Chapitre 13

Pendant cinq jours entiers, la mère de Louis resta ferme dans sa décision de ne pas autoriser Louis à quitter la maison – aussi court que ce fut, ça avait quand même parut une éternité à Louis ; s'éternisant comme des ongles crissant sur un tableau à rythme terriblement lent. Pourtant, le sixième jour, elle céda finalement et lui donna la permission de quitter la maison le jour suivant pour sortir avec Liam, à une condition – dont elle omit de lui faire part – que Liam ne quitte jamais Louis de vue, et ne pas le laisser s'approcher de quiconque que Liam ne connaissait pas, ou qui n'était pas un ami en commun.

Ce qu'elle ne savait pas, cependant, c'était que Liam retransmettait toutes ses instructions à Louis et ils passèrent la nuit avant son autorisation de sortie à élaborer des plans dans les moindres détails pour échapper à ses exigences. Liam n'appréciait pas que des ordres lui soient donnés, ni d'être ordonné – pas demander, mais ordonner – de mentir à son meilleur ami et de le trahir, en le caftant à sa mère derrière son dos, et Louis n'appréciait pas être enfermé de force chez lui et qu'on lui dicte avec qui il pouvait et ne pouvait pas passer du temps, comme un enfant de cinq ans essayant de jouer avec des garçons plus grands et dont les parents pensaient qu'ils seraient une mauvaise influence. Unis dans leur aversion pour les ordres et l'attitude de Jay, ils avaient pleinement l'intention de se rebeller contre, même Liam, qui était habituellement si sensible et obéissant.

Allongé sur le dos, fixant le plafond, Louis tenait son téléphone près de son oreille alors que Liam disait, « Je ne sais pas, j'aime pas mentir, mais au moins tu m'as demandé de mentir, tu m'as gentiment demandé. Ta mère m'a presque menacé, crachant ses ordres dans le téléphone... sans oublier que c'est vraiment inadmissible qu'elle t'ait puni de sorti juste parce qu'elle n'aime pas certains de tes potes. »

« Ne m'en parle pas, » grommela Louis. « Mais merci, Li. J'veux dire, tu me fais confiance – ça signifie beaucoup plus que tu ne crois... »

« Je te fais confiance, mais t'es vraiment sûr de vouloir demander à Harry de venir nous rejoindre ? J'veux dire, je comprends que c'est ton pote, mais si elle lève ta punition et que tu sors pour faire immédiatement la chose pour laquelle elle t'a puni, c'est tenter le diable, non ? Tu ne devrais pas plutôt laisser quelques jours de plus passer avant de ressortir ? Elle va devenir folle si elle découvre que la première chose que t'as fait avec ta liberté, c'est de lui désobéir, sans oublier le fait qu'elle vous tuerait tous les deux si elle vous surprenait à moins de dix mètres l'un de l'autre. »

« Je m'en fous, » dit immédiatement Louis. « J'ai besoin de le voir. »

« Je ne comprends pas, Lou. Je t'aiderai, mais tu voudrais pas m'expliquer quelque chose ? Pourquoi est-ce qu'il compte autant pour toi ? A chaque fois que je t'ai parlé ces derniers jours, tout ce dont tu m'as pratiquement parlé est de comment tu pourrais faire pour le voir, ou de choses qu'il a dit, ou quoi – pas que ça me dérange, mais j'aimerai juste pouvoir comprendre ! C'est ton ami, je sais, mais ça a l'air différent. Il compte plus pour toi que n'importe qui d'autre que je connais, et je ne peux pas m'enlever ça de la tête. Pourquoi l'aimes-tu autant ? Qu'est-ce qu'il y a de si extraordinaire chez lui ? Pourquoi est-il spécial ? »

« C'est difficile à expliquer, » dit prudemment Louis. « Tu te souviens de ce que j'ai dit, à propos de la façon dont je me sentais différent ces derniers temps ? Il m'a aidé avec ça, il m'a aidé à comprendre qui je suis et ce que je veux, qui je veux être. Il est tellement différent des autres personnes. Depuis des années, il est fui, détesté et insulté derrière son dos par des lâches qui n'osent pas lui dire en face pour qu'il puisse se défendre, mais il n'est pas rancunier ou amer – du moins, pas sans avoir des raisons de l'être. Il a une perspective de la vie plus raisonnable que quiconque que je connaisse. Il ne cherche pas à imposer ses opinions aux autres, il les affirme simplement et te laisse t'en faire ta propre idée, et il peut les expliquer tellement facilement que même un bébé les comprendrait – il m'en a appris plus à mon sujet que je n'en aurai jamais su ; quand j'ai finalement arrêté d'être ignorant et que j'ai ouvert mes oreilles à ce qu'il avait à dire, en vingt minutes il a mis plus d'ordre dans ma tête que je n'aurai pu le faire de moi-même dans toute ma vie. Il peut me faire rire tellement facilement que parfois je me fais moi-même sursauter en rigolant de façon inattendue. Je lui ferais confiance pour n'importe quoi. Je suppose que... la seule façon dont je peux le décrire est comme étant mon meilleur ami. »

La jalousie s'infiltra dans la voix de Liam. « Ton meilleur ami ? »

Malgré lui, Louis ne put s'empêcher de sourire au soupçon flagrant de jalousie dans le ton de son ami. « Pas mon meilleur meilleur ami, » promit-il. « Cette position est déjà prise. »

Il put presque entendre le sourire de Liam à travers le téléphone ; c'était comme s'il pouvait sentir la chaleur irradiant du visage de son ami, se déversant de son sourire et caressant le visage de Louis dans une vague apaisante.

« D'accord, » dit Liam, « je vois bien que vous êtes proches... je vais t'aider. Après tout, je ne veux pas être rétrogradé à la place de deuxième meilleur ami, hein ? » S'ils avaient été ensemble, il aurait poussé Louis du coude de façon enfantine, mais il y avait toujours une inquiétude très légère dans sa voix.

« Comme si je le ferai, » dit doucement Louis.

