Chapitre 1

Le train entra en gare précisément une minute plus tôt que prévu, et Louis bondit sur le quai avec enthousiasme, tirant sa valise derrière lui. Portant une chemise rayée grise et blanche, des bretelles et un pantalon trois-quarts brun, il exhibait avec fierté son bronzage. Ses cheveux étaient ébouriffés et ses yeux brillants, il y eut une once d'excitation dans sa foulée lorsqu'il sauta sur le quai et courut presque directement dans la direction de son père, qui l'attendait avec presque autant d'enthousiasme que lui.

« Papa ! » cria Louis, ouvrant ses bras et les jetant autour du cou de son père, se rapprochant assez pour relever le vieil homme et le faire tourner comme il le ferait avec l'une de ses sœurs. Sentant l'odeur du café et des vieux bouquins, son père avait toujours été une personne apaisante à étreindre, et aujourd'hui ne faisait pas exception. Il serra fermement Louis.

« Louis, mon fils ! Bon sang, regarde les couleurs que tu as pris ! Qu'as-tu fait de tes journées pour être aussi bronzé ? Laisse-moi te regarder ! » Le père de Louis le tint à bout de bras, son visage scindé par un sourire alors qu'il examinait son fils, revenant enfin de ses vacances.

« J'ai surtout joué au football, » sourit Louis, « et chanté. C'était super. Ils nous ont appris à faire des nœuds et à planter une tente, et Ian est tombé dans le ruisseau le deuxième jour pendant qu'on pêchait et il a fini avec des algues enroulées tout autour de lui. C'était génial ! »

Soupirant avec nostalgie, son père tapota Louis dans le dos. « Ah, qu'est-ce que je n'aurai pas donné pour être là ! C'était la bonne époque ! As-tu fait griller des marshmallows ? » demanda-t-il vivement.

Rayonnant avec suffisance, Louis lui répondit, « Bien sûr. »

« Oh, toi ! Ne m'en dis pas plus ; tu vas me rendre malade de jalousie ! Viens là, passe-moi ta valise et rentrons à la maison. Ta mère était dans tous ses états en attendant que tu rentres. Je lui ai dit de ne pas en faire tout un plat, mais je ne serais pas surpris qu'une banderole 'Bienvenue à la maison' t'attende lorsqu'on sera rentré. » Prenant la valise pleine à craquer de Louis, l'homme exprima tendrement son agacement. « Je jure qu'elle est deux fois plus lourde que quand t'es parti. »

Haussant des épaules, Louis dit de façon taquine, « T'es sûr ? Peut-être que c'est juste une impression. Tu ne rajeunis pas, tu sais. »

« Eh ! Effronté. » En lui donnant une tape sur l'épaule, Mark commença à traîner la valise de son fils le long du quai avec un sourire sur son visage. « Rentrons avant que je ne commence à recevoir des appels pour savoir pourquoi tu n'es pas encore arrivé. Les jumelles veulent que tu joues avec leur nouveau ballon, et ta mère meurt d'envie de te nourrir. Je suppose qu'elle croit qu'ils vous font mourir de faim là-bas. »

« Oh, c'est le cas. Du pain sec et de l'eau tous les jours. Je suis presque en train de dépérir ! » Louis pinça son ventre nouvellement musclé avec un sourire. « Ecoute un peu ça, complètement creux. »

« On ferait mieux de rentrer, alors. Sinon il ne restera plus rien pour toi le temps qu'on arrive. » Une main dans le dos de Louis, l'homme le guida doucement vers le parking avec le visage rayonnant. C'était bon de retrouver son fils.

**

Il sortit de la voiture avec un sourire sur son visage bronzé, et se dirigea directement dans les bras de sa mère.

Son pendentif en forme de crucifix était froid contre son cou alors qu'il effleurait sa peau, mais ses bras étaient chauds autour de lui alors qu'elle l'étreignait fermement. Ça ne faisait qu'un peu plus d'un mois depuis la dernière fois qu'il l'avait vu, et elle lui avait horriblement manqué. Pourtant, ce n'était pas comme s'il n'avait pas apprécié la colonie chrétienne. Ça avait été très amusant ; il s'y était fait beaucoup d'amis. Mais il était le genre de gars à plus être famille, et elle lui avait tellement manqué que ça en avait presque été douloureux certains soirs ; il était heureux d'être de retour chez lui.

