Chapitre 12-1 : Newton et Domitien

Attention : Scènes de combats et de violence !

Si un connaisseur en armes à feu passe par là, qu'il n'hésite pas à relever mes erreurs !

De la même façon, si vous notez des incohérences ici et là, vous pouvez m'en faire part. 

***********************************************************************

( Sud Quercy 4 septembre 15h20)

Sam batifole avec Daphné dans les champs quand BMI attaque. Les insurgés font sauter le pont, mais les forces adverses sont telles qu'on devine que ces derniers vont vite être submergés.

Sam ordonne à Daphné de rentrer au château et prend les armes pour se joindre aux combattants. Il se refugie sous une moissonneuse-batteuse pour tenter de descendre un hélicoptère en plein vol.

Sauf que se trouve à bord, un homme en grand manteau noir...

Samuel

Il est bien plus facile de viser une cible immobile qu'un hélicoptère qui fonce droit sur vous. Surtout si à bord de ce dernier, se trouve un sniper qui cherche à vous tuer.

Dans ce genre de cas, les statistiques sont formelles. J'ai cent pour cent de chances de me faire tuer. Et moins de vingt d'emmener mon assassin avec moi de l'autre côté.

Comme dispersés par le rotor surpuissant, les nuages se déchirent et laissent passer un rayon de lumière noire qui tombe droit sur l'Alouette.

Décidé à y voir un signe des cieux, j'ajuste mon tir et décharge mon arme en direction du moteur.

Mais le vent s'est renforcé.

Pris dans un tourbillon malvenu, l'engin impérial marque un écart et mes projectiles ne font qu'effleurer sa carlingue.

Mortifié par cet échec, je regarde l'appareil tanguer vers la colline en face, sa queue se déhanchant de droite à gauche tel un pied de nez qui me serait personnellement adressé.

Sa parade narquoise est de courte durée.

Un puissant coup de vent lui tombe dessus. Déstabilisé, il se cabre et plonge droit sur la forêt.

Malheureusement pour moi, le pilote est un virtuose.

Il redresse sa machine, juste avant que ses patins ne frôlent la cime des arbres.

Le temps que je change de chargeur, l'Alouette a opéré son demi-tour et revient à l'attaque, le tireur d'élite pendu à son harnais, les pieds appuyés sur le train d'atterrissage.

Vite ! Je me remets en position, l'œil collé au viseur et l'index sur la détente.

Manteau Noir se rapproche.

Manteau Noir et son fusil dernier cri, repose-joue réglable, visée laser et canon flottant.

L'espace d'un instant, nos prunelles se croisent. Je lis ma propre détermination inflexible dans ses yeux gris acier.

Je resserre ma prise sur le métal froid de mon arme.

Les secondes s'allongent, s'étirent, s'étalent. L'hélico prend tout son temps pour avancer, le soleil sombre virevoltant derrière ses pales.

Et puis soudain, le voilà en face de moi, si bas que les grondements saccadés du rotor m'envoient comme des coups à la poitrine.

Je fais feu.

Encore. Et encore. Et encore...

Sauf que mon ennemi rafale en même temps que moi, ses tirs claquant partout à la ronde.

Je me jette en arrière et m'aplatis, visage contre terre, les mains plaquées sur les oreilles.

Les balles rebondissent sur la moissonneuse-batteuse, explosent les vitres de la cabine, pénètrent les pneus et se fracassent sur le sol.

Aucune ne m'atteint. Aucune même ne me frôle.

La mitraillade s'interrompt. L'Alouette pivote et s'éloigne.

Je vide mes poumons. Je ne m'étais pas aperçu que j'avais cessé de respirer.

Je risque un œil par-delà la roue contre laquelle je me suis tapi. Mes ennemis ont rejoint la zone des combats qu'ils survolent à haute altitude.

Je me redresse, heureux d'être toujours en vie, honteux d'avoir une nouvelle fois échoué.

Mes neurones carburent à mille à l'heure.

Je formais une cible parfaite. À moins de le faire exprès, le tireur ne pouvait pas me rater.

Mais pourquoi aurait-il agi ainsi ?

Je n'ai pas le temps de m'appesantir sur la question : un grand bruit résonne dans les arbres à proximité, des oiseaux qui partent dans de grands éclats de rire.