« Je suis juste inquiet, Lou. Je ne sais pas comment est ce gars... je te crois quand tu dis qu'il est bon pour toi ; t'es beaucoup plus heureux depuis que tu as commencé à traîner avec lui, j'ai juste en quelque sorte peur de te perdre, tu vois ? On est amis depuis tellement longtemps... je ne veux pas que tu changes au point où je ne sais plus qui est mon meilleur ami. »

« Je serai toujours moi, » promit Louis. « Harry m'aide juste à arrêter d'avoir peur d'être moi. »

« C'est ce dont tu as besoin, je pense. De la confiance, plus qu'autre chose. Mais ne me laisse pas derrière, d'accord ? Je ne suis pas non plus aussi sûr de moi que je dois l'être. »

Louis voulait lui faire un câlin. « Je ne le ferai pas. Ne t'en fais pas pour ça. Peut-être que Harry peut te donner quelques leçons sur comment être vraiment toi, aussi, » taquina-t-il.

Liam rigola. « Ouais, si j'arrive à lui parler sans m'enfuir en courant. »

« Il n'est pas du tout effrayant quand tu apprends à le connaître, tu sais. »

« Mm. Peut-être que je vais pouvoir le découvrir par moi-même... » songea Liam.

Louis n'était pas exactement sûr de ce qu'il voulait dire par ça, mais Liam avait un ton spécifique lorsqu'il disait quelque chose qu'il n'avait pas l'intention d'expliquer – Louis aimait l'appeler sa voix 'mystérieuse' – et les chances de lui faire révéler ce à quoi il pensait à cet instant étaient extrêmement minces, alors Louis soupira, se laissa tomber sur son lit et autorisa Liam à changer de sujet.

**

Louis et Harry s'étaient mis d'accord pour se retrouver à l'entrée de ce qui semblait être une petite ruelle parfaitement inoffensive. (Bien sûr, Liam attribua le petit sourire omniprésent sur le visage de Louis au fait qu'il allait revoir son ami, et n'avait absolument aucune idée que Louis se souvenait joyeusement de la première fois qu'il avait sentit le tintement glacial du piercing à la lèvre de Harry contre ses dents, qu'il avait fait courir ses mains dans les cheveux de Harry, qu'il l'avait embrassé jusqu'à ce qu'ils soient tous les deux à bout de souffle.)

Louis était un peu nerveux par rapport à ce qu'il se passerait une fois que Harry arriverait ; ça serait à la fois malpoli et assez méchant de dire à Liam de partir, mais la simple idée de eux deux se tenant l'un à côté de l'autre faisait se tordre son ventre de tension. Il était incroyablement nerveux à ce que Liam et Harry se retrouvent l'un en face de l'autre, et il n'avait aucune idée de comment il allait s'assurer avec tact que ça ne se finisse pas mal pour l'un des deux – il détestait l'idée que Harry parte avec l'impression que Liam était simplement un autre catholique donneur de leçon avec aucune intention d'ouvrir son esprit, et il détestait tout aussi l'idée que Liam parte en pensant que Harry était une personne coléreuse, violente et terrifiante alors que tout ce que ses intentions impliquaient, était de se défendre lui et ses actes contre les préjugés des autres personnes.

Liam se tenait calmement debout avec ses mains dans ses poches, apparemment complètement à l'aise. Louis souhaitait partager le sentiment. Etant incapable de faire quoi que ce soit, il vérifia son téléphone, ce qui était devenu une habitude de plus en plus fréquente et il découvrit qu'il avait loupé un message de Harry.

Avec toi dans 5min. xx

Il l'avait envoyé trois minutes auparavant.

Mordant sa lèvre, Louis le remit dans sa poche, feignant une nonchalance que Liam perça probablement ; il le connaissait beaucoup trop bien. « Euh... Harry est presque là, Liam. Tu n'es pas obligé de rester dans les parages, ne l'est plus, si tu n'as pas envie. » Il ne voulait pas donner l'impression d'essayer de se débarrasser de lui, et son incertitude le rendit mal à l'aise ; il fixa le sol et espéra ne pas avoir l'air coupable.

« Nan, c'est bon, » dit Liam avec désinvolture. « Je vais rester là, si ça te dérange pas. Je veux le rencontrer, Lou, » dit-il sérieusement. « C'est ton ami, et il fait clairement partie de ta vie maintenant, alors si je veux aussi toujours en faire partie, je dois le rencontrer, non ? Ne t'en fais pas, je ne vais rien dire pour l'énerver. J'ai pas envie de mourir. » Il sourit.

Mordillant sa lèvre, Louis commença à se demander comment il allait annoncer à Harry qu'il y aurait une troisième personne avec eux et donc qu'ils ne pourraient pas être aussi libres l'un avec l'autre que d'habitude – quelque chose qui serait bizarre après toutes ces semaines de contacts, qui étaient devenus plus habituels que n'importe quoi d'autre ; de petites caresses rassurantes, des bagarres enfantines, de rapides baisers ridicules, des choses insignifiantes qui demanderaient beaucoup d'effort pour les retenir, il le savait. Mais avant qu'il puisse s'attarder plus longtemps sur ça, les yeux de Liam s'écarquillèrent et il porta toute son attention sur quelque chose derrière Louis ; il n'eut pas le temps de se retourner avant qu'une paire de grandes mains familières attrapent sa taille par derrière. Une paire de lèvres tout aussi familières caressèrent son oreille, et une voix joyeuse dit « Hé, bébé ! » Puis, il fut retourné et Harry l'embrassa doucement sur la bouche, les papillons dans son ventre battant follement des ailes, heurtant les parois de son estomac jusqu'à en devenir étourdis, tombant et commençant à se noyer dans son acide gastrique – du moins, c'était ce dont il avait l'impression. Un massacre d'insecte dans son abdomen qui lui tordait le ventre.