Les filles étaient agglutinées autour de lui, s'accrochant à ses jambes, tirant sur son pantalon et couinant d'excitation, il aurait menti s'il avait dit qu'il n'était pas flatté par toute cette attention. Daisy et Phoebe hurlaient de joie, Fizzy semblait au bord des larmes et Lottie l'étreignait par derrière pendant que sa mère faisait de même par l'avant. Ils étaient un amas de câlin, et Louis ne put s'empêcher de rire. Tout ça lui avait tellement manqué.

Il avait lui-même pris la décision d'aller en colonie chrétienne pendant l'été, et il en avait aimé chaque seconde, mais il était ridiculement heureux de revenir en ayant sa famille l'étreignant aussi fermement. Il savait déjà que les prochains jours seraient remplis de bavardage puisqu'ils essaieraient tous de le mettre au courant de ce qu'il avait loupé – dans d'autres mots, chaque détail de leurs vies dont il n'avait pas été témoin dans l'immédiat.

Leur famille était grande, et bien qu'il avait eu l'occasion de traîner avec beaucoup de personnes pendant l'été, les filles lui avaient manqué ainsi que leurs rires contagieux, leur excitation tout aussi contagieuse, leur enthousiasme et la façon dont elles aimaient s'accrocher à lui peu importe où il allait, mais il ne semblait jamais être irrité par leurs appels constants pour qu'il vienne jouer avec elles. La plupart des personnes qu'il avait rencontrée avait le même âge que lui, et Louis aimait les enfants. Il aimait leur compagnie.

Il ne pensait pas que sa mère l'ait déjà serré aussi fermement. Ses mains étaient dans son dos et elle ne montrait aucun signe de relâchement ; vous auriez pu penser qu'elle ne l'avait pas vu depuis des années. C'était exactement ce à quoi ça ressemblait, s'il était honnête. Elle était comme sa meilleure amie, vraiment ; c'était incroyable à quel point elle comptait pour lui. Les coups de téléphone quotidiens n'avaient clairement pas été assez ; Louis était quelqu'un qui aimait les câlins, il n'avait pas honte de l'admettre, et ce qu'il lui avait probablement le plus manqué étaient les douces odeurs de la nourriture, de son parfum et des crayons gras qui étaient sur sa mère. Il l'embrassa sur la joue et l'étreignit très fortement, juste pour lui montrer à quel point il était heureux d'être de retour.

« Bienvenue à la maison, Lou, » chuchota sa mère dans ses cheveux, le serrant fermement.

« C'est bon d'être de retour, » gloussa Louis, s'écartant de l'étreinte tandis que les jumelles cabriolaient autour de lui, deux piles électriques blondes de huit ans. « Ça m'avait manqué d'être rendu sourd. C'était beaucoup trop calme à mon goût là-bas. Ça fait plaisir d'entendre des cris plein de vie. »

Jay sourit tendrement. « Elles sont contentes que tu sois revenu. On l'est tous. Calmez-vous les filles, vous allez le faire tomber ! » réprimanda-t-elle vivement, mais bien sûr elles ne s'en préoccupèrent pas ; Daisy essayait de grimper sur Louis et de s'assoir sur ses épaules, s'agrippant à pleine main à ses vêtements pour tenter de s'hisser jusque là-haut, tandis que Phoebe hurlait pour l'encourager et bondissait sur place comme une folle, scandant le prénom de Louis. Plus dignes que les deux plus jeunes, Lottie et Fizzy s'étaient reculées, mais mourraient clairement d'envie de le prendre dans leurs bras, et avec un ricanement, Louis se dirigea difficilement vers elles avec une jumelle s'accrochant à chacune de ses jambes, puis il enroula un bras autour de chacune d'elles.

