Chapitre 5-2 : Combats chez Chloé

( Région Centre 2 septembre 20 h 17)

Grâce à son don de guérison, Chloé a réussi à sauver son Tonton Raoul, atteint de La Fièvre de Sang. Le lendemain soir, la petite famille s'apprête à fêter cette guérison miraculeuse quand les prétoriens débarquent...  

Galilée 

 — Je ne comprends pas, se moque Red, mon voisin de banquette, ce que tu cherches à savoir. Qu'est-ce que t'en as à cirer d'où on va et de la raison pour laquelle on s'y rend ?

Notre véhicule stoppe à l'entrée d'un village. Et même si aucun panneau n'en donne le nom, je crains déjà le pire.

— Ça t'intéresse pas, râlé-je, de savoir qui on va tuer et pourquoi ?

Les portières du celerrimum (1) coulissent sans bruit vers le haut, comme un papillon déployant ses quatre ailes. Aussitôt, l'air chaud s'engouffre dans l'habitacle, jouant un instant avec mes mèches folles, avant de retomber lourdement sur tous les occupants du prototype impérial.

La preuve, s'il en fallait, que l'engin infernal à bord duquel j'ai pris place fonctionne à la magie.

— Oh moi, riposte l'armicustos (2), tant qu'il y a de l'action, ça me va.

Je saute à bas du bolide d'acier et m'ébroue, histoire de chasser l'horrible sensation d'oppression qui m'habite depuis que nous avons quitté le Complexe.

— Moi aussi, lui réponds-je, j'adore la castagne. Surtout quand ce n'est pas moi qui reçois les coups. Mais je suis sûre que je serais bien meilleure si je comprenais pour quelle cause je me bats...

Je m'éloigne sur le chemin. Évidemment, Schtroumpf Bagarreur me colle comme un petit garçon à sa maman. L'aurait-on chargé en douce de me surveiller ?

— T'es encore si jeune ! Pour ma part, il y a bien longtemps que je ne me pose plus ce genre de questions existentielles...

Je fais brutalement volte-face. Je pensais mon regard capable de filer un cancer généralisé à un Miraculé de Lourdes. Sauf que mon philosophe, un vieux du métier, ne se laisse pas impressionner.

Le sourire qui se dessine sur ses lèvres est aussi coupant qu'une averse de gros grêlons.

— Et si ton ambition, c'est de gravir les échelons, conclut cet empaffé, tu devrais faire de même.

Écœurée par sa tronche de zèbre, je lève les yeux au ciel. C'est l'heure magique où les étoiles commencent à éclairer la voûte céleste. Mais ce soir, je ne les verrai pas. Des nuages comme des pétales noirs se rassemblent à l'horizon, annonciateurs de pluie et d'ennuis en tout genre...

— 3.0, pourquoi faut-il toujours que tu la ramènes ?

La voix vibrante d'autorité qui vient de m'interpeller appartenant à notre décurion (3), Lucius Nerva, je me reconnecte illico au monde qui m'entoure. Le sourire vissé aux lèvres, je le regarde s'extirper à son tour du prototype, avec autant d'élégance que sa carrure à la Terminator le lui permet. Et oui ! Je me demande si nos ingénieurs ne se sont pas sournoisement vengés de la suffisance des prétoriens en leur concevant des engins au cockpit trop étriqué pour contenir leurs épaules de déménageur.

— Parce qu'on ne me dit jamais rien ! riposté-je.

Il s'immobilise sur le chemin pour s'emparer des jumelles pendues à son cou. Immédiatement en alerte maximale, j'ajuste mes yeux à l'obscurité et active ma vision amplifiée. Là-bas, près d'un stade de foot bordé par un petit bois, un peu à l'écart des autres bâtisses du village, se dresse une grande maison grise.

Ma main à couper qu'il s'agit de notre objectif !

— Galilée, un bon soldat ne pose pas de questions. Il obéit ! Point barre.