Ces enfoirés se foutent bien de moi. Et ils auraient tort de s'en priver.

Je ne suis qu'une merde, un fort en gueule, un incapable.

Tandis que je reste planqué là à m'apitoyer sur mon sort, l'Alouette redescend vers le champ de bataille, ses pales vrombissantes repoussant le nuage de fumée.

À la pensée de mon beau-père resté seul là-bas pour couvrir la retraite des civils, je ne peux réprimer un frisson. 

Et si tu te maniais le train au lieu de te triturer le ciboulot ?  gronde mon père depuis les tréfonds de mon cerveau. 

Tel un gros coup de pied au cul mental, cette réminiscence me ramène direct à l'instant présent. Je réfléchis trop, ce qui est plutôt mauvais pour un soldat.

Je serre les dents et recharge mon fusil. Un œil sur les rotations de l'Alouette, l'autre sur les véhicules impériaux, je m'élance vers les ruines.

Les friches suffiront-elles à me dissimuler aux yeux des Impériaux ?

Rien n'est moins sûr.

Mais je m'en fiche.

Seules comptent désormais ma détermination, ma mission et la loi du talion.

Je suis presque arrivé sur zone quand je vois l'Alouette descendre en piqué vers la Barguelonne.

Je plonge illico dans un buisson et, insensible aux griffures, m'y recroqueville.

Dois-je prendre le risque de m'attaquer une fois de plus à l'appareil ?

J'attrape trois pierres pour caler mon fusil, mais n'ai même pas le temps de me mettre en position. Le souffle du rotor, qui fait onduler les arbres alentour, soulève des branchages, des brindilles et de de terribles nuages de poussière.

Pire ! L'appel d'air ainsi créé attise l'incendie qui reprend de plus belle.

Malgré tout, de nouvelles détonations déchirent la vallée – un terrible échange de tir.

Manteau Noir contre mon beau-père.

Ce dernier peut-il réussir là où j'ai échoué ?

Sûrement pas, sauf coup de chance peu probable, ou imprudence de la part du pilote, ce qui est encore plus invraisemblable.

L'espace d'un instant, les coups de feu s'interrompent. William a dû vider son chargeur. L'hélicoptère en profite pour se stabiliser à la hauteur de sa planque. Dans un vacarme démentiel, le sniper arrose les taillis, les haies, les arbustes. Puis, l'engin vire à 90 degrés sur le côté, remonte et repart, droit vers le château.

Je m'apprête à sortir de ma cachette pour me ruer sur les lieux du drame quand un éclair aveuglant zèbre les nuages, suivi du grondement profond du tonnerre.

Le convoi impérial s'avance, le gros camion Diesel en tête. Il bondit en franchissant la rive et atterrit dans le lit presque à sec de la rivière qu'il franchit sans difficultés.

Les autres véhicules suivent, des 4×4 Hummer, des jeeps et d'autres voitures style fourgon cellulaire, que je n'avais pas encore repérées.

Personne ne leur tire dessus ; personne ne les arrose de bombes ; personne ne les pilonne au mortier.

Mon beau-père fait-il le mort ou l'est-il vraiment ?

Tandis que la colonne impériale défile devant moi, mon cœur joue les tambours de guerre dans ma poitrine et mes pensées s'emballent.

Clément. Mohammed. William. Et Grand Manteau Noir.

Tout ce beau monde, c'est bonnet blanc et blanc bonnet.

Pour une raison connue d'eux seuls, les trois vieux briscards de la légion ont soudainement pris leurs distances avec l'Empire.

Une insulte à la romanité ; un affront intolérable à l'encontre de l'armée.

Pas de quartier.

Notre petit dictateur revanchard a chargé son homme de main de les expédier manu militari au royaume des taupes.

Des ordres que cette charogne s'est empressée de mettre à exécution.

Je sais ce que je dois faire et quelles sont mes priorités.

Tandis que la bétaillère de queue passe à quelques encablures de ma position dans un terrible bruit de moteur, j'attache mon fusil en bandoulière sur mon épaule et récupère mon pistolet-mitrailleur au fond de mon sac.

