instant.

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- Ne parle pas de meurtres, de trêve, ou de mafia. Ce n'est généralement pas une bonne manière pour séduire. affirma Chuuya en marchant vers le lieu de rendez vous.
- Mon but n'est pas de le séduire, je te rappelle. Je ne suis pas amoureux de lui.
- Et c'est pour ça que tu t'es opposé possessivement à ce que ce cher tigre garou appartienne à quelqu'un d'autre ?

Akutagawa ne le regarda pas en répondant, tranché dans ses paroles comme toujours.

- Ç'aurait été humiliant et grotesque pour lui.
- Depuis quand tu t'en soucies ? insista Chuuya, tout cela pour recevoir un regard sombre en réponse.

Un silence suivit longtemps cet instant, avant qu'il n'atteigne le restaurant. Chuuya fit un contrôle rapide de l'état de Akutagawa. Il était fier de sa création.
Il s'apprêtait à lui dire au revoir et à le laisser patienter, quand il entendit un cri de choc derrière lui. Son ancien amant, meilleur ami et pire ennemi à la fois se trouvaient en face d'eux, accompagné du tigre garou.
Il écarquilla les yeux en voyant la tenue de Atsushi. Un haut lavande qui ressemblait vaguement à l'un des siens, mais accompagné différemment qu'il ne le faisait lui même ; un pantacourt noir, un bracelet en corde, et un pendentif autour du cou.

- C'est quoi ce foutoir Dazai ?? Tu l'as habillé pour un date ou pour sa rentrée de maternelle ?!
- Et toi alors, Akutagawa ressemble à un délinquant derrière un club de strip-tease !

Akutagawa avait été (sur ordre de Chuuya) revêtit d'une combinaison complète en simili cuir, dont la fermeture éclair était un peu ouverte jusqu'à au niveau de ses clavicules, qui faisait ressortir ses formes et les amélioraient (tant mieux, car l'exécutif était excessivement maigrelet et il détestait cela).

- On ne peut vraiment pas te faire confiance, Chibi ! J'aurais dû me douter que tu le ferais ressembler à..., Dazai s'interrompit.

Chuuya attendit quelques secondes, puis vit que la suite de la réplique de ne venait pas.

- À quoi ?!

Deux mains arrivèrent sur sa bouche pour lui faire signe de se taire. Dazai désigna les deux garçons qui se regardaient simplement. Atsushi paraissait écarlate en constatant la beauté du mafieux face à lui. Il était subjugué, rarement soumis à tant de magnificité.
Ryunosuke était parfait, dans n'importe quelles circonstances, mais encore plus à ses yeux actuellement.
Il se rapprocha hésitamment, voyant que l'exécutif ne le faisait pas.
En réalité, Akutagawa était occupé à contempler Atsushi également, très inconscient de son absence.
Les détails qu'il préférait chez Atsushi étaient nombreux, bien qu'il ne l'admettait jamais, y compris à lui même.

Il aimait son petit nez retroussé qu'il embrassait à chaque proximité, ses dents légèrement de travers qui rendaient son sourire unique, ses hanches fines qui avaient l'air parfaites entre ses mains, son dos qui se courbait contre lui parfaitement chaque fois qu'ils s'embrassaient...

- Tiens, Akutagawa..., murmura timidement Atsushi en tendant la rose rouge.

Akutagawa ne sut comment réagir et se contenta de la prendre dans sa main et de la regarder. Il  n'aimait habituellement pas les couleurs. Alors pourquoi ce rouge écarlate lui semblait si vivant ? Il se souvint que lui-même avait une réponse à ce cadeau.

- Chuuya a insisté pour que je la prenne.

Il entendit derrière lui Chuuya marmonner à Dazai que c'était parce que Akutagawa était planté devant depuis de longues minutes.

Il sortit de sa sacoche une fine couronne de fleurs, de muguets blancs précisément. Le tigre garou semblait agréablement surpris.

- Elle est vraiment très jolie !

Atsushi avait l'air vraiment content, mais il ne la prenait pas dans ses mains. Il se pencha un peu en avant, et Akutagawa comprit qu'il voulait qu'il lui mette. Il plaça avec une étonnante délicatesse la couronne sur la tête de Atsushi. Celui-ci se regarda dans le reflet d'un miroir de poche, enthousiaste. Il attrapa la rose des mains de Ryunosuke, et la plaça doucement derrière son oreille.
Le mafieux le fixa, interloqué, comme s'il ne comprenait pas le geste.

Le doux sourire du détective lui répondit.

- Comme ça, on est accordés, Akutagawa.
- Je vois...

Il eut une hésitation.