Il se laissa aller dans les bras de Harry après seulement quelques secondes, n'oubliant pas exactement que Liam se tenait derrière eux et les observait, mais en en faisant abstraction – après tout, il n'avait pas vu Harry pendant six jours, et chaque conversation téléphonique à voix basse avait été tendue et remplie de coup d'œil inquiet autour de lui ; tressaillant à chaque fois que le plancher craquait au cas où quelqu'un était en train de l'espionner. Chaque message avait été envoyé, lu et supprimé l'instant suivant par peur que quelqu'un prenne son téléphone, et demande à savoir pourquoi il parlait par message avec le garçon le plus détesté en ville et mettait des bisous à la fin. Les mains de Harry glissèrent dans son dos, y défaisant les nœuds de tension comme les plis d'une feuille. Le contraste chaud et glacé de sa bouche et son piercing envoya des picotements familiers le long de sa colonne vertébrale, qui se répandirent jusqu'à ses orteils comme des minuscules petits éclairs.

Il aurait pu rester toute la journée avec la bouche de Harry collée à la sienne, ses mains glissant dans le dos de Louis, ses boucles chatouillant son front alors qu'il soupirait de contentement et soufflait une bouffée fraîche dans la bouche de Louis – mais sa nuque picotait d'inconfort en ayant conscience que Liam le fixait, et il glissa ses mains entre lui et Harry, poussant doucement le torse du garçon plus grand. Avec un doux bruit, les lèvres de Harry s'écartèrent des siennes et il baissa curieusement ses yeux vers Louis, pas fâché mais confus.

« On, ah... on a de la compagnie, bébé, » dit doucement Louis, et il se tourna et indiqua Liam, qui était immobile en train de les fixer en silence.

« Ah, » dit Harry, essuyant sa bouche avec le dos de sa main et semblant un peu penaud.

Lui et Liam se regardèrent avec appréhension pendant quelques instants, Harry semblant déjà un peu sur la défensive, comme s'il s'attendait automatiquement à ce que Liam commence à lui crier dessus, et il avait légèrement incliné son corps devant celui de Louis, comme s'il essayait de le protéger. (Ça donna envie à Louis de l'embrasser à nouveau, mais plus passionnément.) Liam semblait nerveux, mais pas comme s'il était en train de faire un jugement sur cette première impression – il semblait plutôt perdu dans une sorte de contemplation.

« Je suppose que j'aurais dû y avoir déjà pensé, hein ? » demanda-t-il à Louis. « C'est assez évident maintenant que je vous regarde tous les deux, en fait je suis un peu embarrassé de ne pas avoir réussi à réunir les pièces ensemble... » Il tendit sa main et sourit chaleureusement à Harry. « Je suis Liam. »

Harry sembla un peu déconcerté, mais il attrapa la main de Liam et la serra, et une fois qu'il surpassa sa surprise initiale d'être accepté de plein gré, il répondit au sourire de Liam en lui souriant amicalement. « Harry. Je suppose que tu vas me dire que Louis t'a déjà tout dit à mon sujet, hein ? »

« En fait, il n'en a jamais dit assez, cependant ce n'est pas faute d'avoir demandé. Lui soutirer des réponses doit être une sorte de défi impossible ; il ne dira pas un mot, et j'ai essayé assez souvent... il t'a beaucoup parlé de moi ? »

« Nope. En ce qui me concerte, tu es une énigme, » répondit joyeusement Harry.

« Je pourrais dire la même chose pour toi. »

Après un moment d'hésitation, Harry dit, « Euh... je veux pas paraître genre, impoli ou quoi, je suis juste curieux, mais... Liam, tu ne savais pas que Louis était... » Pendant quelques secondes, il lutta pour essayer d'étiqueter la sexualité de Louis alors que lui-même n'avait pas encore été capable de le faire, alors il décida de continuer en disant, « avec moi. Genre, avec moi. Hein ? »

« Non, je ne savais pas – ce qui n'est probablement pas un grande preuve de mon sens de l'observation, mais voilà. »

« C'est juste que tu ne semble pas du tout choqué. Tu vas à l'église, non ? Tu vas dans la même école que Lou. Je m'attendais un peu à ce que tu me détestes automatiquement en me voyant de toute façon, sans parler du fait que tu m'aies regardé embrasser Louis juste devant toi sans même sourciller. Tu ne vas commencer à nous sermonner sur à quel point c'est mal ? Genre... sur la volonté de Dieu, ou quoi ? J'veux dire, ne le prends pas mal, je suis content que ce ne soit pas le cas, » clarifia-t-il précipitamment, « mais je m'attendais juste à ce que ça arrive. »

Liam haussa des épaules. « C'est la bouche de Lou ; il peut embrasser qui il veut avec. Ma façon de voir les choses, c'est que c'est à lui de décider ce qu'il veut faire et ça ne me regarde en rien – j'veux dire, si j'avais une copine et que Louis la désapprouvait à cause de ses cheveux ou quoi, je ne le laisserais pas m'engueuler de sortir avec elle juste parce qu'elle a une certaine coupe de cheveux. Alors de quel droit l'engueulerai-je de sortir avec quelqu'un parce qu'il a certains organes génitaux ? »

La bouche de Harry s'étira avec amusement à l'analogie, puis il redevint sérieux. Ce fut Louis qui prit la parole ensuite. « Mais... t'es pas inquiet de ce que Dieu pense de ça ? »

« Je pense que si Dieu était vraiment dérangé par ça, il aurait mis un terme à ça à ce jour, si je suis parfaitement honnête. Si nous, les êtres humains, avons l'envie de coucher avec quelqu'un, alors Dieu nous a fait avec cette envie ; s'il ne voulait pas qu'on couche avec certaines personnes, il se serait assuré qu'on ne le fasse pas. Le libre arbitre est là pour une raison, Louis. Fais ce que tu veux avec qui tu veux. Maintenant, allons prendre un café. »

Liam se tourna et commença à marcher dans la rue, se dirigeant dans la direction du café qu'ils fréquentaient habituellement, et ils le fixèrent tous les deux alors qu'il s'éloignait. Une fois qu'il fut assez loin pour ne pas pouvoir entendre, Harry baissa sa tête pour murmurer dans l'oreille de Louis.