Je détourne la tête et étudie notre celerrimum, la dernière innovation de nos scientifiques. Une espèce de cocon vitré, noir-corbeau, à côté duquel la bat-mobile fait figure d'engin vintage ! Une voiture qui flotte sur coussin d'air et qui épouse les mouvements du terrain, selon le principe de sustentation magnétique. Sauf que je ne vois pas comment cela peut fonctionner puisqu'il n'y a pas de rails au-dessus desquels léviter.

Ou plutôt je ne le comprends que trop bien !

BMI a volé ses connaissances au Voyageur. Et ce à quoi je suis allergique et que j'appelle « magie », c'est simplement une technologie inaccessible à mes bases de données, une technologie d'origine extraterrestre...

— Un soldat, râlé-je en citant Juan Donoso Cortes, est un esclave en uniforme.

Refusant de polémiquer, mon boss se tourne vers les deux véhicules vert camouflage qui se garent derrière le nôtre. Un camion transporteur de troupes et un gros 4x4 militaire. Quatre légionnaires en jaillissent, deux immunes (4) et deux munifices (5) qui s'avancent vers nous, aussi fiers que des coqs sur leur tas de fumier.

Ave decurio ! lancent-ils dans un bel ensemble. Fortis et fidelis ( 6)...

Tandis qu'ils nous gratifient du salut romain, j'y vais d'un énorme soupir. Bien que je sois à l'air libre, j'étouffe, sûrement, parce d'un coup, le taux de testostérone dans cette plaine est sur le point de crever le ciel.

Ave milites ! leur répond le sosie de Schwarzenegger. Prêts pour l'arrestation du siècle ?

Alors que l'assistance part d'un rire gras, un picotement me traverse la main. Mes supérieurs ont eu raison de ne pas m'équiper d'un fusil mitrailleur. Si j'en avais eu un à disposition, je les aurais sans doute tous descendus sur-le-champ.

— Plus déterminé que moi, tu meurs, affirme l'un des milites, en m'adressant une œillade canaille.

Passant outre ses muscles saillants sous sa combinaison serrée, j'étudie son gros nez, son menton fuyant et son regard fureteur. Vu que je n'ai pas été élevée dans un pensionnat pour jeunes filles, cet amas de testostérone pure produit sur moi l'effet inverse de celui escompté.

J'ai carrément envie de gerber.

— Allons, me motivé-je in petto, respire un bon coup et laisse aller !

Réagissant sur-le-champ à cette exhortation, mon cerveau sécrète dans mon organisme une forte dose de sérotonine. Immédiatement détendue par l'effet de ce joint puissance dix, je m'adosse à la carlingue de notre bagnole alien, les bras en croix.

Aussitôt, la magie se jette sur moi tel un taureau sur une cape rouge et je manque défaillir. Par chance, mes bio-généticiens m'ont doté d'une endurance hors du commun, grâce à laquelle je ne laisse rien paraître de mon malaise.

— Faudrait peut-être qu'on se magne, non ? remarqué-je. Sinon, l'orage va nous péter à la gueule avant même que l'opération ne soit déclenchée.

— Ça me troue le cul de l'admettre, Red s'en mêle, mais notre Power Girl maison a raison.

Forte de ce soutien inattendu, je darde un regard plein d'impatience sur notre décurion. Pourquoi a-t-il voulu que l'on stoppe si loin de notre objectif ? Et qu'attend-il pour déclencher les hostilités ?

— Vérifiez vos fusils, finit-il par ordonner, vos ceinturons et vos chargeurs.

Tous s'exécutent, sauf moi, bien sûr, puisque je n'en ai pas. Alors, je plie mes genoux dans une attitude nonchalante et, malgré la vague de fatigue qui s'écrase aussitôt sur mes épaules, je me laisse tomber sur le siège du celerimum.