- Tu sais, tu peux continuer à m'appeler Ryunosuke, même en public. Maintenant que nos supérieurs sont au courant, ce n'est plus très important.

Atsushi eut un sourire taquin.

- Ah ? Le chien enragé de la mafia s'adoucirait-il ?
- Tais toi, tigre garou.

Akutagawa ignora les papillons dans son ventre qui naissaient alors que le sourire de Atsushi s'adoucissait à nouveau. Son rival prit sa main, dans la sienne, avant de se diriger vers le restaurant, sans même savoir pourquoi.
Peut être qu'inconsciemment, il commençait à accepter l'idée d'être amoureux de Akutagawa.
Il aimait le temps qu'ils passaient ensemble.
Il aimait ce qu'ils faisaient tous les deux.
Il aimait l'embrasser, il aimait le regarder, le toucher, l'entendre, le sentir...
Il était peut-être temps de réaliser qu'il l'aimait lui, simplement.

Akutagawa, surpris de son geste, le laissa pourtant faire.
Le tigre garou était éblouissant, quand il prenait les devants.
Il le suivit jusqu'à l'intérieur du restaurant.

Dazai et Chuuya échangèrent un regard, presque surpris que ça se soit si bien passé.

- Eh bien, il faut croire que les relations entre organisations ennemis ne sont pas impossibles. dit simplement Dazai.
- Sûrement. répondit sèchement Chuuya, un goût amer dans la bouche.

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Le silence durait depuis que le serveur était passé. Les deux n'osaient pas de regarder, patientant silencieusement, l'un pour sa légère salade, l'autre pour une côte de bœuf XXL, sur laquelle il avait insisté pour qu'elle soit extrêmement bleue (parfois Atsushi se disait que son tigre avait une grande influence sur lui).
Malgré l'impatience de manger ce délice qu'il avait rarement l'occasion de se payer, Atsushi se sentait mal. Dazai l'avait convaincu que ce rendez vous serait une très bonne chose, et peut être avait il finit par s'exciter un peu trop. Seul avec le mafieux, il n'avait rien à dire actuellement.

- Atsushi... Ton haut... N'est pas trop moche.

Ces mots, pourtant peu délicats, firent à Atsushi se relever la tête, car il savait que c'était un compliment. Un compliment déguisé, bien sûr, mais de la part de Akutagawa, c'était déjà énorme.
Un sourire timide naquit sur son visage.

- Merci. Tu es vraiment beau aussi. dit-il doucement.
- Je n'ai pas dis que tu étais beau, bougre de tigre !

Un rire sortit de la bouche de Atsushi et Akutagawa sentit son monde défaillir, ou juste complètement s'effondrer, il ne savait plus.

Depuis quand son rire était devenu si joli, si rayonnant ?
À une époque, il aurait tout fait pour le faire taire.

Quand avait-il cessé de vouloir lui transmettre de la haine ?
Quand les regards étaient devenus si intense entre eux ?

- La salade complète et la côte de bœuf. annonça le serveur, sortant brusquement Akutagawa de ses pensées.

Atsushi le remercia joyeusement, tandis que Akutagawa acquiesça d'un hochement de tête.

Et le silence revint.
Tel un supplice, la tension précédente était de retour, les faisant trébucher sur ce qu'ils voulaient exprimer.

Ils se contentaient de regarder leurs assiettes, piquer leur nourriture, l'amener à leur bouche, l'avaler. Piquer la nourriture, l'amener à la bouche, l'avaler. Encore et encore, tout ça en fuyant le regard l'un de l'autre, gêné par la situation.

Le doute les tiraillaient encore, ils le savaient l'un l'autre. Devaient ils vraiment s'engager dans quoi que ça soit ? Les mots de Chuuya repassaient dans leurs têtes.
Si vous pensez que ça ne tiendra pas, dès maintenant, ce n'est plus la peine de continuer à vous revoir à ces petites rencontres secrètes. Vous pouvez arrêtez dès maintenant.

Atsushi, en tant que détective, se sentait plein d'hésitation. Même si son mentor l'avait accepté, était-il vraiment prêt à s'engager ? L'agence comptait plus que tout pour lui, il ne voulait pas choisir, et il ne voulait pas la perdre parce qu'il avait décidé de vivre une vie amoureuse passionnante, presque idyllique, avec le plus imparfait des hommes sur cette Terre. Borné, insupportable, têtu, râleur, violent, et même s'il essayait encore de le tuer, il était prêt à tout supporter.
Pourtant, il ne s'était jamais sentit plus en proie au doute.