« Je l'aime bien. Ce gars a la bonne attitude. C'est un bon meilleur ami que tu as là, Lou. »

« Ouais, » acquiesça Louis, puis il se retourna et frappa Harry au bras. « Peu importe, pourquoi tu m'as surpris comme ça, merde ? Ma mère aurait pu être derrière mon dos pour tout ce que t'en savais ! »

Harry ricana. « Ouais, comme si tu emmènerais ta mère à l'un de nos rendez-vous. Je suis pas aussiidiot, Louis. J'ai une certaine notion de la subtilité. »

« Ouais, et t'as passé la majorité de ta vie à en démontrer l'exact opposé... » Il enroula son petit doigt autour de celui de Harry et tira un peu dessus. « Allez, rattrapons-le – son sens de l'orientation est sans espoir et il n'a probablement jamais été dans le café de cette partie de la ville. Il va se perdre si on ne fait pas attention. »

Ils se précipitèrent à la suite de Liam, leurs auriculaires toujours liés de la façon la plus subreptice dont ils étaient capables, et Louis ne put décider qui était le plus heureux ; Harry, dont le sourire était tellement énorme qu'il semblait pouvoir s'échapper de son visage et s'envoler comme un énorme papillon carnassier, ou lui, débordant de chaleur.

**

Tout se passa beaucoup plus facilement que ce à quoi Louis s'était attendu – Liam et Harry s'entendaient comme larrons en foire. Habituellement, Harry pouvait être un peu renfermé avec les autres personnes (Louis soupçonnait que ça faisait partie de son mécanisme de défense naturelle qui faisait qu'il se cachait instinctivement des autres personnes, malgré son insistance à propos de sa volonté d'être lui-même, simplement pour se protéger un peu de leurs murmures et leurs regards curieux) mais avec Liam, il était cet idiot habituel, et Louis aimait ça.

Ils lui jetaient à tour de rôle des morceaux de sucre qu'il essayait d'attraper dans sa bouche, et en fait il y parvint un nombre remarquable de fois. Liam se souvint soudainement qu'il devait poser des questions à Louis sur leur devoir de biologie, que ce dernier avait déjà fait puisqu'il avait été puni chez lui pendant une semaine, et Harry leur raconta comment il n'avait eu de devoir de biologie depuis qu'il avait quatorze ans, parce que le professeur était terrifiée par lui et ne lui demandait jamais de les rendre de peur de ce qu'il lui ferait – quelque chose qui avait un peu embarrassé Harry au début, mais à présent il en tirait pleinement avantage et avait même réussi à faire en sorte que Niall et Zayn en soient également dispensés.

Liam était déterminé à apprendre à connaître Harry, et il commença par lui poser des questions sur sa couleur préférée, ses goûts musicaux, ses films et séries préférés, quelle nourriture il aimait, ce qu'il aimait manger quand il était malade, les choses qu'il préférait et qu'il détestait le plus à l'école, les livres qu'il appréciait – Louis chantait dans sa tête la plupart des réponses, comme un petit mantra, avant que Harry n'ait le temps de les dire ; il les connaissait toutes par cœur. (Couleur préférée : noir. Groupes préférés : Motionless In White, Cancer Bats, Rise Against et Little Mix, entre autre. Film préféré : Inception, cependant il avait un penchant secret pour les films à l'eau de rose. Nourriture préférée : spaghetti bolognaise, ou les pommes. Livre préféré : Le Seigneur des Anneaux, ou une série de romans fantastiques dont Louis n'arrivait pas à se souvenir du nom, mais il se rappelait que Harry les lui avait montrés avec enthousiasme un jour).

En retour, Harry bavarda avec Liam de choses comme l'école, de ses magasins favoris et de ses activités extrascolaires préférées, tandis que Louis restait tranquillement assis à écouter les deux personnes qu'il préférait au monde parler gaiment ensemble. Il ne lui vint même pas à l'esprit d'être jaloux – il était heureux qu'ils s'entendent si bien ; il ne s'y était pas attendu.

Harry toucha distraitement le dos de Louis, ce fut à ce moment qu'il se rendit compte que les yeux de Liam s'attardaient sur eux à chaque fois qu'ils se touchaient, guettant chacune de leur interaction et la façon dont ils agissaient l'un avec l'autre. Il ne trouvait pas ça aussi étrange qu'il l'aurait dû – ça ne le frappa comme étant étrange. Plutôt que de juger, Liam semblait curieux, pas comme l'était Niall quand il les observait, mais avec la même affection sous-jacente.

« Je vais en chercher un nouveau, » annonça Harry, en montrant sa tasse de café vide. « Vous voulez quelque chose ? C'est moi qui paie. »

Il se dirigea vers le comptoir, passant une main à travers sa tignasse bouclée, et une fois qu'il fut hors d'écoute, Liam se pencha par-dessus la table et dit avec enthousiasme, « Il est génial ; Lou ! Je m'attendais à ce qu'il soit – je sais pas, déprimé, ou coléreux, mais il est drôle et génial – et wow, Lou, juste wow. Tu m'avais dit qu'il n'était pas comme tout le monde pense, mais je ne m'attendais vraiment pas à ça ! »

Avec un sourire fier, Louis acquiesça, « Oh oui, il l'est. Il a tellement une mauvaise réputation, mais c'est la personne la plus gentille que je connaisse... »

« J'ai toujours pensé qu'il serait grossier, et effrayant, et horrible, mais il ne l'est pas... il a un sens de l'humour, un de ses groupes préférés est un groupe de filles, et il aime lire et il mange des pommes et il parle de ses meilleurs amis comme s'ils étaient la chose la plus importante de sa vie – il est génialissime! »

« Tu n'as pas besoin de me le dire. Je le sais mieux que quiconque. C'est mon meilleur ami, il m'a aidé à comprendre qui je suis, je lui confierais ma vie. On a joué aux jeux vidéos pendant trois bonne heures de suite, regardé des films de filles et pleuré comme des madeleines ensemble. Je lui ai avoué mes secrets les plus profonds et les plus sombres et j'ai écouté les siens en retour, je – je l'ai vu complètement nu devant moi avec la Marque des Ténèbres tatouée sur son cul et je me suis exposé à lui dans tous les sens du terme. Je ne pense pas qu'il y ait quelqu'un d'autre que moi dans ce monde qui sache à quel point il est génial. »

« Non, mais Louis – si tout le monde le savait, si ta mère le savait – »

« Elle agirait exactement la même façon que maintenant, si ce n'est pire. Liam, tu sais qu'elle deviendrait folle même si elle savait comment était réellement Harry, simplement à cause de ses opinions, sa sexualité, la façon dont il vit sa vie... ça ne ferait aucune différence. » Louis baissa son regard dans la lie de son café, la mélancolie s'infiltrant dans son humeur précédemment jubilatoire.