« Je n'en suis pas vraiment sûr, » dit Mark avec ironie alors qu'il tirait la valise de Louis dans l'allée, « Je jurerais qu'il n'était pas aussi solide la dernière fois qu'on l'a vu. Je sais pas ce qui est plus volumineux ; sa valise ou lui ! Avez-vous ces muscles ? » Il appuya de façon taquine sur chacun des biceps, certes assez impressionnants, de Louis qui les contracta fièrement.

« Quelqu'un a fait du sport, » taquina Lottie, « toutes mes amies vont encore plus fantasmer qu'elles ne le font déjà. Quoi, avec ce bronzage et ces muscles, elles vont toutes crier quand elles te verront ! » Elle rigola et cacha sa bouche avec sa main, comme si glousser était quelque chose d'humiliant et d'enfantin et qu'elle était au dessus de tout ça.

« Qui aurait cru que la colonie chrétienne pourrait être aussi bonne pour moi ? Peut-être que tu devrais y aller, Fiz. Pour te muscler un peu ? » Louis tapota de façon taquine le bras de la plus calme de ses sœurs, remarquant qu'elle ne disait étonnamment pas grand-chose, surtout par rapport aux autres filles.

Felicite réussit à faire un tout petit sourire, qui s'estompa rapidement de son visage. Mais avant que Louis puisse réellement atteindre l'inquiétude fraternelle et lui demander ce qu'elle avait, il fut une fois encore pris dans le tourbillon qu'étaient ses autres sœurs, qui l'emmenèrent au loin dans des cris de joie et commencèrent à le tirer à l'intérieur sans lui accorder une seconde pour protester – pas qu'il l'aurait fait, de toute façon. Elles lui avaient beaucoup trop manqué pour protester contre quoi que ce soit.

Cependant, il décida de parler à Felicite dès qu'une occasion se présenterait. Même avec ce bref coup d'œil, il avait vu le scintillement qui manquait dans ses yeux, et elle semblait molle et fatiguée, presque sans enthousiasme malgré sa tentative courageuse d'avoir l'air heureuse. Elle n'avait jamais été une actrice particulièrement convaincante. Il n'aimait pas voir son regard triste, même juste légèrement.

S'il y avait un mystère, Louis ferait la lumière dessus, et la lueur malicieuse reviendrait dans les yeux de sa sœur avant même qu'elle n'ait eu assez de temps pour envisager de continuer à broyer du noir.

**

Lottie Tomlinson était en plein dans l'âge où les ragots étaient la chose la plus fascinante au monde, ce qui expliquait pourquoi, alors qu'ils étaient tous assis sur les bancs de l'église locale, attendant que le service commence, elle s'était assise à côté de lui, aussi près que possible, chuchotant des secrets juteux dans son oreille auxquels il ne prêtait pas la moindre attention. Il aimait sa sœur, mais il n'y avait aucune chance pour qu'il feinte même un intérêt au fait que Mandy qui vit de l'autre côté de la rue s'était présentée au baptême de sa fille dans la même robe qu'elle portait au mariage de Sara Manning six mois plus tôt, même si Lottie laissait penser que c'était le summum du comportement scandaleux. Lassé, Louis balaya du regard la congrégation, cherchant des visages familiers parmi l'assemblée ; Liam en particulier. Liam était son meilleur ami, qui avait attrapé la rougeole et, par un coup du sort, n'avait pas pu venir à la colonie chrétienne avec lui. Il avait beaucoup manqué à Louis que ça en avait été physiquement douloureux, de façon assez similaire à ce qu'il avait ressenti au fait d'être loin de sa famille. Il n'avait jamais vraiment été seul pendant toutes les vacances, mais la solitude qu'il avait ressentie lui avait fait mal.