Je n'ai rien oublié de ma formation au combat rapproché. Ce petit bijou de technologie qui offre la possibilité de tirer en rafales et comprend un chargeur-tambour de trente-cinq cartouches est la meilleure arme qui soit pour se débarrasser des tireurs embusqués.

Je jette un dernier regard à la colonne impériale qui entame sa montée vers le Tuc-Haut, puis les deux mains crispées sur mon gros calibre, je m'engage dans la pente, direction la Barguelonne.

Parvenu à destination, je m'immobilise. Tandis que ma vision périphérique scanne le lit de la rivière et effectue une évaluation rapide des menaces potentielles, mon cerveau récolte les infos destinées à calculer mon propre niveau de sécurité.

Vus de près, les dégâts sont impressionnants. Et ce, malgré la fumée qui s'épaissit et roule en volutes de plus en plus épaisses vers moi, estompant le chaos de blocs de béton enchevêtrés, les épaves des véhicules bombardés, les corps calcinés, les multiples cratères d'impact et les flaques d'eau stagnante sur lesquelles s'étalent de lourdes taches d'huile.

Prêt à faire feu à la moindre alerte, je me remets lentement en route le long du cours d'eau. Les grands bosquets qui offrent une myriade de cachettes possibles et le terrain accidenté me contraignent à prendre mille précautions.

Un semblant de silence est retombé sur la vallée, encore plus inquiétant que le vacarme des détonations. Mon cerveau tourne à plein régime, toutes mes pensées concentrées sur mon beau-père.

William ne peut pas s'être fait avoir. C'est un vétéran. Jamais il ne serait monté au combat sans son casque intégral et son gilet pare-balles.

Surtout sans ce dernier.

Le plus mince et le plus léger qui existe. Invisible sous un pull ou un tee-shirt.

C'est ma mère qui le lui a confectionné, dans un morceau d'étoffe que mon daron avait piqué à BMI, le même tissu intelligent qui sert à réaliser les uniformes photochromiques des prétoriens.

Un nouvel éclair traverse le ciel barbouillé et illumine fugacement la campagne, comme si là-haut le dernier rejeton en date d'un petit dieu oublié s'amusait avec un interrupteur.

Mon cœur explosant dans ma poitrine, je me retranche derrière un pilier de pierre, vestige du pont effondré. À travers les boucles de fumée noire qui obscurcissent la zone, j'ai cru voir un mouvement parmi les décombres, une forme incertaine bouger.

Tandis qu'au-dessus de moi, éclate un coup de tonnerre tonitruant, je resserre mes mains sur la crosse de mon arme. Toutefois, la réflexion l'emporte sur l'impulsion.

Je ne tire pas et me contente de risquer un œil en contrebas.

J'ai de la chance, l'orage s'est installé au-dessus du Tuc-Haut. Un orage sec de fin d'été qui dessine d'étranges lignes de lumière dans les nuages et illumine tout l'horizon. Le vent qui souffle en violentes rafales chasse un tourbillon fuligineux, dégageant un bref instant les éboulis.

Aucun entraînement, tout rigoureux et intensif qu'il fût, ne peut vous préparer à la vision qui s'offre à mes yeux. C'est bien un homme qui est allongé là, contre un tas de gravats. Et bien que je n'aperçoive pas son visage, caché derrière un arbuste, je sais qu'il s'agit de l'un des nôtres puisqu'il ne porte pas d'uniforme.

William.

Je ne l'appréciais guère, mais ma mère, elle, elle l'aimait.

Et elle a déjà tant souffert !

Je me rue vers lui. Faisant fi de toute prudence. Au mépris de tout danger.

Je tombe à genoux à ses côtés, mes yeux braqués sur sa poitrine comme pour la faire se gonfler par la seule force de mon regard ou de ma télékinésie.

J'attends. Je la fixe. J'attends. Bouge ! Bouge ! Bouge ! Mais tu vas bouger, oui ou merde !

Soudain, son ventre se soulève. Il a respiré !

Il a respiré, et moi aussi.

Vite ! Je le débarrasse de son gilet tactique et dégrafe sa veste de treillis. Je remonte son tee-shirt tout taché de sang et lui palpe l'abdomen à la recherche de la plaie par laquelle s'écoule sa vie.

J'attrape une compresse dans mon sac, l'appuie sur la blessure et comprime le plus fort possible.