— Red, l'apostrophe notre chef, tes bracelets anti-Altérés ? T'es sûr qu'ils sont opérationnels ?

Je louche sur les menottes que l'armicustos s'est accrochée à la taille. Malgré tous mes programmes zen, mon cœur s'emballe comme si le décurion m'avait offert son HK418.

Chloé.

Ses grands yeux noisette et son petit regard fripon.

— C'est un présumé Mutant qu'on vient arrêter ? me renseigné-je, la frimousse angélique.

Un rictus dégoûté déforme illico le visage dense de Schwarzy et je serre les poings en silence, profondément troublée par la drôle d'émotion que je sens gonfler en moi.

Chloé.

Elle était si craquante, le jour de notre rencontre, dans son short d'été, avec ses couettes blondes qui dansaient au rythme de ses pas !

— Bingo ! me répond Red. La gosse qui aurait cramé le poivrot que t'as failli dézingué l'autre soir.

Je vis un tel déluge de sensations dans ma tête que mon cerveau ressemble soudain à une connexion internet mal configurée. Cette môme, si on la ramenait avec nous au Complexe, je l'aurais toujours sous les yeux et pourrais ainsi tenir la promesse que m'a soutirée notre père...

— Une commande express de ta toubib personnelle, me précise-t-il. Anderton était si excitée à l'idée d'avoir un nouveau jouet à sa disposition qu'elle doit déjà affûter son scalpel et ses bistouris.

Une chape de plomb s'abat sur mes épaules et un putain de nœud se forme dans mon estomac. N'ayant jamais eu à subir un tel afflux d'émotions, je me sens immédiatement submergée, d'autant plus que la magie semble avoir détraqué la majorité de mes applications comme si j'avais été victime d'un piratage. On va livrer cette gamine innocente à Nathalie. Je vais la livrer à Nathalie !

— Pourquoi accorder autant de crédit aux délires d'un ivrogne ? Le type en question, je l'ai vu. Déjà bourré en plein après-midi ! Il sera tombé tête la première sur son gril, et il ne s'en souvient même pas...

Ma voix était un peu trop aiguë, mon ton un peu trop vif. Bien que Lucius Nerva ait le QI d'une moule bouillie, je vois ses yeux s'étrécir, comme s'il passait mes paroles au détecteur de mensonges.

— Je suis soldat, légionnaire et prétorien, me répond-il. J'obéis aux ordres, même les plus farfelus.

J'étudie sa silhouette compacte puis balaie l'assistance du regard.

— Mais vous y croyez, vous, insisté-je, à ces histoires d'Empreinte et de modification des gènes ?

Le miles de tout à l'heure, celui qui a cherché à m'emballer, s'esclaffe, tel l'idiot qu'il est.

— Tu sais combien la plèbe est stupide ! Donne-lui un astéroïde, une panne générale et une épidémie. Il n'en faut pas plus pour que la rumeur enfle comme un ganglion malsain...

Est-ce dû à la comparaison employée, à sa voix criarde ou à la techno A qui part à l'assaut de mes sens exacerbés ? Aussitôt, la migraine s'abat sur moi, attaquant mes tempes au tractopelle, et la nausée m'envahit, semblable à une boule lourde de perfidie.

— Et comme, par les temps qui courent, conclut le décurion, le bon sens est passé de mode, nous voilà envoyés ici, à Plouc-City, huit prétoriens armés, fusils d'assaut et brouilleur de pouvoirs. Et tout ça, pour quoi ? Pour jouer les baby-sitters, alors qu'on ne demande qu'à en découdre et à mater les émeutes qui éclatent partout dans l'Empire !

Malgré le profond malaise dont je suis victime, je l'approuve d'un hochement de tête. Ses mots m'ont inspiré une idée. Ce n'est peut-être pas la meilleure du monde mais autant tenter le coup ! On ne sait jamais. Sur un malentendu, ça peut marcher...