Akutagawa était un cadre de la mafia. Et il admirait Dazai. Voilà à quoi il résumait sa vie. Était il attiré par Atsushi, ou simplement par sa figure de disciple de Dazai ? Qu'est qu'un écervelé grotesque et inutile, dont même un suicidaire ne veut pas à ses côtés, pourrait faire près d'un éblouissant héros compatissant, abusément généreux, si sincère, si doux, si parfait avec tout le monde ?
Au fond, si les ennemis n'étaient fait que pour se détester, ce n'était peut-être pas plus mal qu'ils restent loin de l'autre.
Il fallait qu'il parte, tout de suite.

Il n'avait rien à faire ici, près de cette personne qui a choisit de vivre dans la chaleur du soleil malgré la bête nocturne qui vit en lui.

Il posa ses mains sur la table, s'apprêtant à se lever. Un sanglot face à lui l'interrompit dans son mouvement, le faisant relever la tête.

- R... Ryunosuke..., pleurait Atsushi à chaudes larmes.

Il essayait désespérément de ravaler ses larmes, elles qui avaient demandé si brusquement à s'échapper de lui, torturées par ses imaginations douloureuses de possibilités où il devrait vivre sans celui qu'il aimait.

Akutagawa resta à le fixer, abasourdi.
Il comprenait. Il savait la cause de ces larmes, et il n'avait pas besoin de lui demander pourquoi.

Et à l'instant où il capta le regard de Atsushi dans le sien, rien que pendant une simple seconde, il sut ce qu'il devait faire exactement.

Il se leva, calmement. Il se rapprocha du tigre garou, s'agenouilla pour être à sa hauteur, et posa une main sur sa joue pour effacer ses larmes sous l'un de ses yeux.
Le regard du détective se posa dans le sien, l'observant dans toute sa beauté.

Le monde qui l'avait tant rejeté trouvait son sens chaque fois qu'Akutagawa le regardait de cette manière.

Ils ne restèrent que quelques secondes à s'observer ainsi, dans l'ébahissement du tigre, et dans la confiante fermeté du mafieux, qui, de ce regard sûr, affirmait son choix de vivre comme il l'entendait, cette fois.

- Ryunosuke... je crois que je t'aime..., bredouilla Atsushi à voix basse, perdu dans ses mots.

Il releva les yeux avec hésitation, et sut soudainement ce qui l'avait poussé vers lui la première fois qu'il l'avait embrassé. En une seconde ses mains avaient quitté celles de Akutagawa pour rejoindre l'arrière de sa nuque, et ses lèvres s'étaient laissé couler contre celles de son "rival", qui était lui-même loin d'être mécontent de cette situation.

La décision était prise. Ils feraient comme ils l'entendait. Akutagawa était prêt à s'engager, même si c'était la pire décision possible, et qu'il la regrettait toute sa vie, c'était sans importance. Et Atsushi savait qu'il ne pouvait plus reculer face à cela, à présent, il irait au bout des choses.

Alors qu'il passait ses mains dans les cheveux de jais de son désormais partenaire, Atsushi sourit avec amusement. Il était amoureux de lui, il en était certain.
À présent qu'il était collé amoureusement à lui, en pleine démonstration de son affection malgré l'endroit public dans lequel ils se trouvaient, il ne pouvait regretter son choix.
Il ne voulait plus jamais même penser à quitter cet endroit chaleureux que son amant avait fondé en lui.

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- Eh bien, tout s'est bien terminé finalement. J'avoue avoir douté lorsque Akutagawa s'apprêtait à partir, mais finalement, ils sont tout deux trop avide de l'autre. déclara Dazai, en quittant s'éloignant de la baie vitrée.

Chuuya hocha la tête silencieusement. Dazai remarqua son regard presque triste.

- Es tu mélancolique, Chuuya ?
- Peut-être.

Les deux s'éloignèrent du restaurant, trouvant un banc sur lequel s'asseoir. Dazai contempla le silence, patientant que le roux ne sache quoi dire. Les mots finirent par venir.

- Tu sais, je l'ai toujours sur moi.

Le détective se tourna vers lui, alors qu'il fixait le vide. Il savait exactement de quoi il parlait.
Les mots semblaient durs de la part du mafieux.

- Tu aurais dû me parler de ta fuite.

Dazai secoua la tête.

- L'imbécile que tu es aurait été capable de me suivre. La mafia est devenu ta famille, et ce n'est certainement pas moi qui te mentirait en te disant qu'il est simple et prudent de fuir cette famille étouffante.

Chuuya ne répondit rien, sachant qu'il avait raison. C'était tellement frustrant. Tellement frustrant qu'il veuille encore de lui après qu'il l'ait abandonné.

- J'ai pensé à quelque chose depuis ce matin. déclara Dazai.
- Moi aussi.
- Si nos jeunes ont été capables de surmonter les différents entre la mafia et l'agence... Peut-être qu'on peut le faire aussi.