En fait, ce fut seulement quand Lottie dit peut-être un peu plus fort, probablement pour gagner son attention qu'elle avait sans aucun doute remarqué ne pas avoir, « Tu vois la femme là-bas avec le chapeau noir ? Madame Cox, tu te souviens d'elle, hein ? » et qu'il vit, à l'autre bout du banc, la tête de Felicite se relever brusquement comme s'il avait été frappée au visage, ses joues rougissant vivement, qu'il commença réellement à écouter. Quel que soit la raison au comportement bizarre de Fizzy, Madame Cox avait quelque chose à voir avec ça. Tout d'un coup, il fut intéressé et le montra totalement.

Heureuse, Lottie continua, « Elle avait l'habitude de gérer toutes les ventes de pâtisserie, tu te souviens ? Et elle nous donnait toujours des biscuits et tout quand on passait à côté, et puis elle nous faisait un clin d'œil et mettait un doigt sur ses lèvres, comme si personne ne l'avait vu faire. Fiz pensait même que c'était un ange quand elle était toute petite. »

Les joues de sa petite sœur devinrent encore plus rouges la seconde qui suivit, et d'une façon ou d'une autre, Louis ne pensait pas que cela avait un rapport avec le fait qu'elle ait pris Madame Cox pour un ange dans sa jeunesse lointaine. Lorsque Louis y pensa, il s'en souvint. C'était une femme d'une beauté saisissante qui souriait toujours, peu importe son humeur et même si les rides de son front montraient qu'elle n'avait pas du tout envie de sourire. Plus belle que la plupart des femmes qui avaient la moitié de son âge et avec le genre de sourire qui en ferait instinctivement apparaître un sur la bouche de quelqu'un d'autre, elle était absolument charmante. Il ne pouvait pas blâmer Felicite d'avoir pensé que c'était un ange. Ce n'était pas vraiment une mauvaise analogie.

« Ouais, je me souviens d'elle, » dit-il doucement, alors que des gens continuaient d'entrer par petits groupes par les portes à l'arrière et de s'installer. Plutôt que se tourner dans sa propre place pour les observer entrer, au cas où il repérait le visage de Liam au milieu des nouveaux arrivants, il écouta attentivement Lottie.

« Son fils, Harry, a créé tout un scandale deux ou trois ans en arrière, je sais pas si tu t'en souviens. T'as tendance à ne pas faire attention à ces choses. Il a arrêté de venir à l'église, a refusé de faire sa confirmation, et tout d'un coup il a commencé à traîner, à porter de l'eyeliner avec des morceaux de métal sortant partout sur son visage, à avoir illégalement des tatouages partout sur ses bras, à s'habiller comme un croque-mort et à écouter le genre de musique qui te donne envie de mourir juste pour ne plus devoir l'entendre. Il avait environ quatorze ans à l'époque. Avant tout ça, c'était un petit paroissien totalement innocent comme tout le monde ; des cheveux bouclés, de grands yeux, il ressemblait à un petit enfant de chœur tout doux – personne n'aurait jamais pensé qu'il finirait comme ça. Mais il a soudainement rejeté l'église et tout le monde, et il en a fait qu'à sa tête. Elle pouvait à peine garder la tête haute dans le quartier après ça. » Lottie inspira, clairement prise dans son histoire.

Ce qui n'avait pas échappé à Louis était que Felicite tremblait. A place d'être écarlate, sa peau était à présent dépourvue de couleur alors qu'elle restait immobile, ayant l'air blanche et malade, regardant dans le vide sans même cligner des yeux, mordant fortement sa lèvre inférieure, tremblant de partout et semblant sur le point d'éclater en sanglot. Inquiet, Louis regarda autour de lui pour trouver la source de son désarroi, mais tout ce à quoi il put penser fut la façon dont elle avait réagi lorsque la famille d'Harry était entrée. Presque comme si leurs noms signifiaient quelque chose de différent pour elle que pour toute autre personne.