« Peut-être, mais ça ne serait pas le cas de tout le monde. Ton père pourrait ne pas tellement s'en soucier, et tes sœurs... »

« Mon père pourrait tout aussi bien être un clone de ma mère, pour toute les pensées indépendantes qu'il a et toutes les idées qu'il a eu par lui-même, sans réellement oser les dire à haute voix depuis qu'il l'a épousée. Il répète comme un perroquet chacun des mots qui sortent de la bouche de ma mère, tu le sais. Et mes sœurs n'oseraient pas s'élever contre elle, sauf peut-être Fizzy, et même si elles le faisaient, qu'est-ce qu'elles pourraient faire ? Ça ne sert à rien. Ma mère n'accepterait jamais ça, et elle n'autoriserait jamais personne de ma famille à le faire. Harry est la partie la plus importante de ma vie, et si je veux le garder, un jour je vais devoir me couper de tout le reste. Je l'ai accepté depuis un certain temps – crois-moi, une fois que tu l'auras fait aussi, tu arrêteras de t'inquiéter autant de ce que les autres personnes pensent de lui. Je l'ai fait, il l'a fait... c'est mieux comme ça. Maintenant, je vais mettre ça de côté aussi loin que possible, jusqu'à ce qu'on tombe tous les deux au sol, et espérons juste que je sois assez fort pour me relever une fois qu'on se sera écrasé. »

Harry glissa à nouveau sur sa chaise, posant un plateau avec trois tasses de café frais sur la table. Louis se redressa immédiatement et colla un sourire sur son visage, ne voulant pas que Harry sache à quel point il était blessé que sa famille ne puisse pas accepter le garçon aux yeux cerclés de noir de la même manière que toute personne décente, sans que leur jugement soit entravé par des préjugés. Harry répondit à son sourire avec celui qu'il lui réservait toujours, faisant courir sa main le long de son bras.

« Vous étiez en train d'élaborer un plan pour vous débarrasser de moi ? » taquina-t-il légèrement.

« En fait, on débattait pour savoir quelle serait la méthode la plus efficace pour s'assurer que tu ne me quittes jamais, les chaînes ou les menottes, » répliqua Louis.

« Ooh, pervers. J'pensais pas que tu serais dans ce genre-là, » dit Harry, agitant ses sourcils de façon suggestive vers Liam.

Rigolant, Liam haussa ses propres sourcils alors qu'il tendait la main vers sa tasse. « Qu'est-ce que je peux dire ? Je suis plein de surprises. »

Heureux de sa réaction, et par le fait que Liam s'était facilement pris au jeu du flirt, tout autant que Niall et Zayn l'aurait fait, Harry sourit radieusement à Louis et se pencha pour l'embrasser sur la joue – au dernier moment, il se rendit compte qu'ils étaient en publique et, rougissant, il changea son geste dans un plus approprié, un que deux amis très proches et tactiles pourraient être autorisés à faire ; il mit son bras autour de Louis et posa sa tête sur son épaule.

Louis ne put s'en empêcher – il tourna sa tête et murmura dans les cheveux de Harry, « Je t'aime. »

Le petit sourire sur le visage de Harry s'agrandit, éblouissant et éclatant, comme si quelqu'un avait coincé une ampoule dans sa bouche et que ses dents étaient des guirlandes électriques, éclairant tout son visage, et Louis se rappela une fois de plus qu'il voudrait que Harry continue de le regarder comme ça pour le reste de leurs vies.

**

Liam avait un examen de communication pour lequel il devait réviser – un cours que Louis n'avait pas pris – alors il s'excusa et partit pas très longtemps après, laissant Harry et Louis avoir un peu de temps plus que nécessaire pour eux. Plutôt que de retourner de l'autre côté de la ville chez Harry, ils furent heureux de se promener dans les rues, se tenant l'un près de l'autre et parlant doucement, échangeant des mots qui étaient inaudibles pour ceux qui laissaient traîner leurs oreilles curieuses, pas que tout le monde osait le faire. Alors qu'ils marchaient à travers les rues, Louis commença à se rendre compte de quelque chose à quoi il n'avait jamais vraiment fait gaffe auparavant, puisque Harry n'avait pas l'habitude de visiter les parties les plus animées de la ville – mais là, au milieu des zones les plus populaires près du centre ville, c'était douloureusement évident.

Personne ne voulait s'approcher d'eux.

Les mères ramenaient leurs enfants tout proches d'elles et traversaient la rue pour éviter Harry. Des groupes d'adolescentes gloussantes les regardaient avec méfiance et resserraient leur groupe quand il s'approchait. Derrière eux, Louis aurait pu jurer avoir entendu des sifflements et des insultes leur être criées, de la méchanceté immanquable dans le ton employé bien qu'ils soient trop loin pour réellement le distinguer. Il suivit l'exemple de Harry et ne se retourna pas, mais sa nuque picotait et il ne put s'empêcher de sentir comme un animal aux abois, comme s'ils pourraient lui foncer dessus par derrière et le jeter au sol en une seconde. Harry tenait sa tête haute, continuant de marcher et ignorant tout ça, mais il y avait une tension indubitable dans sa mâchoire.