— On devrait y aller seuls, Red et moi, proposé-je. On me donnerait le bon Dieu sans confession. Sa famille me la confiera les doigts dans le nez...

J'ai prononcé cette phrase comme si j'aurais préféré me faire opérer de l'appendicite sans anesthésie. Pourtant, Schwarzy me coule un regard soupçonneux.

— Ce n'est pas ce qui était prévu, me répond-il d'un ton las. Toi, tu es juste là pour faire le gué. Au cas où des péquenauds s'en prendraient à notre bolide d'acier.

Je réprime une grimace, à la fois de douleur et de contrariété. Ne voulant toutefois pas me donner en spectacle devant ces machos et mon application « Forme et Bien-Être » refusant toujours de se lancer, je me relève et m'avance vers mes collègues.

— Et comment je m'y prends, moi, si on m'attaque ? Je vous rappelle que je suis la seule à ne pas avoir d'arme !

Les lèvres du décurion s'arquent légèrement, révélant ses dents, comme un chien qui grogne. Histoire de me calmer, je rajoute en bonne place, le nom de cette tête de lard sur ma liste des pires enflures de l'Empire, juste en dessous d'Anderton, d'Hébrard et de César, le deuxième du nom.

— Il paraît, ricane ce cauchemar ambulant, que l'on t'a dotée de capacités hors du commun. Ce sera l'occasion pour toi de les mettre à l'épreuve !

— Qu'est-ce qui vous dit, grogné-je, qu'il ne s'agit pas d'une légende urbaine ? Genre toutes ces histoires d'Altération et de Mutants...

Bien que mon air impassible n'en laisse rien paraître, c'est un vrai foutoir dans mon cerveau. Chloé court maintenant un terrible danger et à cause de la réinitialisation que l'on m'a imposée pendant mon long sommeil, il m'est absolument impossible de tenter quoi que ce soit pour la sauver.

— J'ai déjà vu à l'œuvre tes deux collègues, Newton et Copernic. Et la Magistra prétend que tu es encore meilleure...

Tout en maudissant ma bio-généticienne sur sept générations, je toise mon chef d'un regard mauvais. Ce dernier me rit au nez, puis se dirige au-devant de ses hommes, comme pour les protéger des rayons mortels dont je pourrais les gratifier.

Milites, ordonne-t-il d'une voix souveraine, in agmen ! Ab iter parare ( 7)...

Tandis que mes collègues s'exécutent, j'étudie la maison de ma petite protégée. D'où je me trouve, grâce à ma vision améliorée et à mon ouïe surpuissante, je pourrais indiquer à ces humains standard le nombre de ses occupants et la position exacte de chacun d'eux.

Toutefois, vu qu'on ne m'a rien demandé, je me garde bien de faire état de mes connaissances.

Progredi (8) !

Au moment où les cloches de l'église sonnent la demie, les Impériaux se mettent en marche, aussi détendus que s'ils se rendaient à un enterrement de vie de garçon.

Leur désinvolture choquant ma programmation, je monte aussitôt dans les tours.

— Et vos casques ? leur reproché-je. Le protocole d'intervention vous impose de les porter !

Furax, Terminator pivote dans ma direction. Ses biceps mis en valeur par sa combinaison de super-héros saillent quand il croise les bras.

Nos yeux se verrouillent comme des cadenas. Le rictus qui déforme son visage ferait fuir un Walking dead...

Je suis ton officier supérieur. Je te donne un ordre. Tu l'exécutes. Ou c'est la désactivation.

Je l'aurais bien envoyé se faire foutre, mais une étonnante torpeur ligote mes cordes vocales. Alors, bien malgré moi, j'obéis et marche vers le 4x4 auquel je m'adosse.

Tout fier de sa victoire, le gradé hausse son menton tel un héros de BMIflix, puis il fait volte-face et la petite troupe s'ébranle vers son destin, me laissant seule avec ma fureur. Victime d'un besoin irrépressible de m'en prendre à un symbole de la Romanité, j'abats violemment mon poing sur le capot du tout-terrain qui s'enfonce de plusieurs centimètres.