— Ne t'en va pas, murmuré-je. Tiens le coup. Je vais te tirer de là.

Ses paupières s'entrouvrent. Sa bouche semble essayer de former des mots, mais rien ne sort.

— Et merde aussi ! m'énervé-je. Pourquoi est-ce que tu n'a mis aucune protection ?

Loin au-dessus de nous, un éclair aveuglant sillonne le ciel et le sol se met à trembler. Une bombe. Le Tuc-Haut qui essaie de retarder l'invasion inévitable.

Les lèvres de William continuant à bouger, je me penche vers lui. Je devine son explication plutôt que je ne l'entends.

— La gamine... Pas pu la laisser sans protection...

Une quinte de toux l'interrompt. De peur qu'il s'étouffe, je lui fais signe de se taire. J'ai compris. William est un soldat de la vieille école. Le principe « les femmes et les enfants d'abord » est comme ancré dans son ADN et sa noblesse d'esprit l'a poussé à offrir son gilet pare-balles à Alison.

Je ne m'en suis juste pas aperçu parce que la jeune fille l'avait caché sous son tee-shirt.

— Tes hommes sont tous sains et saufs, lui annoncé-je. Flo et Medhi les guident vers le château.

Le flanc de la colline s'illumine. Lancée depuis le château, une pluie de grenades s'abat à mi-pente, sans doute sur le convoi de véhicules. Sous mes doigts, le cœur de William faiblit. Impossible toutefois de le laisser partir avec des tourments plein la tête...

— T'entends ? triomphé-je. Je te dis pas la raclée que les Caméléons sont en train de se prendre !

Tandis que son souffle laborieux siffle affreusement, un feu nourri éclate au loin : les rafales continues des HK418 impériaux, auxquelles répondent des tirs de M21, par chargeurs entiers, et des claquements de AS50. Se voyant attaqués, les prétoriens ont abandonné leurs engins. Réfugiés dans les taillis, ils défouraillent au jugé.

— T'inquiète ! Dans ce trou, avec cette poussière et cette fumée, on est bien cachés.

Entendant un gargouillis sortir de sa bouche, je me penche un peu plus vers l'agonisant. S'agit-il du dernier éclair de lucidité avant la mort ? L'élocution de William se fait d'un coup bien plus aisée.

— Va-t-en. Pas la peine de te sacrifier aussi. Ta mère aura besoin de son fils ! Débrouille-toi pour que Domitien s'empare pas d'elle...

Sa main sanguinolente tente d'étreindre mon poignet. De longs soubresauts parcourent son corps. Comme si les belligérants – amis et ennemis – désiraient accompagner le valeureux combattant dans l'autre monde, les armes se sont tues.

— Et je... voulais t'avouer... ton père...

Ses doigts se détendent. Ses lèvres se figent. Ses yeux se focalisent sur un point derrière moi, puis se vide.

Je n'avais encore jamais vu un proche mourir. Il aura fallu que ce soit lui.

La gorge nouée, je lui ferme les paupières.

Non, je ne me mettrais pas à chialer comme un débile. Mais merde, qu'est-ce que ça fait mal !

En mode pilote automatique, je récupère son M-82, me redresse, m'éloigne de quelques pas, puis fait brutalement volte-face pour le contempler une dernière fois.

Allongé là dans l'ombre, couvert de poussière noire tel un linceul d'oubli, l'ex-légionnaire semble enfin avoir trouvé la paix.

Alors, comme j'excelle dans l'art de compartimenter ma vie, je me retourne vers le Tuc-Haut et m'éloigne, obnubilé par des idées de vengeance. Putain, que la mort aille se faire foutre !

La berge enfin rejointe, je me glisse parmi les herbes et les taillis.

Je saute une barrière et commence à gravir la colline. Me faufiler à travers champs et friches me permettra sans doute d'éviter une mauvaise rencontre.

Évidemment, la marche enclenche la roue des pensées dans ma tête.

Que voulait me dire William à propos de mon père ? Et qui est cet homme au grand manteau noir ? S'agit-il de ce Domitien dont il faut protéger ma mère ?

Je réalise soudain que je ne me suis jamais vraiment inquiété des raisons qui ont poussé mon père à s'éloigner de BMI. Comme il détestait la Firme et son chef, ce gros facho de César, je les détestais aussi, lui faisant aveuglément confiance.