En réponse, Louis marcha un peu plus près de lui, de sorte que leurs bras soient pressés l'un contre l'autre, essayant de communiquer à Harry que malgré le dégoût immédiat des autres, leur crainte de lui, il était toujours là. Il était toujours à ses côtés. Les gens commencèrent à envoyer des regards méfiants à Louis, simplement parce qu'il avait l'audace de se tenir aux côtés de ce paria ; ils les regardaient puis détournaient les yeux comme si être un punk pouvait être une maladie contagieuse, comme s'ils étaient tous les deux contaminés et pourraient leur transmettre s'ils les regardaient trop longtemps. Il ne s'en faisait pas pour lui, mais pour Harry, il avait mal. Parce qu'à présent, après tout ce temps, après avoir observer la vaillante façade je-m'en-foutisme de Harry, la carapace qu'il mettait en place, après avoir essayer de l'imiter et être devenu intimement familier avec, il savait très bien que c'était juste une façade. Harry s'en souciait. Il s'en souciait tellement que Louis eut douloureusement envie de le réconforter. Mais quand il ouvrit sa bouche pour essayer de dire quelque chose, Harry lui lança un regard qui étouffa tout ce dont il avait été sur le point de dire ; Harry ne voulait pas de sa pitié. Ca n'allait rien arranger, si ce n'était percer un autre trou dans son armure, et en public, il allait devoir lutter pour le colmater.

Ils décidèrent qu'ils étaient temps de s'arrêter pour aujourd'hui – Harry commençait à avoir l'air un petit peu triste, se crispant à chaque fois qu'un cri se faisait entendre dans la rue, qu'il soit dirigé dans leurs dos ou non, et Louis ne voulait pas pousser sa chance avec sa mère – elle pourrait bien avoir décidé d'appliquer un couvre-feu inattendu à la dernière minute dont elle ne lui aurait pas parlé, mais le punirait tout de même pour l'avoir dépassé. Quand ils arrivèrent dans les rues plus calmes en direction de chez Louis, ils osèrent se tenir la main, vérifiant par-dessus leurs épaules environ toutes les minutes, et Harry se détendit visiblement.

Alors qu'ils se dirigeaient vers la maison de Louis, préparant mentalement à se séparer, ils s'arrêtèrent près d'un lampadaire et Harry commença doucement à se pencher en avant pour le premier de toute une série de baisers de bonne nuit (ils ne pouvaient jamais s'arrêter à un ; c'était toujours prévu que ce ne soit qu'un petit bisou fugace mais il se transformait rapidement en au moins cinq, aucun d'eux n'étant rapides, à part le dernier avant qu'ils ne se séparent et que Louis ne se mette à courir le long de la route pour s'éloigner de Harry, avant que son contrôle de soi ne lui fasse à nouveau défaut). Ils se regardèrent en silence pendant un moment, Louis feignant la gêne parce que même si les inhibitions au sujet des baisers échangés avec Harry avaient depuis longtemps disparu, Harry avait admit trouver secrètement sa timidité du début assez mignonne – mais juste au moment où la bouche de Harry allait arriver à proximité de celle de Louis, planant à quelques centimètres comme s'il faisait délibérément prolonger le moment, le téléphone de Louis choisit de sonner, le faisant sursauter.

Il haussa des épaules en signe d'excuse, s'écartant des lèvres de Harry ; si c'était sa mère, attendre plusieurs minutes avant de répondre ne serait pas une bonne façon de gagner ses faveurs ; ça l'encouragerait seulement à lui poser tout un tas de question, et si lui et Harry commençaient à s'embrasser alors ça prendrait vraiment plusieurs minutes. Il sortit son téléphone de sa poche pour découvrir, à sa surprise, un message de la part de Liam.

T djà chez toi ?

Ça le prit tellement de court qu'il tapa une réponse sans réfléchir.

Non, pourquoi ?

La réponse de Liam arriva anormalement rapidement ; les messages de Liam étaient généralement tapés avec une lenteur minutieuse et truffé de fautes d'orthographe et d'erreurs grammaticales, ce qui attisa peut-être l'inquiétude de Louis alors qu'il lisait le message suivant.

Fais attention.

Fronçant des sourcils, Louis regarda Harry comme si le garçon aux cheveux foncés pourrait lui donner une sorte d'explication aux messages de mauvais augure qu'il n'avait même pas lu – mais avant de pouvoir les lui montrer, ou de poser la question à Liam, ou même d'ouvrir sa bouche, un cri perçant déchira la nuit, les faisant tous les deux tressaillir.

« Louis William Tomlinson ! »

« Putain, » siffla Louis, puis elle se retourna et poussa Harry dans la panique. « Oh, pour l'amour du ciel, maintenant on a un problème. Vite, avant qu'elle te voit ! Allez, pars d'ici – »

Jay apparut dans l'obscurité, courant vers eux, ses cheveux ébouriffés, portant un tablier avec des rayures blanches et bleues marine et son visage rougi. Elle semblait totalement livide, beaucoup plus que lorsqu'elle avait commencé à hurler sur Louis pour son piercing à la lèvre ; elle semblait prête à commettre un meurtre. Sortant de l'obscurité, elle attrapa Louis par le bras et y exerça une énorme pression, le faisant chanceler alors qu'elle le tira loin de Harry de toute sa force.

« Eloigne-toi de ce garçon ! Qu'est-ce que t'as dans la tête pour faire quelque chose comme ça, fréquenter des hooligans, des blasphémateurs et des homosexuels ? Que vont penser les voisins ? Que va dire ton père ? Que va dit notre père ? » demanda-t-elle, faisant un signe vers le ciel pour indiquer Dieu. « J'ai honte de toi, Louis, fréquenter ces pécheurs ! Je t'ai dit de rester loin de ces horribles punks ! »

« Je peux t'expliquer – » commença désespérément Louis, bien que son esprit fût vide. Il essaya de se débattre pour se détacher d'elle, mais elle ne lâcherait pas.

« Oh, je parie que tu peux. Mentir est aussi un pécher, tu sais ! Maintenant rentre, Louis, et si j'entends une seule protestation de ta part – »

« Whoa, hé, enlevez vos mains de sur lui, » dit Harry furieusement, prenant l'autre bras de Louis et tirant doucement Louis vers lui.