« Eh bien, comme si le fait qu'Harry devienne un punk n'était pas suffisant, environ trois jours après que tu sois parti, il a décidé de révéler son homosexualité. Elle a essayé de faire passer ça sous silence, mais ce n'était pas son cas à lui – il est gay et il en est fière, alors il est allé le dire à tout et n'importe qui, qu'ils le veuillent ou non ! A moins de prendre un mégaphone et de crier « JE SUIS GAY ! » ou d'avoir un HOMO tatoué sur son front, il n'aurait pas pu faire beaucoup plus évident, vraiment. Tout le monde était stupéfait ; ils s'attendaient tous à ce qu'elle le jette dehors. Elle ne l'a pas fait, bien sûr, mais elle va avoir du mal à pouvoir relever la tête ; elle peut à peine lever les yeux du sol, maintenant. Elle n'ose même pas regarder quiconque à cause de la honte. » Penchée en arrière de façon impressionnante, Lottie hocha de la tête telle un conspirateur vers l'énorme chapeau cachant la femme, tel un parapluie géant sur sa tête.

Se penchant par-dessus Phoebe, qui était prise en sandwich entre elle et Louis, Jay siffla, « C'est absolument révoltant. Elle doit apprendre un certain bon sens à ce garçon – de la discipline, c'est tout ce dont il a besoin ! Elle n'aurait jamais dû tolérer une seule de ces bêtises dès le départ ; elle aurait dû sévir fortement et éradiquer ça hors de lui avant que ça puisse aller aussi loin. Il va être mis à l'écart des portes du paradis sans hésitation, souvenez-vous de ce que je viens de dire. » Elle hocha sérieusement de la tête, ne se souciant même pas de baisser le ton de sa voix – et plusieurs rangs derrière, les épaules de Madame Cox s'étaient raidies. Elle pouvait clairement entendre chaque mot. Ne se préoccupant absolument pas du fait que la mère du garçon, sur lequel elle était en train de commérer, écoutait, Jay continua, « L'homosexualité est une maladie, et elle devrait se concentrer sur les aides possibles pour lui trouver un traitement, pas rester assise et le laisser lui marcher sur les pieds ! Si ça arrivait à un de mes enfants, je ne me reposerai pas un seul instant jusqu'à ce que je vous aies à nouveau mis sur le droit chemin. » Elle rit sombrement.

« Maman, » implora Louis. Il voulait lui dire de se taire, mais 'honorez votre mère, et votre père' avait toujours été, pour lui, l'un des commandements les plus importants qu'il pouvait considérer, alors il retint la réprimande et se contenta d'un regard plein de reproche à la place.

L'énorme plume noire sur le chapeau de Madame Cox tremblait comme une feuille avec les frémissements du reste de son corps mais c'était la seule autre indication sur le fait qu'elle les avait bien entendu. En fait, Louis n'était pas sûr de qui tremblait le plus – la femme dont ils venaient juste de dire du mal, ou sa petite sœur qui était assise, ses lèvres pincées, à l'autre bout du rang et luttant apparemment pour ne pas éclater en sanglots.

**

Louis sortit de l'église en se sentant incroyablement honteux de sa famille ; il savait qu'il ne pourrait plus jamais rencontrer les yeux de Madame Cox. Il marcha délibérément devant eux, les laissant tous à la traîne derrière parce qu'il n'avait pas particulièrement envie d'être associé à eux. Il venait d'atteindre le parvis quand il repéra un garçon attendant patiemment sur le trottoir dehors.

Il avait des cheveux bruns bouclés qui tombaient devant l'un de ses yeux ; c'était un bordel ébouriffé, comme s'il venait de sortir du lit, passant simplement ses doigts à travers, les secouant dans un nouvel arrangement et les laissant comme ça. Ses yeux étaient subtilement entourés de noir, les rendant plus sombres, de sorte que Louis ne puisse dire de quel couleur ils étaient réellement à cause de la distance à laquelle il se trouvait. Il avait deux angel bites argentés qui brillaient au soleil – ironique, pensa Louis, considérant le fait qu'ils étaient à l'extérieur d'une église. Le tee-shirt à manches courtes d'un groupe (Pink Floyd, nota Louis ; il était presque sûr d'en avoir entendu parler) semblait être un contraste flagrant avec le costume de Louis – sa mère insistait toujours sur le fait qu'il devait être bien habillé pour aller à l'église. Une toile d'araignée était tatouée sur chacun de ses coudes, et il avait aussi ce qui semblait être une citation en italique encrée sur son bras gauche. Il avait également un simple anneau à sa lèvre inférieure.