Quel blaireau j'ai été ! Pourquoi n'ai-je pas posé de questions ?

Inquiet du silence pesant qui s'éternise, je grimpe dans un chêne et empoigne mes jumelles. Les Alouette et les véhicules rescapés se sont planqués derrière deux énormes hangars, l'un utilisé comme garage pour des machines agricoles, l'autre servant à stocker du foin.

Son rotor vrombissant, l'un des hélicoptères décolle. Très sombre contre le ciel noir, il se dirige vers le château-fort qu'il commence à pilonner.

Aussitôt, la peur se diffuse dans mes veines. Les bâtisseurs médiévaux étaient des as dans l'art de la protection, mais je doute que les murs tiennent longtemps le coup.

Y a-t-il encore quelque chose que je puisse faire ?

Je contemple les broussailles.

J'examine les maïs brûlés par le soleil.

J'épie les cieux.

Un sourire démoniaque s'épanouit sur mon visage.

Je descends en trombe de mon perchoir et fonce vers les bâtiments agricoles que je contourne le plus discrètement possible.

Parvenu au-dessus du corps de ferme, je lève les yeux vers le ciel strié d'éclairs, puis étudie le sens du vent. Comme si l'univers avait lui aussi des envies de meurtres, l'orage ne va pas tarder à se déchaîner et la pluie à tomber à flots.

Satisfait, je saisis mon briquet, embrase quelques branches sèches et les pose devant moi. Me concentrant du mieux que je peux, je focalise mon attention sur les flammes.

Des picotements dans ma chair. Des chatouillements sur ma peau. Puis une violente démangeaison telle des fourmis qui courraient le long de mes os.

Et enfin, la plainte de notre réalité que mon pouvoir est en train de déchirer.

Malgré les rafales qui secouent tout sur leur passage, mes brandons filent pile là où je voulais, dans les plantations desséchées par l'épouvantable canicule de cet été.

Le feu prend illico. Attisé par le vent, l'incendie file vers les cultures voisines, se propage le long des fossés et descend la colline, droit sur la planque ennemie.

Des tourbillons d'épaisse fumée montent vers le ciel et obscurcissent l'atmosphère, nourrissant l'écran sombre derrière lequel je me trouve provisoirement à l'abri.

Tandis que résonnent les premiers cris d'alerte, je fonce entre les hautes herbes, franchis d'un bond une clôture et cours au milieu d'un troupeau de vaches affolées.

Je sprinte dans un champ de graminées, mes yeux à l'affût, prêt à me précipiter à terre ou à faire feu.

Je traverse une prairie à vive allure, taraudé par l'impression qu'un légionnaire va surgir pour me cribler de balles.

L'épais bosquet au bas de l'hôtel ne m'a jamais paru aussi désirable.

J'ai presque atteint mon objectif quand un mouvement léger, à l'orée de mon champ de vision, m'informe que je ne suis plus seul dans ces friches.

Non, non, pas maintenant... Après tout ce que j'ai accompli... Alors que je suis si près du but... 

À peine ai-je plongé au sol que deux silhouettes apparaissent sur ma droite. Une paire de prétoriens, casqués et lourdement armés. Comme jaillis de nulle part.

 À plat ventre dans la végétation, je tente de me faire le plus petit possible.

— Eh toi ! Où tu vas ? Stop ou je tire.

La voix éraillée du Rouge qui s'est exprimé ne me dit rien qui vaille. Sentant mes cheveux se hérisser sur ma nuque, je me prépare à tirer dans leur direction quand j'entends une fille sangloter à deux doigts de mon nez.

Le son de ses pleurs m'est familier. Ils ont exactement la même tonalité que ceux de Daphné.

C'est cette abrutie que les prétoriens ont repérée, et non pas moi.                  

********************                        

Finalement, vous ne retrouverez pas Jo dans cette partie.

Même si j'ai essayé de le museler, Samuel prend toujours autant de place.

Toutefois, les fiascos s'enchaînent.

Cette suite d'échecs lui rabattra-t-elle le caquet ?

À suivre... Mais quand ? 

J'essaierai de publier en fin de semaine prochaine, mais je ne promets rien.

N'oubliez pas la petite étoile ! 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top