Horrifiée, Jay le foudroya du regard. « Ne me parle pas ! T'es vil et malveillant, je ne veux pas que tu t'approches de mon fils ! Ne lui parle pas, ne le touche pas ! Ne t'approche pas de ma famille ! » Elle tira tellement brutalement Louis vers elle qu'il cria de douleur, et quelque chose brilla dans les yeux de Harry qui retourna le ventre de Louis avec inquiétude. A cet instant, Harry semblait pouvoir frapper la femme lui criant dessus – et le pire de tout, Louis n'était pas entièrement sûr d'être enclin à l'arrêter.

« Je suis vil ? Avez-vous une idée d'à quel point ça sonne ridicule venant de votre part ? Vous oppressez vos enfants ; vous rabaissez toutes les personnes qui sont un peu différentes de vous ; vous n'écoutez même pas l'opinion des autres personnes ! Votre propre fils a honte de qui il est à cause de vous ! »

« Si qui il est n'était pas honteux, alors il n'aurait aucune raison de l'être, » répliqua-t-elle, « Maintenant, éloigne-toi de mon fils et de ma famille, ne t'approche plus de nous, ou j'appellerai la police ! »

« Maman, » dit Louis, et il ne put s'en empêcher – il commença à pleurer. Pas parce qu'elle lui faisait mal, même si c'était le cas, ou parce qu'elle allait le séparer de Harry, même si ça aurait presque pu suffire – c'était l'expression sur le visage de Harry, cet air dégoûté et horrifié au fait qu'elle croyait complètement en l'horrible préjugé qu'elle avait débité. Le fait que deux personnes qu'il aimait se détestaient visiblement, et même s'il savait sans l'ombre d'un doute que Harry était celui qui avait raison, il n'appréciait quand même pas le voir lancer à Jay le regard le plus dédaigneux qu'il ne l'avait jamais vu faire à quiconque dans sa vie.

« Ne sois pas aussi pathétique, Louis, » gronda-t-elle, « rentre à la maison. »

« Pour quoi allez-vous appeler la police ? Pour quels motifs vont-ils m'arrêter ? » demanda Harry. « En dépit de la façon dont vous agissez, il n'y aucun crime dans le fait d'avoir quelques piercings ou d'écouter du métal, ou d'avoir des tatouages. Il n'y a aucun crime dans ma sexualité, non plus. »

« Non, mais c'est un crime de troubler l'ordre public, d'agresser les gens, et tout un tas d'autres choses dont je suis sûre que les forces de police locales, qui vont à l'église, aimeraient te voir arrêter pour – alors suis mon conseil et dé.gage. »

Il y eut un long silence, pendant lequel Harry la regarda comme si elle était la chose la plus dégoûtante qu'il n'avait jamais vu dans sa vie, sa main toujours posée sur le bras de Louis malgré les efforts désespérés de Jay pour l'éloigner ; à chaque fois qu'elle tirait à nouveau dessus, Harry se rapprochait simplement, signifiant qu'elle ne pourrait pas les séparer sans retirer physiquement la main de Harry, ce qu'elle n'osait manifestement pas faire. Elle lui lança un regard noir et il la fixa en retour, un sourcil haussé et les lèvres courbées de dégoût – et encore plus de larmes coulèrent sur le visage de Louis, parce que malgré ce qu'il avait dit à Liam, une petite partie de lui, désespérément optimiste, avait toujours l'espoir que ça pourrait se finir avec un genre de résolution pacifique, que s'il pouvait simplement faire en sorte que Harry et sa mère aient une relation civilisée), alors peut-être qu'ils ne seraient pas répugnés l'un par l'autre. Maintenant que ce frêle espoir était brisé, il ne put retenir sa détresse face à la façon dont ils se détestaient ouvertement l'un et l'autre.

Harry prit une profonde respiration, puis il regarda Louis. « Tu veux que je parte ? » demanda-t-il faiblement.

Louis ferma ses yeux, sentant plusieurs larmes couler à travers ses cils, puis il pressa fermement ses lèvres ensemble et hocha de la tête.

Il entendit la prise nette d'air de Harry. Il sentit ses longs doigts se détacher de son bras. Il entendit le bruit des pas de Harry alors qu'il se retournait et s'éloignait d'eux, s'effaçant doucement jusqu'à ce qu'il ne puisse plus entendre le moindre bruit – mais il ne pourrait pas supporter d'ouvrir les yeux et de le regarder, parce que pendant qu'ils étaient toujours fermés en toute sécurité, il pouvait peut-être se berner en se disant que Harry n'était pas vraiment parti.

Bien sûr, sa mère brisa rapidement cette illusion. « Rentre à la maison ! » claqua-t-elle, le tirant en arrière de sorte que ses yeux s'ouvrirent brusquement sous la surprise et il put clairement voir qu'à part eux deux, et un chat curieux (appartenant probablement à Louis) sous une voiture garée avec ses yeux étincelants, la rue était vide.

Il arrêta, alors, de lutter, la laissant le tirer jusqu'à l'intérieur, et il se laissa tomber de façon lasse sur sa chaise habituelle à la table de la cuisine, toute trace de lutte l'ayant délaissé. Une fois encore, il ferma ses yeux en se demandant s'il ne pouvait simplement pas s'endormir ici et puis ne pas se réveiller, parce que dans ses rêves, au moins, elle ne pouvait pas le séparer de lui.

Elle lui asséna une gifle cinglante à l'arrière de la tête, et Louis cria et se redressa immédiatement, sa tête tournant. Il voulait la regarder droit dans les yeux, mais il n'osait pas ; il baissa son regard sur la table et resta silencieux.