Ses poignets étaient ornés de bracelets, le plus visible en était un en caoutchouc avec pour motif les couleurs de l'arc-en-ciel, et sa signification était assez claire, en gardant à l'esprit la révélation que Lottie lui avait faite environ une heure auparavant. La plupart des autres étaient des fils tressés ensemble, des choses étranges en perles ou des bandes de caoutchouc qui ressemblaient plus à des élastiques qu'à des bracelets. Il portait des Converse comme celles que Louis avait chez lui, seulement plus sales, avec un jeans serré noir, et il était très pâle. Il avait des cernes noirs sous ses yeux soulignés, les rendant encore plus sombres ; il semblait épuisé, comme s'il avait besoin d'une bonne nuit de sommeil. Il a probablement fait la fête jusqu'au bout de la nuit dans l'un des bars gays à trois villes d'ici, se força à penser Louis, mais il n'y croyait pas vraiment.

Cependant, curieusement, le garçon n'avait absolument pas l'air menaçant – il était simplement debout en train d'attendre tranquillement, et alors que Madame Cox passa à côté de Louis en le bousculant un peu, tenant sa tête haute avec détermination de sorte que la plume de son chapeau se secoue lorsqu'elle marchait, elle se dirigea tout droit vers le garçon et posa une main sur son bras pâle. Il lui sourit chaleureusement, mit sa grande main par-dessus la sienne et la serra. Puis, ils se retournèrent tous les deux, il fouilla dans sa poche et en sortit une clé de voiture, déverrouillant la Mini Cooper derrière lui, puis il se hâta même à lui ouvrir la portière avant de rentrer lui-même à l'intérieur. Louis se sentit s'attendrir à cette vue, puis il se secoua pour se remettre les idées en place. Qu'est-ce qu'il n'allait pas avec lui ?

Pourtant, c'était sa réponse standard à quoi que ce soit de vaguement mignon ; il aurait vraiment dû s'y attendre. C'était un grand sensible ; le genre à pleurer devant des films à l'eau de rose et à fondre en entendant le rire d'un bébé. C'était logique qu'il réagisse comme ça à la vue d'un garçon incroyablement doux qui semblait plutôt être du genre à tabasser des mamies pendant son temps libre, et non pas à ouvrir les portières pour sa mère.

Il se retourna afin de ne pas avoir à les regarder s'éloigner, se sentant horriblement coupable pour une raison quelconque. D'accord, peut-être que ce garçon était un peu bizarre, et son sens du style était définitivement extravagant mais –

Ugh. Toute son impuissance envers quiconque qui semblait avoir besoin d'aide d'une certaine façon le ruinerait complètement. Il ne pouvait simplement pas résister à une histoire larmoyante. Frottant ses yeux, Louis frissonna et essaya de bannir toutes les pensées concernant ce garçon avant qu'elles n'aient le temps de se faufiler en lui et qu'il ne puisse commencer à se soucier de ce gamin comme si c'était un autre de ces chats errants qu'il aurait trouvé en train de traîner dehors et qu'il aurait ramené chez lui. Il en avait huit à présent, et ils aimaient tous miauler et enrouler leurs corps élancés et doux autour de ses jambes pendant qu'il marchait ; il n'avait pas besoin d'ajouter un gars étrange avec ses habits bizarres et ses yeux sombres à la liste.

Ferme-la, se dit-il fermement. Arrête ça tout de suite. Tu ne veux pas être associé à un gars comme ça, peu importe quel genre d'acte de chiot mal compris il est en train de faire. Ne t'avise même pas de devenir tout mielleux et de t'attacher, ni à commencer à te préoccuper d'un asocial dans ce genre, Louis Tomlinson. Ne pense même pas à lui.

Il ne s'y attendait pas, mais ça allait devenir une pensée incroyablement récurrente au cours des prochaines semaines.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top