La douleur explose dans tout mon bras, me calmant sur-le-champ. Si mes généticiens ne m'avaient pas offert des os dix fois plus solides que la normale, je me serais cassé les cinq doigts de la main.

Est-ce dû à la souffrance qui irradie de mes phalanges blessées ou à l'éloignement progressif de mon tortionnaire ? Un premier verrou lâche en moi : je retrouve soudain l'usage de la parole.

— Eh les gars ! crié-je dans le couchant. Vous avez jamais pensé à entraîner votre cerveau à cogiter ? Un poil de bon sens dans cet amas de testostérone, voilà ce qui vous manque !

Aucun de ces enfoirés ne daignant me répondre, je les regarde cheminer, jusqu'à ce qu'un léger souffle d'air m'apporte une drôle d'odeur, quasi-imperceptible pour tout autre nez que le mien. Ayant immédiatement reconnu la senteur si particulière de la techno A, je m'avance, le nez frémissant. Oui, cette fragrance aigre et musquée, vaguement écœurante, je l'ai déjà humée, le jour où Greg s'est fait griller comme un burger, et une semaine après, lors de ma première mission en solo dans l'ancienne maison de Chloé.

Je m'immobilise, ferme les yeux et respire profondément, poumons grands ouverts.

Au premier abord, je ne perçois rien de bien méchant. Juste un infime parfum de sauge mêlé à une touche subtile de cèdre, plus quelques nuances de lavande et un soupçon de violette.

Sauf que mon odorat ultrasensible repère soudain un petit truc en plus : un je-ne-sais-quoi de métallique et peut-être... peut-être... un vague soupçon de soufre !

Bien qu'on ne soit ni dans Legacies (9), ni dans Charmed (10), un long frisson me glace aussitôt le sang. Depuis la dernière fois où j'ai eu affaire à elle, la puissance de ma blondinette préférée a décuplé.

D'ailleurs, n'est-elle pas en train de m'appeler ?

Dilatant mes narines, je respire, respire et respire encore cet air, comme la promesse d'une véritable indépendance.

La magie entre en moi et imprègne brutalement mon corps. Telle de la lave coulant dans mes veines, elle balaie d'un coup tous les barrages érigés par BMI.

Soudain libérée de ma programmation et par conséquent des ordres de Lucius Nerva, je m'élance vers le village. Je connais sept abrutis qui dans moins d'un quart d'heure regretteront de n'avoir pas intégré à leur groupe de bras cassés, la GA la plus exceptionnelle qui ait jamais été créée.

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( 1) Celerrimum : Néologisme formé sur le superlatif de celer( rapide)

(2) armicustos : soldat spécialisé dans les armes et l'équipement

(3) décurion : sous-officier à la tête de 10 hommes

(4) immunes : légionnaires exempts de toute corvée

(5) munifices :légionnaires soumis à la corvée

(6) Fortis et fidelis : fort et fidèle

(7) in agmen ! Ab iter parare : Formez la colonne pour la marche ! Préparez-vous à partir.

(8) Progredi ! : Avancez !

(9) Legacies : série dérivée de Vampire diaries qui suit les aventures de , la fille orpheline tribride du vampire originel et de la louve ainsi que celles de et , les filles sorcières d'Alaric Saltzman et de Caroline Forbes.

(10) Charmed : série qui raconte l'histoire de trois sœurs : Prue, Piper et Phoebe Halliwell qui découvrent qu'elles sont les plus puissantes sorcières au monde.

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Désolée pour ce chapitre un peu long, qui m'a beaucoup coûté et qui n'a pas encore subi suffisamment de relecture.

Si vous voyez des longueurs, n'hésitez pas à me les mentionner !

Samedi prochain, nous retrouverons Chloé...

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