« Je pensais que j'avais été claire en te disant de ne pas t'approcher de ce garçon et de ces horribles amis ! Tu m'as menti, Louis. C'est clairement spécifié comme étant un péché, même si tu sembles penser qu'il y a certaines zones d'ombre. Tu es puni pendant un mois, aucune sortie anticipée cette fois – et j'ai presque envie que tu arrêtes aussi de voir Liam, puisqu'il est clairement tout aussi peu digne de confiance que toi. »

Trop fatigué pour argumenter, Louis l'observa commencer à faire les cent pas en silence, mais dans sa tête retentissait une litanie de je te hais, je te hais, je te hais, je te hais, je te hais, je te hais, ce dont il était certain à présent. Il l'aimait, évidemment – c'était sa mère, bien qu'il aurait grandement souhaité le contraire – mais oh, il la détestait. Sa haine brûlait, le chauffant de l'intérieur en essayant de la retenir. Il était trop fatigué pour se disputer avec elle, mais en même temps, il aurait pu lui crier dessus pendant des heures pour toutes les choses qu'elle avait faites et la façon dont elle avait traité Harry, la façon dont elle les avaient séparés. La haine était un sentiment avec lequel Louis n'était pas familier ; elle remplissait sa bouche d'un goût aigre et vénéneux et accélérait son cœur avec le désir d'agir. Mais il resta immobile, silencieux, déterminé à ne pas s'abaisser à son niveau. Jusqu'à présent, lui et Harry avaient raison – il ne voulait pas changer ça.

« J'ai été en ville, » dit-elle. « Je me suis promené dans le coin – et je t'ai vu avec Liam assis dans un café, en train de parler. J'ai trouvé ça mignon. Je me suis arrêtée pour regarder, pour voir la différence chez toi, à quel point tu avais l'air moins hargneux avec lui que tu l'avais été ces dernières semaines. J'ai pensé qu'il te faisait du bien. Mais ensuite, sais-tu qui s'est dirigé vers votre table ? » Sa respiration s'accéléra, ses joues devinrent rouge vif comme si quelqu'un avait éclaboussé de la gouache sur son visage. « J'ai vu cet affreux garçon, et il est venu s'assoir à votre table, et il te touchait. Il a mis son brasautour de toi, et tu laissais ce garçon vil t'étreindre, comme si – comme si vous étiez amis. C'est là que je me suis rendu compte qu'en en ce qui vous concernait, amis est exactement ce que vous étiez. » Claquant ses mains sur la table, elle se pencha par-dessus, juste en face du visage de Louis. « Ce garçon n'est pas ton ami, Louis. Il veut te détourner du droit chemin ; empoisonner ton esprit, le remplir avec de mauvaises idées et te mettre dans toute sorte de problèmes. Il est destiné à l'enfer et décidément, il veut t'entraîner avec lui. »

Sans commentaire, Louis la regarda d'un air morne, presque amusé par le ridicule même de ce qu'elle venait de dire. Sa colère dissipa presque instantanément la légère teinte d'humour, et il lutta pour rester impassible et vide pour ne pas qu'elle voit la rébellion sur son visage. A présent, toute manifestation de réflexion personnelle, le moindre signe sur le fait qu'il allait ignorer son sermon, feraient seulement empirer les choses pour lui.

« Donne-moi ton téléphone. » Elle tendit sa main.

Il le lui remit sans se plaindre. Il avait supprimé tous les messages qu'il avait envoyés et reçus de la part de Harry ; il y aurait aucune preuve incriminante dedans, il en était de même pour chacun des messages louches de la part de Liam. Il ne comptait pas sur sa mère pour ne pas avoir fouillé dans son téléphone bien avant cela, et il n'avait aucunement l'intention de lui laisser trouver quelque chose.

« J'ai déconnecté la Wifi de ton ordinateur, et si tu la reconnectes alors tu auras des problèmes. Je ne veux plus que tu parles à quiconque. Tu ne passes pas de coups de téléphone, ni n'écris de lettres, ou quoi que ce soit de ce genre. Je te garderai à l'œil. Je ne voulais pas avoir à te traiter comme un bébé, Louis, mais tu es privé de sortie à partir de maintenant – je te ramènerai et viendrai te chercher à l'école tous les jours pour m'assurer que tu ne vois ce garçon nulle part. »

Louis leva les yeux au ciel, incapable de se retenir plus longtemps. « C'est ridicule, et tu le sais. Combien de temps exactement comptes-tu me couper de tout contact avec le monde extérieur et me traiter comme si j'avais quatre ans ? »

« Comme je l'ai dit, un mois pour commencer. Il se lassera rapidement quand il se rendra compte qu'il n'arrive plus à te corrompre ; un mois sera suffisant pour qu'il en ait marre. On verra comment tu agiras alors. Mais Louis, si je te vois t'approcher à nouveau de ce garçon, peu importe qui a initié le contact, j'appellerai la police. » Elle quitta la pièce, essayant déjà de faire fonctionner son téléphone pour pouvoir lire ses messages.

Louis grogna et enfouit son visage dans ses bras, ses épaules se secouant déjà. Un mois ? Il savait que Harry ne l'abandonnerait pas, il n'y avait pas moyen que ça arrive – mais il n'était pas sûr que sa propre santé mentale survivrait à un mois sans contact, en dehors des cours, avec personne d'autre que sa famille. Il tremblait de partout à cette perspective, plein de colère. Comment pouvait-elle le traiter comme ça, sans même lui laisser le choix ?

Pourtant, il avait pris sa décision à présent. S'il allait se mettre en colère contre elle, il pourrait tout aussi bien le faire correctement, il pourrait être bel et bien renié. Il ne voulait plus faire partie de la famille dysfonctionnelle de cette femme. Il ne se souciait plus de ce qu'ils pensaient de lui et d'à quel point il était apparemment une disgrâce pour eux – en fait, c'était juste son but, devenir la plus grande honte possible. Il attendrait son heure, accepterait sa punition et agirait comme si c'était un test pour voir si son couple avec Harry pourrait traverser un tel degré de séparation – puis dès qu'il serait libre, il retournerait directement dans ses bras.

Cette idée le fit sourire, même si un peu tristement.

Comme Harry avant lui, toutes ces années en arrière, quand il s'était fait tatouer pour la première fois ces toiles d'araignée, il venait juste de couper les ficelles.

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