Le regard sévère de Chuuya vint le frapper en plein cœur.

- Tu me parles de prudence et tu me demande de sortir avec mon ex, un traître ?

Dazai soutint son regard.

- Oui. C'est exactement ce que je te demande.

Le roux grinça des dents, un sentiment douloureux s'installant en lui. Sa main droite vint serrer la gauche, à travers les gants.

- Tu m'as offert cette alliance et tu es partis le lendemain.
- Je sais.
- Tu as fuis sans même me prévenir que tu devais partir.
- Je sais.
- Tu passes ton temps à faire comme s'il n'y avait rien eu entre nous depuis des années déjà ! Chuuya s'énerva avec sincérité.

La main de Dazai vint se poser sur la sienne, avant qu'il ne tire doucement sur le gant, le retirant. Il la prit dans la sienne, et son pouce vint caresser l'annulaire de son ex partenaire. L'alliance qui s'y trouvait était comme neuve, soigneusement entretenue. Elle n'était ni grosse ni chère, plutôt simple et pourtant magnifique.

- Recommençons tout, Chuuya.

Le regard du roux fut suspicieux, et le brun le trouva magnifique comme toujours dans son visage si expressif.

- C'est la première fois que je te vois si déterminé à t'engager dans quoi que ça soit.
-C'est la première fois que j'ai envie de le faire. Tu en vaux la peine.

Les grandes pupilles bleu de Chuuya s'écarquillèrent encore un peu plus, alors qu'il rougissait rapidement de surprise.
Le détective rit.

- C'est vrai, j'ai rarement vu un toutou si obéissant !ajouta-t-il.

L'exécutif explosa de colère, le visage écarlate.

- Dazai, enfoiré !

Il le frappa une ou deux fois, se calmant presque immédiatement après quelques secondes.

- Enfin, bref... Rentrons, stupide Dazai...

Il attrapa à nouveau sa main, venant presque l'étriper tant il l'a serrait.

- Rentrons où ? Chez toi ? demanda Dazai, bien qu'il connaissait déjà la réponse.
- Chez nous.

_________________

- Mon mentorré adoré, viens faire mon rapport ! s'écria Dazai, trois mois après ces aventures.

La quasi totalité de l'agence était sortie, alors il pouvait crier tant qu'il ne le voulait.

- Faites le vous même pour une fois, s'il vous plaît ! supplia Atsushi en réponse.

Le détective ricana, avant de pointer son téléphone.

- Veux tu que je montre à Kunikida ces screenshots de tes conversations coquines avec Akutagawa- pardon, le chien enragé de la mafia ? menaça-t-il malicieusement.
- On a aucune conversation coquine !! répliqua immédiatement Atsushi, à la fois de gêne, et à la fois pour se justifier auprès de Ranpo qui écoutait depuis le fond de la pièce (sa présence n'avait aucune importance, il avait déjà tout deviné il y a longtemps).

Le tigre garou sortit son propre téléphone, et le tendit vers son mentor, le regard déterminé.

- Si vous faites ça, je montrerai cette photo de Monsieur Chuuya et
de vous à Kunikida !

On sentait à travers cette déclaration que Atsushi n'avait définitivement pas l'habitude faire chanter les gens, contrairement à son mentor qui était un expert à cela. Atsushi se sentit défaillir en le voyant rire à nouveau.

- Mon petit Atsushi, moi, je n'ai pas peur de Kunikida. dit-il d'un ton vicieux. Et toi ?

Atsushi prit une seconde, avant d'attraper du papier et un crayon pour faire les rapports de l'autre.
Rougissant de sa défaite honteuse, il soupira à l'idée de devoir passer l'après midi à travailler gratuitement.
Soudainement, une voix retentit derrière eux.

- Vous deux, allez donc chercher des sucreries pour le meilleur détective du monde. ordonna Ranpo.

Il se mit à sourire vicieusement quand il vit les airs interloqués des deux autres et reprit la parole.

- Sinon, je montre mes photos de l'adorable nouveau Double Black en train de se bécoter dans la rue, et du fameux mentor de Atsushi en train de l'encourager dans sa relation avec l'ennemi !
- Comme je l'ai déjà dis, Ranpo, ça ne...
- Au patron.

Une seconde plus tard, les deux avaient fuit à grands pas acheter des bonbons au plus vieux, craignant les représailles potentielles de Fukuzawa.
Ranpo rit, seul dans la pièce.

- Il faut vraiment que cette agence cesse de sortir avec ses ennemis. marmonna-t-il amusement, avant de sortir son téléphone pour dire à Poe de venir le voir.

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Nda : C'était censé être du crack mais en fait c'est devenu très sérieux 😭

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